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la Thuringe, devint un des six duchés de l’empire. Ce duché, qui eut successivement pour souverains des descendants de Witikind et des princes de la maison de Billung (V. ci-après maison de SAXE), répondait d’abord à ce qui forma depuis les cercles de Basse-Saxe et de Westphalie ; de 920 à 929, il s’accrut des deux Marches de Misnie et de Branibor ou Brandebourg ; il fut encore grossi par Othon I et ses successeurs, principalement par les princes de la maison guelfe, Henri le Superbe et Henri le Lion, qui assujettirent presque toutes les contrées comprises depuis dans le cercle de Hte-Saxe, et étendirent leur domination sur le Mecklembourg et la Poméranie. On sait qu’outre la Saxe, les deux Henri possédaient la Bavière. De 1137 à 1154, la politique impériale tint ces deux duchés séparés, mais Frédéric I les rendit à Henri le Lion ; seulement, le margraviat de Branibor, indépendant depuis 1142, fut confirmé dans son indépendance ; mais, après la félonie de Henri, lors de la campagne de Legnano (1177), l’empereur Frédéric mit ce prince au ban de l’empire (1180), et l’énorme duché de Saxe fut dépecé en une foule de fiefs : les archevêchés de Magdebourg et de Brême, les évêchés de Minden, Verden, Paderborn, Munster, Hildesheim, Halberstadt, Mersebourg, Naumbourg s’en détachèrent et devinrent États immédiats ; il en fut de même pour le comté palatin de Saxe, la Misnie, la Thuringe, le pays de Mecklembourg (que cependant Henri le Lion regardait comme sa propriété particulière), le duché de Poméranie, le duché de Westphalie (qui passa à l’archevêque de Cologne), l’Eichsfeld (dont s’empara celui de Mayence) ; Lubeck, anc. capitale de la Saxe, devint ville impériale. Les alleux, qui ne se composaient guère que du pays héréditaire de Brunswick, restèrent seuls au duc déchu. Un nouveau duché de Saxe fut alors constitué, mais il différait entièrement du premier. V. le § suivant.

IIe duché de Saxe. Ce duché, formé en 1180 aux dépens du précédent en faveur de Bernard d’Ascanie ou d’Anhalt, ne comprenait plus que les territoires de Wittemberg et de Lauenbourg, plus, la suzeraineté sur le Holstein. Il s’affaiblit encore quand la maison ascanienne, investie de ce duché, se fut scindée (1260) en deux lignes : celles de Saxe-Lauenbourg et de Saxe-Wittemberg. En 1355, l’emp. Charles IV attacha l’électorat de Saxe à la possession de Wittemberg, qui ne le garda que jusqu’en 1422.

IIIe duché de Saxe ou Duché électoral. Ce duché, qui forme le fond du roy. actuel de Saxe, fut constitué en 1422, le titre de duc de Saxe et d’électeur ayant été transféré, après l’extinction de la branche ducale de Saxe-Wittemberg, à la maison de Wettin ou de Misnie. Le duché s’accrut alors de la Misnie, de la Thuringe et du palatinat de Saxe. Mais la maison de Misnie se subdivisa plus encore que la précédente ; finalement, toutes les branches furent comprises dans les deux lignes Ernestine et Albertine, issues des deux frères Ernest et Albert, qui, en 1485, se partagèrent toutes les possessions de la Saxe (V. plus bas, maison de SAXE).

Comté palatin de Saxe. Il comprenait la ville d’Allstett avec son territoire ; il remontait aux temps des Carlovingiens, et devint important au Xe s. ; au XIe la famille de Goseck le possédait à titre héréditaire ; il passa en 1088 à celle de Sommersenbourg. Réuni en 1180 au landgraviat de Thuringe, il échut en 1248 comme ce landgraviat à la maison de Misnie.

Marche de Saxe. V. MISNIE ET BRANDEBOURG.

II. Saxe depuis la division de l’empire en cercles.

Cercle de Basse-Saxe, un des 10 cercles de l’empire établis en 1512, était borné au N. par la Baltique et le Slesvig, au S. et à l’E. par le cercle de Basse-Saxe. Il renfermait, entre autres États, les deux duchés de Mecklemboug, les deux duchés de Holstein, celui de Saxe-Lauenbourg, les villes de Lubeck et Brême.

Cercle de Hte-Saxe, entre ceux du Ht-Rhin, de Franconie, de Basse-Saxe, la mer Baltique, la Pologne, comprenait 22 États, entre autres l’électorat de Saxe et tous les duchés de Saxe (moins Saxe-Lauenbourg) ; Schwarzbourg, Anhalt, le Brandebourg, la Poméranie : Leipsick en était le ch.-l.

Électorat de Saxe. Beaucoup plus vaste que le royaume actuel de Saxe, il confinait à la Hesse, au Brandebourg, aux duchés de Saxe, Il avait pour ch.-l. Dresde et se divisait en cercle électoral (ch.-l., Wittemberg) ; cercle de la Thuringe saxonne (ch.-l., Langensalta) ; et margraviat de Misnie (chefs-lieux, Meissen et Dresde).

Duché de Saxe-Lauenbourg, entre ceux de Mecklembourg, Lunebourg, Ratzebourg et le Holstein, avait pour capit. Lauenbourg. Formé en 1620, il appartint jusqu’en 1689 à la branche aînée de la ligne ascanienne de Saxe, appartint ensuite au Hanovre, puis au Danemark (1815), enfin à la Prusse (1866). V. LAUENBOURG.

III. Saxe actuelle.

SAXE (Roy. de), un des États du N. de l’Emp. allem., entre 9'-13° longit. E., et 50°-51° 30′ latit. N., a pour bornes au N. et au N. E. les prov. pruss. de Saxe et de Brandebourg, à l’E. la Silésie, au S. la Bohême et la Bavière, à l’O. les duchés de Saxe-Altenbourg et de Saxe-Weimar ; 225 k. de l’E. à l’O., sur une largeur moyenne de 140 ; 2 226 000 hab. ; capitale, Dresde. Longtemps divisé en 5 cercles (Misnie, ch.-l., Dresde, Leipsick, ch.-l., Leipsick, Erzgebirge, ch.-l., Freyberg, Voigtland, ch.-l., Plauen, Lusace, ch.-l., Bautzen), il a été réduit en 1835 à 4 cercles, désignés par les noms de leurs chefs-lieux : Dresde, Leipsick, Zwickau, Budissin ou Bautzen. L’Elbe arrose ce royaume à l’E. ; ses autres rivières sont la Saale, l’Elster, la Pleisse, les deux Mulde. Sol fertile, surtout en grains ; beaucoup de montagnes (Erzgebirge, monts de Lusace), où l’on exploite des mines très-riches enfer, plomb, étain, cuivre, argent (env. 17 000 kilogr. par an) ; cobalt, arsenic, houille. Industrie et commerce immenses, consistant surtout en toiles, cotonnades, laines, draps, dentelles, porcelaine, verrerie, papier et livres. Plusieurs chemins de fer. Célèbre université, à Leipsick. L’instruction est très-répandue en Saxe : c’est dans ce pays que se parle l’allemand le plus pur. Le gouvernement est une monarchie constitutionnelle. La religion dominante est le Luthéranisme ; mais la famille royale est catholique. La Saxe à 14 voix dans le Conseil fédéral de l’Empire allemand.

L’État, qui porte aujourd’hui le nom de royaume de Saxe date de l’an 1422, époque à laquelle l’empereur Sigismond transféra le titre de duc de Saxe et la dignité électorale à la maison de Wettin ou de Misnie (V. ci-dessus 3e DUCHÉ DE SAXE). Frédéric le Belliqueux, 1er duc de Saxe de cette nouvelle maison, fut un des plus puissants princes de l’Allemagne. Ernest et Albert, ses petits-fils, s’affaiblirent en partageant leurs États (1485). Ernest, l’aîné, conserva, avec les litres de duc et d’électeur, le cercle électoral, la Thuringe et les pays orientaux de la Saxe. Frédéric le Sage, son successeur, exerça une grande influence sur les affaires de l’Allemagne, et fut vicaire de l’empereur en son absence. Il favorisa de tout son pouvoir la Réforme, et eut une grande part à la ligue de Smalkalde. Son 2e successeur, Jean-Frédéric le Magnanime, se vit enlever, après la défaite de Mühlberg (1547), la plus grande partie du duché de Saxe, ainsi que la dignité électorale, qui furent transférés par Charles-Quint de la ligne aînée à la ligne cadette ou albertine (1547). Maurice de Saxe fut le 1er duc de cette 2e ligne. Quoiqu’il fût la créature de Charles-Quint, il resta luthérien, et même maintint constamment la liberté protestante. Pendant la guerre de Trente ans, les électeurs de Saxe se déclarèrent alternativement pour la Suède et pour l’Autriche. En 1697, l’électeur Frédéric-Auguste I abjura le luthéranisme ; la même année, il joignit à la Saxe la couronne de Pologne, ce qui l’engagea dans des guerres perpétuelles avec le roi de Suède Charles XII. Son fils, Frédéric-Auguste II, réunit aussi les deux cou-