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sista à tous les congrès de la Ste-Alliance et eut part à toutes les mesures qui y furent prises. Il quitta les affaires en 1839 et vint terminer ses jours à Paris.

PRACHIN (Cercle de), cercle de Bohème, entre ceux de Béraun au N., de Tabor à l'E., de Budweiss au S. E., et la Bavière au S. O., a 110 kil. sur 50, et 255 000 hab. Il tire son nom de la ville et du château de Prachno, auj. ruinés, mais a pour ch.-l. Pisek. Il est arrosé par la Moldau et la Wottawa. Grenat, pierres précieuses, sable aurifère.

PRACRIT, idiome vulgaire de l'Inde, est dérivé du sanscrit; il se parlait dans le peuple lorsque le sanscrit était la langue des hautes classes.

PRADELLES, ch.-l. de cant. (H.-Loire), sur un roc escarpé, à 34 kil. S. du Puy; 1752 h. Fromages.

PRADES, ch.-l. d'arr. (Pyrén.-Orient.), sur le Tet, à 40 kil. O. de Perpignan ; 3152 hab. Trib. de 1re inst., collége, séminaire. Drap, vins, laines fines, fers.

PRADES (l'abbé de), né en 1720 à Castel-Sarrazin, m. en 1782, fit scandale par une thèse qu'il soutint en Sorbonne en 1751, et dans laquelle il défendait des propositions contraires à la doctrine de l’Église, s'enfuit en Hollande, puis à Berlin, et y devint, sur la recommandation de Voltaire, lecteur du roi de Prusse. Soupçonné par Frédéric II d'avoir correspondu avec le duc de Broglie pendant la guerre de Sept ans pour le tenir au courant des mouvements de l'armée prussienne, il fut relégué à Glogau. A la fin de sa vie, il rétracta ses erreurs en religion et devint archidiacre du chapitre de Glogau. On lui doit un Abrégé de l'Histoire ecclésiastique de Fleury (avec préface de Frédéric II), 1767.

PRADIER (James), habile sculpteur, né en 1792 à Genève, d'une famille de réfugiés français, mort en 1852, vint fort jeune en France, montra un talent précoce qui le fit remarquer de Denon, entra sur sa recommandation dans l'atelier de Lemot, remporta en 1813 le grand prix pour son Philoctète dans l'île de Lemnos, fut envoyé à Rome, où il exécuta plusieurs ouvrages qui commencèrent sa réputation; puis vint se fixer à Paris, y obtint bientôt par ses gracieuses productions une grande popularité et fut élu en 1827 membre de l'Institut, en remplacement de Lemot. D'un talent facile, d'un goût pur, d'une fécondité prodigieuse, cet artiste a produit une foule d'excellents ouvrages dans les genres les plus divers; cependant, il se complaisait surtout dans la reproduction de la beauté féminine, donnant plus à la grâce qu'à la force. Il emprunta ses plus heureux sujets à la mythologie grecque, ce qui a fait dire qu'il était le dernier des païens. Parmi ses œuvres les plus estimées, on cite : un groupe de Bacchante et de Centaure, à Rouen ; un Fils de Niobé, une Psyché et une Vénus, au Luxembourg; les Trois Grâces, à Versailles; Phidias, Prométhée, aux Tuileries; Phryné, la Poésie légère, Flore, le Printemps, la Toilette d'Atalante, enfin Sapho, à laquelle fut décernée la grande médaille de 4000 fr. (1852). Pradier exécuta en outre de nombreuses compositions pour les monuments publics : S. Pierre, à St-Sulpice; S. André et S. Augustin, à St-Roch; le Duc de Berry mourant; un buste de J. J. Rousseau, à Genève; les Villes de Lille et de Strasbourg, sur la place de la Concorde; les deux Muses de la fontaine Molière, à Paris; la belle fontaine de Nîmes; l’Industrie, à la Bourse; les grandes Renommées de l'Arc de triomphe; les Victoires colossales du tombeau de Napoléon. On lui doit aussi une foule de statuettes et de figurines, qui sont fort recherchées des amateurs. Raoul Rochette a lu à l'Académie des beaux-arts une Notice historique sur Pradier.

PRADO (le), promenade de Madrid. V. MADRID.

PRADON, poëte tragique, né à Rouen en 1632, mort à Paris en 1698, vint jeune à Paris, fut introduit dans les salons de la duchesse de Bouillon et du duc de Nevers, son frère, et fit représenter à partir de 1674 des tragédies qui, grâce à la coterie qui le soutenait, eurent un succès momentané. Quand Racine donna Phèdre, les envieux du grand poëte opposèrent à ce chef-d'œuvre, la Phèdre de Pradon (1677); mais peu de jours suffirent pour remettre les deux pièces à leur place. Outre Phèdre, on a de Pradon Pyrame et Thisbé, Tamerlan, la Troade, Statira, Scipion l'Africain, Régulus (la moins mauvaise de ses tragédies). Il composa contre Racine le Jugement d'Apollon sur Phèdre, et contre Boileau un pamphlet intitulé : le Triomphe de Pradon, 1684. Ce poëte péchait surtout par le style, qui chez lui est d'une extrême platitude. Il est resté comme le type de la médiocrité intrigante, vaniteuse et jalouse.

PRADT (Dominique DUFOUR, abbé de), écrivain et homme d’État, né en 1759 à Allanches (Auvergne), m. en 1837, était grand vicaire à Rouen quand la Révolution éclata. Député aux États généraux, il prit parti pour la cour et émigra en 1791; mais il revint en 1801, et, grâce à Duroc, son parent, devint successivement aumônier de l'empereur, baron, évêque de Poitiers, archevêque de Malines. Chargé de quelques négociations en Espagne, il aida à tromper Charles IV, et fut nommé en 1812 ambassadeur à Varsovie; mais il s'acquitta fort mal de cette dernière mission, et, quand la campagne de Moscou fut terminée, il fut renvoyé dans son diocèse. Il devint dès lors l'ennemi acharné de Napoléon, et se déclara des premiers contre lui quand les Alliés furent entrés dans Paris. Il n'en fut pas moins très-froidement reçu des Bourbons, et se vit même obligé de renoncer à son archevêché parce qu'il n'avait pas été nommé par le pape. Élu en 1827 député du Puy-de-Dôme, il se démit, trouvant la gauche trop timide. Il a composé une foule d'écrits de circonstance, remarquables par l'esprit, mais trop prolixes. Son ouvrage capital est l’Histoire de l'ambassade dans le grand duché de Varsovie en 1812, Paris, 1815, relation partiale, qui ne parut qu'après la chute de l'Empereur; viennent ensuite : les Quatre Concordats, 1818 (mis à l’Index à Rome); les Trois Ages des colonies, 1801; l’Europe et l'Amérique depuis le congrès d'Aix-la-Chapelle, 1821; l’Europe et l'Amérique en 1821 et 1823; l’Europe et l'Amérique en 1822 et 1823. L'abbé de Pradt avait la manie de prédire, mais il le faisait le plus souvent à faux.

PRÆMUNIRE (Statuts de), nom donné en Angleterre à divers actes qui prohibaient, entre autres choses : 1° l'introduction en Angleterre des provisions papales; 2° l'intervention du pape dans les élections ecclésiastiques; 3° l'évocation des sujets du roi en cour de Rome sur des points dont la connaissance appartenait aux cours royales; 4° l'acceptation en cour étrangère de bénéfices ecclésiastiques du royaume d'Angleterre. Les principaux de ces actes sont de 1343, 51, 53, 64. Grégoire XI indiqua pour discuter ces statuts une conférence à Bruges (1375); Wiclef y fut l'un des commissaires d’Édouard III; la convention qui y fut signée admit une partie de ces statuts.

PRÆTUTII, auj. partie de l’Abruzze Ultérieure, peuple de l'Italie centrale, sur l'Adriatique, entre le Picenum et les Vestini; Hadria et Interamnum étaient leurs villes principales.

PRAGA, v. de Pologne, sur la r. dr. de la Vistule, vis-à-vis de Varsovie, dont elle est comme un faubourg; 3000 hab. (Plus peuplée avant le massacre qu'y firent les Russes en 1794, lors de la prise de Varsovie par Souvarov). Victoire des Suédois sur les Polonais en 1656, et des Polonais sur les Russes en 1830. Les Russes reprirent Praga le 8 sept. 1831.

PRAGMATIQUE-SANCTION (c.-à-d. ordonnance sur les affaires), nom donné en général, dans les XIIe, XIIIe, XIVe et XVe s. aux ordonnances des rois de France et aux résolutions de la diète de l'Empire, est spécialement appliqué à quelques actes fameux :

1° la Pragmatique-Sanction de S. Louis, rendue, dit-on, en 1268 ou 1269, par laquelle ce prince, précisant les relations de la France avec le St-Siége, au-