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position au costume débraillé des républicains, affectaient une grande recherche dans leur mise, leurs manières et leur parler. Ils représentaient le parti réactionnaire.

INCULISMA, nom latin d’Angoulême.

INDE, INDES ORIENTALES, nom donné vulgairement à l’ensemble des deux grandes péninsules de l’Asie mérid., qui sont séparées par le Gange, et qui sont dites, l’une Inde en deçà du Gange, Inde Cisgangétique ou Hindoustan, l’autre Inde au delà du Gange, Inde Transgangétique, ou Indo-Chine.

I. INDE CISGANGÉTIQUE, grande presqu’île de l’Asie mérid., s’étend de 7o  27' à 31° 40' lat. N., et de 65° à 90° long. E. Elle a la forme d’un triangle dont la pointe est au S., la base au N. : le côté occidental est baigné par la mer des Indes, le côté oriental par le golfe de Bengale ; au N. elle a pour limite les monts Himalaya. Sa longueur est de plus de 3000 kil. du N. au S. ; sa plus grande largeur est de 2500 kil. de l’E. à l’O. : sa surface excède 3 160 000 kil. carrés, et sa population dépasse, dit-on, 200 000 000 d’hab. L’Inde en deçà du Gange peut se partager géographiquement en 4 régions: l’Hindoustan septentrional, comprenant les contrées montueuses à l’E. du Sutledje jusqu’aux frontières du Boutan, plus la vallée de Cachemire, le Ghéroual, le Népal ; l’Hindoustan méridional, comprenant la plus grande partie de l’anc. empire mongol (Lahore, Moultan, Sind, Katch, Guzzerat, Malwa, l’Adjemir, Delhi, Agrah, Aoude, Allahabad, Beliar, Bengale) ; le Décan septentrional, s’étendant depuis la Nerboudda au N. jusqu’à la Toumbedra et la Krichna au S. (Kandeich, Aurengabad, Bedjapour, Haïderabad, Bider, Bérar, Gandouana, Orissa, Circars septentrionaux) ; le Décan méridional, terminant le continent et s’étendant jusqu’au cap Comorin (Kanara, Malabar, Kotchin, Travancor, Coïmbetour, Karnatic, Salem ou Barramahal, Maïssour, Balaghat). À la 4e région appartiennent les Laquedives et les Maldives, plus l’île de Ceylan. On désigne vulgairement la côte S. O. de la presqu’île sous le nom de Côte de Malabar, la côte S. E. sous celui de Côte de Coromandel.

Les monts Himalaya, qui bornent au N. l’Hindoustan, étendent dans ce pays de nombreuses ramifications ; plus au S. se voient les Ghattes, les Nilgherri, les monts Vindhia. Parmi les fleuves les plus remarquables, sont d’abord le Gange et le Sind (Indus), grossis chacun par une multitude d’affluents (Hougly, Bagirathy, Djemnah, Sutledje, etc.) ; viennent ensuite le Brahmapoutre, presque aussi considérable que le Gange, le Godavéri, la Nerboudda, la Krichna, le Tapti, le Kavéri — Le climat varie selon la hauteur à laquelle on s’élève ; mais dès qu’on n’est plus sur les montagnes, il est généralement très-chaud. On ne connaît aux Indes que deux saisons, la sèche et la pluvieuse : dans celle-ci, l’eau tombe à torrents, les fleuves couvrent la campagne. Deux moussons se partagent l’année: celles du N., qui souffle de mai en octobre, celle du S., qu’interrompent quelques vents moins constants (entre autres un vent d’ouest ou de terre qui est souvent meurtrier). Les orages sont épouvantables ;le vent suffit pour déraciner de vieux arbres. L’air est généralement sain ; mais il survient fréquemment des épidémies meurtrières, surtout le choléra. Le sol est d’une fertilité incomparable en grains, fruits, riz, canne à sucre, coton, plantes tinctoriales et oléagineuses (indigo, safran, oliviers, etc.). Vastes forêts, remplies d’arbres magnifiques et précieux (sandal, cocotier, manguier, gommier, etc.). Mines d’or, d’argent, de cuivre, d’étain, de zinc, de sel ; beaux diamants (ceux du Bengale, de Bundelkand, de Golconde, sont les plus beaux de l’univers), rubis, saphirs, améthystes, tourmalines, etc. Une foule d’oiseaux au riche plumage peuplent les forêts ; la mer, les rivières fournissent une pêche abondante ;le mytile à perles est très-commun au cap Comorin. Mais aussi les animaux funestes fourmillent dans l’Inde : scorpions, serpents venimeux, moustiques en quantités innombrables, gavials (ou crocodiles d’Asie), lions, hyènes, panthères, tigres (nulle part ils ne son plus beaux que dans l’Inde). — Les habitants appartiennent à des races diverses. Outre les Hindous qui sont les indigènes, on trouve chez eux des Malais, des Mongols, des Chinois, des Guèbres ou Parsis, des Arabes, des Turcs, enfui depuis le dernier siècle un très-grand nombre d’Européens, surtout d’Anglais. Les Hindous, qui forment la majorité, sont très-doux et peu propres à la guerre ; ils sont polygames, vivent presque exclusivement de céréales et s’abstiennent en général de tout ce qui a vie ; ils vénèrent, entre autres animaux, le bœuf et l’éléphant. Leur principale industrie consiste dans certains tissus d’une perfection remarquable (châles du Cachemire, mousselines de Dakka ; toiles de coton dites indiennes, soieries, tapis). Ils sont organisés en 4 castes: Brahmes ou Brahmanes, qui sont leurs prêtres ; Chattryas, guerriers ; Waïshias ou marchands ; Soudras ou artisans: on nomme Parias ceux qui ont perdu leur caste ; ils sont méprisés et comme mis hors la loi ;leur contact est une souillure. On ne sait si certaines tribus guerrières, telles que les Mahrattes, les Pindaris, les Seikhs, les Vairs, sont de race hindoue. Chacune des races qui habitent l’Hindoustan a sa religion propre: les Hindous suivent les uns le Brahmanisme, les autres le Bouddhisme (V. ces noms) ; les Turcs pratiquent le Mahométisme, les Guèbres le culte de Zoroastre. On parle au moins 20 langues dans l’Hindoustan : les principales sont le bengali, le kanara, le mahratte, le télinga, le malabar, le tamoul: toutes dérivent de deux langues mortes, qu’on nomme langues sacrées, le sanskrit et le pali: la 1re est une des plus belles et certainement la plus riche que l’on connaisse ; les langues de l’Europe paraissent en dériver. L’Inde possède une des littératures les plus riches et les plus anciennes du monde: elle se compose des védas, livres sacrés auxquels se rattachent les upavedas et les puranas, vastes commentaires qui contiennent toute une encyclopédie ; de plusieurs poèmes immenses, tels que le Mahabarata, le Ramayana, le Savitri ; d’un grand nombre de drames ; enfin d’ouvrages philosophiques, où l’on trouve en germe tous les systèmes de la Grèce aussi bien que ceux des temps modernes, etc.

Histoire. Les commencements de l’histoire de l’Inde sont entièrement fabuleux ; les Hindous font remonter leur origine à une antiquité exagérée ; cependant, en réduisant leurs calculs à de justes proportions, on peut placer le commencement de leur 1re dynastie (celle des rois Chandras) à l’an 3200 av. J.-C. Manou fut leur ler législateur. Le culte de Brahma remonte à la plus haute antiquité. On place vers la VIe s. av. J.-C. l’introduction du Bouddhisme. Jusqu’au temps d’Alexandre, les Grecs ne connurent guère ce pays que de nom. Depuis cette époque, diverses expéditions successives le firent de mieux en mieux connaître. Alexandre soumit une partie du Pendjab, où régnait Porus, et descendit l’Indus jusqu’à son embouchure. Séleucus I Nicator pénétra jusqu’au Gange, vainquit Sandracottus (Chandra-Goupta), et établit des relations commerciales entre ses sujets et les Hindous. Les Lagides, de leur côté, ne tardèrent pas à diriger d’Égypte dans l’Inde des flottes qui revenaient chargées de denrées. La décadence des Séleucides ralentit pour un temps les relations commerciales entre l’Inde et l’Occident: aussi a-t-on peu de détails sur l’Inde à cette époque. Cependant on voit la cour impériale de Byzance recevoir plusieurs ambassades indiennes ; au VIe siècle de notre ère, le moine Cosmas Indicopleuste visita une grande partie de l’Inde et en rapporta le ver à soie. Les conquêtes des Musulmans au commencement du VIIIe siècle, et notamment celles de Kotaïbah, général du calife Abdel-Mélek, qui soumit les rives du Sind vers l’an 707, ajoutèrent aux connaissances que l’Occident possédait déjà sur l’Inde. L’histoire vraiment authentique de cette contrée ne commence guère qu’à l’an 1000 de J.-C., époque de la conquête d’une grande partie de l’Inde