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SERU
SERV
— 1751 —

SERRES (Olivier de), agronome, frère aîné du préc., né en 1539 à Villeneuve-de-Berg, m. en 1619, peut être considéré comme le Père de l’agriculture en France. Appelé par Henri IV à Paris, il introduisit diverses améliorations dans les domaines du roi, planta 15 000 mûriers blancs dans le jardin des Tuileries et naturalisa en France l’industrie de la soie. On lui doit : Traité de la cueillette de la soie, 1599 ; Seconde richesse du mûrier blanc, l603 ; enfin le Théâtre d’agriculture et ménage des champs, 1604, 2 v. in-4, ouvrage précieux, qui contient le fruit de 40 années d’études et d’expérience, et qui obtint un succès universel. Il en a été fait de nombreuses éditions : on remarque celle de Bosc, 1804. En l861, Villeneuve-de-Berg a élevé un monument à Olivier de Serres.

SERRES (Marcel de), professeur de minéralogie à la Faculté de Montpellier, né en 1783, m. en 1862, s’est attaché à concilier les découvertes de la science avec la révélation et dans ce but a publié : Cosmogonie de Moïse comparée aux faits géologiques, 1838. On a en outre de lui un Voyage dans le Tyrol, 1811, un Voyage en Autriche, 1814, un Manuel de Paléontologie (dans la collection Roret), 1846, et un Traité des roches simples et composées, 1863.

SERRIÈRES, ch.-l. de c. (Ardèche), sur la r. dr. du Rhône, à 32 kil. N. de Tournon ; 1739 h. Pont suspendu sur le Rhône. Bois de charpente, vins.

SERT, v. de la Turquie d’Asie (Bagdad), à 100 k. N. E. de Nisibin ; 3000 hab. On croit qu’elle occupe l’emplacement de l’anc. Tigranocerte.

SERTORIUS (Q.), général romain, né vers 121 av. J.-C. à Nursie dans la Sabine, parut d’abord au barreau, puis fut questeur de Marius dans les Gaules, et perdit un œil dans un combat livré aux Cimbres. Lors des guerres civiles, il se déclara pour Marius (87 av. J.-C.), et rentra dans Rome avec lui. Il fut le seul des vainqueurs qui n’ensanglanta pas son triomphe ; il quitta l’Italie quand Sylla en fut resté maître (84), gagna l’Espagne, province qui lui avait été assignée au sortir de sa préture, s’y rendit indépendant, réunit à son parti les peuples de la Péninsule, surtout les Lusitaniens (80), y joignit la Gaule Romaine, soutint la guerre avec succès contre Métellus et Pompée, battit le 1er à Italica (76), le 2e à Laurone (77) et à Sucro (76), mais éprouva un échec à Ségontie (75), traita alors avec Mithridate, qui lui envoya de l’argent et des vaisseaux, mais fut assassiné au milieu de ses succès par Perpenna, un de ses lieutenants (73). Ce général avait établi dans son armée un simulacre de la république romaine (sénat, consuls, etc.), ce qui lui fait dire, dans la tragédie de Corneille :

Rome n’est plus dans Rome. elle est toute où je suis.

Il inspirait à ses soldats une confiance aveugle : il leur avait persuadé qu’il était en commerce avec les dieux, qui lui donnaient des avis par l’entremise d’une biche blanche, dont il se faisait suivre partout. Sa Vie a été écrite par Plutarque. Corneille a mis sur la scène la mort de Sertorius.

SÉRULLAS (George), chimiste, né en 1774 à Poncin (Ain), m. en 1835, était à 22 ans pharmacien-major dans les armées de la République. Nommé en 1814 pharmacien en chef et professeur de chimie à l’hôpital militaire de Metz, il fut bientôt appelé au Val-de-Grâce. Il fut admis en 1829 à l’Académie des sciences. Sérullas a rendu de grands services à la chimie : il a créé les iodures de carbone et de cyanogène, les bromures et chlorures de cyanogène et l’éther bromhydrique ; a isolé l’acide cyanique, montré que l’acide iodique fait reconnaître dans un liquide les plus petites quantités de morphine ; signalé l’acide perchlorique comme un agent précieux pour séparer la potasse de la soude ; fait connaître le bromure de silicium, le bromhydrate d’hydrogène phosphore, etc.

SÉRURIER (Jaume Matthieu Philibert), maréchal de France, né en 1742 à Laon, d’une famille bourgeoise, m. en 1819, était fils d’un ancien officier du roi. Il reçut à 12 ans un brevet de lieutenant, fit sous Louis XV les campagnes de Hanovre, de Portugal, de Corse, et se trouvait major en 1789. Ayant adopté les idées nouvelles, il obtint sous la République un avancement rapide, devint général de division en 1795, se signala à l’armée des Alpes sous Kellermann et à l’armée d’Italie sous Bonaparte (1796), contribua surtout à la victoire de Mondovi, dirigea en 1797 le blocus de Mantoue et força bientôt la place à se rendre. Moins heureux sous Schérer, il fut fait prisonnier après la défaite de Cassano (1799). Redevenu libre, il seconda Bonaparte au 18 brumaire ; il reçut le bâton de maréchal dès la création de l’Empire (1804) ; il fut en outre nommé comte, sénateur et gouverneur des Invalides. En 1814, voulant épargner à la France l’humiliation de se voir enlever les drapeaux conquis, il les fit brûler dans la cour de l’Hôtel. Louis XVIII l’avait maintenu dans ses fonctions et l’avait fait pair de France ; mais, s’étant rallié à l’Empereur pendant les Cent-Jours, il perdit le gouvernement des Invalides et la pairie. Il passa ses dernières années dans la retraite. La ville de Laon lui a élevé une statue (1863).

SERVAIS (S.), évêque de Tongres au IVe s., m. en 384, assista en 346 au concile de Cologne, en 347 à celui de Sardique, et soutint la foi de Nicée au concile de Rimini (359). On l’hon. le 13 mai.

SERVAN (Jos. Mich. Ant.), magistrat, né en 1727 à Romans, m. en 1807, étudia à Paris, où il se lia avec les philosophes, devint à 27 ans avocat général à Grenoble, publia en 1766 un Discours sur la justice criminelle, où il proposait, dans un langage éloquent, d’utiles réformes, et excita pendant quelque temps un enthousiasme universel. Il augmenta sa réputation en portant la parole, en 1767, pour une femme protestante dont on voulait déclarer le mariage nul à cause de sa religion. N’ayant pu faire adopter, dans une autre affaire, des conclusions qui lui semblaient dictées par la justice, il donna sa démission. Il consacra le reste de sa vie à des écrits d’utilité publique. Nommé par deux bailliages aux États généraux de 1789, il s’excusa sur l’état de sa santé. Il a publié des Réflexions sur les Confessions de J. J. Rousseau, et un Essai sur la formation des assemblées nationales, provinciales et municipales, 1789. Portets a publié ses Œuvres choisies, 1823-25, 3 vol. in-8, et un Choix d’œuvres inédites, 1825. — Joseph Servan, son frère, 1741-1808, suivit la carrière militaire, adopta les principes de là Révolution, fut ministre de la guerre dans le ministère girondin, en 1792, déplut par son exagération à Louis XVI, qui le révoqua, fut rétabli après le 10 août, mais se vit bientôt forcé de se démettre parce que le parti révolutionnaire le trouvait trop modéré. Il passa au commandement de l’armée des Pyrénées occidentales, qu’il fut obligé de quitter pour se défendre contre les accusations de Robespierre. On a de lui une Hist. des guerres des Gaulois et des Français en Italie depuis Bellovèse jusqu’à la mort de Louis XII, 1805.

SERVANDONI (J. Jérôme), peintre décorateur et architecte, né à Florence en 1695, m. en 1766, a travaillé dans presque toute l’Europe. Il vint en France en 1724, y fut nommé peintre décorateur du roi, ordonnateur des fêtes de la ville, et fut élu en 1737 membre de l’Académie de peinture. Il avait pour la décoration, les fêtes et les bâtiments un génie particulier, plein d’élévation et de noblesse : on ne saurait croire quelle quantité de plans, de dessins, de décorations, de tableaux, de ruines sortirent de sa main. On cite surtout de lui la Façade de St-Sulpice. Son nom est resté à une des rues voisines de cette église.

SERVERETTE, ch.-l. de c. (Lozère), à 24 kil. N. E. de Marvéjols, sur la Truyère ; 787 hab.

SERVET (Michel), fameux hérétique, né en 1509 à Villanueva en Aragon. Imbu des idées des Réformateurs, il vint de bonne heure en France, se fit recevoir docteur en médecine à Paris, quitta cette ville en 1536, à la suite d’une querelle avec ses confrères, et alla exercer son art à Lyon, puis à Vienne