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RÉGILLIEN, Q. Nonius Regillianus, Dace d'origine et parent de Décébale, servait dans les troupes romaines et avait battu les Sarmates quand il prit la pourpre en Mésie (261). Suivant les uns, Gallien le défit en 263 ; selon les autres, il fut assassiné par les Illyriens et par ses propres soldats.

RÉGINON, abbé de Prum de 892 à 899, m. à Trêves en 915, a laissé: 1° une Chronique qui finit en 907 et qui a été continuée par un moine de Trêves jusqu'en 977 (publiée à Mayence, 1521, et dans le Rerum Germanicarum scriptores de Pistorius); 2° un recueil de canons, publié par Baluze sous le titre de : De ecclesiasticis disciplinis, Paris, 1671.

REGINUM ou REGINA CASTRA, auj. RATISBONNE.

REGIOMONTANUS (Jean MULLER, dit), astronome allemand, né en 1436, près de Kœnigsberg en Franconie, d'où son nom latin (Kœnigsberg voulant dire, comme regius mons, mont royal), m. en 1476, étudia l'astronomie et les mathématiques sous Purbach, devint bientôt l'associé de son maître, et exécuta, conjointement avec lui, divers travaux qui lui avaient été confiés par le cardinal Bessarion. Il suivit ce prélat en Italie, où sa réputation s'était déjà étendue, et donna à Padoue un cours d'astronomie qui attira un grand concours d'auditeurs (1463). De retour en Allemagne, il résida quelques années à Bude près du roi de Hongrie Matthias Corvin; il s'établit ensuite à Nuremberg et fonda dans cette ville une imprimerie d'où sont sortis un grand nombre d'ouvrages scientifiques. Attiré à Rome par le pape Sixte IV, il y mourut peu après son arrivée, soit enlevé par la peste, soit assassiné par le fils de George de Trébizonde, dont il avait critiqué les traductions. Ce savant a beaucoup écrit; ses principales productions sont : Ephemerides astronomicæ ab anno 1475 ad annum 1506; Kalendarium novum; Tabulæ directionum profectionumque ; Epitoma in Almagestum Ptolomæi (avec Purbach); De triangulis planis et sphæricis, una cum Tabulis sinuum : c'est le plus important de ses ouvrages. Regiomontanus est, avec Purbach, un des régénérateurs de l'astronomie; tous deux ont reconnu et signalé les invraisemblances du système de Ptolémée.

RÉGIS (S. Jean François), l’Apôtre du Velay, né en 1597 au château de Fontcouverte (diocèse de Narbonne), m. en 1640, appartenait à une famille noble et aisée. Élevé chez les Jésuites à Béziers, il entra de bonne heure dans leur ordre et, après avoir enseigné dans divers collèges, se voua à la prédication. Il prêcha dans le Bas-Languedoc, surtout dans le Velay et le Vivarais, et ramena dans le sein de l’Église un grand nombre de Calvinistes. Il ne se signala pas moins par sa charité, surtout dans une peste qui désolait Toulouse, et m. à La Louvesc, à 43 ans, exténué par les fatigues et les macérations. Il fut canonisé en 1737. On le fête le 16 juin. Sa Vie a été écrite par le P. Daubenton et plus récemment par l'abbé Daurignac, 1861. — Une Société qui a pour but de marier les personnes qui vivent dans le désordre a été placée sous son nom.

RÉGIS (Sylvain LEROY, dit), savant français, né en 1632 dans l'Agénois, mort en 1707, étudia la théologie à Paris, embrassa avec ardeur la philosophie de Descartes, à laquelle il fut initié par Rohault, et enseigna avec un grand succès la nouvelle doctrine à Toulouse, à Montpellier, à Paris, où il exposa méthodiquement la doctrine de Descartes. L'archevêque de Harlay lui ayant interdit cet enseignement, il s'occupa de publier ses œuvres et de combattre par ses écrits les adversaires de Descartes. Son ouvrage principal est le Système de philosophie, en français, Paris 1690. Régis était de l'Académie des sciences.

RÉGIS (J. B.), jésuite, missionnaire en Chine, né vers 1665 à Istres en Provence, mort en Chine en 1737, travailla à la carte générale de ce pays (1708-15), et prit part en 1724 aux discussions que les missionnaires eurent à soutenir devant l'empereur Young-Tching pour empêcher la proscription du Christianisme. Il a laissé une traduction latine de l’Y-King, publ. par J. Mohl, Stuttg., 1834-39, 2 v. in-8.

REGIUM. V. RHEGIUM et REGGIO.

REGIUS (H. LE ROY ou DU ROY, dit), professeur de médecine à Utrecht, né dans cette ville en 1598, mort en 1679, fut un des premiers disciples de Descartes. Il adopta d'abord la doctrine du maître sans restriction, mais dans la suite il s'en écarta, et fut publiquement désavoué par Descartes (1647). Regius fut aussi un des premiers à soutenir la circulation du sang. Ses principaux ouvrages sont : Physiologia, 1641 ; Fundamenta physices, 1647 (il copia dans cet ouvrage le traité des Animaux de Descartes, encore inédit); Explicatio mentis humanæ, 1648; Philosophia naturalis, 1661.

RÉGNARD (Jean-Franç.), poète comique, né à Paris en 1655, mort en 1709, était fils d'un riche marchand. Il voyagea dès qu'il eut fini ses études, visita l'Italie, où il gagna beaucoup d'argent au jeu, fut pris par des corsaires algériens en revenant en France, conduit à Constantinople et vendu comme esclave, s'acquit les bonnes grâces de son maître en présidant à sa cuisine, revint en France après deux ans de captivité et en payant une rançon de 12 000 fr., recommença ses voyages et visita, avec quelques amis, la Flandre, la Hollande, le Danemark, la Suède ; s'avança jusqu'en Laponie, au delà de Tornéa (1681), et inscrivit sur un rocher ce vers devenu célèbre :

Hic tandem stetimus nobis ubi defuit orbis.

Il vint vers 1683 se fixer à Paris, y acheta une charge de trésorier de France, vécut dans l'aisance et se mit à faire des comédies par passe-temps. Il travailla d'abord pour le Théâtre Italien (1688-96), puis il fit jouer au Théâtre Français plusieurs comédies qui eurent un grand succès (1694-1708) : elles se font surtout remarquer par une franche gaieté, par une peinture vraie des mœurs de l'époque, par un style vif et naturel sans trivialité. Ces comédies lui assurent la première place après Molière. Les principales sont : le Joueur (1696), le Distrait (1697), Démocrite (1700), les Folies amoureuses (1704), les Ménechmes ou les Jumeaux (1705), le Légataire universel (1708), toutes en vers. On a encore de lui plusieurs petites pièces qu'il avait données au Théâtre Italien, une relation de ses voyages, un petit roman, la Provençale, qui n'est que sa propre histoire, des poésies diverses, parmi lesquelles on remarque une Satire contre les maris, en réponse à la satire de Boileau contre les femmes. Ses Œuvres complètes ont été souvent imprimées; les meilleures éditions sont celles de G. Garnier, 1789-90, 6 v. in-8, de Lequien, 1820, de Crapelet, 1822 et 1823, d'Alfred Michiels, 1855. On doit à M. Gilbert un Éloge de Régnard, couronné en 1858 par l'Académie française.

REGNAUD (Étienne), dit de St-Jean-d'Angély, né en 1760 à St-Fargeau (Yonne), était fils du président au bailliage de cette ville. Il fut nommé dès 1782 lieutenant de la prévôté de la marine à Rochefort, fut député aux États généraux en 1789 par le bailliage de St-Jean-d'Angély (d'où le nom sous lequel il est connu), rédigea le Journal de Versailles, feuille modérée, courut de grands risques pendant la Terreur, obtint un emploi à l'armée d'Italie après la chute de Robespierre, seconda Bonaparte au 18 brumaire, fut appelé au Conseil d'État, où il présida la section de l'intérieur, devint procureur général près la haute cour, secrétaire d’État de la famille impériale, montra dans tous ces postes du talent, de l'activité, du dévouement, et fut en récompense créé comte. Fidèle à son maître jusqu'au bout, il défendit, même en 1815, les intérêts de Napoléon II devant la Chambre. Proscrit par les Bourbons, il passa quatre ans en exil (1815-19), et mourut en 1819. Il était depuis 1803 membre de l'Académie française. — Son fils, Aug.-Étienne, comte Regnaud de St-Jean d'Angély (1794-1870), fut sénateur du second Empire et maréchal de France. Il se distingua surtout à Magenta.