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de nouveau en 1187 et en mourut de chagrin. — Thomas I, fils d'Humbert III (1188-1233), n'avait que 11 ans à la mort de son père, et eut pour tuteur Boniface, marquis de Montferrat. Devenu majeur, il soutint contre le St-Siége l'emp. Frédéric II, qui en récompense le créa vicaire impérial en Piémont. Il étendit sa domination sur le pays de Vaud, le Bugey et le Valais et fit de Chambéry sa capitale. — Amédée IV, fils du préc., régna de 1233 à 1253, ajouta définitivement Turin et le Piémont à ses États (1235), et soutint Frédéric II contre le St-Siége. Il céda en 1244 le comté de Piémont à son frère Thomas II, déjà comte de Maurienne. — Boniface, fils du préc. (1253-63), n'avait que 9 ans à son avènement, et eut pour tuteur son oncle Thomas de Savoie. Ayant voulu réduire Turin qui s'était révolté, il fut pris par les rebelles, et mourut en prison,sans laisser d'enfants. — Pierre, dit le Petit Charlemagne, frère d'Amédée IV, né en 1203, régna de 1263 à 1268. Il s'était, avant son avènement, mis au service du roi d'Angleterre Henri III, qui l'avait créé comte de Richmond et d'Essex. Il punit Turin de sa révolte, et ajouta à ses États le Génevois par héritage. — Philippe, frère du préc., régna de 1268 à 1285. Entré dans l’Église, il avait été élevé à l'évêché de Valence, puis à l'archevêché de Lyon; mais, voyant son frère sans enfants, il obtint de rentrer dans la vie séculière et épousa Alix, héritière du comté de Bourgogne. — Amédée V, le Grand (1285-1323), fils de Thomas et neveu du préc., fit la guerre avec succès au comte de Génevois, au dauphin de Viennois, au marquis de Montferrat (qu'il prit et fit mourir dans une cage de fer), au marquis de Saluces, seconda Philippe le Bel dans sa guerre contre les Flamands, fut le médiateur de la paix entre la France et l'Angleterre, suivit l'empereur Henri VII en Italie, obtint de ce prince les seigneuries d'Asti et d'Ivrée, et réunit à ses États le Bas-Faucigny et une partie de la ville de Genève. A son avènement, il avait été obligé de céder à Philippe de Savoie, son neveu, dont il n'était que le tuteur, la principauté de Piémont, qui resta détachée de la Savoie jusqu'en 1429. — Édouard, le Libéral, fils d'Amédée V (1323-29), eut à combattre les mêmes ennemis que son père et fut battu en 1325 par Guigues VIII, dauphin de Viennois. Il accompagna le roi de France Philippe VI à la bat. de Cassel et s'y distingua. — Aimon, le Pacifique, frère du préc. (1329-43), fil la paix avec le dauphin de Viennois (1334), combattit en 1340 pour Philippe VI contre l'Angleterre, réforma l'administration de la justice, et fit des fondations pieuses. — Amédée VI, fils d'Aimon (1343-83), fut surnommé le Comte Vert pour s'être présenté, dans un tournoi qu'il donnait à Chambéry avec une armure et une livrée vertes. Le Dauphiné ayant été légué à la France (1349), il conclut en 1355, avec le nouveau dauphin (Charles, fils du roi Jean), un traité qui fixait les limites des deux États, et épousa, comme gage de paix, Bonne de Bourbon, cousine du roi. Il eut des démêlés avec son cousin Jacques de Savoie, prince de Piémont, son vassal, auquel il enleva momentanément ses États, puis, avec le marquis de Saluces et de Montferrat; alla en Grèce porter des secours à Jean Paléologue, allié à sa famille; se prononça pendant le schisme d'Occident pour Robert de Genève, son parent; accompagna Louis d'Anjou dans son expédition contre Naples, et mourut de la peste dans cette expédition. Il avait réuni à ses États les seigneuries de Vaud, Gex, Faucigny, Valromey, Quiers, Coni, Querasco et Verrue. — Amédée VII, le Comte Rouge, fils du précéd. (1383-91), accompagna le roi de France Charles VI en Flandre, contribua à la prise d'Ypres, et profita des embarras du comte de Provence pour lui enlever Nice et Vintimille. Il avait épousé une princesse française, Bonne de Berry. — Amédée VIII, fils du précéd., n'avait que 8 ans à la mort de son père (1391), et fut mis sous la tutelle de sa mère, Bonne de Berry. Il agrandit ses États par l'acquisition du Génevois (1401), puis du Bugey et de Verceil, et y réunit en 1429 le Piémont, qui en était détaché de puis plus d'un siècle. Il avait été, en 1416, créé duc de Savoie par l'empereur Sigismond. Ayant perdu sa femme Marie de Bourgogne, qu'il aimait tendrement, il entra dans l'Église, remit le gouvernement à son fils Louis, et se retira avec quelques chevaliers au couvent de Ripaille, près de Thonon, où il prit l'habit d'ermite. Au bout de quelques années il fut tiré de sa retraite par les prélats du concile de Bâle, qui, lors de la déposition d'Eugène IV, le nommèrent pape sous le nom de Félix V (1439), et l'opposèrent à Nicolas V. Il abdiqua définitivement alors la couronne de Savoie, se rendit à Bâle, où le concile était assemblé, et y résida près de dix ans. En 1449, il renonça volontairement à la tiare, afin de faire cesser un schisme scandaleux; il obtint en compensation, avec le chapeau de cardinal, diverses prérogatives, sur l'étendue desquelles les historiens ne sont pas d'accord. Il retourna au couvent de Ripaille, et y mourut en 1451. Amédée VIII avait institué l'ordre de St-Maurice et donné un Code à ses États. — Louis I, fils du précéd., duc de 1440 à 1465, né à Genève, avait dès 1434 administré le duché avec le titre de prince de Piémont (V. ci-dessus); mais ne prit le titre de duc qu'après que son père eut accepté la tiare (1440). Lors de la guerre qui éclata au sujet de la succession de Philippe Marie Visconti (1447), Louis aurait pu s'emparer du Milanais, dont les habitants redoutaient la domination de François Sforza; mais il manqua d'énergie. Craignant ses enfants eux-mêmes, qui se révoltaient contre lui (V. ci-après PHILIPPE II), il se réfugia en France auprès de Louis XI, qui avait épousé sa fille ; il y tomba malade et mourut peu après son arrivée. — Amédée IX, fils de Louis, né en 1435, duc de 1465 à 1472, devint peu après son avènement incapable de gouverner. La régence fut disputée entre ses frères et sa femme Yolande, sœur de Louis XI, et finit par être partagée entre eux. Prince charitable, il fut béatifié après sa mort. — Philibert I, le Chasseur, né en 1465, duc de 1472 à 1482, fils d'Amédée IX et d'Yolande, sœur de Louis XI, n'avait que 8 ans à son avènement. Sa minorité fut remplie par les querelles de Louis XI et du duc de Bourgogne Charles le Téméraire, qui se disputaient la régence. Il mourut à peine âgé de 17 ans, de la fatigue qu'il s'était donnée dans une partie de chasse. — Charles I, le Guerrier, frère de Philibert, n'avait que 14 ans à la mort de celui-ci (1482), et fut quelques mois sous la tutelle de Louis XI. Il fit la guerre avec succès au marquis de Saluces, ce qui lui valut son surnom. Il mourut en 1489, pendant un voyage en Piémont : on le crut empoisonné par le marquis de Saluces. Il avait épousé Blanche de Montferrat, et avait, à la mort de Charlotte de Lusignan, hérité du titre de roi de Chypre (1487). — Charles II, fils du précéd., n'avait que 9 mois à la mort de son père, et mourut en 1496, à 8 ans. — Philippe II, fils du duc Louis I, ne régna qu'un an et demi (1496-97). Fils rebelle, il avait été, sur la demande de son père, détenu deux ans par Louis XI au château de Loches (1464-66) : aussi prit-il parti pour le duc de Bourgogne contre le roi de France. Il fut le père de Louise de Savoie, qui épousa Charles de France, duc d'Angoulême, et devint mère de François I. — Philibert II, le Beau, fils du préc. (1497-1504), épousa Marguerite d'Autriche, fille de l'empereur Maximilien, célèbre depuis comme gouvernante des Pays-Ras, et refusa de laisser passer Louis XII par ses États pour entrer en Italie. Il consuma son temps en fêtes et en tournois et fut enlevé à 24 ans par la fièvre après une partie de chasse. C'était un prince d'une beauté remarquable : sa veuve lui éleva un magnifique mausolée dans l'église de Brou, aux portes de Bourg. Il ne laissait pas d'enfants. — Charles III, frère du précéd., régna de 1504 à 1553. Prince versatile, flottant sans cesse entre François I, son neveu, et Charles-Quint, son beau-frère, il fut maltraité par tous les deux, et se vit dépouiller de presque tous ses États. — Emmanuel-