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rait déclaré que de Dieu seul relève la France, posé en droit la liberté des élections de prélats, prohibé les réserves, les grâces expectatives, maintenu le droit de promotion, et restreint les impôts levés en France par le pape. On conteste avec raison l'authenticité de cette pièce, qui est mentionnée pour la 1re fois au XVe s. dans la Bibliothèque des Conciles, et qui est peu en harmonie avec le caractère du saint roi, et l'on admet qu'elle est l'œuvre d'un jurisconsulte du XVe s. On peut consulter sur ce sujet Thomassy, De la Pragmatique attribuée à S. Louis, Par., 1844, et les Études sur le même sujet de Berleur, Louvain, 1848, et de Rœsen, Munich, 1855.

2° la Pragmatique-Sanction de Bourges, rendue par Charles VII en 1438. Après avoir proclamé la nécessité des conciles généraux, leur supériorité sur le pape, la libre élection des évêques et abbés par les chapitres et les moines, elle supprime les réserves, les grâces expectatives, les annates, tend à redresser l'abus des appels en cour de Rome, à restreindre les effets de l'excommunication et de l'interdit. Elle fut accueillie avec joie par l’Église de France et par le parlement, mais regardée par le St-Siége comme attentant à ses droits; les ducs de Bourgogne et de Bretagne refusèrent de l'admettre. Louis XI, au commencement de son règne, la supprima nominalement (1461), tout en la laissant exécuter, suivant les besoins de sa politique, à l'égard soit des feudataires, soit des papes. François I la remplaça en 1516 par le Concordat. V. ce mot.

3° la Pragmatique-Sanction de l'empereur Charles VI, rendue en 1713, et par laquelle cet empereur déclarait sa fille aînée, Marie-Thérèse, héritière de ses États; il la fit garantir par les grandes puissances de l'Europe, mais elle n'en fut pas moins mise en oubli à sa mort et elle ne put être réalisée qu'après la guerre de la succession d'Autriche, à laquelle elle avait donné lieu, 1740-48.

4° la Pragmatique-Sanction de Charles III (d'Espagne), rendue par ce prince le 2 avril 1767 pour la suppression des Jésuites en Espagne.

PRAGUE, Boiobinum et Boviasmum de Strabon, Marobodum de Ptolémée? capit. de la Bohême, sur sept collines et sur la Moldau, à 327 kil. N. O. de Vienne, par 12° 5' long. E., 50° 5' lat. N.; 150 000 h. Siége du commandement militaire de la Bohême; archevêché, trib. d'appel et tribunaux ordinaires; université impériale dite Carolinum (fondée en 1348 par Charles IV), avec facultés de théologie, droit, médecine, sciences et lettres; gymnases, institut polytechnique; école de peinture, de musique, école vétérinaire, écoles d'aveugles et de sourds-muets, sociétés littéraire, scientifique, pomologique, etc., bibliothèque, cabinet d'histoire naturelle, musée national, observatoire, etc. La ville se compose de 4 parties, la Vieille-Ville et la Nouv.-Ville, la Ville juive et le Hradschin, qui en est le plus beau quartier; elle est bien percée et bien bâtie; pont superbe; fortifications importantes. On y remarque l'ancien château royal nommé Burg, achevé par Marie-Thérèse, avec une riche chapelle contenant les tombeaux des rois; la cathédrale de St-Veit, les églises de la Nativité (avec le tombeau de Tycho-Brahé), de St-Nicolas, de l'Assomption (tombeau de S. Norbert); l'hôtel de ville, avec une célèbre horloge mécanique, le palais des États, le palais archiépiscopal, les palais Czernin, Schwarzenberg, Colloredo-Mansfeld, Nostitz-Rinek, Waldstein, les monuments des empereurs Charles IV et François Ier; le théâtre, l'hôpital militaire, etc. Fabriq. de toiles, calicots, foulards, étoffes de soie, draps, lainages, dentelles, cuirs, savons, gants, café-chicorée, verrerie, rosoglio, articles de mode, coutellerie, quincaillerie, orfèvrerie, etc.; commerce considérable (surtout de transit). Patrie de Jérôme de Prague. — La Vieille-Ville fut fondée vers 759; Charles IV, en 1348, fonda la Ville-Neuve, qu'il nomma Karlow ou Karlstadt. Prague fut, à partir de 1409, le théâtre des troubles religieux les plus graves, suscités par les doctrines hérétiques que professait Jean Huss, recteur de l'université; Jean Ziska pénétra dans la ville en 1419 à la tête des Hussites et y massacra les sénateurs; on y signa en 1433 les Compactata, qui rétablirent momentanément la paix. Prague joua aussi du grand rôle dans la guerre de Trente ans : c'est là qu'eut lieu la fameuse Défenestration (V. ce mot), qui fut le début de la guerre (1618). L'armée de l'électeur palatin Frédéric V, proclamé roi de Bohême, fut défaite près de Prague en 1620; le Suédois Kœnigsmark y battit les Impériaux en 1648 et prit la ville, ce qui mit fin aux hostilités. Dans la guerre de la succession d'Autriche, Charles VII, duc de Bavière, s'empara de Prague (1741) : les Français, ses alliés, y soutinrent un siége célèbre, remarquable par la défense de Chevert, et qui fut suivi de la belle retraite de Belle-Isle (1742); les Prussiens la reprirent, puis l'abandonnèrent en 1744. Une 3e bataille de Prague eut lieu dans la guerre de Sept ans, entre les Autrichiens et les Prussiens; ceux-ci la bombardèrent (1757), mais ne purent la prendre. Il se tint à Prague en 1813 un congrès pendant lequel l'empereur François I prit la résolution de faire la guerre à Napoléon. La branche aînée des Bourbons, bannie de France, vint en 1833 y habiter le château de Hradschin. En 1848 eut lieu à Prague une violente insurrection contre l'Autriche : elle fut aussitôt réprimée par le prince de Windischgrætz, qui bombarda la ville. — Le capitanat de Prague ne comprend que Prague et sa banlieue.

PRAGUERIE (la), révolte qui eut lieu en France contre Charles VII en 1440, et à laquelle Louis XI, encore dauphin, eut une part essentielle, fut ainsi nommée en souvenir du soulèvement des Hussites dans la ville de Prague (V. ci-dessus). Alexandre, bâtard de Bourbon, en fut le principal instigateur; Jean d'Alençon, Charles et Louis de Bourbon, La Trémoille (ancien favori de Charles VII) et Dunois s'y mêlèrent aussi. Le prétexte de l'insurrection était le bien public, mais le motif réel était l'irritation que causaient à ces seigneurs les efforts faits par le roi pour le rétablissement du bon ordre et surtout l’ordonnance d'Orléans sur les gens de guerre (2 nov. 1439). On devait s'emparer du roi et proclamer Louis XI à sa place. L'entreprise, mal conduite, échoua après une prise d'armes sans effusion de sang : six mois suffirent pour y mettre fin. La plupart des seigneurs obtinrent leur pardon; le bâtard Alexandre, le plus coupable, fut arrêté, cousu dans un sac et noyé dans l'Aube; le dauphin fut privé de tous ses offices et exilé en Dauphiné.

PRAHEC, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), à 12 k. S. E. de Niort; 1122 hab.

PRAIRIAL an III (Journées des 1, 2 et 3), 20, 21 et 22 mai 1795, fameuse insurrection contre la Convention, fut le suprême effort du parti jacobin contre la réaction thermidorienne, La populace des faubourgs, poussée par les sections de Paris, envahit la salle de la Convention, présidée alors par Boissy-d'Anglas, et massacra le député Féraud. La majorité de la Convention, qui, imitant l'exemple de son président, avait eu le courage de rester en séance, fut pendant 10 heures en butte aux insultes et aux outrages des révoltés, qui, appuyés par les Montagnards de l'Assemblée, firent voter tout ce qu'ils voulurent; elle fut enfin délivrée par les troupes des sections. Le désordre dura trois jours. La Convention ordonna l'arrestation de 13 de ses membres qui avaient pris part au complot : 6 furent condamnés à mort : Romme, Goujon, Duquesnoy, Duroy, Bourbotte, Soubrany.

PRAIRIAL an VII (Journée du 30), 18 juin 1799. Les directeurs La Réveillère-Lepeaux et Merlin, devenus impopulaires, furent renversés par les Conseils et remplacés par Roger-Ducos et Moulins.

PRASLIN, une des branches de la famille Choiseul, tirait son nom du bourg de Praslin en Champagne (dép. de l'Aube, cant. de Chaource). On con-