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en Dauphiné, où il fut bien accueilli de l'archevêque, qui ignorait ses dispositions. Adversaire prononcé du dogme de la Trinité, il l'attaqua dans deux écrits publiés clandestinement : De Trinitatis erroribus, 1531, Dialogi de Trinitate, 1532. Il rédigea en 1553 un livre De Christianismi restitutione, où il contestait même la divinité de J.-C. Calvin, qu'il avait consulté, condamna ses opinions et le dénonça à l'archevêque de Vienne. Arrêté aussitôt, il réussit à s'évader, et chercha un refuge à Genève. Loin de le protéger, Calvin l'accusa d'hérésie, et le fit condamner au feu : il fut brûlé vif, le 26 octobre 1555. Servet était un savant distingué : on lui attribue la première idée de la circulation du sang; on lui doit une édition estimée de la Géographie de Ptolémée, Lyon, 1535, et une Bible latine, avec commentaires, 1542.

SERVIAN, ch.-l. de c. (Hérault), à 11 kil. N. E. de Béziers; 2285 hab. Vieux château. Eau-de-vie.

SERVIE, l'anc. Mésie-Supérieure, principauté tributaire de l'empire ottoman, a pour bornes au N. la Hongrie, à l'O. la Bosnie, à l'E. la Bulgarie et la Valachie, au S, l'Albanie et la Roumélie : 55 000 k. c; env. 1 000 000 d'hab.; capit., Belgrade; autres villes: Kragoujevatch, résidence du prince, Sémendrie, Nissa, Usicza, Novi-Bazar. Hautes mont., surtout au S. Riv. principales: le Danube et la Save au N., la Morava (qui coupe le pays en deux), la Drina, le Timok. Fortes chaleurs, grands vents, grandes pluies en septembre. Sol fertile, mais négligé, friches en grand nombre; peu d'industrie. Beau pays; belles forêts; mines de fer, sel. Le gouvernement est monarchique héréditaire; le chef porte le titre de prince, gouverne avec le concours d'une assemblée nationale dite Skuptchina. La Porte n'a d'autre droit que de donner l'investiture au souverain, d'entretenir à Belgrade une garnison de 2000 hommes, et de percevoir un tribut. — La Servie a pris son nom des Serbes ou Serviens, peuple de race slave qui habitait d'abord auprès des monts Krapaks, et auquel l'empereur Héraclius permit vers l'an 630 de s'établir dans ces contrées, dépeuplées par les Avares. Jusqu'en 923, elle forma un petit État qui eut ses rois, mais dont l'histoire est peu connue. A cette époque, elle fut soumise par les Bulgares; en 949, elle passa avec les Bulgares eux-mêmes sous la domination des Grecs. En 1039, la partie occidentale recouvra son indépendance, et eut de nouveau des rois mais elle retomba sous le joug des Grecs en 1105. Enfin en 1151, Tchoudomil, profitant de la faiblesse de l'empire grec, rendit l'indépendance à la Servie, et fonda un puissant empire qui, au XIVe s., sous Étienne Douchan, le plus grand de ses rois, conquit une partie de la Thrace, presque toute la Macédoine et diverses villes de Thessalie et d'Albanie. Mais avec le règne d'Ouroch V commence une époque de décadence, de crimes et d'anarchie, qui amena la conquête du pays : défaits par Amurat I à la bat. de Cassovie (1389), les Serbes furent entièrement soumis par les Turcs en 1459 : Belgrade, qui avait seule échappé à la conquête, fut prise elle-même en 1521. La Servie fut alors divisée par les Turcs en 4 livahs (Belgrade, Sémendrie, Krouchevatch, Novi-Bazar). Au XVIIIe s., elle fut conquise en partie par l'Autriche: le traité de Passarovitz (1718) en avait cédé la portion N. O. à l'empereur Charles VI, mais la paix de Belgrade (1739) rendit le tout à la Porte. Depuis, la Servie tenta plusieurs fois de secouer le joug ottoman. Le célèbre Czerni-George y parvint en 1804, et se fit reconnaître par la Porte prince de Servie; il se maintint jusqu'en 1812, époque à laquelle la paix de Bucharest, entre la Turquie et la Russie, restitua la Servie aux Turcs. En 1816, une nouvelle révolte éclata sous Miloch Obrenovitch : la Turquie ne put soumettre ce dernier, et le traité d'Andrinople (1829), entre la Russie et la Turquie, laissa la Servie dans une indépendance presque complète. En 1835, le prince Miloch se vit forcé de donner une constitution libérale à ses sujets. Renversé du trône en 1839, il fut remplacé par son second fils Michel, qui lui-même fut chassé en 1842 par Alexandre, petit-fils de Czerni George. Mais, en 1858, le vieux Miloch fut rappelé, et à sa mort (1860) le gouvernement fut déclaré héréditaire dans sa famille. — Les Serbes suivent pour la plupart le rit grec non uni. Leur langue, qui appartient à la famille slave, est fort expressive; elle se parle en Servie, en Esclavonie, dans une partie de la Dalmatie et de la Croatie et dans quelques districts de la Hongrie. Il existe de forts beaux chants serbes (épiques et lyriques) : ils ont été recueillis par Vouk-Stéfanovitch et depuis traduits en français.

1er royaume de Servie. Étienne VIII Douchan le Grand, 1333
Chronologie incertaine Ouroch V, 1356
(630-923). II. Anarchie.
2e royaume de Servie. Voukachin, 1367
Étienne Boislav, 1039 Ougliclia, 1371
Dabroslav, 1042 III. Dynastie des Brankovitch.
Bodin, 1085 Lazare I Brankovitch, 1371
Bolcan, 1090-1105 Étienne IX, 1390
3e royaume de Servie. George, 1427
I. Dynastie des Neemans. Lazare II, 1458
Tchoudomil, 1151 Hélène, 1458-1459
Étienne I Neeman, 1165 Principauté de Servie.
Étienne II Ventchan, 1195 Czerni George, 1804-1812
Étienne III Neemanja, 1224 Miloch Obrenovitch, 1816
Ladislas, 1230 Michel Obrenovitch, 1839
Étienne IV Ouroch I, 1237 Alex. Georgevitch, 1842
Étienne V Dragoutin Ouroch II, 1272 Miloch, de nouveau, 1858
Étienne IV Miloutin Ouroch III, 1275 Michel, de nouveau, 1860
Étienne VII Ouroch IV, 1321 Milan, 1868

SERVIEN (Abel), diplomate, né à Grenoble en 1593, d'une famille noble et ancienne, m. en 1664, fut successivement conseiller d'État (1618), maître des requêtes (1624), intendant de justice, de police et de finances (1627), ministre de la guerre, surintendant des finances, se distingua dans des affaires importantes et négocia avec l'emp. Ferdinand II le rétablissement de la paix en Italie, mais, contrarié dans ses vues par Richelieu, il se retira dans sa terre de Sablé. Rappelé par Mazarin, il eut part, avec le comte d'Avaux, à la paix de Westphalie (1648). Il était, dans les négociations, hautain et violent : le nonce Chigi l'appelait l’Ange exterminateur de la paix. Servien était membre de l'Académie française.

SERVIÈRES, ch.-l. de c. (Corrèze), à 42 kil. S. E. de Tulle; 1293 hab.

SERVILIE, fille de Q. Servilius Cæpio et sœur utérine de Caton d'Utique, épousa Junius Brutus, et fut mère du fameux Marcus Brutus. Elle inspira une vive passion à César, ce qui fit croire que Brutus était le fils de celui-ci.

SERVILIUS, nom de 2 familles romaines, l'une patricienne, à laquelle appartiennent les Priscus, les Cæpio, les Ahala; l'autre plébéienne, d'où sortirent les Casca, les Rulius et les Vatia. Le surnom d’Ahala ou Axilla (c.-à-d. aisselle) fut donné à quelques membres de la première, à cause d'un défaut naturel. — C. Servilius Structus Ahala, général de la cavalerie sous le dictateur Cincinnatus (438 av. J.-C.), tua dans le forum Sp. Melius qui soulevait le peuple et aspirait à la tyrannie. Il fut exilé pour ce meurtre, mais bientôt rappelé et même élu consul (427). — Cn. Servilius Cæpio, consul en 203 av. J.-C., vainquit Annibal près de Crotone. Il voulait le poursuivre en Afrique, mais fut forcé par ordre du sénat de rester en Italie. — Son petit-fils, Q. Servilius Cæpio, consul l'an 140 av. J.-C., rompit la paix faite en Lusitanie avec Viriathe par Fabius Maximus, et, désespérant de vaincre cet ennemi, le fit assassiner pendant son sommeil. Il n'en demanda pas moins le triomphe, mais cet honneur lui fut refusé.— Un autre Q. Servilius Cæpio, consul en 106 av. J.-C., fut envoyé en Gaule contre les Cimbres et leur reprit Toulouse, mais se