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PROB
PROC
— 1548 —

malgré les efforts da S. Martin de Tours, et fut exécuté en 384, avec plusieurs de ses disciples. Ce supplice n’étouffa point l’hérésie : persécutés par Honorius et par Théodose le Jeune, les Priscillianistes étaient encore nombreux au vie siècle.

PRISREND, v. forte de la Turquie d’Europe (Albanie), ch-l. de livah, sur le Drin blanc, à 108 kil. E. S. E. de Scutari; 16 000 hab. Évêché grec Manufacture d’armes. — Elle a été bâtie, à ce qu’on croit, près de l’anc. Ulpianum ou Justiniana secunda.

PRISTINA ou PIRISTINA, Vicianum, v. de Servie, ch.-l. de livah, sur un affluent de l’Ibar, à 125 kil. S. O. de Nissa ; env. 12 000 hab. Résidence d’un pacha et d’un évêque grec.

PRIVAS, ch.-l. du dép. de l’Ardèche, à 600 kil. S. E. de Paris ; 6657 hab. Trib. de 1re inst., collége, école normale primaire. La ville est dans une position pittoresque, sur un coteau, près du confluent de l’Ouvèze et du Mézayon, mais elle est triste et mal bâtie. Chemin de fer, s’embranchant sur celui de Lyon à la Méditerranée. Vieux château ; filature ; commerce de soie et de cuirs. Vins, mûriers, beurre, fromages, châtaignes, truffes ; porcs gras. — Cette v., capit. du pays des Boutières au moyen âge, se forma vers le xiie s. autour d’un château fort ; Louis XIII en fit lui-même le siége en 1629, la prit sur les Calvinistes, qui s’y étaient retranchés, et en rasa les fortifications.

PRIVAT de molières. V. molières.

PRIVÉES (Guerres). On désignait ainsi au moyen âge ces guerres acharnées qui s’élevaient entre deux ou plusieurs familles pour venger l’insulte faite à l’un de leurs membres, et qui se perpétuaient de génération en génération. Ces guerres, qui avaient pour causes l’absence de lois capables de protéger les individus et de punir les crimes, et la faiblesse de l’autorité royale en présence de puissants feudataires, souverains dans leurs domaines, ensanglantèrent la France et l’Allemagne jusqu’au XIVe s. Charlemagne le 1er rendit une loi contre les guerres privées, mais ce fut sans résultat ; l’Église institua en 1041 la Paix de Dieu, qui suspendait toute hostilité pendant les jours consacrés au service divin ; enfin S. Louis établit la Quarantaine le roi, ordonnance qui portait que, pendant 40 jours à dater de l’offense faite, il y aurait trêve et que, si quelqu’un des parents avait été tué dans cet intervalle, l’auteur du crime serait réputé traître et puni de mort. Cette ordonnance et surtout les progrès de la civilisation finirent par arrêter l’effusion du sang.

PRIVERNUM, auj. Piperno-Vecchio, v. du Latium, chez les Volsques, sur une mont., près de l’Amasène, et à l’E. d’Antium, prit part à une foule de guerres contre les Romains, fut prise plusieurs fois (la dernière en 328 av. J.-C. par Plautius Decianus), et colonisée. Vins renommés chez les anciens.

PROBUS. M. Aurelius Valerius Probus, empereur romain, né à Sirmium en 232, était fils d’un tribun militaire. Il parvint aux premiers grades par son courage sous Aurélien et Tacite, fut, à la mort de Tacite, proclamé en 276, par les légions de Syrie, repoussa les Sarmates, battit les Isaures, pacifia l’Égypte, délivra la Gaule d’une invasion de Germains, défit les tyrans Saturninus, Bonose, Proculus, et entra en triomphe à Rome en 281. Pour occuper l’oisiveté des légions pendant la paix, il les employa à des travaux d’utilité publique, tels que dessèchement de marais, ouverture de routes et de canaux. Il inspectait en personne les travaux qu’il faisait faire à Sirmium, lorsque les soldats, irrités d’être chargés de pareils ouvrages, qu’ils regardaient comme dégradants, s’insurgèrent et l’égorgèrent (282). Cet empereur avait mérité par ses vertus le surnom de Probus. Il confirma les priviléges accordés au sénat par Tacite, réforma un grand nombre d’abus et abolit les restrictions apportées par les empereurs précédents à la culture de la vigne en Gaule.

probus (Æmilius), grammairien latin qu’on croit être du ive s., passe pour le véritable auteur des Vies attribuées à Cornélius Nepos. On a de lui des Commentaires sur les Bucoliques et les Géorgiques de Virgile et des Institutiones grammaticæ, publiées par Keil, Leips., 1848.

PROCACCINI (Hercule), l’Ancien, peintre de Bologne, 1520-91, ouvrit à Milan avec ses fils une école de peinture célèbre. — Camille, son fils aîné, 1540-1626, auteur d’un Jugement dernier (fresque dans une église de Reggio) et d’un David jouant de la harpe (à la cathédrale de Milan), est un des plus féconds et des plus grands artistes du temps ; il fut le rival des Carrache. — Jules César, frère de Camille, 1548-1626, est le plus grand peintre de cette famille. Il étudia surtout les ouvrages du Corrége. Le Louvre possède le tableau où il a le mieux imité la manière de ce maître, la Vierge et l’enfant Jésus, adoré par S. François d’Assise, S Jean-Baptiste et Ste Catherine. — Ch. Antoine, le plus jeune des fils d’Hercule, est connu comme paysagiste et peintre de fleurs et de fruits. — Hercule le jeune, neveu des précédents, 1596-1676, se ressent de la décadence de l’art. — André, né à Rome en 1667, m. en 1734, fut employé par Clément XI, puis appelé en Espagne, où il obtint le titre de peintre du roi, et, orna les palais royaux d’un grand nombre d’ouvrages estimés. Il savait aussi graver à l’eau-forte.

PROCAS, roi d’Albe-la-Longue qu’on fait régner de 817 à 796 av. J.-C, fut père de Numitor et d’Amulius, qui, après sa mort, se disputèrent le trône.

PROCIDA (île), Pithécuse, puis Prochyta chez les anciens, île de la Méditerranée, sur la côte S. O. de l’anc. roy. de Naples, entre l’île d’Ischia et le continent, à 10 kil. de tour et 8000 h., ch.-l., Procida, sur la côte S. E. Patrie de J. de Procida.

PROCIDA (Jean de), gentilhomme italien, seigneur de l’île de Procida, né vers 1225, m. en 1299, s’acquit par son habileté comme médecin la faveur de l’empereur Frédéric II, de Conrad IV, de Mainfroi, qui le comblèrent de biens et l’élevèrent aux dignités. Banni de Naples et dépouillé par Charles d’Anjou (après la mort de Conradin), il se retira en Sicile et résolut de se venger en faisant passer la couronne sur la tête de Pierre III, roi d’Aragon. Il parcourut la Sicile, déguisé en moine, ourdit avec un art et des peines infinies une vaste conspiration contre Charles et provoqua, dit-on, le massacre connu sous le nom de Vêpres siciliennes (30 mars 1282), qui enleva la Sicile aux Français. Il est douteux cependant que ce massacre ait été prémédité ; mais Procida, qui avait puissamment contribué à exciter le mécontentement, sut en profiter. Élevé de nouveau aux honneurs après l’événement, il resta jusqu’à sa mort le fidèle conseiller des princes aragonais de Sicile.

PROCLÈS, roi de Sparte, était fils d’Aristodème, un des Héraclides qui conquirent le Péloponèse. Il régna conjointement avec son frère Eurysthène à partir de l’an 1186 av. J.-C. Ses descendants prirent de lui le nom de Proclides. On les nomme aussi Eurypontides, d’Eurypon, un de ses successeurs.

PROCLIDES. V. Proclès et l’article Sparte.

PROCLUS, surnommé Diadochus (c.-à-d. successeur), philosophe néoplatonicien, né en 412 à Constantinople, m. en 485, fut élevé à Xanthe en Lycie, alla étudier à Alexandrie, puis à Athènes, où il eut pour maîtres Plutarque, fils de Nestorius, et Syrianus, compléta son instruction par des voyages, succéda vers 450 à Syrianus dans la direction de l’école d’Athènes (d’où son surnom de Diadochus), et attira un grand nombre d’auditeurs. Proclus était également versé dans la philosophie et dans les mathématiques. En philosophie, il professait le néoplatonisme, exposant la doctrine de Platon d’après Plotin, Jamblique et Syrianus et y associant les idées d’Orphée et de Pythagore. Il chercha à relever le paganisme en l’interprétant par des explications allégoriques ou mythiques ; il disait que le philosophe est l’hiérophante ou le prêtre de la nature entière, et il