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commencement du VIe s. Il s'était obstrué de nouveau lorsqu'au VIIe s. les Arabes conquirent l’Égypte. Amrou, lieutenant d'Omar, le fit recreuser, et porta la prise d'eau vers le Vieux-Caire, ce qui lui donna un cours total de 320 kil. Ce canal fut encore abandonné quand les califes allèrent résider à Damas : le calife Al-Mansour en fit même fermer l'embouchure en 775, pour arrêter les incursions des Égyptiens. Toutefois, il en reste encore des traces visibles. — En 1854, un Français, M. Ferdinand de Lesseps, conçut le projet d'un canal entièrement maritime. Ce projet, tracé en 1855 par deux ingénieurs au service du vice-roi d’Égypte (Linant-bey et Hougel-bey), adopté en 1856 par le vice-roi Mohammed-Saïd, a été heureusement mis à exécution, malgré des obstacles de tout genre, suscités moins par la nature que par le mauvais vouloir de la Turquie et la jalousie de l'Angleterre. Le nouveau canal, partant de Port-Saïd, port nouvellement creusé sur la Méditerranée, près de l'anc. Péluse, se rend directement à Suez en traversant plusieurs lacs, notamment le lac Timsah, transformé en un grand port intérieur. Il a env. 160 kil. de long et 75m de large. Inauguré, 20 nov. 1869.

SUFFÈTES, magistrats annuels à Carthage, analogues aux consuls de Rome, assemblaient le sénat, proposaient les affaires, rendaient la justice et commandaient quelquefois les armées.

SUFFETIUS (METIUS). V. METIUS.

SUFFISME, doctrine répandue en Orient. V. SOPHIS.

SUFFOLK (Comté de), un des comtés de l'Angleterre, à l'E., sur la mer du Nord, au N. du comté d'Essex, au S. de celui de Norfolk, à l'E. de celui de Cambridge, a 90 kil. sur 45 et 320 000 hab.; ch.-l., Ipswich. Agriculture florissante.

SUFFOLK (Comtes de). Ce titre a été porté successivement par les familles de la Pole ou de Poll (depuis 1388), de Brandon (depuis 1513), de Howard (depuis 1603). Ces derniers comtes eurent pour chef Thomas Howard, fils de Thomas III de Norfolk, qui fut fait comte de Suffolk en 1603 et devint grand trésorier d'Angleterre. — W. POLL, comte, puis marquis et enfin duc de S., général anglais, petit-fils de Michel de Poll, 1er comte de Suffolk, servit sous Henri V dans la guerre contre la France, se distingua au siége de Rouen (1419), et fut, en 1429, nommé par le duc de Bedford général en chef des troupes qui assiégeaient Orléans. Il fut forcé par Jeanne d'Arc de lever le siége, se laissa battre et prendre dans Jargeau, mais s'empara peu après de la ville d'Aumale. Après avoir longtemps joui d'une grande faveur, il fut accusé de trahison et de concussion, et eut la tête tranchée en 1451. — Charles BRANDON, duc de S., ami d'enfance de Henri VIII, fut créé par lui duc de Suffolk en 1513. Chargé de ramener en Angleterre la sœur du roi, Marie, veuve de Louis XII, il plut à cette princesse et obtint sa main (1515). Il seconda Henri VIII dans sa demande en divorce avec Catherine d'Aragon.

SUFFREN-SAINT-TROPEZ (Pierre André de), vulgt appelé le bailli de Suffren, marin français, né en 1729 a St-Cannat, près de Lambesc, en Provence, m. en 1788. Après s'être signalé dans plusieurs campagnes, il entra en 1749 dans l'ordre de Malte, où il obtint le titre de bailli, fit partie de l'escadre de La Galissonnière, contribua à la défaite de Byng et à la prise de Mahon (1756), se distingua dans les mers des Indes, ruina, à la Praya (Cap-Vert), l'escadre du commodore Johnston, fut fait chef d'escadre en 1781 et envoyé dans les Indes, défit l'amiral anglais Hughes devant Madras, fit alliance avec Haïder-Ali, battit les Anglais sur terre et sur mer, prit Négapatam, Trinquemale, subit à son tour un échec devant Gondelour (1782), mais parvint, à force d'activité, de bravoure et d'habiles manœuvres, à sauver cette ville ainsi que la flotte, et ne se reposa qu'à la paix de Versailles (1783). On créa pour le récompenser une 4e place de vice-amiral, qui fut supprimée à sa mort. Ch. Cunat à écrit son Histoire, 1852. M. J. S. Roux a publié Le Bailli de Suffren dans l'Inde, 1862. — Son frère, L. Jérôme Suffren, évêque de Sisteron, fit creuser à ses frais en 1780 un canal aux environs de Sisteron, canal qui à gardé son nom.

SUGER (l'abbé), ministre, né à St-Omer vers 1082, d'une famille pauvre, fut élevé dans l'abbaye de St-Denis, et en devint abbé en 1122. Louis VI, avec lequel il avait été élevé dans l'abbaye de St-Denis, fit de lui son conseil et son guide. Suger améliora la justice, les lois, les relations extérieures, protégea l'agriculture, le commerce, l'industrie, et favorisa l'affranchissement des Communes. Non moins puissant sous Louis VII, il désapprouva le départ de ce prince pour la croisade, et plus encore son divorce. Pendant l'absence du roi (1147-49), il fut régent de France, et, par la sagesse de son administration, mérita le titre de Père de la patrie, que lui décerna Louis VII. A la fin de sa vie, on le vit avec étonnement, démentant sa conduite antérieure, prêcher lui-même une nouvelle croisade; il réunit plus de 10 000 hommes, et il allait conduire cette expédition en Asie à ses frais, lorsqu'il mourut, en 1152. Suger a écrit la Vie de Louis VI, en latin, et a laissé des Lettres ainsi que des Mémoires sur sa propre administration (dans les collections Duchesne et Guizot). Il fit le 1er recueillir des Grandes Chroniques, et commença la réédification de la cathédrale de St-Denis. On a la Vie de Suger, par Duchesne, 1648, et par Nettement, 1842, une Hist. de Suger par dom Gervaise, 1721, et par Huguenin, 1859, son Éloge par Garat, 1779, et l’Hist. de son ministère par Combes, 1853.

SUHM (P. Fréd.), historien, né à Copenhague en 1728, m. en 1798, fut assesseur au tribunal de la cour, gentilhomme de la chambre, chambellan, et enfin historiographe; il eut part au complot de cour qui renversa Struensée, fit en 1751 un voyage dans la Norvége, et fut membre de presque toutes les académies du Nord. Ses principaux ouvrages sont : Introduction à l'histoire critique du Danemark, 1769; Hist. critique du Danemark pendant les siècles païens, 1774-8 (ouvrage qui jette le plus grand jour sur l'origine des peuples barbares et le culte d'Odin); Hist. du Danemark, 1782 et ann. suiv. Ses Opuscules ont été réunis en 15 vol., Copenhague, 1788-98. Il a en outre publié avec Langebeck les Scriptores rerum Danicarum, 8 vol. in-f., 1776.

SUIDAS, lexicographe grec, qu'on croit avoir vécu vers le Xe s., n'est connu que par son Lexique historique, compilation sans jugement, mais a laquelle nous devons beaucoup de fragments d'auteurs anciens et d'intéressants détails sur l'histoire littéraire. Les meilleures éditions de Suidas sont celles de Ludolf Kuster, Cambridge, 1705, 3 vol. in-fol., avec traduct. lat. de Jér. Wolf, corrigée par Portus; de Gaisford, Oxf., 1834; de Bernhardy, Halle, 1834, et Leips., 1853; d'Emm. Bekker, Berl., 1854.

SUINDINUM, capit. du Cénomans. V. CENOMANS.

SUINTILA, roi des Visigoths d'Espagne de 621 a 631, réforma les lois, protégea le peuple contre la pression des grands, battit les Vascons, qui désolaient ses États, et acheva de chasser les Grecs de l'Espagne (624). Mais il mécontenta la nation en associant au trône son fils Ricimer, encore en bas âge, et fut détrôné par Sisenand, gouverneur de la Septimanie (631). Il mourut 4 ans après.

SUIPPES, ch.-l. de c. (Marne), sur la Suippe, affluent de l'Aisne, à 23 kil. N. E. de Châlons-sur-Marne; 2204 h. Filatures, lainages, mérinos, flanelles.

SUISSE ou CONFÉDÉRATION HELVÉTIQUE, Schweiz en allemand, l’Helvétie et partie de la Rhétie des anciens; un des États de l'Europe centrale, a pour bornes à l'O. la France, au N. le grand-duché de Bade, à l'E. le Tyrol, au S. les États italiens, s'étendant entre 3° 44'-8° 5' long. E., et 45° 50'-47° 48' lat. N. ; 348 kil. de l'O. à l'E. sur 212 du N. au S.; 38 000 k. carr.; 2 600 000 h.; capit. fédérale, Berne (jusqu'en 1848, Zurich, Berne et Lucerne étaient capitales à tour de rôle). Le pays tire son nom de la ville et du