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cuse. Cet artiste peignait avec une rapidité extraordinaire; son dessin est savant et vigoureux, mais manque de correction; sa couleur, généralement terne, a de beaux effets dans le clair-obscur. Beaucoup de villes d'Italie, d'Espagne et d'Allemagne possèdent de ses tableaux ou de ses fresques. Le musée du Louvre a de lui le Martyre de S. André et S. Antoine visitant S. Paul dans le désert.

PRÉTOIRE, Prætorium. On nommait ainsi la tente du général en chef (préteur ou autre) dans un camp romain, et la demeure du préteur dans sa province, ainsi que le lieu où il rendait la justice.

PRÉTOIRE (PRÉFET DU). V. PRÉFET.

PRÉTORIENS. On avait d'abord donné ce nom à la cohorte d'élite chargée de la garde d'un général en chef romain (préteur, consul ou dictateur); on l'appliqua naturellement aux cohortes formant la garde de l'Empereur; celles-ci étaient commandées par le Préfet du Prétoire. Les Prétoriens recevaient une haute paye qui s'éleva jusqu'à 30 as (env. 1 fr. 55), et ils jouissaient d'importants privilèges. Leur quartier était tout près de Rome, entre les portes Viminale et Esquiline. Ces cohortes étaient au nombre de 9 ou 10; Vitellius les porta à 16; Septime-Sévère en augmenta considérablement le nombre; Constantin les abolit après sa victoire sur Maxence et fit détruire leur camp, qui était très-fortifié. Pendant plusieurs siècles, les prétoriens donnèrent et ôtèrent l'Empire; une fois même ils le vendirent à l'encan (V. DIDIUS JULIANUS). Leur avidité, leur indiscipline et leur insolence sont passées en proverbe.

PRÊTRE, ministre d'un culte. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

PRÊTRE (GRAND), chef du corps sacerdotal chez les Hébreux. C'était le premier-né dans la descendance masculine d'Aaron ; il devait être exempt de défauts physiques. Il avait seul le privilège de pénétrer dans le Saint des Saints et d'offrir les sacrifices expiatoires, ce qui le fait aussi désigner, surtout à partir du IIe s. av. J.-C, par la dénomination de Grand Sacrificateur. Son costume était très-riche : les pièces principales en étaient, outre une longue robe de bleu céleste, l'éphod et la tiare. Le grand prêtre fut le chef du gouvernement politique depuis le retour de la captivité de Babylone jusqu'au rétablissement de la royauté, en 107 av. J.-C.

PRÊTRE-JEAN, nom sous lequel on trouve désignés, aux XIIe et XIIIe s., certains rois chrétiens de la Tartarie ou du Cathay, sur lesquels il a pendant longtemps régné une grande obscurité. D'après les recherches récentes des orientalistes, ce nom appartient proprement à un certain Togroul-Oung-Khan, chef de la tribu mongole des Kéraïtes au XIIe s., qui avait été, ainsi que sa tribu, converti au Christianisme par les Nestoriens et qui avait reçu d'eux le nom de Jean, avec les ordres mineurs. Ce Togroul-Oung était contemporain de Témoudgin (Gengis-Khan) : après avoir été son allié, il l'eut pour ennemi et fut tué dans un combat livré contre lui en 1203. Ce qui est dit du Prêtre-Jean par Rubruquis et Joinville s'accorde bien avec cette version. Ce nom peut d'ailleurs avoir été porté après Togroul-Oung par d'autres chefs de tribus, chrétiens comme lui.

PRÊTRES DE LA MISSION. V. LAZARISTES.

PREUILLY, ch.-l. de c. (Indre-et-Loire), au confluent de la Claise et de la Creuse, à 31 k. S. de Loches; 2194 hab. Jadis titre de baronnie. Anc. abbaye. Aux env., mine de fer.

PRÉVAL (le vicomte de), écrivain militaire, né à Salins en 1772, d'une famille d'officiers distingués, m. en 1853, fit plusieurs des campagnes de la République et de l'Empire, devint en 1814 général de division, se fit surtout remarquer par ses talents administratifs et devint conseiller d'État en 1837. Élevé à la pairie sous la Restauration, il fut nommé sénateur en 1852. Préval a coopéré à la plupart des réformes du maréchal Gouvion Saint-Cyr. Il a rédigé sur l'histoire et l'administration militaires des ouvrages qui font autorité, entre autres : Mémoires sur les guerres d'Italie, sur l’Organisation de la cavalerie, sur l’Organisation et la police des troupes, sur le Service des troupes en campagne.

PRÉVALAIE (la), hameau du dép. d’Ille-et-Vilaine, sur la Vilaine, à 4 kil. S. O. de Rennes. Beurre renommé. Château où sa tinrent en 1795 des conférences entre Hoche et les Bretons insurgés.

PRÉVALITANE, prov. de l'empire romain, dans le diocèse de Dacie, au S., entre les monts actuels de Glioubotin et de Tchardag, le Drin mérid. et l'Adriatique, avait pour ch.-l. Scodra, et répondait au Monténégro, à l'Herzégovine et à l'Albanie sept.

PRÉVÉSA, v. et petit port de Turquie (Albanie), dans le pachalik de Janina, à l'entrée du golfe d'Arta, à 57 kil. S. O. d'Arta; 4000 hab. Comm. d'huiles, de fruits et de laines. Aux env., ruines d’Actium et de Nicopolis. Prise par les Turcs en 1538, par les Vénitiens en 1684 et cédée aux Turcs par la paix de Passarowitz (1718). Les Français la prirent en 1797 et y tinrent 600 contre 11 000; mais la ville fut reprise et saccagée en 1798 par Ali, pacha de Janina.

PRÉVILLE (P. L. DUBUS, dit), célèbre acteur comique, né à Paris en 1721, mort en 1799, courut d'abord la province, dirigea le spectacle de Lyon, débuta en 1753 à Paris, et fit 33 ans les délices de la capitale; il excellait surtout dans les rôles de Sosie, Turcaret, Figaro, la Rissole (du Mercure galant). Il prit sa retraite en 1786 et ne reparut depuis que deux fois (en 1791 et 94). Entrant complètement dans la pensée de l'auteur, il réunissait au naturel la chaleur, l'esprit et la grâce. On a rédigé d'après ses notes des Mémoires qui ont été publiés sous son nom en 1813 et qui ont été insérés dans la collection des Mémoires sur l'art dramatique, 1823.

PRÉVOST (Ant. François PRÉVOST D'EXILES, dit l'abbé), fécond écrivain du XVIIIe s., né en 1697 à Hesdin (Artois), m. en 1763, était fils d'un procureur du roi. D'un naturel fougueux et inconstant, il fut successivement moine, soldat, puis retourna à la vie religieuse et se fit bénédictin (dans l'abbaye de St-Germain des Prés), rompit de nouveau ses liens, s'enfuit en Hollande, puis alla habiter Londres où il vécut en se mettant aux gages des libraires, et revint enfin en France, où il reprit l'habit ecclésiastique (1734) et où le prince de Conti le nomma son aumônier. Il avait fini par se procurer une honnête aisance et s'était retiré à St-Firmin, près de Chantilly. On raconte qu'un coup de sang l'ayant frappé dans la forêt de Chantilly, on le crut mort, qu'un chirurgien commença son autopsie, et qu'éveillé par le premier coup du scapel, il jeta un cri terrible et expira aussitôt; mais cette histoire lugubre paraît n'être qu'une invention, suggérée sans doute par des scènes analogues contées dans ses propres romans. Prévost avait énormément écrit : ses Œuvres complètes forment 170 vol. On a de lui une Histoire des voyages, 1745-70, 21 vol. in-4; des traductions des romans de Richardson (Clarisse, Grandison, Paméla), de l’Histoire de Cicéron de Middleton et des Lettres familières de Cicéron; mais il est surtout connu par ses romans, écrits pour la plupart dans le genre sombre; les Mémoires d'un homme de qualité, Cléveland, Manon Lescaut, la Doyen de Killerine sont placés parmi les meilleurs ouvrages de ce genre. Prévost s'est aussi essayé dans le genre historique, mais avec moins de succès. Ses Œuvres originales (non compris l’Hist. des Voyages) ont été recueillies en 39 vol. in-8, Paris, 1783-85.

PRÉVOST (Pierre), peintre, né en 1764 à Montigny, près Châteaudun, m. en 1823, peut être regardé comme le véritable inventeur des panoramas. Il fit, entre autres morceaux de ce genre, des Vues de Rome, Naples, Amsterdam, Boulogne, Tilsitt, Wagram, Anvers, Londres, Jérusalem, Athènes, qui, pour l'illusion, dépassent tout ce qu'on peut imaginer. Ces ouvrages étaient peints à l'huile sur des toiles ayant jusqu'à 120m de développement circulaire. P. Prévost excellait aussi dans la gouache.