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tions diverses. On a voulu y voir l'emblème de la beauté de l’âme (dont le nom grec est psyché), de son union avec le corps, des épreuves qu'elle subit sur la terre et de l'immortalité à laquelle elle est destinée. Ce qu'elle paraît offrir de plus clair, c'est que le bonheur ne dure qu'autant que dure l'illusion.

PSYLLES, Psylli, jongleurs d’Égypte et de Libye, prétendaient avoir le don de neutraliser le venin des serpents et de les tuer par leur seule présence. Hérodote en a fait à tort un peuple particulier, qu'il place dans l'intérieur de la Cyrénaïque.

PTOLÉMAÏS, nom commun à beaucoup de villes anciennes, fondées ou embellies par les Ptolémées. Les principales sont : 1° une ville de Syrie nommée d'abord Acco, auj. St-Jean-d'Acre, célèbre dans l'histoire des croisades; — 2° une ville de Cyrénaïque qui servait de port à Barcé et dont il reste de vastes ruines : c'est auj. Tolometa; — 3° une v. de la Hte-Égypte, en Thébaïde, auj. Menchit-el-Nédé, sur la r. g. du Nil, au S. de Panopolis, fondée par Ptolémée Philadelphe et l'une des places les plus commerçantes de l’Égypte; — 4° une autre v. d’Égypte, sur le golfe Arabique (mer Rouge) et sur les frontières des Troglodytes, près du cap appelé auj. Assyz-Ras. On la nommait Ptolémaïs thérôn, à cause des bêtes féroces qui infestaient ses environs. On croit que c'est la ville actuelle de Mersa-Mubarak en Abyssinie.

PTOLÉMÉE I, Ptolemæus, dit LAGUS (du nom de son père), et SOTER (c.-à-d. Sauveur), roi d’Égypte, fondateur de la dynastie des Lagides, passait pour fils d'une maîtresse de Philippe qui aurait ensuite épousé Lagus, un des principaux officiers de ce prince. Il suivit Alexandre en Asie, et fut un des trois officiers qui lui sauvèrent la vie dans la ville des Oxydraques. A la mort du roi (323 av. J.-C.), il reçut l’Égypte en partage. Il s'unit aux autres généraux contre Perdiccas, qui trouva la mort en envahissant l’Égypte, 320, puis contre Antigone, dont il battit à Gaza le fils Démétrius, 313, et s'empara de la partie S. de la Syrie et de la Palestine. En 306, il prit le titre de roi, à l'exemple de ses collègues. En 301, il contribua à la victoire d'Ipsus sur Antigone, après laquelle il unit à ses États la Cyrénaïque, la Libye, Cypre, la Célésyrie et la Palestine. Non moins actif à l'intérieur, il fortifia Alexandrie, remplit cette ville de monuments et de temples, commença la tour du Phare, fonda la bibliothèque du Sérapion, protégea les sciences, les lettres, attira les savants, créa le Musée, s'occupa même de la religion et introduisit ou restaura en Égypte le culte du dieu Sérapis. Il écarta du trône l'aîné de ses fils, Ptolémée Céraune, dont il craignait la violence, et abdiqua en faveur du second, Ptolémée Philadelphe (285). Sa mort n'eut lieu que deux ans après cette abdication. — II, Philadelphe (c.-à-d. l’Ami de ses frères, surnom ironique qui, dit-on, lui fut donné à cause de sa haine contre ses frères), fils du préc., né à Cos en 309 av. J.-C., monta sur le trône en 285, fit tuer Arsène, son plus jeune frère, tandis que Ptolémée Céraunus, l'aîné, fuyait l’Égypte, punit de mort Méléagre, un autre de ses frères, qui avait favorisé une révolte en Cypre, et contint Cyrène, que son 3e frère, Magas, poussait à l'insurrection. Il répudia la fille de Lysimaque, Arsinoé, pour épouser une autre Arsinoé, sa sœur de père. Ptolémée Philadelphe aimait les lettres et les sciences; il fit traduire en grec les livres sacrés des Hébreux (version des Septante), augmenta la bibliothèque fondée par son père, et fit beaucoup pour l'astronomie et la navigation; il répara le canal de jonction entre la Méditerranée et la mer Rouge, creusa des ports, fit explorer la Nubie et le Nil supérieur, et fonda plusieurs villes dont quelques-unes prirent de lui le nom de Philadelphie. Au dehors, il s'allia avec Rome, défendit la liberté de la Grèce contre Antigone Gonatas, et prévint les attaques d'Antiochus Théos, roi de Syrie, en envoyant des troupes dans ses États. Il mourut en 247. C'est un des plus grands rois de la dynastie. Quelques-uns expliquent son surnom de Philadelphe par l'affection qu'il avait pour sa sœur (adelphé), qu'il épousa. — III, Évergète (c.-à-d. le Bienfaiteur), fils et successeur du préc., né vers 283 av. J.-C., régna de 247 à 222, envahit la Syrie, franchit l'Euphrate, occupa la Babylonie, la Susiane, la Perside, pénétra jusqu'à Bactres, rapporta de Perse en Égypte les images des dieux nationaux, enlevées par Cambyse et Darius (c'est ce qui lui valut son surnom), conquit aussi l’Éthiopie, comme l'atteste le célèbre monument d'Adulis (V. ce nom), seconda les efforts d'Aratus pour l'indépendance achéenne, et accueillit Cléomène battu par les Macédoniens. Il eut pour femme Bérénice, sa propre sœur, si célèbre par l'enlèvement de sa chevelure. V. BÉRÉNICE. — IV, Philopator (c.-à-d. l’Ami de son père, surnom ironique qui lui fut donné parce qu'on l'accusait d'avoir empoisonné son père), fils de Ptolémée III, régna de 222 à 205. Soumis à d'indignes ministres, Agathocle et Sosibe, il persécuta Cléomène, le réduisit à tenter une révolte, puis le massacra et outragea son cadavre. En guerre avec Antiochus le Grand, il perdit d'abord la Syrie presque entière, mais la vict. de Raphia lui assura la possession de la Palestine, de la Phénicie et de la Cœlésyrie (217). Il fit mourir Arsinoé, sa sœur et femme, et mourut abhorré et méprisé de ses sujets. — V, Épiphane (c.-à-d. l’Illustre), fils et successeur du préc. (205-181), avait cinq ans à la mort de son père, et fut toujours le jouet de ses ministres (Agathocle, Sosibe le Jeune, Tlépolème). Une guerre malheureuse avec Antiochus signala sa minorité; la révolte de Lycopolis, les projets ambitieux de Scopas, de Dicéarque, d'affreux désordres à Saïs, à Naucratis et dans plusieurs autres villes, ensanglantèrent le reste de son règne. Il ne les comprima qu'à l'aide de Grecs mercenaires et à force de cruautés. Pour consolider son trône, les régents avaient confié au Sénat romain la tutelle du jeune roi. Il mourut empoisonné. — VI, Philométor (c.-à-d. l’Ami de sa mère), fils et successeur du précéd. (181-146), avait cinq ans en montant sur le trône, et eut pour régente sa mère Cléopâtre, princesse syrienne, qui sut défendre l’Égypte contre les attaques du roi de Syrie Antiochus IV. Il fut pris en 170 par les Syriens, resta quatre ans prisonnier, régna ensuite deux ans conjointement avec son frère Ptolémée VII ou Évergète II, qui avait gouverné en son absence, se vit attaqué de nouveau par Antiochus, mais fut délivré par l'intervention du consul Popilius Lénas, qui signifia au roi de Syrie de respecter l'allié du peuple romain (164). Par l'ordre du même Popilius, il céda la Libye, la Cyrénaïque et l'île de Cypre à Ptolémée Évergète II à titre de royaume particulier. Plus tard, voulant profiter des troubles de la Syrie, il fit tour à tour alliance avec Alexandre Bala et avec Démétrius. Il périt de ses blessures après avoir remporté sur Bala la vict. de l'Oronte. — VII, Évergète II (c.-à-d. le Bienfaiteur, par antiphrase), gouverna de 170 à 166, pendant la captivité de son frère Philométor, régna conjointement avec lui de 166 à 164, obtint par l'intervention de Popilius le roy. de Libye et Cyrénaïque, auquel plus tard il fit joindre Cypre, revint en armes sur l’Égypte à la mort de Philométor (146), força sa veuve à l'épouser et promit de laisser régner avec lui le jeune Ptol. Eupator, fils de ce prince, mais bientôt il l'assassina dans les bras de sa mère. Il se rendit le jouet de tous par ses extravagances, et devint tellement odieux par ses vices et ses cruautés qu'il fut forcé d'abandonner Alexandrie (131). Cependant il parvint à se faire rétablir, grâce aux talents de son général Hégéloque et aux troubles de la Syrie, et il resta sur le trône Jusqu'à sa mort, en 117. Outre le surnom dérisoire d’Évergète, on lui donnait ceux de Kakergète (malfaisant) et de Physcon (ventru). — VIII, Soter II, fils du préc., monta sur le trône l'an 117 av. J.-C. Il fut dix ans sous le joug de sa mère Cléopâtre, favorisa Antiochus de Cyzique, roi de Syrie, contre son compétiteur