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d'importantes découvertes, voyagea en Hollande, en France, en Italie pour compléter ses connaissances, se fixa à Florence, y abjura la religion réformée (1667), embrassa l'état ecclésiastique (1676), fut nommé par Innocent XII évêque in partibus de Titiopolis et vicaire apostolique dans le Nord et travailla activement dans la dernière partie de sa vie à la conversion des Luthériens. Ses travaux anatomiques eurent principalement pour objet l'étude des muscles, du cerveau et des vaisseaux du corps humain; le nom de Canal de Sténon est resté au canal excréteur de la parotide ou conduit salivaire supérieur. On lui doit un grand nombre d'ouvrages; les principaux sont : Elementa myologiæ, Flor., 1667, et un Discours sur l'anatomie du cerveau, en français, Paris, 1669. Sténon est aussi un des premiers qui aient fait des recherches paléontologiques. — V. STURE.

STENTOR, un des guerriers grecs qui allèrent au siége de Troie, célèbre par l'éclat de sa voix, qui, selon Homère, était aussi forte que celles de 50 hommes.

STENYCLAROS, v. de Messénie, sur le Pamisus, et au N. E. de Messène, était la résidence des rois Messéniens, et fut détruite dans la première guerre de Messénie, après un combat terrible livré sous ses murs. On croit la retrouver dans Nisi ou Meligala.

STÉPHANE, Stephanus. V. ÉTIENNE.

STEPHENS (Alexandre), biographe, né à Elgin en 1767, m. en 1821, a laissé, outre des pamphlets et deux poëmes, 9 volumes de Public characters; l’Histoire des guerres faites à la France à l'occasion de la Révolution (1803), les Mémoires de Horne-Tooke (1813), et les 4 premiers tomes de l’Obituary.

STEPHENSON (George), inventeur des locomotives, né en 1781 à Wylam-sur-Tyn (Newcastle), m. en 1848, était fils d'un ouvrier bouilleur. Il s'éleva du rang de simple ouvrier à celui d'ingénieur, se signala par d'utiles inventions, notamment par celle de la lampe de sûreté, qu'il découvrit en même temps que Davy, et parvint en 1824, après dix années d'essais, à fabriquer et à faire marcher une locomotive telle que celle qu'on emploie aujourd'hui. Il fonda pour la fabrication de ces machines un vaste établissement qui assura sa fortune. — Son fils, Robert Stephenson, 1803-1859, ingénieur en chef de plusieurs chemins de fer et membre du parlement, a exécuté des travaux gigantesques, entre autres le pont Britannia, chemin de fer suspendu qui traverse le détroit de Menay et joint l'île d'Anglesey à la terre ferme (1850), et le pont de Montréal sur le St-Laurent, au Canada. Il a publié une Description de la locomotive, trad. par Mellet, 1839.

STEPPES, plaines immenses et désertes de la Russie d'Europe et de la Sibérie. Les principales sont les steppes de la Petchora, du Dnieper, du Don, du Volga, de l'Oural, de l'Irtyche, de la Léna, etc.

STERNE (Lawrence), écrivain, né en 1713 à Clonmel en Irlande, m. en 1768. Resté orphelin à 17 ans, il fut recueilli par un oncle, ecclésiastique anglican et membre du chapitre de la cathédrale d'York, qui lui fit suivre les cours de l'Université de Cambridge et le fit entrer dans l’Église anglicane. Après avoir succédé à cet oncle dans la cure de Sutton, il vint en 1741 se fixer dans le comté d'York où il avait une prébende et obtint enfin la cure de Coxwold. Il n'était connu que par un recueil de graves sermons lorsqu'il fit paraître, de 1759 à 1767, la Vie et les Opinions de Tristram Shandy (en 9 vol.), ouvrage singulier et d'un genre neuf, qui fit scandale et fut recherché avec fureur. On cria que l'auteur d'un pareil livre ne pouvait être qu'un fou, et il se plut lui-même à prendre dans ses écrits subséquents le nom d'Yorik, le bouffon d'Hamlet. Prématurément épuisé, Sterne fit un voyage en France pour se rétablir (1767). A son retour, il mit au jour le Voyage sentimental (1768), le plus populaire, sinon le meilleur de ses écrits. Il mourut sans avoir pu jouir du succès de ce dernier ouvrage. Ses Œuvres ont été souvent réimprimées en Angleterre (notamment à Londres, 1823, 4 vol. in-12), et plusieurs fois trad. en français (en 1787, par Trenais, en 1840, par Francisque Michel, et, dans la Biblioth. Charpentier, par L. de Wailly). Sterne attira l'attention par une originalité piquante, par un tour d'esprit à la fois sentimental et bouffon, mais trop souvent sa plume se ressent de sa vie licencieuse. Il avait pris pour modèle notre Rabelais et il le copie souvent.

STÉSICHORE, poëte lyrique grec, qu'on fait vivre de 636 à 556 av. J.-C., était d'Himère en Sicile. On le regarde comme l'inventeur de l'épode et de la poésie chorique (strophe et antistrophe), ce qu'indique son nom même qui veut dire Qui a créé le chœur. On conte qu'ayant, dans une de ses odes, mal parlé d'Hélène, il fut frappé de cécité par Castor et Pollux, et que, s'étant rétracté dans une seconde ode, il recouvra la vue. On dit aussi que, pour détourner ses compatriotes de s'allier avec le tyran Phalaris, il imagina le célèbre apologue de l'Homme et du cheval, qu'Horace, Phèdre et La Fontaine ont versifié après lui. Ses poésies, écrites en dialecte dorique, formaient 26 livres. Il n'en reste que quelques fragments, qui ont été recueillis par A. Suchfort, Gœttingue, 1771, et par Kleine, Berlin, 1828, et qui se trouvent dans les divers recueils des lyriques.

STETTIN, Sedinum, v. forte de Prusse (Poméranie), ch.-l. de la régence de Stettin, et jadis de la Poméranie entière, sur l'Oder, qui s'y divise en trois bras, à 60 kil. de la mer Baltique et à 100 kil. N. E. de Berlin; 48 000 h. Bon port sur l'Oder. Évêché évangélique, tribunaux, gymnase, observatoire, séminaires de maîtres d'école, école supérieure, école de navigation, etc. Château construit en 1503, arsenal, hôtel du gouverneur, place royale, chemin de fer. Industrie active et grand commerce extérieur: c'est après Hambourg la 1re place pour le commerce maritime de l'Allemagne du N. Les gros vaisseaux s'arrêtent à Swinemünde. — Cette ville est fort ancienne ; elle fut fondée par les Venèdes ou Wendes. En 1121, Boleslas, roi de Pologne, s'en empara; en 1226, elle devint la résidence des ducs de Poméranie et entra dans la ligue hanséatique. La paix de Westphalie (1648) en transporta la possession des Danois aux Suédois; les Prussiens l'occupèrent en 1672 et s'en firent confirmer la possession en 1720. Les Français la prirent en 1806 et la gardèrent jusqu'en 1813, époque à laquelle elle retourna à la Prusse. — La régence de Stettin, une des trois de la Poméranie, a cette de Cœslin à l'E., les deux grands duchés de Mecklembourg à l'O., la mer Baltique au N., et le Brandebourg au S. Avec les îles d'Usedom et Wollin, qui en dépendent, elle a 13 000 kil. carrés et 624 000 hab.

STEUBEN (le baron de), peintre d'histoire, né en 1788 dans le duché de Bade, m. en 1856, était fils d'un officier au service de Russie. Il étudia à Paris sous Gérard, débuta en 1812 par un tableau de Pierre le Grand sur le lac Ladoga pendant une tempête, traita dans les années suivantes, entre autres sujets : Guillaume Tell s'élançant de la barque de Gessler, le Serment des trois Suisses, Pierre le Grand sauvé par sa mère de la fureur des Strélitz, Napoléon à Waterloo, le Retour de l'île d'Elbe, Napoléon dictant ses Mémoires, la Mort de Napoléon, etc., ouvrages qui pour la plupart sont au Luxembourg. Il déploie dans ces grands sujets le sentiment des situations dramatiques, avec une conception franche et vigoureuse ; mais il pèche par quelque exagération et par la lourdeur du dessin. Dans ses dernières années, il retourna en Russie où il exécuta encore quelques œuvres remarquables, notamment la Mort de Moreau et une partie de la Vie du Christ pour la cathédrale de St-Isaac à St-Pétersbourg.

STEVERSHAUSEN ou SIEVERSHAUSEN, vge du Hanovre (Lunebourg), dans le bailliage de Meinersen et près de cette ville; 300 hab. Maurice, électeur de Saxe, y battit Henri le Jeune, margrave de Brandebourg, en 1553; mais il y fut blessé mortellement.