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TARBES, Tarba, Tarvia, ch.-l. d'arr. (Htes-Pyrénées), sur la r. g. de l'Adour, à 756 kil. S. O. de Paris ; 14 768 hab. Évêché, trib. de 1re inst. et de comm.; lycée, école normale primaire. Jolie ville : beau jardin public, don de M. Massey, musée, bibliothèque. Caserne de cavalerie, dépôt d'étalons, maison d'aliénés. Grands marchés : Tarbes est l'entrepôt de tout le commerce du département ; chemin de fer. Patrie du conventionnel Barère. — Cette ville, antérieure à César, fut d'abord, sous les Romains, un poste militaire. Elle eut un évêché dès 420 et fut au moyen âge la capitale du comté de Bigorre. Elle jouissait de privilèges ou Fors, qui furent écrits en 1097. Souvent prise et pillée au moyen âge, elle souffrit surtout des guerres de religion au XVIe s. : elle fut brûlée par les Protestants en 1569 et 1571.

TARDENOIS (Le), anc. petit pays de France, dans le Soissonnais, auj. compris dans le dép. de l'Aisne, avait pour ch.-l. La Fère-en-Tardenois.

TARDETS-SORHOLUS, ch.-l. de c. (Bses-Pyrénées), à 15 k. S. de Mauléon ; 1050 h. Les communes de Tardets et de Sorholus ont été réunies en 1859.

TARDIEU (M. et Mme), couple fameux au XVIIe s. par son avarice. Le mari était lieutenant-criminel de Paris. Les deux époux jouissaient d'une grande fortune, mais rivalisaient de lésinerie. Ils furent assassinés par des voleurs en 1665. Boileau, dans sa 10e satire, a pris la femme pour type de la femme sordide.

TARDIEU, famille célèbre dans la gravure. Le premier artiste connu de cette famille est H. Nicolas (1674-1749), élève d'Audran ; il fut reçu à l'Académie en 1710. On cite surtout ses Batailles d'Alexandre. — Son fils J. Nicolas, à qui l'on doit les Misères de la guerre, et son neveu P. François, auteur du Jugement de Pâris, d'après Rubens, se sont également distingués, et ont transmis leur talent à Ant. François (1757-1822), et à Alexandre (1758-1844). Le 1er, dit T. de l'Estrapade, s'adonna à la gravure des cartes de géographie : on lui doit une partie de l’Atlas de Mentelle et l’Atlas des guerres des Français en Italie d'après Lapie. — Le 2e s'appliqua à imiter la manière de Nanteuil et d'Édelinck ; il entra à l'Acad. des beaux arts en 1822. On cite, parmi ses ouvrages, deux portraits de Voltaire, d'après Largillière et Houdon ; celui de Marie-Antoinette, d'après Mme Vigée-Lebrun ; Montesquieu, d'après David ; la Psyché, d'après Gérard ; Napoléon, d'après Isabey ; Ruth et Booz, d'après Hersent.

TARD-VENUS (les), compagnies d'aventuriers qui se formèrent en France après la paix de Brétigny (1360). Elles se composaient de gens de guerre licenciés et de vagabonds de tous pays. Les Tard-Venus dévastèrent plusieurs provinces, qui, pour éviter une ruine totale, furent obligées de se racheter par des contributions de guerre. Ils défirent en 1361 à Brignais l'armée du roi Jean II, commandée par Jacques de la Marche, prirent Pont-St-Esprit, et firent trembler Urbain V dans Avignon. Enfin, le marquis de Montferrat, moyennant 60 000 florins d'or que lui donna le pape, consentit à en prendre une forte partie à sa solde et les disciplina.

TARENTE, Tarentum, v. forte et port d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre d'Otrante), au fond du golfe de Tarente, à 105 kil. N. O. de Lecce ; 18 000 h. La ville est bâtie sur une île, jointe au continent par 2 ponts de pierre, et domine une rade magnifique. Archevêché ; citadelle, vieux château fort, cathédrale remarquable, hôpital militaire, etc. Peu d'industrie, pêche active, coquillages précieux (le murex, la pinne-marine). Aux environs, soie végétale. La tarentule, espèce de grosse araignée vénéneuse qui se trouve dans le pays, doit son nom à cette ville. — Tarente est une ville très-ancienne ; elle fut fondée par des Crétois, sous la conduite d'un certain Taras, qui lui donna son nom, puis fut augmentée par Phalante, qui vint s'y établir à la tête des Parthéniens exilés de Sparte (vers 707 av. J.-C.). Industrieuse et commerçante, elle devint bientôt très-prospère, mais aussi très-corrompue. On y cultivait les sciences avec succès : cette ville donna le jour au philosophe Archytas. Après avoir pris une faible part à la guerre des Samnites, elle provoqua les Romains en insultant ses ambassadeurs (282), puis appela Pyrrhus pour la défendre, mais elle fut prise par Papirius Cursor en 272. Annibal l'arracha au joug romain (215), mais Fabius Maximus la reprit (209). Tarente a toujours suivi depuis le sort de l'Italie méridionale. Lors de l'établissement des Normands à Naples, il y eut une principauté de Tarente, laquelle n'eut que deux princes, tous deux du nom de Boémond. Sous les princes angevins, la principauté de Tarente ne fut plus qu'un fief puissant. Quelques membres de la maison de La Trémoille, qui se prétendait héritière des rois angevins de Naples, prirent le titre de princes de Tarente. Napoléon I donna le titre de duc de Tarente au maréchal Macdonald.

TARENTE (Golfe de), golfe de la mer Ionienne, à l'extrémité S. E, de l'Italie méridionale, doit son nom à la ville de Tarente, placée sur ses bords. Il a env. 140 kil. de l'E. à l'O. sur 109 de largeur.

TARGET (J. B.), avocat de Paris, 1733-1806, avait acquis une grande célébrité au barreau, lorsqu'en 1789 il parut aux États généraux comme député du Tiers-État, mais il eut peu de succès à la tribune. Choisi par Louis XVI pour être un de ses trois défenseurs, il déclina ce beau rôle. Pendant la Terreur, il fut secrétaire d'un comité révolutionnaire, dont au reste il s'efforça de modérer les rigueurs. En 1798, il fut nommé membre de la Cour de cassation, et il y déploya des connaissances. On a de lui des Observations sur le comm. des grains, 1776, et un Mémoire sur l'état des Protestants en France, 1787. Target avait été reçu à l'Académie franc. en 1785.

TARGON, ch.-l. de c. (Gironde), à 27 kil. N. O. de La Réole : 1076 h. Anc. titre de seigneurie. Montluc y battit les Protestants en 1563.

TARGOVICE, v. de la Russie d'Europe (Kiev), sur la Sunicha, à 56 k. S. E. d'Ouman. Elle a donné son nom à la célèbre confédération formée le 14 mai 1792 par des seigneurs polonais partisans dé la Russie, et qui avait pour objet le maintien de l'anc. constitution de la Pologne et l'abolition de la nouvelle constitution. Cette confédération ne fit qu'augmenter l'anarchie et amena le second partage du pays.

TARGUM, c.-à-d. exposition, explication, recueil de paraphrases chaldaïques de l'Ancien Testament. Les plus remarquables de ces paraphrases sont celles d'Onkélos, de Jonathan-ben-Uziel et de Joseph-l'Aveugle. Le Targum a été publié par Buxtorf le père, Bâle, 1620, et par Beck, Augsb., 1680-83,

TARIFA, Julia Traducta oa Joza, v. et port d'Espagne, dans l'anc. Andalousie (Cadix), sur le détroit de Gibraltar, à 65 kil. S. S. E. de Cadix ; 10 000 h. : c'est la ville la plus méridionale de l'Europe continentale. Château fort et fortifications diverses, petit port. Tarifa fut ainsi nommée du chef arabe Tarik ou Tarif, qui y débarqua (V. ci-dessous). Prise aux Maures par Sanche en 1290, elle fut assiégée par eux en 1340 : Alphonse IV (de Portugal) la délivra par une victoire qu'il remporta près de la ville, sur les bords de Rio-Salado. Les Français l'assiégèrent vainement en 1811 et 1812, mais l'occupèrent en 1823. — Son territoire produit d'excellentes oranges.

TARIK ou TARIF (Ben-Zeyad), général arabe, gouverneur de la partie la plus occidentale de l'Afrique sous les ordres de Mouça, envahit l'Espagne en 710, appelé par le comte Julien et l'archevêque de Tolède Oppas ; débarqua près du roc qui prit de lui le nom de Gibraltar (Djibel-al-Tarik), au lieu nommé depuis Tarifa, battit les Visigoths à Xérès en 711, s'empara de la personne du roi Rodrigue, dont il envoya la tête à Mouça, et prit Tolède. Il s'apprêtait à compléter la soumission de l'Espagne quand Mouça, jaloux de ses succès, lui enleva son commandement et même le jeta en prison. Le calife Walid le fit remettre en liberté et le replaça à la tête