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nique à conclure la trêve de Thorn (1521), fut attaqué par les Russes et leur céda Smolensk (1522), voulut en vain empêcher la propagation du Protestantisme en Pologne, et surtout à Dantzick, réunit la Mazovie à la couronne après l'extinction des ducs de ce pays; soutint des guerres presque continuelles avec les Tartares de la Crimée, les Moldaves, les Russes, refoula ces derniers jusqu'à Moscou et leur imposa en 1514 un traité onéreux. Il inspira aux Polonais le goût des arts et des sciences et embellit beaucoup de villes. — II, Auguste, son fils et successeur, né en 1520, au mois d'août (d'où son surnom), devint roi en 1548, proclama aussitôt un mariage secret qu'il avait contracté avec Barbe Radzivil et résista à la diète qui voulait casser cette union. Il acquit la plus grande partie de la Livonie (1560), entra à ce sujet en guerre avec Ivan IV et Éric XIV (1563), battit les Russes à Czasniki (1564), et conclut une trêve avec les deux rois. Il força les ducs de Courlande et de Sémigalle à se reconnaître ses feudataires et réunit définitivement la Lithuanie à la Pologne (1569). Mécontent du St-Siége, qui avait refusé d'autoriser son divorce avec sa 2e femme, Catherine d'Autriche, il favorisa la Réforme, et toléra même le Socinianisme, qui fit sous lui de grands progrès. Il mourut en 1572, sans enfants. Avec lui s'éteignit la dynastie des Jagellons. — III, fils du roi de Suède Jean III, et neveu par sa sœur du préc., fut élu roi de Pologne en 1587, remporta la victoire de Pitschen (en Silésie) sur l'archiduc d'Autriche, son compétiteur; devint roi de Suède en 1592, mais perdit bientôt ce trône par les intrigues de son oncle Charles IX, qui fut élu par les États de Suède en 1604; se rendit maître de toute la Livonie (1600-1604), intervint dans les troubles de la Russie (1607-1609), y soutint un faux Démétrius (1609) et fit élire czar Ladislas son fils (1610), mais ne put le maintenir; cependant il enleva aux Russes Smolensk, la Sévérie et Tchernigov (1618). Dans les années suivantes, il eut à soutenir des guerres désastreuses contre les Turcs (1620 et 21), puis contre Gustave-Adolphe, qui de 1621 à 1635 ne cessa de vaincre ses armées, et il se vit forcé de signer la trêve d'Altmark, toute à l'avantage des Suédois. Il mourut en 1637, laissant deux fils, Ladislas et Jean-Casimir, qui furent tous deux rois de Pologne.

SIGMARINGEN, capit. de l'anc. principauté de Hohenzollern-Sigmaringen (auj. à la Prusse), sur le Danube, à 90 kil. S. de Stuttgard; 1600 hab.

SIGNIA, auj. Segni, v. du Latium, chez les Volsques, entre Suessa Pometia et Frusino, à 50 k. S. E. de Rome. Vin aigre, employé surtout en médecine. On appelait Signinum opus une sorte de ciment fait à Signia et composé de petits cailloux, de chaux, et de sable mastiqués ensemble; il servait comme carrelage et comme enduit.

SIGNORELLI (Luca), dit Luca de Cortone, peintre de l'École florentine, né à Cortone vers 1441, m. vers 1525, déploya un talent supérieur dans les nus, les raccourcis et le groupement des figures, et exécuta à fresque dans Ne-De d'Orviéto un Jugement dernier auquel Michel-Ange ne dédaigna pas de faire des emprunts. On cite aussi de lui une Cène, à Cortone, le Voyage de Moïse avec Séphora et la Promulgation de la Loi, dans la chapelle Sixtine, et la Naissance de la Vierge, au musée du Louvre.

SIGNY-LE-GRAND ou L'ABBAYE, ch.-l. de c. (Ardennes), à 23 kil. S. O. de Mézières; 3023 hab. Forges. Anc. abbaye de Cisterciens, fondée en 1134 par S. Bernard. Filatures, fabriques de châles, usines à fei. — SIGNY-LE-PETIT, ch.-l. de c. (Ardennes) à 20 k. O. de Rocroy; 2110 hab. Forges, briqueteries.

SIGONIUS (Carolo SIGONIO, en lat.), savant italien, né à Modène vers 1520, m. en 1584, professa les belles-lettres à Modène et à Venise, l'éloquence à Padoue et à Bologne, et laissa de nombreux écrits sur les antiquités romaines et l'histoire du moyen âge, qui ont été réunis à Milan, 1732-37, 6 vol. in-fol., avec notes. On le regarde comme le créateur de la Diplomatique (art de déchiffrer les vieilles écritures). On lui doit de savants commentaires sur Tite-Live et sur Cicéron; il recueillit les fragments de ce dernier, et fabriqua, à l'aide des fragments de son traité De consolatione, un pastiche qu'il donna comme l'œuvre de Cicéron lui-même, mais la fraude ne tarda pas à être découverte. Il publia en 1550 des Fasti Consulares, dont il donna en 1559 une édition améliorée.

SIGOULÈS, ch.-l. de c. (Dordogne), à 16 k. S. O. de Bergerac; 719 hab.

SIGOVÈSE, chef gaulois, frère de Bellovèse, et neveu d'Ambigat, roi des Bituriges, alla se fixer vers 587 avant J.-C. en Germanie, dans la région hercynienne, à la tête d'une partie des Volces Tectosages, tandis que Bellovèse se dirigeait vers l'Italie.

SIGUENZA, Segontia, v. d'Espagne (Guadalaxara), sur le Hénarès, à 70 k. N.E. de Guadalaxara; 5000 b.. Évêché, anc. université, fondée en 1470, supprimée en 1809. — Prise aux Maures par Alphonse VI en 1106.

SIGURD I, roi de Norvége, fils et successeur de Magnus III, régna d'abord avec ses deux frères (1103), mais finit par rester seul, et mourut en 1130. Il fit une expédition en Syrie en 1110, peu après la 1re croisade, et eut une part décisive à la prise de Sidon par le roi de Jérusalem Baudouin I. Il envoya un évêque dans le Groenland. — II, fils d'Harald IV, régna après lui à partir de 1136 conjointement avec ses frères Ingo et Eystein, et m. en 1155. — III, régna en Norvége de 1162 à 1163, fut déposé et décapité.

SI-HOUN, fleuve d'Asie. V. SIR-DARIA.

SI-KIANG, fleuve de Chine, naît dans les monts Nan-ling, coule à l'E. S. E., arrose les prov. de Koueï-tchéou, Kouang-si et Kouang-tong, reçoit le Pé-kiang, le Ngo-you-kiang, le Liéou-kiang, et se jette dans le golfe de Canton sous le nom de Tigre, à Canton même, en face de Macao; cours, 900 kil.

SIKKAKH, riv. d'Algérie (Oran), passe à l'E. de Tlemcen, et se jette dans la Tafna. Le général Bugeaud battit les Arabes sur ses bords en 1836.

SIKKIM, v. de l'Inde septentr., capit. de la principauté de Sikkim. Cette principauté, située sur le versant S. de l'Himalaya, entre le Thibet au N., le Népal à l'O. et au S., le Boutan à l'E., a env. 150 000 hab., bouddhistes. Vassale de l'Angleterre depuis 1816, elle fut annexée complètement en 1850.

SIKOKF on SIKOKO, une des quatre grandes îles du Japon et la moins grande, est au S. de Niphon et a env. 250 kil. sur 125; v. princip., Ava et Tosa.

SILA (la), du latin Sylva, forêt; plateau boisé des Apennins, occupe le N. de la Calabre Ultérieure 2e et le S. de la Calabre Citérieure. Climat très-froid. Grandes forêts de pins et sapins, d'où l'on tire des bois de construction et de la résine.

SILANUS (Th. Junius), propréteur en Espagne en 210 av. J.-C., fut chargé par P. Scipion de garder le pays en deçà de l'Èbre, remporta en 206 une victoire sur Hannon et Magon, contribua à celle de Bétule, 205, et attira Massinissa dans l'alliance romaine. — M. J. Silanus, son arrière-petit-fils, consul en 109 av. J.-C., fut défait par les Cimbres dans la Narbonnaise.

SILANUS (Dec. Junius), 2e mari de cette Servilie qui passe pour avoir été la maîtresse de César, fut chargé comme préteur de réduire la Bithynie en province romaine, 74 av. J.-C., devint consul en 62, puis pro-consul en Illyrie, et après des succès insignifiants brigua le triomphe sans l'obtenir. Consul désigné lors du procès de Catilina, il opina d'abord pour la mort, mais, ébranlé par le discours de César, il revint sur son premier avis.

SILANUS (Appius Junius), consul l'an 26 de J.-C., avait épousé la mère de Messaline. Il inspira à celle-ci une passion criminelle qu'il refusa de satisfaire : pour se venger, Messaline le rendit suspect à Claude, qui le fit poignarder, l'an 40. — Son fils, L. Jun. Silanus, avait été fiancé à Octavie. Agrippine, craignant que Claude ne le destinât au trône, fit rompre le mariage ; Silanus au désespoir se donna la mort, en 53.