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canton de Schwitz, qui furent le noyau de la fédération. La Suisse se divise en 22 cantons, qui pour la plupart prennent le nom de leur capitale. En voici fa liste, d'après le rang qu'ils occupent dans la Confédération : 1. Zurich, 2. Berne, 3. Lucerne, 4. Uri, 5. Schwitz, 6. Unterwald, 7. Glaris, 8. Zug, 9. Fribourg 10. Soleure, 11.Bâle, 12. Schaffhouse, 13. Appenzell, 14. Saint-Gall, 15. Grisons, 16. Argovie, 17. Thurgovie, 18. Tessin, 19. Vaud, 20. Valais, 21. Neufchâtel, 22. Genève. Plusieurs cantons ont des subdivisions : Bâle se divise en Bâle-Ville et Bâle-Campagne; Unterwald en Obwalden et Nidwalden; Appenzell en Rhodes intérieures et extérieures ; les Grisons en trois ligues : Ligue Supérieure, L. Cadée et L. des Dix-juridictions. — Des 22 cantons, 8 sont au N. : Bâle, Soleure, Argovie, Zurich, Schaffhouse, Thurgovie, St-Gall, Appenzell; 12 au centre : Zug, Schwitz, Glaris, Grisons, Uri, Unterwald, Lucerne, Berne, Fribourg, Neuchâtel, Vaud, Genève; 2 au S. : Valais, Tessin. Les plus vastes sont les Grisons, Berne, le Valais, Vaud, Tessin; les plus petits Schaffhouse, Genève et Zug.

Pendant longtemps, de 1513 à 1798, la Suisse ne compta que 13 cant. : Berne, Zurich, Lucerne, Fribourg, Uri, Schwitz, Unterwald, Zug, Glaris, Bâle, Soleure, Schaffhouse et Appenzell. On y distinguait en outre des pays sujets et des alliés. Les Pays sujets ou vassaux des 13 cantons étaient : au N. et à l'E. le comté de Bade avec Bade, les Bailliages libres avec Bremgarten et Muri, la Thurgovie avec Frauenfeld, le Rheinthal avec Reineck, le comté de Sargans, le Gaster avec Utznach, et la ville de Rapperschwyl; à l'O. les bailliages de Morat, Granson, Orbe, Schwartzenbourg; au S., les gouvts de Lugano, Locarno, Mendrisio, Valmaggia, les bailliages de Bellinzona, Val Blegno, Riviera. Les Alliés des 13 cantons étaient l'abbaye et la ville de St-Gall, la ville de Bienne, les trois Ligues grises, la république du Valais, les villes de Mulhouse et de Genève, la principauté de Neufchâtel, l'évêque de Bâle. De 1798 à 1815, la division territoriale de la Suisse subit diverses modifications qui portèrent le nombre des cantons à 19; il fut enfin élevé à 22 en 1815.

La Suisse est le pays le plus élevé de l'Europe. On y trouve les principaux sommets des Alpes, qui de là projettent leurs ramifications en Italie, en Allemagne, en France. Le pays est célèbre pour la beauté et la variété des sites (glaciers, pics de toutes formes, lacs, sources, vallées, etc.), ainsi que pour la salubrité de l'air; il a des mines très-variées (fer, cuivre, plomb, cristal, soufre), de beaux marbres, des eaux minérales renommées. Mais le climat est généralement froid ou humide, et le sol stérile ou peu fertile. Cependant, les plateaux de médiocre hauteur et les vallées produisent des grains et offrent d'admirables pâturages. Des montagnes de la Suisse sortent le Rhin, le Rhône, l'Adige, plusieurs affluents de ces fleuves, ainsi que du Pô. On y compte beaucoup de lacs, notamment ceux de Genève ou lac Léman, de Constance, de Lucerne ou des Quatre-Cantons, de Zurich, de Neufchâtel, de Bienne, de Brienz, de Wallenstadt, de Sempach, de Morat. Parmi les eaux minérales et thermales, on cite celles de Baden (Argovie), Blumenstein, Gurnigel (Berne), l'Alliaz, Bex (Vaud), Louèche (Valais), St-Moriz (Grisons), etc. Les cantons d'Uri, de Schwitz, d'Unterwald, le Valais et les Grisons sont très-pauvres; les autres au contraire, notamment Berne, Bâle, Vaud, Genève, Zurich, sont industrieux et fort riches. En général, le Suisse est actif, économe, probe et loyal, très-attaché à son pays (on connaît l'effet que produisaient sur les Suisses qui servaient à l'étranger les airs nationaux, notamment le fameux Ranz des vaches). Les Suisses ont été longtemps réputés par toute l'Europe pour leur bravoure : longtemps ce peuple a gardé la coutume de prendre service dans les armées étrangères (notamment en France et en Espagne), usage qui a presque cessé à la révolution de 1830; ils se sont rendus célèbres, surtout en France, par leur fidélité et leur dévouement. Les principales industries en Suisse sont l'horlogerie et la joaillerie, les soieries et la fabrication des fromages. Il s'y fait un grand commerce de transit. — Le gouvernement, partout républicain, varie dans ses formes pour chaque État. Des 13 cantons primitifs, trois étaient aristocratiques (Berne, Lucerne, Fribourg), six étaient démocratiques (Uri, Schwitz, Unterwalden, Zug, Glaris, Appenzell), les quatre autres mi-partis. Depuis l'établissement des 22 cantons, les formes du gouvernement se sont simplifiées : l'aristocratie a perdu; le gouvernement est devenu de plus en plus démocratique. L'autorité fédérale est exercée par 3 pouvoirs : 1° l’Assemblée fédérale, composée du Conseil national et du Conseil des États; 2° le Conseil fédéral, qui a le pouvoir exécutif; 3° le Tribunal fédéral, chargé de juger les différends entre les cantons et les cas de haute trahison. Les assemblées fédérales ou diètes se tinrent longtemps à Bade en Argovie ou à Frauenfeld; puis, alternativement à Zurich, à Berne et à Lucerne; depuis 1848, les autorités fédérales siègent constamment à Berne. — Pour la religion, le pays est partagé entre le Catholicisme et le Calvinisme : on compte 9 cantons catholiques (Lucerne, Uri, Schwitz, Unterwald, Zug, Fribourg, le Tessin, le Valais, Soleure), 7 cantons réformés (Zurich, Berne, Bâle, Schaffhouse, Vaud, Genève, Neufchâtel), 6 cantons mixtes (Argovie, Glaris, Thurgovie, Saint-Gall, Appenzell, les Grisons); la liberté des cultes est garantie. — L'instruction est très-répandue en Suisse : l'instruction primaire est obligatoire pour tous et gratuite pour les pauvres. Il y a trois universités : Bâle, Zurich et Berne ; Genève et Lausanne ont sous le titre d’Académies des établissements de haute instruction analogues à nos facultés. La Suisse possède 4 évêchés catholiques, dont les siéges sont établis à Fribourg, à Coire, à Sion et à Soleure (ce dernier sous l'anc. titre d'évêché de Bâle). L'ordre des Jésuites est depuis 1847 exclu de toute la Confédération. — On parle en Suisse deux langues surtout : le français (dans les cantons de Neuchâtel, de Genève, de Vaud, du Valais, Soleure, etc.), l'allemand (à Berne, Bâle, Zurich et dans tout l'E.) : dans le Tessin domine l'italien ; parmi les Grisons le roman, sorte de latin corrompu ; de plus, il existe un patois dit welche, en usage dans le bas peuple des cantons français. Parmi le grand nombre d'hommes illustres qu'a produits la Suisse, outre les patriotes comme Stauffacher, Melchthal et Guillaume Tell, brillent surtout les frères Bernouilli, Euler, J. J. Rousseau, Gessner, Lavater, Jean de Muller, Bonnet, Necker, les de Saussure, Tronchin.

Histoire. La Suisse, l’Helvétie des Romains, était comprise par eux presque tout entière dans la grande Séquanaise (prov. de la Gaule); le reste, la partie à l'E. du Rhin, faisait partie de la Rhétie. Les Helvétiens avaient quitté leur pays en masse pour venir s'établir dans la Gaule (61 av. J.-C.), quand César, en 58, extermina les uns, refoula les autres. Sous la domination romaine, les Helvétiens furent tranquilles. A partir du Ve s., leur pays appartint tour à tour (pour la plus grande part) au roy. de Bourgogne, au roy. de Bourgogne Transjurane et au roy. des Deux-Bourgognes ou roy. d'Arles. Lorsque Rodolphe III légua les deux Bourgognes à Conrad le Salique sous le nom de Royaume d'Arles (930), la Suisse fut comprise dans ce legs et dès lors elle devint province immédiate de l'Empire : l'administration en fut confiée aux ducs de Zaeringhen. Pendant la période féodale, le pays se trouva divisé en une foule de fiefs de tout ordre, presque indépendants, dont bon nombre étaient possédés par la maison de Habsbourg lors de l'avénement à l'empire de Rodolphe de Habsbourg (1273). Ce prince, qui avait été choisi pour avoué par les cantons d'Uri, Schwitz et Unterwald, respecta leurs franchises et même les augmenta; mais Albert, son fils, tendit à convertir en souveraineté les droits