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s'étant associé en 1813 aux Alliés contre la France, reçut en récompense en 1815 un grand accroissement de territoire, avec le titre de grand-duc. Dès 1809, le duc de Saxe-Weimar avait donné une constitution. Le pays est encore régi par cette constitution, dont les bases ont été élargies en 1816, 1850 et 1852.

SAXE-PRUSSIENNE, prov. des États prussiens, entre Brandebourg au N. E. et à l'E., le roy. et les duchés de Saxe au S., la Hesse-Électorale, le duché de Brunswick et le roy. de Hanovre à l'O. : 250 k. sur 220 ; 180 000 hab. ; ch.-l., Magdebourg. Elle est divisée en 3 régences : Magdebourg, Mersebourg et Erfurt. Montagnes à l'O. (le Harz et la forêt de Thuringe) ; plusieurs riv., qui appartiennent toutes aux bassins de l'Elbe et du Weser. Climat doux et salubre ; sol varié ; céréales, forêts ; mines d'argent, de cuivre, de fer, de houille ; sel en immense quantité. Cette prov. a été formée en 1815, de la plus grande partie de l'anc. duché de Saxe, de l'anc. cercle de Thuringe, de la partie prussienne des principautés de Mersebourg, Naumbourg et Zeitz, d'une partie des cercles de Leipsick, de Misnie, de Neustadt et de Voigtland, de la plus grande portion de la princip. d'Erfurt, du S. de l'Eichsfeld, d'une portion du Henneberg et de la princip. de Querfurt, de tout le comté de Mansfeld, de la principauté d'Halberstadt, du duché de Magdebourg et de la Vieille-Marche, presque tous pays enlevés au roi de Saxe.

Maisons de Saxe. On en peut compter six :

1° La 1re maison de Saxe, dite aussi maison impériale, parce qu'elle fournit plusieurs empereurs à l'Allemagne. Elle commence, après le traité de Verdun (843), par Ludolf, duc de Saxe, qu'on croit neveu de Witikind. Il fut investi du duché de Saxe par Louis le Germanique. Après lui viennent : Brunon (850), son fils, qui bâtit Brunswick et lui donna son nom (861); Othon l'Illustre (880), frère de Brunon, qui refusa la couronne d'Allemagne à la mort de Louis l'Enfant (911), et fit élire Conrad de Franconie ; Henri l’Oiseleur, fils d'Othon, élu roi de Germanie en 919, et chef de la maison impériale de Saxe, qui donna 5 empereurs à l'Allemagne (919-1024) ; Othon le Grand (936), fils de Henri l'Oiseleur : ce prince, parvenu à l'empire, renonça à la possession de la Saxe et la céda à Hermann Billung, son parent.

2° La maison de Billung. Hermann Billung, parent d'Othon I, en fut le premier duc : Othon l'investit du duché en 962. Sa famille s'éteignit en 1106. Ses biens passèrent alors à Lothaire de Supplinbourg.

3° La maison de Supplinbourg. Lothaire de Supplinbourg, époux de Richenza, héritière des comtes de Nordheim et des ducs de Brunswick, fut fait duc de Saxe en 1106, et devint empereur en 1125. N'ayant point de fils, il donna sa fille Gertrude (1127) et la Saxe (1128) au duc de Bavière, Henri le Superbe.

4° La maison des Guelfes. Henri le Superbe (1128-1139) et Henri le Lion (1139-1180), déjà ducs de Bavière, possédèrent réellement, mais non sans contestation et sans interruption, le duché de Saxe. De 1180 à 1235, les 3 frères Henri le Long, Othon de Brunswick (qui fut emp.) et Guillaume Longue Épée, puis Othon l'Enfant, fils de ce dernier, prétendirent au duché, qui fut morcelé par Frédéric I, et donné en grande partie aux princes de la maison d'Ascanie.

5° La maison d'Ascanie. Dès 1137, Albert l'Ours avait eu un démembrement de la Saxe (la Marche de Brandebourg). En 1180, son petit-fils puîné, Bernard, obtint le duché, mais très-amoindri. En 1212, cette famille se partagea en deux branches, Anhalt et Saxe, et celle-ci, en 1260, se subdivisa en Saxe-Lauenbourg et Saxe-Wittemberg : cette dernière subdivision, qui portait seule le titre d'électeur, s'éteignit en 1421, dans la personne d'Albert III.

Maison de Wettin ou de Misnie. Après l'extinction de la branche de Saxe-Wittemberg, l'investiture de l'électorat de Saxe fut donnée en 1422 par l'empereur Sigismond (à l'exclusion de la ligne de Saxe-Lauenbourg qui subsistait encore) au margrave de Misnie, landgrave de Thuringe, Frédéric le Belliqueux, qui cumula le margraviat et l'électorat, plus Cobourg, patrimoine de sa mère. Il descendais de Witikind, ainsi que le chef de la 1re maison, et ses aïeux possédaient la Misnie depuis 1127, la Thuringe depuis 1148. Sa postérité règne encore, partagée en deux lignes, nommées (d'après les noms de ses petits-fils, Ernest et Albert) Ernestine et Albertine. Celle-ci, qui est la ligne cadette, fut, après la bataille de Mühlberg (1547), investie de l'électorat et de presque tous les biens des Wettin, dans la personne de Maurice, par Charles-Quint (V. ci-après MAURICE de Saxe). Elle est devenue maison royale en 1806. La ligne aînée ou ernestine, dite aussi ligne ducale, fut réduite à quelques districts, qu'elle diminua encore en se subdivisant comme suit :

1. Branche aînée, dite anc. maison de Weimar, puis (1572) branche de Cobourg-Eisenach : subdiv. en 2 rameaux (Cobourg, Eisenach), éteinte en 1638 ;
2. Branche cadette ou de Weimar (auj. subsistante):
a. Rameau d'Altenbourg (1602-1669);
b. Rameau dit nouv.-maison de Weimar, subd. en :
1° Ligne grand-ducale de Weimar (1606) ;
2° Ligne ducale ou de Gotha, qui en 1681 forma 7 branches, dont 4 éteintes (Gotha, 1825 ; Cobourg, 1699 ; Rœmhild, 1710 ; Eisenberg, 1707); et trois subsistantes : Meiningen, Hildburghausen, Saalfeld, auj. Cobourg-et-Gotha.

SAXE (Maurice, électeur de), de la branche Albertine, né en 1521, servit l'empereur Charles-Quint en 1544, contre la France, et en 1545 contre la ligue de Smalkalde, gagna la bataille de Mühlberg sur le parti protestant (1547), et obtint en 1548 l'électorat de Saxe, dont Jean-Frédéric, son cousin (de la branche Ernestine), fut dépouillé pour avoir combattu dans l'armée opposée. En 1551, il venait de s'emparer de Magdebourg au nom de Charles-Quint, lorsqu'il quitta brusquement le parti de l'empereur et s'unit contre lui avec l'électeur de Brandebourg, le comte Palatin, le duc de Wurtemberg, pour délivrer le landgrave de Hesse, que Charles-Quint retenait prisonnier : il contraignit l'empereur à traiter et à accorder, par la transaction de Passau (1552), une amnistie générale et le libre exercice du culte réformé. Chargé l'année suivante par la Chambre impériale de réduire le margrave de Brandebourg, qui troublait la paix, il le battit à Stevershausen, mais il mourut deux jours après, des suites de ses blessures.

SAXE (Maurice, comte de), maréchal de France, né à Dresde en 1696, m. en 1750, était fils naturel de l'électeur de Saxe Auguste II, et de la comtesse Aurore de Kœnigsmark. Il se forma sous le prince Eugène, et assista au siège de Belgrade (1717). Il vint prendre du service en France en 1720, et y fut nommé maréchal de camp ; puis tout à coup il passa en Courlande, où il fut élu duc par la protection de la duchesse douairière Anne Ivanovna (depuis impératrice); mais, n'ayant pu se faire reconnaître par l'impératrice de Russie, Catherine I, il revint en France. Fixé désormais dans ce pays, il fit avec honneur les trois campagnes de 1733, 34, 35, devint lieutenant général en 1736, se couvrit de gloire pendant la guerre de la Succession d'Autriche, s'empara de Prague et d'Egra, défendit l'Alsace, et fut nommé maréchal en 1743. Il tint les alliés en échec en Flandre (1744), les battit à Fontenoy (1745), prit Ath et Bruxelles, remporta encore deux victoires à Rocoux (1746), à Laufeld (1747), prit Berg-op-Zoom, et eut ainsi une part décisive à la paix d'Aix-la-Chapelle (1748). Après la guerre, il reçut de Louis XV le domaine de Chambord avec 40 000 livres de revenu et le titre de maréchal général. Un mausolée, chef-d'œuvre de Pigalle, lui fut élevé dans le temple de St-Thomas à Strasbourg. On a de lui : Mes rêveries, 1757, 5 vol. in-4. Lettres et Mémoires, 1794, 5 vol. in-8; et sur lui une Étude histor. de St-René Taillandier, 1865. Il était d'une force prodigieuse : il brisait en deux avec ses doigts un écu de 6 francs.