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SCRI
SCUD
— 1731 —


réussit : encouragé par le succès, il en fit paraître successivement un grand nombre d’autres, la plupart sous le voile du pseudonyme ou de l’anonyme, et les vit obtenir une vogue européenne. On trouve dans ces ouvrages un art admirable pour tracer les caractères et faire parler les personnages, un talent magique pour peindre les lieux, les costumes, un mélange d’idéal héroïque et de détails familiers et comiques fondus avec habileté, des incidents dramatiques, des scènes sublimes ; mais souvent aussi des longueurs, des redites, de l’embarras dans la mise en scène, de la trivialité. Enrichi par le succès de ses ouvrages, l’auteur put acheter le domaine d’Abbotsford sur la Tweed, dont il fit un séjour délicieux ; mais, en 1826, une banqueroute le ruina presque complétement. Il se remit alors courageusement au travail, et fit paraître dès 1827 une Vie de Napoléon, en 10 vol. in-12 : bien que rédigé sur des matériaux officiels et dont quelques-uns étaient inconnus, cet écrit, fort partial et rédigé à la hâte, n’eut que peu de succès, et Scott revint au roman ; mais au bout de peu d’années il succomba à l’excès du travail qu’il s’était imposé pour payer ses créanciers. Parmi ses poëmes, les principaux sont : le Lai du dernier ménestrel (1805), Marmion, la Dame du lac, le Lord des îles (1808-10). Parmi ses romans, on vante surtout : la Prison d’Édimbourg, les Puritains, Ivanhoë, Rob-Roy, Peveril du Pic, une Légende de Montrose, la Fiancée de Lammermoor, Richard en Palestine, les Eaux de St-Ronan, Quentin Durward, l’Antiquaire. Ses ouvrages ont été trad. plusieurs fois en français. La meilleure version est celle de Defauconpret, dont il a paru plusieurs éditions : l’éd. la plus complète, publiée en 1837 et ann. suiv., se compose de 30 v. in-8. M. Lockhart a donné des Mémoires sur W. Scott, avec sa correspondance, 1836, et M. Am. Pichot un Essai sur la vie et les ouvrages de W. Scott, en tête de la trad. de ses poésies.

SCOTTI (Jul. Clém.), jésuite, né en 1602 à Plaisance, m. en 1669, avait été professeur de philosophie à Parme, à Ferrare, puis recteur à la maison des Jésuites à Carpi. Mécontent de ses chefs, qui ne lui avaient pas accordé un poste qu’il sollicitait, il quitta la robe et écrivit contre l’ordre la Monarchie des Solipses (Monarchia Solipsorum, Venise, 1645), factum violent, qui fut attribué à tort à Inchofer.

SCRIBE (Eugène), auteur dramatique, né à Paris en 1791, m. en 1861, fit de brillantes études à Ste-Barbe et fut destiné au barreau ; mais, devenu libre à 20 ans par la mort de ses parents et jouissant de quelque aisance, il quitta le droit pour le théâtre, vers lequel il se sentait irrésistiblement entraîné. Après quelques échecs, il réussit à gagner la faveur du public : de 1815 à 1830, il fit représenter sur les scènes des Variétés, du Vaudeville et surtout du Gymnase un nombre prodigieux de petites pièces, qui furent presque autant de succès. Parmi ces pièces, composées le plus souvent avec quelque collaborateur (Delestre-Poirson, Germain Delavigne, Mélesville, Brazier, Carmouche, Varner, Bayard), on remarque le Nouveau Pourceaugnac, le Solliciteur, les Deux Précepteurs, une Visite à Bedlam, l’Ours et le Pacha, le Mariage enfantin, le Secrétaire et le Cuisinier, Michel et Christine, Avant, pendant et après, le Vieux garçon, Rodolphe, le plus Beau jour de la vie, la Haine d’une Femme, le Mariage d’inclination, le Mariage de Raison, le Diplomate, une Faute, la Demoiselle à marier, le Charlatanisme, Geneviève. Il fit en peu d’années la fortune du Gymnase, en même temps qu’il s’assurait à lui-même une véritable opulence. S’essayant alors dans un genre plus élevé, il donna au Théâtre-Français plusieurs comédies qui lui valurent de nouveaux triomphes : Valérie, 1822, le Mariage d’argent, 1827, Bertrand et Raton ou l’Art de conspirer, 1833, la Camaraderie, 1837, une Chaîne, 1841, le Verre d’eau, 1842 ; Adrienne Lecouvreur, 1849, les Contes de la Reine de Navarre, Bataille de Dames, 1851, les Doigts de Fée, 1858 (ces 4 dernières avec Legouvé). Scribe a en outre composé les paroles d’un grand nombre de drames lyriques, mis en musique par Auber, Adam, Meyerbeer ou Halévy, et dans lesquels l’intérêt du poëme le dispute au mérite de la composition musicale. L’Opéra lui doit : la Muette de Portici, le comte Ory (1828), le Dieu et la Bayadère, le Philtre (1830), Robert le Diable (1831), Gustave III, (1833), la Juive (1835), les Huguenots (1836), le Prophète (1849) ; il donna à l’Opéra-Comique : la Dame blanche (1825), Fra Diavolo (1830), le Châlet (1834), l’Ambassadrice (1837), le Domino noir (1841), la Sirène (1844), l’Étoile du Nord (1854). Pendant plus de 40 ans, cet écrivain jouit d’une popularité immense : ses pièces ont été jouées sur tous les théâtres de France et de l’étranger. Il fut reçu en 1834, à l’Académie française. Doué d’une imagination inépuisable, infatigable au travail, Scribe a produit plus de 350 pièces. Si trop souvent ses productions trahissent un travail précipité, on remarque dans toutes une parfaite entente de la scène, l’art de nouer une intrigue, de varier les incidents, le talent de captiver les spectateurs ; ses plus petits drames sont écrits d’un style vif et facile ; tous pétillent d’esprit ; tous en outre réunissent à la peinture fidèle des mœurs contemporaines la décence, la grâce et le bon goût. Scribe a donné lui-même plusieurs éditions de ses Œuvres dramatiques : les principales sont celles de 1827, 10 v. in-8 ; de 1833-37, 20 v. in-8 ; de 1840, 5 v., gr. in-8 à 2 col. ; de 1855 et ann. suiv., 17 v. in-18.

SCRIBONIE, femme d’Auguste et mère de Julie, fut répudiée pour être remplacée par Livie.

SCRIBONIEN, Furius Camillus Scribonianus, consul l’an 32 de J.-C., commandait un corps d’armée en Dalmatie quand Claude parvint à l’empire. Dans une lettre outrageante, il somma ce prince d’abdiquer, et en même temps il se fit proclamer lui-même ; mais ses troupes l’abandonnèrent presque aussitôt, et il fut assassiné dans l’île de Lissa, en 42.

SCRIBONIUS LARGUS, médecin romain, exerça sous Tibère, Caligula, Claude, et suivit ce dernier dans la Grande-Bretagne, en 43. On n’a de lui qu’un opuscule : De compositione medicamentorum, Paris 1529, dont une meilleure édition est due à Bernhold, Strasbourg, 1786.

SCRIVERIUS (P. schryver, en latin), érudit, né en 1576 à Harlem, m. en 1660, vécut à Leyde, n’acceptant aucun emploi, mais se faisant un plaisir de suppléer les professeurs de l’Université. Il s’est signalé comme historien, comme poëte et comme philologue. Ses principaux ouvrages sont : Antiquitatum batavicarum tabularium, 1609 ; Chroniques de Hollande, de Zélande, Frise, Utrecht (en holl.), 1663. Ses Œuvres inédites (opuscula anecdota, philologica et metrica) ont été publiées par Westerhuis, Utrecht, 1738. On lui doit des édit. de Végèce, Leyde, 1607 ; de Martial, 1619 ; de Sénèque le tragique, 1620 ; d’Apulée, 1629 ; des Scriptores rei militaris, 1664, et un recueil de Lettres choisies d’Érasme, 1649.

SCRIVIA, riv. de l’Italie septentrionale, sort des Apennins dans la prov. de Gênes, arrose les prov. de Novi, Tortone, Alexandrie, Voghera, et se jette dans le Pô après un cours de 80 kil.

SCUDÉRI (Georges de), poëte et romancier, célèbre par sa fécondité et par le ridicule de ses écrits, né au Havre en 1601, m. en 1667, avait d’abord servi dans les gardes françaises ; il quitta le service vers 1630, et se mit à travailler pour le théâtre. Il sut plaire à Richelieu par les attaques qu’il dirigea contre Corneille dans ses Observations sur le Cid, et fut reçu à l’Académie française en 1650. On a de lui 16 tragédies ou tragi-comédies (l’Amour tyrannique, le Prince déguisé, Arminius, la Mort de César, etc.), dont plusieurs eurent du succès, divers écrits en prose, et un poëme épique : Alaric ou Rome vaincue (1654), connu surtout par ce début emphatique :

Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre