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d'éloquence et d'histoire au collége de la Sapience, à Rome, puis secrétaire du pape Clément XIII pour les lettres latines. Outre son Poëme sur Descartes (Philosophiæ versibus traditæ libri VI, Venise, 1774), on a de lui un poëme sur la philosophie de Newton (Philosophiæ recentioris versibus traditæ libri X), Rome, 1755-92 : ces deux ouvrages l'ont fait placer par ses admirateurs à côté de Lucrèce.

STEELE (Richard), écrivain anglais, né à Dublin en 1671, m. en 1729, reçut une bonne éducation, s'enrôla malgré sa famille, qui était à l'aise, fut quelque temps simple garde à cheval, devint capitaine, mais finit par se faire auteur et journaliste. Il eut la principale part, avec Addison, son ancien condisciple, à la rédaction de feuilles périodiques célèbres, qui, par la sagesse des doctrines littéraires et politiques qui y étaient professées, exercèrent une grande influence sur l'esprit public : telles furent le Babillard (The Tattler), 1709; le Spectateur, 1711; le Mentor (Guardian), 1713; l'esprit piquant et incisif de ses articles leur valut une vogue extraordinaire. L'auteur fut élu membre de la Chambre des communes; il prit parti pour les whigs et leur rendit de grands services. Sous le ministère tory de la reine Anne, il fut poursuivi comme libelliste et expulsé de la Chambre; sous George I, au contraire, il obtint la faveur des ministres Halifax et Sunderland, qu'il soutenait dans les journaux, et fut nommé commissaire du timbre et gouverneur de la Compagnie royale des comédiens; mais, comme il menait une vie fort irrégulière, cela ne l'empêcha pas d'être sans cesse aux expédients : il mourut paralytique, accablé de dettes et n'ayant plus qu'une pension alimentaire que lui faisaient ses créanciers. On a de Steele plusieurs jolies comédies, entre autres les Amants généreux (Conscious lovers).

STEENVOORDE, ch.-l. de cant. (Nord), à 11 kil. N. E. d'Hazebrouck, sur la frontière de Belgique; 3993 h. Houblon, abeilles; commerce de bestiaux.

STEEVENS (George), critique anglais, 1736-1800, avait beaucoup d'esprit et remplit longtemps les feuilles périodiques d'articles élégants; mais, s'étant permis des attaques anonymes, il devint l'objet du mépris public et mourut dans l'abandon. Il a donné avec Johnson une grande édition de Shakspeare, 1773, 10 vol. in-8 (réimpr. avec des améliorations en 1785 et 1793), l'une des meilleures éditions que l'on ait du célèbre poëte anglais.

STEIBELT (Daniel), pianiste et compositeur, né à Berlin en 1765, m. à St-Pétersbourg en 1823, vint en 1790 à Paris, où il balança le succès de Pleyel, donna en 1793 au théâtre Feydeau Roméo et Juliette, une des meilleures productions de l'époque, et composa des ballets pour les théâtres de Londres et de Paris. Il est le premier qui ait écrit des fantaisies avec variations. Ses œuvres instrumentales pèchent par le plan; on y trouve des longueurs et des répétitions fastidieuses; mais on y sent l'homme inspiré : son morceau de l’Orage a été joué sur tous les pianos.

STEIN, c.-à-d. pierre, nom de plusieurs villes d'Allemagne. La plus importante est Stein-am-Anger, la Sabaria ou Claudia Augusta des anciens, v. de Hongrie, ch.-l. du comitat d'Eisenbourg; 4000 h. Évêché. Antiquités romaines.

STEIN (H., baron de), homme politique, né en 1757 à Nassau, m. en 1831, se mit au service de la Prusse, devint ministre des finances, puis président du Conseil (1808), contribua à la réforme de l'administration prussienne et à l'affranchissement des paysans, mais usa surtout de son influence contre la France et seconda de tout son pouvoir l'essor national en Allemagne. Napoléon, vainqueur, ayant exigé son renvoi, il se retira en Autriche, puis en Russie, où il anima l'empereur Alexandre contre Napoléon. Après le congrès de Vienne, déçu dans les espérances de régénération qu'il avait conçues pour la Prusse, il se retira des affaires. Il fonda en 1819 à Francfort une Société des antiquités allemandes.

STEINBACH (ERWIN de), architecte. V. ERWIN.

STEINKERQUE ou STEENKERKE, bg de Belgique (Hamaut), sur la Senne, à 26 k. N. de Mons; 1000 hab. Le maréchal de Luxembourg y battit le prince d'Orange et les alliés, le 4 août 1692.

STELLA, famille d'artistes distingués, originaire de Flandre, a pour chef Fr. Stella, né en 1563 à Malines, m. en 1605, qui vint de bonne heure s'établira Lyon. — Son fils, Jacques, né à Lyon en 1596, séjourna longtemps en Italie, où il se lia avec Poussin, fut emprisonné à Rome sur de fausses imputations, et couvrit les murs de sa prison de dessins au charbon qui attirèrent tous les curieux de la ville. Rendu à la liberté, il quitta Rome, vint se fixer à Paris, et y fut accueilli par Richelieu, qui le fit nommer premier peintre du roi. Il était aussi fort habile graveur. Ses ouvrages révèlent une imagination heureuse et facile : ce sont presque toujours des sujets enjoués, des pastorales, des jeux d'enfants. Parmi ses tableaux d'histoire, on cite Minerve au milieu des Muses, Jésus discutant avec les docteurs de la loi, le Baptême de J.-C., le Miracle des cinq pains, la Samaritaine. Son coloris est un peu cru et pousse au rouge. — Sa nièce, Claudine Boussonet-Stella (1634-97), excella dans la gravure : personne n'a saisi comme elle le caractère du Poussin. On admire surtout son Moïse exposé et son Frappement du rocher.

STELVIO, mont. et col des Alpes, sur les confins du Tyrol, de l'Italie et de la Suisse, au N. O. du mont Ortler. Le col, bien que placé à une hauteur d'env. 3000m, est traversé par une belle route postale et militaire, qui conduit de Vienne à Milan : cette route est l’œuvre de l'Autriche.

STENAY, Astenidum, ch.-l. de c. (Meuse), sur la r. dr. de la Meuse, à 15 kil. S. O. de Montmédy; 2817 hab. Belles casernes. Tonnellerie hydraulique, haut fourneau, forges, briqueteries, tuileries, tanneries; biscuits et mascarons renommés. — Jadis place forte, qui appartint dès le XIIe s. aux comtes de Bar et que Charles-Quint se fit céder par François I au traité de Crécy. Prise par le vicomte H. de Turenne sous Henri IV en 1591; prise de nouveau et démantelée par Fabert en 1654 (elle était alors défendue par Condé et les Espagnols).

STENDAL, v. des États prussiens (Saxe), ch.-l. de cercle, à 60 k. N. N. E. de Magdebourg ; 6000 h. Lainages, cotonnades. Patrie de Winckelmann. Jadis ch.-l. de la Vieille-Marche de Brandebourg.

STENDHAL (de), pseudonyme de H. Beyle, romancier, né en 1783 à Grenoble, m. à Paris en 1842, était fils d'un riche avocat au parlement de Grenoble et parent du comte Daru. Il essaya les carrières les plus différentes, la peinture, l'état militaire, le commerce, l'administration; fit en amateur la campagne de Russie (1812), se mit à voyager après les événements de 1814, entra dans la diplomatie après 1830, et fut jusqu'à sa mort consul à Civita-Vecchia. Il débuta dans les lettres par quelques études sur les arts : Vies de Haydn, Mozart et Métastase; Hist. de la peinture en Italie; Rome, Naples et Florence (1817) ; Vie de Rossini (1823), puis il s'essaya dans la peinture du sentiment en composant son livre De l'Amour (1822), et publia, sous le titre de Promenades dans Rome (1829) et de Mémoire d'un touriste (1838), d'intéressants souvenirs de voyage; mais il se fit particulièrement remarquer par une suite de romans : Armance, scènes d'un salon de Paris, 1827; le Rouge et le Noir, 1831; la Chartreuse de Parme, 1839, amusante peinture des intrigues d'une petite cour italienne. Stendhal est un écrivain spirituel et original, mais capricieux et paradoxal; c'est un observateur fin et délicat, mais dont l'ironie perpétuelle atteste un esprit blasé. Ses Œuvres ont été publ. en 18 v. gr. in-18, avec une Notice, par Prosper Mérimée, 1855-56.

STÉNON (Nic.), anatomiste, né en 1638 à Copenhague, m. en 1687, était fils de l'orfèvre du roi Christian IV. Il se fit connaître de bonne heure par