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sieurs victoires, quand son père le rappela en Afrique pour l'opposer aux Almohades. Il fut malheureux dans cette guerre, et vit mourir son père de chagrin. Il lui succéda en 1146. Après 3 ans de règne, il périt noyé dans la mer en courant au secours d'Oran.

TACHKEND, v. du Turkestan; dans le khanat de Khokand, près de Sihoun, à 200 k. N. O. de Khokand; env. 80 000 h. Nombreuses fontaines ; climat charmant, été perpétuel. Citadelle (avec garnison de 10 000 h.). — Jadis capitale de l’État de Tachkend, auj. absorbé dans le khanat de Khokand, et soumis aux Russes.

TACHOS, roi d’Égypte de 363 à 362 av. J.-C., fils de Nectanébus I, régna après son père, se soutint contre Artaxerce Ochus avec le secours des Grecs; mais fut forcé de prendre la fuite devant le rebelle Nectanébo, que soutenait le roi lacédémonien Agésilas. Il s'était attiré la haine de ce dernier par des railleries sur sa difformité.

TACITE, C. Cornelius Tacitus, célèbre historien latin, né à Intéramne en Ombrie, vers l'an 54 de J.-C., d'une famille équestre, fut d'abord avocat et se distingua au barreau par son éloquence, entra dans la carrière des honneurs sous Vespasien, épousa en 79 la fille d'Agricola, passa environ quatre ans dans un gouvernement de province (89-93), et fut consul subrogé en 97. On croit qu'il mourut octogénaire, vers l'an 130 ou 134. Il était intime ami de Pline le Jeune. Tacite ne commença à écrire l'histoire que dans un âge assez avancé. Nous avons perdu une grande partie de ses ouvrages (un Panégyrique de Virginius, un Discours contre le proconsul Marius Priscus et ses autres plaidoyers, ses poésies, etc.); mais nous possédons en partie ses Annales (liv. I-IV, 2e moitié du Ve, VIe, XI-XVe, et partie du XVIe), ses Histoires (liv. I-IV et commencement du Ve), et en totalité la Vie d'Agricola et les Mœurs des Germains. Nous avons en outre sous son nom un Dialogue sur les causes de la corruption de l'éloquence, dialogue qu'on attribue aussi, mais avec moins de vraisemblance, à Quintilien ou à Pline le Jeune. Les Histoires commencent à l'avénement de Galba et vont jusqu'à Nerva; les Annales allaient de la mort d'Auguste à celle de Néron. Tacite est universellement regardé comme le plus grand des historiens : il est grave, profond, énergique, concis, sans manquer d'abondance; il peint ses portraits des plus vives couleurs; ses jugements sévères flétrissent le crime et la tyrannie; il est d'ailleurs exact, ami de la vérité, bien informé, n'écrivant que sur ce qu'il a vu ou ce que des contemporains lui ont raconté. Malgré ces mérites, il a été violemment critiqué, surtout par Linguet : on lui a reproché quelque obscurité dans le style et une certaine misanthropie; on l'a accusé de calomnier Tibère. La 1re édition de Tacite est de Venise, 1469 ; les meilleures sont celles d'Ernesti, Leips., 1752; de Brottier, 1772, avec des Suppléments estimés; de Leips., 1801, due à Oberlin, et reproduite, avec Notes de M. Naudet, dans les Classiques latins de Lemaire; de Dœderlin, Halle, 1841-47; d'Orelli, Zurich, 1848. Cet auteur a été traduit dans toutes les langues; les principaux traducteurs français sont : Perrot d'Ablancourt, Amelot de la Houssaye, avec notes historiques et politiques, La Bletterie, Dotteville, Dureau de la Malle, 1790, Burnouf (1827 et ann. suiv., 6 vol. in-8, avec le texte et de savantes notes); Panckoucke (1830-38, 7 vol. in-8); Ch. Louandre (dans la collection Charpentier) : la trad. la plus estimée est celle de Burnouf.

TACITE, M. Claudius Tacitus, empereur romain, fut élu en 275 par le sénat à cause de ses vertus : il avait alors plus de 70 ans. Il abandonna à l’État ses revenus, repoussa les Goths et les Alains, combattit les Perses, et tenta de réorganiser l'armée; mais il mourut assassiné, dit-on, après 6 mois de règne. Il prétendait descendre de l'historien Tacite : il multiplia les copies des ouvrages de cet écrivain et fit placer sa statue dans les bibliothèques. Ce prince avait pour frère Florien, qui voulut lui succéder.

TACONNET, acteur comique (1730-1774), était le principal sujet du théâtre de Nicolet, et fit imprimer quelques farces. V. NICOLET.

TACNA, v. du Pérou, à 52 kil. S. S. E. d'Arica; 10 000 hab. Commerce important avec la Bolivie.

TACUBA, jadis Talcopan, v. du Mexique, à 11 kil. N. O. de Mexico; 2500 hab. Jadis capitale d'un petit royaume. Belle chaussée conduisant à Mexico et par laquelle F. Cortez se rendit dans cette ville.

TADER, fleuve d'Hispanie, auj. la Ségura.

TADJIKS, nation nombreuse et civilisée qui forme le fond de la population de la Perse. Il y a aussi beaucoup de Tadjiks dans le Kaboul et la Boukharie.

TADMOR, nom oriental de Palmyre. V. PALMYRE.

TAEPINGS ou TAÏPINGS, insurgés chinois qui, pendant les années 1850 et suiv., désolèrent la Chine ; sont ainsi appelés du nom de leur chef. Ils se sont rendus maîtres de plusieurs des villes les plus importantes, Nankin, Sou-tohéou, Hang-tchéou, etc., et y ont exercé d'horribles dévastations. L'empereur de la Chine s'est vu obligé, pour les combattre, d'invoquer le secours des Européens.

TAFILET, v. de Maroc, ch.-l. de la prov. de Tafilet, près du Ziz, à 500 kil. E. S. E. de Maroc: 3000 hab. Château fort. — La prov. (jadis royaume) de Tafilet, l'une des divisions de l'empire du Maroc, a pour bornes au N. le roy. de Fez, à l'O. le Maroc proprement dit, à l'E. l'Algérie : env. 500 kil. du N. au S. sur 425; près de 700 000 hab. Sol très-fertile et passablement arrosé; au nord s'élève l'Atlas. On y fabrique des cuirs, de beau maroquin, des couvertures de laine, des rondaches, etc., et il s'y fait quelque commerce avec la Nigritie, notamment avec Tombouctou. C'est du roy. de Tafilet qu'est originaire la dynastie de chérifs qui gouverne le Maroc, ce qui a valu à ce pays le nom de Pays des Chérifs.

TAFNA, Siga, petite riv. de l'Algérie (Oran), se jette dans la Méditerranée au golfe de Rachgoun, par 3° 40' long. O., après un cours d'env. 50 kil. Elle est renommée par le traité de la Tafna, conclu sur ses bords en 1837 entre le général Bugeaud et l'émir Abd-el-Kader, et dont l'objet était de fixer les limites de l'Afrique française et des États concédés à l'émir. Ce traité, qui fut vivement blâmé, fut rompu en 1839 par Abd-el-Kader lui-même.

TAGANROG, v. forte de la Russie d'Europe (Iékatérinoslav), sur la mer d'Azov, près de l'embouch. du Don, à 400 k. S. E. d'Iékatérinoslav; 20 000 hab. Port de commerce, le 2e de la Russie mérid., citadelle. École de commerce, biblioth., musée; bourse, banque; chantiers de construction, forges, poterie, corderies, etc. Pêche active. Grand commerce, favorisé par le canal du Don au Volga : c'est par Taganrog que la Russie se fournit de presque tous les objets nécessaires aux flottes (bois divers, fer, chanvre, goudron, cuivre, potasse, salpêtre, blés, viande). — La ville se forma autour d'une forteresse bâtie en 1706 par Pierre le Grand; démolie en vertu du traité du Pruth en 1711, elle fut rebâtie en 1769. Alexandre I y mourut en 1825 : un monument y a été érigé à sa mémoire. Elle fut bombardée en 1855 par la flotte anglo-française.

TAGASTE, auj. Tagilt ou Souk-arras, v. ruinée de Numidie, à l'E., entre Hippo (Bone) et Sicca-Venerea. Patrie de S. Augustin.

TAGE, Tagus, fleuve de la péninsule hispanique, naît au mont San-Felipe (Sierra-de-Albaracin) par 4° 18' long. O., 40° 38' lat. N., traverse les provinces espagnoles de Cuença, Guadalaxara, Tolède, Badajoz, entre en Portugal après avoir un instant formé la limite des deux royaumes, sépare le Beira de l'Alentéjo, puis traverse l'Estramadure portugaise, et se jette dans l'Atlantique au-dessous de Lisbonne, après un cours de 760 kil. dont 560 en Espagne. Il baigne Aranjuez, Tolède, Talaveyra-de-la-Reyna, Puente-del-Arzobispo, Alcantara, Abrantès, Punhete, Santarem, Lisbonne, et reçoit le Jarama, le