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par les électeurs Frédéric II et Albert l'Achille pendant les guerres des Hussites, en prêtant leur secours à l'empereur Frédéric III (1440-1486); l'introduction du Luthéranisme en Brandebourg et en Prusse (1521 et années suiv.); la sécularisation de la Prusse orientale, en 1525, sous Albert de Brandebourg, grand-maître de l'Ordre Teutonique ; l'influence acquise dès 1577 par les électeurs de Brandebourg sur la Prusse, dont ils finissent par rester maîtres (1618); le règne glorieux et utile du grand-électeur Frédéric-Guillaume, qui fut le vrai créateur du roy. de Prusse, et qui accrut considérablement la population de ses États en les ouvrant aux réfugiés français après la révocation de l'édit de Nantes ; le changement du duché en royaume de Prusse sous Frédéric I (1701) et la participation de ce prince à la grande guerre du Nord (1701 et années suiv.), guerre qui, par la paix de Stockholm, lui valut de nouveaux agrandissements ; le règne de Frédéric II ou le Grand qui, effaçant tous ses prédécesseurs, fut pendant 40 ans le prince le plus influent de l'Europe, ajouta la Silésie et la Prusse occid. à ses États, résista presque seul à la plus redoutable coalition (guerre de Sept ans, 1756-63), empêcha l'Autriche de faire main basse sur la Bavière (1777), et fit de la Prusse un contre-poids à la puissance de l'Autriche ; la part que prirent ses deux successeurs à la lutte européenne contre la France, l'invasion des Prussiens en Champagne (1792), la paix de Bâle (1795), les campagnes de 1806 et 1807, signalées par la défaite d'Iéna, par l'occupation de Berlin et la perte d'une moitié des États prussiens, et terminées en 1807 par la paix de Tilsitt ; la jonction de la Prusse à la Russie après le désastre de Moscou (1812), l'entrée des Prussiens en France après la bataille de Leipsick, et leur réintégration avec usure dans les provinces qu'ils avaient perdues. Fréd.-Guillaume III établit des Assemblées provinciales, ayant voix consultative (1820). En 1847, Fréd.-Guillaume IV accorda la Diète réunie, où étaient convoqués les membres des assemblées provinciales. A la suite de la révolution qui venait d'éclater en France en 1848, une nouvelle constitution fut jurée par le roi le 6 février 1850 ; elle établissait 2 chambres, la Chambre des Seigneurs et celle des Députés, le vote de l'impôt et des lois par ces chambres et la responsabilité des ministres. Son successeur, Guillaume Louis (1861), eut d'abord à soutenir de nouveaux débats au sujet de la Constitution ; mais secondé par un ministre habile, M. de Bismarck, il donna un autre cours aux idées de son peuple : il obtint de faciles succès contre le Danemark (1864), vainquit l'Autriche à Sadowa (3 juillet 1866), agrandit son roy. du Holstein, du Slesvig, du Lauenbourg, du Hanovre, de la Hesse-Électorale et Supérieure, de Nassau, de Hambourg et de Francfort, se mit à la tête de l'Allemagne dans une guerre heureuse contre la France (1870-71), et fut proclamé empereur d'Allemagne. L’Histoire de la Prusse a été écrite par Stenzel, 1830, J. Voigt, 1839, E. Véron, 1867,

Voici la série des souverains de la Prusse depuis l'acquisition du Brandebourg.

Margraves électeurs de Brandebourg.
Fréd.-Guillaume, le Grand-Électeur, 1640
Frédéric I, 1415 Frédéric III, 1688
Fréd. II, Dent de Fer, 1440
Rois de Prusse.
Albert, l'Achille, 1471 Frédéric I (le même que Frédéric III), 1701
Jean, le Cicéron, 1486
Joachim I, le Nestor, 1499 Frédéric-Guill. I, 1713
Joachim II, l'Hector, 1534 Fréd. II, le Grand, 1740
Jean-George, 1571 Fréd.-Guill. II, 1786
Joachim-Frédéric, 1598 Fréd.-Guill. III, 1797
Jean-Sjgismond, 1608 Fréd.-Guill. IV, 1840
George-Guillaume, 1619 Guillaume-Louis, 1861

PRUSSE proprement dite, une des 8 provinces du royaume de Prusse, a pour bornes : à l'E. la Russie, au S. la Pologne russe, à l'O. la Poméranie et le Brandebourg, au N. la Baltique ; capitale, Kœnigsberg. De forme oblongue, elle a 600 kil. de l'O. à l'E., sur une largeur qui varie de 25 à 150. On la divise en 4 gouvts : Kœnigsberg, Gumbinnen, Dantzick, Marienwerder. Elle est arrosée par la Vistule et contient en outre beaucoup de lacs, d'étangs et de marais, ainsi que les deux Haff. Climat insalubre, sol plat, froid, peu fertile ; ambre sur les côtes. — La Prusse eut dans les temps anciens pour habitants les Gultones, les Essyens, les Vindiles, etc.; elle fut ensuite occupée par les Goths et comprise dans l'empire gothique. Après le départ des Goths, elle fut envahie par des tribus slaves, parmi lesquelles étaient les Lettones et les Borussi ou Porussi, qui habitaient sur les bords de la Vistule, et qui donnèrent leur nom au pays. Au commencement du XIIIe s., le duc de Mazovie Conrad tenta de les assujettir et de les convertir au Christianisme (1207), mais il fut repoussé, et les Prussiens dévastèrent cruellement ses États ; il appela contre eux les Porte-Glaive (1215), puis les Chevaliers Teutoniques (1226). Ceux-ci, sous leur grand maître Hermann de Salza (1230), entamèrent la conquête de ces contrées barbares ; elle ne fut achevée qu'en 1283. Forcé en 1290 de quitter la Terre-Sainte, l'Ordre finit par établir son siége principal et sa grande maîtrise en Prusse, à Marienbourg (1309). Sous sa domination, la Prusse prospéra quelque temps. Mais dans la suite l'Ordre fut affaibli par des guerres perpétuelles avec la Lithuanie, la Pologne, le Brandebourg ; puis le faste, les rapines et les cruautés des chevaliers exaspérèrent le pays contre eux, et il en résulta, sous le grand maître Louis d'Erlischhausen, une insurrection terrible (1454) : la noblesse et les villes coalisées, secouant le joug de l'Ordre, se placèrent sous la protection de la Pologne. La paix de Thorn (1466) mit fin à la guerre, en faisant de la Prusse deux parts : L'une, à l'O, (Prusse royale), devint partie du royaume de Pologne ; l'autre, à l'E. (Prusse teutonique), restait à l'Ordre, mais sous la suzeraineté polonaise. Afin d'échapper à ce joug, l'Ordre choisit pour grand maître en 1511 le margrave Albert de Brandebourg. Celui-ci conclut avec le roi Sigismond de Pologne la paix de Cracovie, 1525, en vertu de laquelle il convertit la Prusse en un duché séculier, qu'il garda comme fief de la Pologne et qu'il rendit héréditaire dans sa propre famille. Albert-Frédéric ou II, son fils, lui succéda ; mais, ce prince étant tombé dans un état d'imbécillité en 1573, ses États furent administrés par Jean-George, puis par Joachim-Frédéric et par Jean-Sigismond, ses parents. Ce dernier fut investi du duché en 1618, à la mort d'Albert II, et, ayant fait épouser une des filles d'Albert par son fils, il fixa dans la ligne à laquelle il appartenait la couronne ducale de Prusse. Depuis cette époque, la Prusse est restée à la maison électorale de Brandebourg, d'abord comme fief polonais et plus tard comme possession indépendante (V. l'art, précédent).

PRUSSE RHÉNANE. On nomme souvent ainsi toutes les possessions de la Prusse sur le Rhin et à l'O. du Weser. V. Grand-duché du BAS-RHIN et prov. du RHIN.

PRUTH, Poras, Hierasus ? riv. qui sert de limite entre la Russie d'Europe et la Moldavie, naît en Galicie dans les Carpathes, au-dessus de Kolomea, arrose cette ville, coule au S. E. et tombe dans le Danube près de Galatz après un cours de 800 kil. — Ce fleuve est célèbre par l'échec que Pierre le Grand subit sur ses bords (à Houch près de Faltchi), et par le traité qu'il y conclut en 1711 avec les Turcs par l'entremise de Catherine : le czar dut, par ce traité, renoncer à ses nouveaux établissements sur la mer d'Azov et la mer Noire.

PRYTANÉE, nom donné par les Grecs au palais où siégeaient les prytanes, dans les villes où cette magistrature existait. On connaît surtout le Prytanée d'Athènes, réunion d'édifices situés sur la pente N. E. de l'Acropole. Il se composait de bâtiments destinés : 1° aux séances politiques ou juridiques des prytanes ; 2° à des approvisionnements en blé et autres grains ;