Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par les Gaznévides. En 1024, Mahmoud le Ghaznévide avait soumis toute la partie septentrionale et occidentale jusqu'au Bengale : l'Inde était alors partagée entre un nombre infini de radjahs, parmi lesquels les radjahs de Lahore étaient les plus puissants; ceux-ci restèrent encore quelque temps indépendants. Vint ensuite la dynastie des Gourides (1185-1289), qui étendit sa domination sur l'Inde entière et y fit régner le Mahométisme ; les Gourides cédèrent la place aux Afghans Chilligis, qui devinrent tributaires des Gengiskhanides, puis des Patans et enfin des fils de Tamerlan (1398), et qui s'éteignirent en 1413. Cependant l'empire de l'Inde ne passa aux enfants de Tamerlan qu'après la mort d'un usurpateur, Keser-Khan (1414-1421), et après l'extinction de la courte dynastie des Afghans Lodis (1448-1525) : alors Baber, un des petits-fils de Tamerlan, vainqueur des Afghans et des Patans, établit l'empire mongol, qui finit par embrasser presque tout l'Hindoustan et qui atteignit son apogée sous Aureng-Zeyb. Mais ici, comme dans tous les gouvernements despotiques de l'Asie, la mollesse, la trop grande puissance des gouverneurs de provinces, les rivalités des prétendants au trône, affaiblissent bientôt les ressorts de l'État. Le terrible Nadir pille Delhi (1739), et laisse l'empire mongol irrémédiablement affaibli. Les soubabs et nababs mongols, les radjahs et les tribus de race hindoue, surtout les Mahrattes et les Seikhs, se soulèvent et forment des États indépendants. — Jusqu'au XVe siècle, l'Europe n'avait guère connu l'Inde que par les écrivains arabes ou par les récits isolés de quelques voyageurs; mais en 1497, Vasco de Gama doubla le cap de Bonne-Espérance, et vint aborder sur les côtes occidentales de la presqu'île cisgangétique. Pendant le XVIe et le XVIIe siècle toutes les côtes de l'Inde, furent explorées par les Portugais et les Hollandais; cependant ces deux peuples ne possédèrent jamais que des places maritimes et ne purent pénétrer jusqu'au cœur du pays : il était réservé aux Français et aux Anglais d'aller plus loin. Au XVIIIe siècle, les gouverneurs français La Bourdonnais et Dupleix profitent des divisions et de l'affaiblissement des Mongols pour agrandir la France dans l'Inde (1745-1756); mais la cour de Versailles, au lieu de soutenir leurs efforts, les laisse livrés à eux-mêmes : alors les Anglais, sous la direction de la Compagnie des Indes (V. ce nom) et sous la conduite de Clive et de Warren Hastings, reprennent le rôle que déserte Louis XV : ils commencent par fonder la dévannie du Bengale ; ils font du nabab d'Aoude leur vassal; ils obtiennent par surprise et par ruse Bénarès et beaucoup d'autres villes importantes; des guerres heureuses contre les Français, contre les deux rois de Maïssour (Haïder-Ali et Tippou-Saïb), contre les Mahrattes, contre tous les indigènes, finissent, vers 1817, par les rendre maîtres de presque tout l'Hindoustan, qu'ils possèdent, soit comme provinces immédiates, soit comme fiefs placés sous leur protection. Cependant l'inique annexion du roy. d'Aoude, opérée en 1856 par le gouverneur général Dalhousie, jointe à diverses causes d'un mécontentement longtemps contenu, donne lieu en 1857 à la révolte des Cipayes et à une insurrection formidable. Le signal fut donné à Meerout, dans le Bengale, par un régiment de cavalerie indigène (mai 1857) : les insurgés furent bientôt maîtres de Delhi et de Lucknow, qui devinrent leurs principales places d'armes. Après deux ans de lutte, les Anglais finissent par comprimer la révolte et réussissent même à étendre leurs conquêtes et à asseoir leur domination plus solidement que jamais. A la suite de cette insurrection, la Compagnie des Indes fut abolie et le gouvernement de ce vaste pays réuni à la couronne (1858).

II. INDE TRANSGANGÉTIQUE, INDE AU DELÀ DU GANGE ou INDO-CHINE, grande péninsule de l'Asie mérid., entre 88° et 107° long. E., 1° et 27° lat. N., a pour bornes au N. l'empire chinois, à l'E. la mer de Chine, à l'O. le golfe de Bengale, au S. ces deux mêmes mers ou bras de mer, et le détroit de Singapour. On peut partager l'Inde Transgangétique en 5 grandes divisions, subdivisées elles-mêmes en de nombreux États :

Divisions. Pays qu'elles comprennent.
Birmannie propre ou Ava.
Empire Birman. Martaban.
Laos Birman, etc.
Assam.
États conquis par les Anglais. Cassay.
Aracan.
Pégu.
Singapour.
Siam proprement dit.
Royaume de Siam Cambodje siamois.
Laos siamois.
Presqu'île de Malacca.
Malacca indépendant. Royaumes de Pérak, Salengore, Djohore, Pahang et Roumbo.
Cochinchine
Tonquin.
Empire d'Annam ou de Vietnam. Tsiampa.
Cambodje annamite.
Laos annamite.
Bao.
Archipel d'Andaman.
Îles – de Nikobar.

Un golfe profond, le golfe de Siam, découpe la côte sud du pays et en détache une presqu'île fort longue, celle de Malacca. Plusieurs chaînes de montagnes très-longues et assez hautes courent parallèlement aux côtes et laissent entre elles passage à de longs fleuves, l'Arakan, l'Iraouaddy, le Zittang, le Salouen, le Menam, le Mei-Kong. Le climat, le sol, offrent un peu moins de variété que dans l'Hindoustan, mais les produits en sont peut-être plus riches encore: soie, coton, étain, bois de tek et de sandal; gomme laque, huile, sucre, ivoire, poivre, nids d'oiseaux, tout y abonde; on y recueille aussi des rubis, des agates, etc. Malheureusement, les habitants sont féroces; ils sont sans cesse en guerre entre eux, et les frontières qui les séparent sont comme des déserts. Il en résulte que l'agriculture est négligée, l'industrie et le commerce très-peu développés. Cependant le port franc de Singapour est une des places marchandes les plus riches du monde. Au reste on connaît très-imparfaitement les peuples de l'Indo-Chine ; ils sont peu sociables, et les missionnaires, malgré leur zèle, ne pénètrent chez eux qu'avec la plus grande peine et n'en reviennent que rarement. Ces peuples sont presque tous Bouddhistes. — Les anciens connaissaient fort peu l'Inde Transgangétique. On croit cependant que leur pays des Sines y était compris et que la presqu'île de Malacca correspond à leur Chersonèse-d'Or. Du reste, les modernes eux-mêmes n'ont que fort peu de notions sur l'histoire de cette contrée (V. les articles spéciaux des pays que renferme l'Indo-Chine.)

INDE ANGLAISE. On comprend sous ce nom les nombreux territoires que la Grande-Bretagne possède dans les Indes orientales, et dont voici l'énumération :

1° Dans l’Inde Cisgangétique. Il y faut distinguer les possessions immédiates ou provinces soumises, et possessions médiates ou pays tributaires.

A. Possessions immédiates. Elles ont été longtemps divisées en trois grandes présidences : Calcutta, Madras et Bombay, qui se subdivisent comme il suit :

Présidences. Pays.
Bengale.
Béhar.
Allahabad.
Aoude.
Calcutta. Agra.
Delhi.
Ghéroual.
Adjemir.
Orissa.
Gandouana.