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mine, ces peuples se virent, au commencement du IVe siècle, obligés d'abandonner les steppes de la Tartarie, émigrèrent vers l'Occident, et se partagèrent dans leur marche en deux corps de nation : les uns vinrent se fixer sur l'Oxus, à l'E. de la mer Caspienne, où ils reçurent le nom d’Ephtalites ou Huns blancs (V. ci-après) ; les autres se dirigèrent sur l'Oural, d'où ils descendirent jusqu'au Caucase, et se répandirent sur l'Occident : ce sont ces derniers qui sont spécialement connus sous le nom de Huns. — Les Huns ne commencent à figurer dans l'histoire de l'Europe qu'à la fin du IVe siècle. Vers 376 ils traversèrent le Palus Mæotis sur la glace, sous la conduite de Balamir, leur roi, subjuguèrent les Alains, puis les Goths, dont ils détruisirent le vaste empire (V HERMANARIC), vinrent s'établir dans le voisinage de l'empire d'Orient, menacèrent Constantinople et forcèrent les empereurs à leur payer tribut. Théodose II ayant voulu secouer ce joug honteux, ils franchirent la frontière, dévastèrent la Thrace, l'Illyrie, et se firent céder toute la rive droite du Danube (446). Leur puissance fut portée au plus haut degré par Attila, dont les États s'étendirent de la mer Caspienne au Rhin (V. ATTILA). Après avoir tout soumis et ravagé sur sa route, il vint échouer en Gaule, et fut battu près de Châlons-sur-Marne, en 451, par le patrice Aétius, avec l'aide des Francs, des Visigoths et des Bourguignons. Repoussées de la Gaule, les hordes des Huns se tournent vers l'Italie, détruisent Aquilée, saccagent la Vénétie, menacent Rome; mais arrêtées, dit-on, par les supplications du pape Léon ou séduites par les riches présents de l'empereur Valentinien III, elles consentent à abandonner l'Italie (452). Peu après, la mort d'Attila (453) fit évanouir cette puissance colossale. Ses fils s'étant disputé le trône, les peuples soumis profitèrent de leurs divisions pour secouer le joug, et plusieurs fondèrent de nouveaux empires (V. GÉPIDES, GOTHS, AVARES). Toutefois un des fils d'Attila, Dinghitsik, se soutint encore quelque temps à la tête d'une partie des Huns dans la Hongrie, pays qui a conservé leur nom. Un autre fils du conquérant, Irmak, ramena en Asie les restes de la nation. Plusieurs de leurs tribus s'établirent alors sur les bords de la mer Noire, depuis le Danube jusqu'au Don, et près du Caucase, où elles sont connues sous le nom de Hunigares ou Hounogoures, Akhatzires ou Khazars, Cidarites, Koutrigoures, Outourgoures, etc. — Les Huns menaient la vie nomade; ils étaient farouches, perfides, d'une laideur qui les rendait hideux; ils avaient le nez écrasé, les yeux petits et percés comme des trous ; ils vivaient à cheval et campaient sous des tentes. Parmi leurs rois on connaît Balamir (376-400), Uldin (400-412), Caraton (412-424), Roïlas, vers 425, Roua et Attila, qui régnèrent quelques années ensemble (427-433), Attila, qui régna seul (433-453). Attila avait sa principale résidence dans l'anc. contrée des Iazyges, entre le Danube et la Theiss, vers la Zagiva; il habitait une grande chaumière de bois. De Guignes a écrit une Histoire des Huns, des Turcs et des Mongols (1756-1758).

HUNS CIDARITES, habitaient à l'O. de la mer Caspienne, entre le pas de Derbend et le Volga, au Ve et peut-être dès le IVe siècle; ils avaient pour capit. une ville de Balaa. Ils furent très-souvent en guerre avec les princes sassanides de Perse.

HUNS EPHTALITES, nommés par les Grecs Huns blancs à cause de leur civilisation et de leur douceur, à l'E. de la mer Caspienne, sur les bords de l'Oxus, dans le S. du Turkestan actuel, avaient pour capitale Varakhchan. On croit qu'ils vinrent s'établir dans cette contrée lors de la grande émigration des Huns au IVe s. Ils furent souvent en guerre avec les rois sassanides de Perse ; ils mirent sur le trône de Perse Firouz I (Perosès), et y rétablirent Kabad (Cabadès), qui en avait été chassé. Ils finirent par se confondre avec les Turcs.

HUNT (Henry), démagogue radical, né à Wittington (comté de Wilt) en 1773, mort en 1835, était un des plus riches fermiers de son pays. Il parcourut l'Angleterre, prêchant partout la réforme universelle et provoquant des rassemblements qui souvent devinrent menaçants. Arrêté en 1820 à la suite d'un meeting tumultueux qui avait eu lieu à Manchester, il se vit condamné à un an de prison. Après plusieurs tentatives inutiles, il parvint enfin en 1831 à se faire élire membre de la Chambre des Communes; mais il joua un rôle fort secondaire dans cette assemblée. En même temps qu'il prêchait la réforme, Hunt débitait par les rues diverses marchandises de sa fabrication, notamment du cirage, ce qui lui donnait l'apparence d'un charlatan.

HUNTER, nom de deux frères écossais qui se sont également distingués dans la chirurgie. William, l'aîné, né en 1718 dans le comté de Larnak, mort à Londres en 1783, vint exercer son art à Londres, devint membre de la corporation des chirurgiens, fut élu membre de la Société royale de Londres (1767), puis associé étranger de l'Académie des sciences de Paris. Il est surtout connu par son Anatomia uteri gravidi, 1774., en 34 planches in-fol. Il fonda à Londres une école et un muséum d'anatomie qu'il légua à l'Université de Glasgow, dans laquelle il avait été élevé. — Son frère, John, né en 1728, mort en 1793, l'aida dans ses recherches anatomiques, et fit lui-même d'importantes découvertes, particulièrement sur les dents et sur le développement de la rage. Il servit comme chirurgien militaire, devint chirurgien de l'hôpital St-George à Londres, chirurgien du roi et chirurgien en chef de l'armée, et fut comme son frère membre de la Société royale. Il a publié : Histoire naturelle des dents et de leurs maladies, 1771 ; Traité sur les plaies d'armes à feu, 1794. Il inventa, pour opérer la fistule lacrymale, un instrument qui a conservé son nom, et perfectionna le traitement des anévrismes. Ses Œuvres complètes, réunies par le docteur Palmer, ont été traduites par G. Richelot, 1843.

HUNTINGDON, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de même nom, sur l'Ouse, à 91 kil. N. de Londres; 3267 hab. Patrie de Cromwell. — Le comté, jadis habité par les Iceni, est enclavé entre ceux de Northampton et de Cambridge, sauf au S. O., où il est borné par celui de Bedford : il a 49 kil. sur 35, et compte 60 000 h. Pays agricole, presque sans industrie, marécageux en grande partie.

HUNYAD, comitat des États autrichiens (Transylvanie), dans le pays des Hongrois, au S. O., est borné au N. et au N. E. par les comitats de Zarand et de Weissembourg inférieur, au S. et au S. E. par la Valachie, à l'O. par les comitats d'Arad, de Krassova; 150 000 hab.; ch.-l., Nagy-Enyed.

HUNYADE (Jean), surnommé Corvin, vaïvode de Transylvanie, né vers 1400, descendait, dit-on, des Paléologues, empereurs de Constantinople; suivant d'autres, il aurait eu pour père l'empereur Sigismond. Il avait déjà plusieurs fois vaincu les Ottomans, lorsqu'en 1440 il fut nommé vaïvode de Transylvanie par le jeune Wladislas, roi de Pologne et de Hongrie. Après la mort de Wladislas (1444), il fut appelé à gouverner la Hongrie pendant la minorité de Ladislas V ; durant une régence de 12 années, il prouva qu'il était aussi grand politique que bon guerrier. En 1448 il soutint pendant trois jours dans les plaines de Cassovie tout l'effort de l'armée ottomane, quatre fois plus nombreuse que la sienne; en 1456 il mit le comble à sa gloire par sa belle défense de Belgrade contre Mahomet II. Il mourut cette même année de ses blessures, laissant à la Hongrie un second défenseur dans la personne de son fils, Mathias Corvin (V. ce nom). Les Turcs le surnommaient le Diable. La famille des Hunyades avait dans ses armes un corbeau tenant dans son bec un anneau d'or ; il est probable que c'est de là que lui vint le surnom de Corvin (Corvinus).

HUON. V. VILLENEUVE (Huon de).

HUOT (J. J. Nic.), né en 1790, mort en 1845,