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mes satyriques, dans le sens ancien du mot. Sophocle est de tous les tragiques anciens celui qui ressemble le plus à Racine : souplesse, harmonie, correction, noblesse, il réunit toutes les qualités du poëte irréprochable. Les meilleures éditions de ses Œuvres sont celles d’Hermann (1809-25), de Wunder (1836), de Benloew (Coll. Didot, 1842), de Dindorf (1850), de Tournier (1867). Ellendt a donné un Lexicon Sophocleum, Kœnigsb., 1835. Parmi les traductions françaises, on estime la trad. en prose de Rochefort, 1788, et celle d’Artaud, 1827, et les trad. en vers de Faguet (1849), de Francis Robin, 1850, de Guiard, 1853, et les imitations de H. Halévy, dans sa Grèce tragique, 1861. Plusieurs des tragédies de Sophocle ont été imitées : l’Œdipe roi, Antigone et les Trachiniennes, par Sénèque ; Œdipe roi, par Corneille et Voltaire ; Œdipe à Colone, par Ducis et Chénier (qui a traduit les deux Œdipes) ; Électre, par Voltaire et Crébillon ; Philoctète, par La Harpe ; Antigone, par Rotrou et Alfieri. Le mérite de Sophocle a été parfaitement apprécié par M. Patin dans ses Études sur les tragiques grecs.

SOPHONIE, le 9e des petits prophètes, vivait sous Josias (vers 624). Sa prophétie renferme 3 chapitres ; il y adresse aux Juifs des reproches touchants, les exhorte à la pénitence, prédit la ruine de Ninive, le retour de la captivité de Babylone et l’établissement de la loi nouvelle.

SOPHONISBE, fille d’Asdrubal, née vers 235 av. J.-C., fut élevée dans la haine de Rome. Bien que fiancée à Massinissa, elle épousa néanmoins Syphax, qu’elle entraîna dans l’alliance contre les Romains. Elle tomba en 203, entre les mains de Lélius et de Massinissa, et, pour éviter la vengeance des Romains, donna sa main à ce même prince numide allié de Rome qu’elle avait précédemment repoussé. Mais Scipion ne reconnut point ce mariage, et Massinissa, pour soustraire sa nouvelle épouse à l’ignominie du triomphe, lui envoya du poison. Ce sujet tragique a été mis sur la scène italienne par le Trissin (1514), et sur la scène française par Mairet, P. Corneille, Lagrange-Chancel et Voltaire.

SOPRONY, v. et comitat de Hongrie. V. ŒDENBURG.

SORA, Sora, v. d’Italie, dans l’anc. roy. de Naples (Terre-de-Labour), sur la r. dr. du Liris, à 145 k. N. O. de Naples ; 8000 hab. Évêché, école de belles-lettres. Restes de murs cyclopéens. Anc. ville des Volsques. Elle se joignit aux Samnites dans leur guerre contre les Romains, fut prise et reçut une colonie que les habitants massacrèrent en 313 av. J.-C.

SORA ou GERMANICOPOLIS, auj. Kastamouni ? v. de Paphlagonie, sur l’Euphrate. Célèbre académie juive.

SORABES ou SERBES. V. SERVIE et LUSACE.

SORACTE (le), auj. Mont St-Oreste, mont. de l’Étrurie mérid., sur la r. dr. du Tibre, à 50 kil. N. de Rome ; elle a 1737m de hauteur et est souvent couverte de neige. On y remarquait un temple consacré à Apollon. Carloman, frère aîné de Pépin le Bref, y fonda, sur le côté oriental, le cloître de St-Sylvestre, ce qui fait donner quelquefois, à cette montagne le nom de Monte San-Silvestro.

SORATA (NEVADA DE), haute montagne du Ht-Pérou, dans la chaîne des Andes, vers 15° 30′ lat. S., à 70 kil. N. O. de la Paz. Hauteur 7696m.

SORAU, v. du Brandebourg à 90 kil. S. E. de Francfort ; 8000 hab. Gymnase, bibliothèque. — Ville de Silésie, à 15 kil. S. E. de Rybnik ; 4000 hab.

SORBIÈRE (Samuel), écrivain du XVIIe s., né en 1615 à St-Ambroix (diocèse d’Uzès), mort à Paris en 1670, était neveu de Samuel Petit, et fut élevé dans la religion protestante. Il étudia la médecine, exerça quelque temps en Hollande, puis revint en France, dirigea le collége d’Orange, se convertit au catholicisme dans l’espoir de quelque bénéfice qu’il n’obtint jamais, se lia avec plusieurs savants (tels que Patin, Hobbes, Baluze, Gassendi), dont il était l’intermédiaire, et fut nommé en 1660 historiographe du roi. Il avait adopté la philosophie de Gassendi et de Hobbes. Il publia les œuvres du premier avec sa vie (Lyon, 1636, 6 vol. in-fol.), et traduisit plusieurs ouvrages du second (Du citoyen, Amst., 1649 ; le Corps politique ou les Éléments de la foi morale et civile, Leyde, 1653), ainsi que l’Utopie de Morus. Son style, quoique vieilli, est encore estimé.

SORBON (Robert de), savant docteur du XIIIe s., né en 1201 à Sorbon près de Réthel, m. en 1274, se fit une réputation par ses sermons et ses conférences, fut chapelain de Louis IX, devint chanoine de Cambray, puis de Paris, et fonda en 1252 la Sorbonne, « société d’ecclésiastiques séculiers, qui, vivant en commun et pourvus des choses nécessaires à la vie, devaient ne plus être occupés que de l’étude et enseigner gratuitement. » 11 fut proviseur de la nouvelle congrégation. Outre les Statuts de la maison de Sorbonne, qui ont été en vigueur jusqu’à la Révolution, on a de lui des Sermons et des traités De conscientia ; De confessione ; Iter Paradisi, etc.

SORBONNE, nom donné à la faculté de théologie de Paris et aux bâtiments dans lesquels elle était établie. C’était d’abord un simple établissement d’éducation à l’usage des ecclésiastiques, qui avait été fondé en 1252 par Robert de Sorbon (V. l’art. précéd.). Ses agrandissements successifs, la célébrité des cours qui s’y faisaient, l’affluence des élèves qui venaient y prendre leurs degrés l’élevèrent au rang de faculté. La Sorbonne jouit d’un renom européen pendant les XIVe, XVe, XVIe et XVIIe s. ; ses décisions faisaient autorité. Elle se prononça pendant le grand schisme pour les moyens les plus propres à ramener l’unité, combattit énergiquement la Réforme, défendit les libertés gallicanes et mérita d’être appelée le Concile permanent des Gaules ; mais au XVIIe s., elle fut troublée par les querelles du Jansénisme et vit plusieurs de ses membres se déclarer contre la bulle Unigenitus. Elle avait déjà commencé à décliner, lorsque la révolution de 1789 la frappa comme tous les établissements ecclésiastiques. La Sorbonne était régie par un proviseur, aidé d’un prieur. — Les bâtiments de la Sorbonne furent restaurés au commencement du XVIIe s. par Richelieu, dont on voit le mausolée dans la chapelle. Ils furent donnés à l’Université en 1808. Depuis 1821, ces bâtiments sont le siége de l’Académie universitaire de Paris, et sont consacrés aux cours des Facultés des lettres, des sciences et de théologie. L’édifice actuel a été bâti sur les plans de J. Lemercier et commencé en 1629 ; la chapelle, qui est le plus bel ornement, a été construite de 1635 à 1653. Devenue insuffisante pour les besoins du service, la Sorbonne doit être prochainement agrandie. L’abbé Duvernet a écrit une Hist. de la Sorbonne, 1790.

SORDELLO, troubadour du XIIIe s., né à Goito, descendait des Visconti. Il parcourut l’Italie en chantant ses poésies à la cour des princes, s’attacha à Charles d’Anjou, comte de Provence, et le suivit dans son expédition à Naples. On a de lui env. 30 sirventes et canzones en langue provençale, et un curieux livre en prose intitulé Trésor des Trésors (recueil de biographies d’hommes politiques).

SORE, ch.-l. de c. (Landes), à 48 kil. N. de Mont-de-Marsan ; 2006 hab. Verrerie.

SOREL ou SOREAU (Agnès). V. AGNÈS.

SOREL (Charles), sieur de Souvigny, littérateur, né vers 1599, m. en 1674, devint en 1635 historiographe de France, mais perdit plus tard cet emploi. Ses principaux ouvrages sont : la Vraie histoire comique de Francion, Paris, 1622, et une Hist. de France depuis Pharamond jusqu’en 840, Par., 1636.

SORÈZE, Sordiliacum, v. du dép. du Tarn, à 28 k. S. O. de Castres, sur le ruisseau de Sor qui lui donne son nom ; 2856 h. Patrie d’Azaïs. Sorèze possédait jadis une célèbre abbaye de Bénédictins, fondée au IXe s. par Pépin, roi d’Aquitaine, et nommée d’abord l’Abbaye de la Paix ; on y faisait gratuitement l’éducation de 12 nobles. Depuis 1789, l’abbaye a été convertie en un établissement d’éducation privée, qui fut longtemps florissant, mais qui eut beaucoup à