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Catholiques, principalement en ce qu'ils n'admettent d'autre autorité que celle de la Bible interprétée par la raison individuelle, rejettent la tradition et le pouvoir du pape, réprouvent le culte des saints, des reliques, des images, le purgatoire, les indulgences et la confession auriculaire. Cette dénomination, toute négative, s'applique indistinctement aux partisans de tous les cultes réformés. On doit aux frères Haag la France protestante, 1859, 9 vol. in-8.

PROTOGÈNE, peintre grec, né à Caunes, en Carie, vivait à Rhodes vers 336 av. J.-C, et resta longtemps obscur, réduit à peindre des vaisseaux pour vivre. Apelle fut le premier à ouvrir les yeux de ses concitoyens sur son mérite. Démétrius Poliorcète, faisant le siège de Rhodes, ordonna de respecter le faubourg où Protogène travaillait. Ses ouvrages principaux étaient des portraits de Cydippe, de Tlépolème, d’Antigone, d’Alexandre, et surtout le beau tableau du chasseur Jalyse, fondateur de Rhodes. On admirait dans ce dernier tableau l'écume qui sortait de la gueule du chien du chasseur : on raconte que l'artiste, désespérant de représenter cette écume avec vérité, avait lancé de dépit sur le tableau l'éponge qui servait à essuyer ses pinceaux, et que l'éponge, ainsi lancée au hasard, forma elle-même ce que le peintre ne pouvait imiter. Ce chef-d'œuvre périt à Rome dans un incendie du temple de la Paix.

PROTONOTAIRES APOSTOLIQUES, collége de 12 notaires, secrétaires de la chancellerie romaine, institués par Clément I pour écrire la vie des martyrs et assister aux canonisations.

PROTOPAPE, Protopapas, nom que les Grecs donnent à des prêtres d'un ordre supérieur, les simples prêtres se nommant chez eux papas.

PROTOSYNCELLE, c.-à-d. le 1er des syncelles, 1er domestique du palais patriarcal de Constantinople, était comme le vicaire du patriarche. C'était un des 1ers dignitaires ecclésiastiques de Constantinople.

PROUDHON (J.-B. Victor), doyen de la faculté de droit de Dijon, né en 1758 à Chanans (Doubs), m. en 1838 à Dijon, suivit d'abord le barreau, et fut, lors de la réorganisation des écoles, nommé professeur, puis doyen à la faculté de Dijon. La Restauration lui enleva ce titre en 1815 à cause de ses opinions libérales; mais, aucun de ses collègues n'ayant voulu accepter le décanat, l'ordonnance de révocation fut rapportée un an après. Proudhon partagea son temps entre les fonctions du professorat et la composition d'ouvrages de droit justement estimés. On a de lui : Cours de droit français, Dijon, 1810; Traité des droits d'usufruit, d'usage, d'habitation et de superficie, 1823-1827, un des chefs-d'œuvre de la science moderne; Traité du domaine public, 1833; De la distinction des biens, publ. en 1839 par Curasson; De l'état des personnes, publ. par M. Valette.

PROUDHON (Pierre Joseph), publiciste français, né à Besançon en 1809, m. en 1864, était fils d'un tonnelier; il fut d'abord ouvrier typographe, puis il débuta comme écrivain (1840 et suiv.) par quelques brochures où la hardiesse de la pensée touche souvent au paradoxe, et parmi lesquelles on distingue : Qu'est-ce que la propriété? (Il y développait cette thèse : « La propriété, c'est le vol. ») Il publia ensuite divers ouvrages sur des questions politiques et sociales : De la création de l'ordre dans l'humanité; 1843); Système des contradictions économiques (1846); Solution du problème social (1848); Le droit au travail (1848); Démonstration du socialisme, Idées révolutionnaires (1849); Confessions d'un révolutionnaire (1849); Gratuité du crédit (1850); la Révolution sociale démontrée par le coup d'État (1852); Manuel des opérations de la Bourse (1856); De la justice dans la révolution et dans l'Église ou Nouveaux principes de philosophie pratique (1858). Ces écrits lui attirèrent diverses condamnations. Il fonda également plusieurs journaux : le Représentant du peuple, le Peuple, la Voix du peuple (1848), et le Peuple de 1850. Il fut également membre de la Constituante (1848) pour le département de la Seine.

PROUILLE, monastère de religieuses de l'ordre de S. Dominique, dans le diocèse de St-Papoul en Languedoc, à 20 kil. de Carcassone, fut fondé, en 1206, par S. Dominique, qui y rassembla ses premiers disciples. Ce monastère exista jusqu'à la fin du XVIIIe s.

PROUST (Jos. L.), chimiste, membre de l’Académie des sciences, né en 1755 à Angers, m. en 1826 à Paris, fit de nombreuses découvertes, notamment celle du sucre de raisin (1799); donna la composition des hydrates, des sulfures, etc., et réussit à faire triompher contre Berthollet ce grand principe : que les corps, en se combinant, s’unissent en proportions fixes.

PROVÉDITEURS, gouverneurs des provinces dans l'anc. république de Venise. Il y avait en outre dans Venise même le provéditeur commun, chargé du soin des bâtiments et d'une partie de la police, et le provéditeur de la mer, caissier et payeur de la flotte.

PROVENCE, Provincia, anc. province et grand gouvernement de France, avait pour bornes à l'E. le Piémont et le comté de Nice, au S. la Méditerranée, à l'O. le Languedoc, au N. le Dauphiné et le comtat Venaissin, et pour capitale Aix. On y distinguait la Basse-Provence, qui comprenait 8 sénéchaussées : Aix, Arles, Marseille, Brignolles, Hyères, Grasse, Draguignan, Toulon; et la Hte-Provence, qui n'en contenait que 4 : Digne, Sisteron, Forcalquier, Castellane. Cette province a formé les dép. des Bouches-du-Rhône, du Var et des B.-Alpes, la partie orient. de celui de Vaucluse et une petite portion de celui de la Drôme. La Provence est arrosée par le Rhône, la Durance. l'Argens, le Var, le Verdon, la Sorgue et nombre de riv. côtières. A l'E., et surtout au N. E., s'élèvent des montagnes, qui font partie de la chaîne des Alpes. Beau climat, sol varié, très-fertile en beaucoup d'endroits, mais aussi beaucoup de plaines stériles; terrible vent du N. O., dit le mistral; lagunes liées à la mer; du reste, air très-salubre. Plantes du Midi : oliviers, orangers, citronniers, jujubiers, câpriers, chênes à kermès, etc.; fruits exquis, miel estimé, vers à soie en quantité. Mines de fer, houille, marbre, peu exploitées. Les Provençaux sont vifs, sobres, ingénieux; ils ont une langue à part, dérivée du latin, remarquable par sa douceur et son rhythme. Cette langue, une des premières cultivées au moyen âge, a produit une littérature assez riche : c'est la Provence qui a donné naissance aux troubadours. — Parmi les nombreuses tribus gauloises qui habitaient jadis cette contrée, on remarquait les Anatilii, les Vulgientes, les Salyes, les Deceates, les Suetrii, les Cavari, etc. Sur la côte, les Phocéens avaient fondé vers 600 av. J.-C. la ville de Massilia (Marseille), qui elle-même avait répandu autour d'elle de nombreuses colonies. Des différends survenus entre les Massiliens et les Salyes amenèrent dans cette partie de la Gaule les Romains comme alliés des premiers (125 av. J.-C.). Bientôt ils conquirent tout le pays compris entre les Alpes et le Rhône (tout en laissant Marseille indépendante) et donnèrent au pays conquis le nom de Province romaine; d'où, celui de Provence (V. PROVINCE ROMAINE). Au Ve s., Euric, ro des Visigoths, s'empara de tout ce pays. Après la bataille de Vouillé, les Visigoths le cédèrent à Théodoric, roi des Ostrogoths, qui seul pouvait le défendre; ce qui n'empêcha pas les fils de Clovis de le lui enlever. Après la mort de Louis le Débonnaire et par suite du traité de Verdun (813), la Provence échut à Lothaire, qui la laissa à un de ses fils, Charles; elle fit alors partie du royaume de Bourgogne cisjurane. Charles le Chauve, qui en était devenu maître à la mort du fils de Lothaire. en confia le gouvernement à Boson; mais celui-ci s'en fit élire roi (879). Sous ses successeurs, la Provence, annexée à de plus vastes États, eut des comtes particuliers, d'abord bénéficiaires, puis héréditaires. Rodolphe II, déjà roi de la Bourgogne transjurane, joignit à ses posses-