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relevèrent par les victoires d'Almanza et de Villaviciosa en Espagne, et par celle de Denain en Flandre. Après l'avénement au trône impérial de l'archiduc Charles, les traités d'Utrecht et de Rastadt (1713-14), bien qu'onéreux pour la France, terminèrent la guerre à l'honneur de Louis XIV, dont le petit-fils fut reconnu roi d'Espagne sous le nom de Philippe V.

2° La G. de la succession d'Autriche, 1740-1748, qui éclata à la mort de l'empereur Charles VI. Ce prince avait, par une célèbre Pragmatique sanction, assuré sa succession à sa fille aînée Marie-Thérèse, épouse de François de Lorraine. Charles-Albert, électeur de Bavière, et Auguste II de Saxe, qui avaient épousé les deux filles de l'emp. Joseph I, frère aîné de Charles VI, firent valoir, ainsi que plusieurs autres prétendants, leurs droits à l'empire. Charles-Albert, soutenu par la France, fut élu empereur sous le nom de Charles VII (1742). Marie-Thérèse, presque seule contre tant d'ennemis, avait vu envahir même ses États héréditaires; la Silésie lui avait été enlevée par Frédéric II, roi de Prusse, qui la réclamait comme injustement enlevée à la maison de Brandebourg par les empereurs pendant la Guerre de Trente ans; malgré le dévouement des Hongrois, cette princesse était perdue, si la mort de Charles VII (1745) ne fût venue la sauver. François, son époux,fut alors reconnu empereur. La guerre se termina en 1748, par le traité d'Aix-la-Chapelle : Marie-Thérèse conserva ses États, sauf la Silésie, que la Prusse garda, ce qui plus tard donna naissance à la guerre de Sept ans (1756-63).

SUCHET (L. Gabriel), duc d'Albuféra, né à Lyon en 1772, m. en 1826, était fils d'un fabricant de soieries. Il s'enrôla à 20 ans, se distingua en Italie sous Schérer, Augereau, Masséna, eut part en 1797 aux négociations avec la Suisse, suivit Brune en Italie comme major général, rendit des services essentiels pendant la campagne de Marengo, fut chargé de diverses missions après la paix de Lunéville, contribua puissamment aux victoires d'Austerlitz et d'Iéna, ainsi qu'au succès de la campagne de Pologne, fut mis en 1808 à la tête du 5e corps de l'armée d'Espagne et mit le comble à sa gloire dans ce commandement : la victoire de Margalef, la prise de Lérida et de Tarragone, l'occupation du Mont-Serrat lui valurent le bâton de maréchal. Il prit ensuite Oropeza, Murviedro (l'anc. Sagonte), Valence (1812), et reçut en récompense le titre de duc d'Albuféra. Dans toute cette campagne, il se signala par sa justice et sa modération autant que par sa valeur et se concilia l'affection des Espagnols eux-mêmes. Il ne fit retraite vers les Pyrénées que quand les armées françaises eurent été refoulées sur tous les points. Louis XVIII le fit pair en 1814. Il accompagna en 1823 le duc d'Angoulême dans l'expédition d'Espagne. Il a laissé de précieux Mémoires sur la guerre d'Espagne (1808-14), publ. en 1829, 2 v. in-8. Lyon lui a élevé une statue (1858).

SUCRE (José), un des généraux qui assurèrent l'indépendance de l'Amérique espagnole, né à Cumana en 1793, commanda, sous les ordres de Bolivar, un corps d'armée avec lequel il vainquit les Espagnols à la Plata, 1820, à Guyaquil et à Pichincha, 1821, remporta le 9 déc. 1824 la victoire décisive d'Ayacucho, et fut élu en 1825 président à vie du Ht-Pérou (Bolivie). Dégoûté du pouvoir par les dissensions intestines, il abdiqua dès 1828. Il périt en 1830, traîtreusement assassiné au moment où il faisait tous ses efforts pour concilier les partis.

SUCRO, auj. Xucar, fleuve d'Hispanie (Tarraconaise), naissait près des sources du Tage et se jetait dans la Méditerranée, près d'une ville appelée aussi Sucro ou Sucrone (auj. Cullera). Sertorius battit Pompée devant cette ville, 76 av. J.-C.

SUD (dép. du), dép. de l'île d'Haïti, formé de l'extrémité S. O. de l'île; 215 000 h.; ch.-l., les Cayes.

SUDERMANIE, anc. prov. de la Suède, au S. de l'Upland, se divisait en 3 parties : Sudermanie propre, Sœdertœrn, Rekarna, et avait pour villes principales Nykœping et Strengnæs. Elle formait un duché que le roi Charles XIII posséda avant son avénement au trône. Elle est comprise auj. dans le lan de Nykœping et dans une partie de celui de Stockholm.

SUDÈTES (Monts), Sudetsch ou Sudeten en allemand, chaîne de montagnes de l'Allemagne, s'étend des Carpathes occid. (16° long. E.) jusqu'aux sources de l'Elster, se dirigeant en général de l'E. à l'O.; sa longueur approche de 600 kil. et sa largeur moyenne de 32; elle sépare la Silésie de la Moravie et de la Bohême, et la Bohême de la Lusace. On y distingue : 1° les Sudètes proprement dites ou Grandes Sudètes, des sources de la March au défilé situé entre Pœlitz et Braunau; 2° les Monts des Géants (Riesengebirge), qui vont jusqu'à l'entrée de la Lusace; 3° les Monts de Lusace ou Petites-Sudètes ; 4° l’Erzgebirge (V. ce mot). Les Sudètes ne sont pas très-élevées : le Riesenkoppe, qui en est le point culminant, ne dépasse pas 1630m; vient ensuite le Schneeberg, 1400m. Il y a beaucoup de mines sur les deux versants de ces montagnes, principalement sur le versant nord.

SUE, famille de chirurgiens distingués de Paris. On connaît : Jean, 1710-92, prof, d'anatomie au Collége de France, chirurgien en chef de la Charité, membre de l'Académie de chirurgie, auteur d'un Abrégé d'Anatomie, d’Éléments de Chirurgie et d'un Traité d'Anthropotomie ou Art d'embaumer;Pierre, neveu du préc., 1739-1816, prof, à l’École pratique, puis bibliothécaire de l’École de santé, auteur d'un Dictionnaire de Chirurgie, 1771, et d'une Hist. du Galvanisme, 1801; — Jean Joseph, fils de Jean, 1760-1830, chirurgien dans les armées de la République, puis médecin en chef de la garde impériale, auteur d’Éléments d'anatomie à l'usage des peintres, 1788, d'un Essai sur la physionomie des corps vivants, 1797, de Recherches sur la guillotine et sur la vitalité, 1798. Il est père du célèbre Eugène Sue.

SUE (Eugène), romancier, né à Paris en 1804, m. en 1857, était fils de Jean Joseph Sue, habile chirurgien, et exerça lui-même quelque temps la chirurgie à l'armée et dans la marine. En possession d'une belle fortune, il quitta le service militaire en 1830 pour se livrer a la littérature. Il débuta par des romans maritimes (Plick et Plock, Atar-Gull, la Salamandre, la Coucaratcha, la Vigie de Koatven, 1831-33), qui le placèrent à côté de l'américain F. Cooper ; il couronna ses travaux en ce genre par deux ouvrages plus sérieux, l’Histoire de la marine française sous Louis XIV, 1835-37, et l’Hist. de la marine militaire de tous les peuples, 1841. Il s'adonna ensuite à la composition de romans de mœurs et de romans historiques, qui n'eurent pas moins de succès : Cécile, Arthur, le Marquis de Létorière, Jean Cavalier, Thérèse Dunoyer, Latréaumont, Mathilde, regardé comme son chef-d'œuvre, 1835-42. Enfin, changeant encore une fois de manière, il se mit a composer des romans socialistes, qui achevèrent de rendre son nom populaire : les Mystères de Paris, 1842-43; le Juif errant, 1844-45; Martin ou l'enfant trouvé, 1847; les Sept Péchés capitaux, 1847-49; les Mystères du peuple, 1849. Élu en 1849 membre de l'Assemblée législative, il siégea sur les bancs de la Montagne. Il quitta la France après le 2 décembre 1851, et se retira près d'Annecy, où il mourut d'un anévrisme. Outre les ouvrages déjà mentionnés, E. Sue avait donné quelques pièces (Mathilde, Latréaumont, le Juif errant, etc.), qui ne sont guère que la mise en scène de ses romans. Ce fécond romancier se distingue par l'invention, l'art du récit, le talent de préparer et de produire de grands effets; mais on regrette qu'il ait écrit avec trop de négligence et d'incorrection, qu'il ait démesurément allongé plusieurs de ses compositions, et surtout que, dans ses dernières œuvres, il ait trop souvent mis son talent au service de la passion politique ou antireligieuse, et se soit attaché à dénigrer la société. Ses Œuvres, rassemblées par Paulin, forment plus de 60 volumes.

SUÈDE, Sverige en suédois, Suecia en latin, con-