Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rieux et de comique. C'est à Raulin que La Fontaine a emprunté le sujet des Animaux malades de la peste.

RAURACI, peuple de la Germanique 1re, dans la partie la plus méridionale, avait pour bornes à l'O. les Vosges et la chaîne qui les relie au Jura septentrional, au S. le mont Vocetius (Jura helvétique) jusqu'au confluent de l'Aar et du Rhin, à l'E. le Rhin, au N. le pays des Tribocci, occupant ainsi en France la plus grande partie du dép. du Ht-Rhin et en Suisse le canton de Bâle et la partie de ceux d'Argovie, de Soleure et de Berne, qui est située à l'O. du Jura helvétique. Leurs villes principales étaient Augusta Rauracorum (auj. Augst), Basilia (auj. Bâle), et Argentuaria (auj. Artzenheim).

RAUZAN (le P. J. B.), fondateur de la Société des Missions de France, né en 1757, m. en 1847, commença son œuvre sous l'Empire, et l'organisa définitivement en 1830 sous le nom de Société des Pères de la Miséricorde. Le P. A. Delaporte a donné sa Vie.

RAVAILLAC (Fr.), le meurtrier de Henri IV, né à Angoulême vers 1579, fut successivement clerc, valet de chambre, maître d'école, solliciteur de procès dans sa ville natale, et prit l'habit de frère convers chez les Feuillants pendant un voyage qu'il fit à Paris. Obsédé de visions, ce fanatique, entendant dire que Henri allait déclarer la guerre au pape, s'imagina faire un acte méritoire en assassinant ce prince (14 mai 1610). Arrêté sur le champ et condamné, il fut tenaillé et écartelé le 27 mai suivant. On soupçonna qu'il avait des complices, mais on ne put les découvrir.

RAVEI, Hydraotes, riv. au Lahore, sort de l'Himalaya, coule au S. O., et tombe dans le Tchannab par 70° long. E., 30° 43' lat. N., après un cours de 600 k.

RAVELLO, v. du roy. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Principauté Cit.), à 14 kil. O. de Salerne; 1600 h. Évêché. La cathédrale, dédiée à S. Pantaléon, a une magnifique chaire en mosaïque.

RAVENNE, Ravenna, v. d'Italie, ch.-l. de province, à 300 kil. N. E. de Rome, sur la riv. de Montone, à 8 kil. de son embouch. dans l'Adriatique; 20 000 h. Archevêché, trib. de commerce; bibliothèque, galerie de tableaux, musée d'antiquités. La ville est d'un aspect sombre, les rues étroites et les maisons anciennes. On remarque la cathédrale, l'église des Franciscains, renfermant le tombeau de Dante, Ste-Marie de la Rotonde, avec le tombeau de Théodoric, plusieurs monuments antiques (les ruines du palais de Théodoric, la Porte-d'Or, etc.). Quelques fabriques de soieries. — Fondée, dit-on, par une colonie de Thessaliens, Ravenne fut dans la suite occupée par les Étrusques, les Sabins, les Gaulois Sénonais; elle tomba au pouvoir des Romains l'an 234 av. J.-C., et devint ville municipale. Les empereurs l'embellirent : Ravenne à cette époque était située sur le bord même de la mer et avait un port magnifique, que des atterrissements ont comblé. En 404, Hononus fit de Ravenne la capitale de l'empire d'Occident. Odoacre, roi des Hérules, Théodoric, roi des Ostrogoths, y fixèrent leur résidence. Après la destruction de l'empire des Ostrogoths, Ravenne devint, en 568, la capit. d'un exarchat et de toute l'Italie grecque (V. ci-après). Elle fut prise en 752 par Astolfe, roi des Lombards; deux ans après, Pépin le Bref la lui enleva et la donna au St-Siége. Au moyen âge, Ravenne recouvra pour quelque temps sa liberté, mais elle fut bientôt soumise par les Bolonais, puis par les Vénitiens (1440); après la bataille d'Agnadel (1509), elle fut restituée au pape et devint la capitale de la Romagne. En l512, les Français, commandés par Gaston de Foix, y remportèrent sur les Espagnols et les troupes du pape Jules II une victoire éclatante; mais Gaston y périt. L'archevêque de Ravenne était anciennement primat de l'Exarchat et prétendait rivaliser avec le pape ; mais, dans un concile tenu en 679, il fut obligé de renoncer publiquement à ses prétentions à l'indépendance. — La prov. de Ravenne, entre celle; de Ferrare au N., de Bologne au N. O., de Forli au S. E., la Toscane au S. O. et au S., et l'Adriatique à l'E., a 80 kil. sur 35 et compte env. 180 000 hab. Elle est formée de la partie septentrionale de l'anc. Romagne. Elle s'est soustraite en 1860 à l'autorité du pape.

RAVENNE (Exarchat de), la principale province de l'Italie grecque, comprenait la partie S. de la Vénétie, la partie E. de l’Émilie et la Flaminie, et s'étendait, dans sa partie mérid., entre les Apennins et l'Adriatique; il avait pour limitrophes à l'O. les duchés lombards et le duché de Rome; Ravenne en était la capit., ainsi que de toute l'Italie grecque; les autres villes remarquables étaient : au N. du Pô, Oderzo, Padoue, Adria; au S. du Pô, Bologne, Ferrare; au S. de Ravenne, les cinq; villes de la Pentapole. L'Exarchat était ainsi nommé, parce qu'il était régi directement par l’exarque d'Italie, espèce de vice-roi dont le pouvoir s'étendait sur toute la péninsule. — L'existence propre de l'Exarchat ne date que de l'an 568 (Narsès, le vainqueur des Goths, ayant porté de 554 à 568 le titre de duo d'Italie). Il fut détruit en 752 par Astolfe, roi des Lombards, après-avoir duré 184 ans. On compte 18 exarques :

Longin, 568 Théodore, 2e fois, 652
Smaragde, 584 Grégoire, 666
Romain, 590 Théodore II, 678
Callinique, 597 Jean Platyn, 687
Smaragde, 2e fois, 602 Théophylacte, 702
Jean Remigius, 611 Jean Rhizocope, 710
Éleuthère, 616 Eutychius, 711
Isaac, 610 Scholastique, 713
Platon, 628 Paul, 727
Théodore Calliopas, 648 Eutychius, pour la 2e fois, 728-752
Olympius, 649

RAVENNE (l'Anonyme de). On désigne sous ce nom l'auteur inconnu d'un traité de géographie en 5 livres dont le manuscrit fut trouvé à Raverne, et qui fut publié pour la 1re fois à Paris par dom Porcheron, sous ce titre : Anonymi Ravennatis de geographia libri V, 1688 ; il a été réédité avec de grandes améliorations à Paris par A. Jacobs, 1858, et à Berlin par Parthey, 1860. Cet écrit n'est qu'une compilation médiocre, qui fourmille de solécismes et de barbarismes, mais elle est précieuse pour l'histoire de la géographie. Ou présume que l'auteur vivait au VIIe s.; Daunou ne le croit pas antérieur au XIIe s.

RAVENSBERG, anc. comté d'Allemagne, actuellement compris dans les États prussiens (Westphalie), partie dans la régence de Minden, partie dans le cercle de Halle ; capit., Bielefeld.

RAVENSTEIN ou RAVESTEIN, v. de Hollande (Brabant sept.), sur la r. g. de la Meuse, à 27 k. E. N. E., de Bois-le-Duc ; 1200 hab. — Jadis chef-lieu d'une petite seigneurie, qui fut annexée depuis 1397, au comté de Clèves, et par suite fit partie de la succession de Juliers. Donnée par le traité de Dusseldorf en 1624 aux palatins de Neubourg, elle resta dans La maison palatine jusqu'au traité de Lunéville (1801), qui la comprit dans la Hollande.

RAVIGNAN (Le P. Xavier LACROIX de), jésuite, issu d'une famille noble de l'Armagnac, né en 1795 à Bayonne, m. en 1858, remplissait depuis quelques années les fonctions de substitut, lorsqu'il quitta le monde pour entrer au séminaire. Il s'adonna à la prédication, y réussit dès le début et balança la réputation du P. Lacordaire. Ce prédicateur, d'une belle stature, d'un extérieur noble, avait un organe sonore, une diction d'une perfection rare, une grande distinction dans la pose et le geste et exerçait sur son auditoire une sorte de domination. On a de lui des Conférences, prêchées à Notre-Dame de Paris, des Entretiens spirituels, une Apologie de Clément XIII et de Clément XIV; De l'existence et de l'Institut des Jésuites, et l'oraison funèbre de Mgr de Quélen. Le P. de Pontlevoy a écrit sa Vie, 1860.

RAVISIUS TEXTOR (J. TIXIER DE RAVISI, en. latin), savant français, né en 1480 à St-Saulge en Nivernais, m. en 1524, fut professeur au collège de Navarre et devint en 1520 recteur de l'Université de Paris. On a de lui plusieurs manuels classiques : Specimen epi-