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teurs Carnot et Barthélémy: il devint lui-même, au 16 mai 1799, membre, et bientôt après président du Directoire, et y fut l'antagoniste de Barras. Cherchant alors le salut de la France dans une dictature militaire, il pressa le retour de Bonaparte qui était alors en Égypte, s'unit à lui à son arrivée, eut une part essentielle au 18 brumaire (9 nov. 1799), ainsi qu'à la constitution adoptée après cette journée, et fut nommé un des consuls provisoires. Il partagea un moment le pouvoir avec Bonaparte, mais il ne tarda pas à être annulé par son tout-puissant collègue, et se retira. Il reçut en dédommagement le titre de sénateur avec la belle terre de Crosne, et plus tard fut fait comte de l'Empire. Exilé à la Restauration comme régicide, il alla s'établir à Bruxelles (1815), et n'en revint qu'en 1830. Lors de l'établissement de l'Académie des sciences morales, il y reprit la place qu'il y avait occupée dès la création de l'Institut. Sieyès fut peut-être le plus grand politique de son époque : il fit comprendre toute la puissance du Tiers état, prépara ou amena plusieurs des mesures les plus importantes de la Révolution, telles que la formation de l'Assemblée nationale, la Déclaration des droits de l'homme, la nouvelle division territoriale qui fit disparaître la distinction des provinces et leurs privilèges. On a de lui un grand nombre d'écrits politiques, qui pour la plupart sont des écrits de circonstance; le plus célèbre est la brochure qu'il publia au commencement de 1789 sous ce titre : Qu'est-ce que le Tiers état ? Tout. — Qu'a-t-il été jusqu'ici ? Rien. — Que demande-t-il? Devenir quelque chose. M. Mignet a lu à l'Institut une Notice historique sur Sieyès.

SIFANTO, île de la Grèce, V. SIPHNOS.

SIGALON (Xavier), peintre, né à Uzès en 1790, de parents pauvres, mort du choléra à Rome en 1837, se fit connaître en 1822 par son tableau de la Courtisane, donna ensuite Locuste (1824), Athalie faisant égorger les enfants du sang royal, une Vision de S. Jérôme, le Calvaire, tous ouvrages qui prouvent un talent original et hardi, et fut chargé en 1833 par le gouvernement d'aller à Rome copier le Jugement dernier de Michel-Ange : il venait d'achever avec un plein succès cette grande œuvre quand il mourut. On voit sa copie à l’École des beaux-arts.

SIGAUD DE LAFOND (J. René), physicien et chirurgien , né à Dijon en 1740, m. en 1810, professa la physique avec succès, et fut élu en 1796 associé de l'Institut. On a de lui : Leçons de physique expérimentale, 1767 ; Description et usage d'un cabinet de physique expérimentale, 1775; Dictionnaire de physique, 1780; Éléments de physique théorique et expérimentale, 1787. Non moins habile dans l'art des accouchements, il substitua la section de la symphise des os du pubis à l'opération césarienne.

SIGEAN, ch.-l. de c. (Aude), près de l'étang de Sigean, a2l kil. S. de Narbonne; 3348 hab. Riches salines fournissant annuellement 50 000 quintaux métriques; vins, eaux-de-vie; miel. Charles-Martel battit les Sarrasins près de Sigean, en 737. — L'étang de Sigean débouche dans la Méditerranée.

SIGEBERT I, 3e fils de Clotaire I, devint en 561 roi de Metz ou d'Austrasie, épousa Brunehaut, fut attaqué et fait prisonnier par les Avares (666), mais se racheta; déclara la guerre à Chilpéric, roi de Neustrie, qui avait envahi ses États en son absence, se rendit maître de la plus grande partie de son royaume et le réduisit à s'enfermer dans Tournay; il allait lui ravir encore Soissons, quand Frédégonde, femme de Chilpéric, le fit assassiner à Vitry (575).

SIGEBERT II, fils de Dagobert I, fut roi d'Austrasie de 638 à 656, abandonna la direction des affaires à l'évêque Cunibert, puis au duc Adalgise, enfin au maire Grimoald, et ne s'occupa guère que de fonder des couvents. Sous son règne, les Austrasiens furent battus par Radulf, Thuringien révolté. Il laissa un fils en bas âge, Dagobert II, que Grimoald remplaça bientôt par son propre fils, Childebert II. Sigebert fut canonisé : on l'honore le 1er février.

SIGEBERT DE GEMBLOURS, bénédictin brabançon (1030-1112), entra jeune à l'abbaye de Gemblours, près de Liége, et professa plusieurs années à l'abbaye de St-Martin de Metz. On a de lui une Chronique (latine), qui va de l'an 381 à l'an 1112, imprimée à Paris, 1513, in-4; la Vie de S. Thierry (dans les Scriptores rerum Brunsvicensium de Leibnitz); celles de S. Sigebert d'Austrasie (dans les Francorum scriptores de Duchesne), de S. Guibert, de S. Maclou, etc.

SIGÉE (Cap), Sigeum, promontoire de la Troade, sur la mer Égée, à l'entrée de l'Hellespont, servit aux Grecs de station navale pendant la guerre de Troie. C'est là qu'était le tombeau d'Achille et Patrocle. Il se nomme aussi Iéni-Cheher ou Kum-Khalé.

SIGÉE (Louise), Aloisia Sigea, femme espagnole du XVIe s., née à Tolède, morte en 1560, était appelée la Minerve de son temps, et fut une des institutrices de Marie de Portugal, fille du roi Jean III. Elle doit auj. sa plus grande célébrité à un ouvrage obscène qui fut mis sous son nom par Nic. Chorier, quoiqu'elle y fût complètement étrangère. Ses véritables écrits sont des Épîtres latines, des poésies et un dialogue De differentia vitæ rusticæ et urbanæ. Aucun n'a été imprimé.

SIGETH, comitat de Hongrie. V. SZIGETH.

SIGISMOND (S.), roi de Bourgogne de 516 à 524, fils et successeur de Gondebaud, quitta l'Arianisme pour la foi catholique et promulgua de nouveau, en l'augmentant, la loi Gombette. Ayant fait étrangler son fils Sigéric sur une accusation dont il reconnut ensuite l'injustice, il alla pour faire pénitence s'enfermer dans l'abbaye de St-Maurice, qu'il avait fondée (522). Il en sortit pour repousser une invasion des Francs, mais fut battu et livré à Clodomir, roi d'Orléans, qui le mit à mort. Il fut canonisé à cause de son zèle pour la religion. On l'hon. le 1er mai.

SIGISMOND, empereur d'Allemagne, né en 1366, était fils de l'emp. Charles IV et d'Anne de Silésie. Il hérita du Brandebourg en 1378, épousa Marie de Hongrie, fille du roi Louis, dit le Grand (1382), eut beaucoup de peine, après la mort de son beau-père, à se mettra en possession de la Hongrie (1386), soumit la Moldavie, la Valachie (1390), la Bosnie (1391), mais fut vaincu par les Ottomans à Nicopolis (1396), et ne reparut que sis mois après; eut alors à combattre deux compétiteurs au trône de Hongrie (Ladislas IV et Albert d'Autriche), qui avaient été nommés pendant son absence, mais réussit à regagner la confiance des Hongrois et remonta sur son trône. Il fut élu empereur en 1410, en concurrence avec Josse de Moravie qui mourut dès 1411 : il rétablit la calme dans l'empire, fit d'utiles réformes, et décida la tenue du concile de Constance (1414), dans l'espoir de terminer le grand schisme d'Occident. Il avait donné un sauf-conduit à l'hérésiarque Jean Huss pour qu'il vînt se défendre devant le concile, mais il ne le fit pas moins brûler vif après sa condamnation, 1415 : ce manque de foi excita la révolte des Hussites en Bohême. Peu après, s'étant offert pour réconcilier la roi de France Charles VI avec le roi d'Angleterre Henri V, il trahit la confiance de Charles et s'allia contre la France avec Henri dans l'espoir de recouvrer l'ancien royaume d'Arles; mais il échoua dans ce projet. Devenu en 1419, par la mort de son frère Venceslas, roi de Bohême, il eut sans cesse à y combattre les Hussites : il leur fit en 1435 de grandes concessions, mais il se rétracta aussitôt, ce qui excita de nouveaux troubles. Il prit aussi part à la querelle entre la Pologne et l'Ordre Teutonique, puis combattit les Turcs en Bosnie (1427-33), mais avec peu de succès; il acquit pourtant Belgrade. Sigismond mourut en 1431, ne laissant qu'une fille, Élisabeth, qu'il avait mariée à Albert d'Autriche, qui lui succéda. Il avait, épousé en secondes noces Barbe de Cilley, surnommée la Messaline de l'Allemagne.

SIGISMOND I, le Grand, roi de Pologne de 1506 à 1548, frère et successeur d'Alexandre I, avait 39 ans lorsqu'il monta sur le trône. Il força l'Ordre Teuto-