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cendants le confièrent à des esclaves : ils furent, en punition, tous frappés de mort dans l'année.

POTOCKI (le comte Félix), d'une des plus grandes et des plus riches familles de Pologne, né en 1750, mort en 1805, se prononça, parmi les prétendants au trône de Pologne, pour la maison de Saxe, vit, pour ce motif, confisquer une partie de ses biens par le parti vainqueur, se retira en Galicie, puis dans l'Ukraine, pays alors désert, où il bâtit de nombreux villages, fut dans la suite rappelé à Varsovie et nommé grand maître de l'artillerie, et fut quelque temps l'idole du peuple. Mais, s'étant montré favorable au parti russe, il devint suspect aux vrais Polonais. Il signa la fameuse confédération de Targovice (1792), en rédigea le manifeste, fut nommé maréchal de la diète convoquée sous l'influence russe, et prit alors des mesures qui, sans qu'il l'eût prévu peut-être, ne firent que hâter le 2e partage de la Pologne. Désespéré de voir effectuer ce partage, il abandonna la vie publique et se retira en Amérique. Il n'en fut pas moins déclaré traître lors de la révolution de Varsovie, en 1794. Irrité de cette injustice, il demanda du service à la Russie : Catherine II s'empressa de le nommer lieutenant général; il revint alors en Europe et y finit ses jours. — Ignace, comte P., grand maréchal de Lithuanie, cousin de Félix, 1751-1809, était ardent patriote et antagoniste de la Russie; il alla chercher un refuge en Saxe après le triomphe des Russes, reparut en 1794 après les victoires de Kosciusko, fut chargé d'organiser le gouvernement à Varsovie et se réserva le portefeuille des affaires étrangères. Livré aux Russes, il fut détenu à Schlusselbourg, puis incarcéré à Cracovie jusqu'en 1798, époque à laquelle il obtint la permission d'aller mourir dans ses terres. Le comte Ignace aimait les lettres et les sciences; il fit voyager plusieurs savants à ses frais, chargea Condillac de rédiger une Logique pour les écoles polonaises, et traduisit lui-même en polonais l'ouvrage du philosophe français. — Stanislas, comte P., 1757-1821, nonce aux diètes de 1776, 86, 88, combattit la Russie en 1792, quitta la Pologne après le 2e démembrement (1793), fut arrêté à Carlsbad lors de l'insurrection de Kosciusko et resta huit mois captif; devint, lors de la création du grand-duché de Varsovie par Napoléon, sénateur palatin et chef du conseil d'État, fut maintenu aux affaires par l'emp. Alexandre lors de la formation du nouveau royaume de Pologne et nommé ministre des cultes et de l'instruction publique (1816), puis président du sénat (1818). Il consacrait sa fortune à l'encouragement des lettres, des sciences, des arts. Il a laissé lui-même plusieurs écrits, entre autres une traduction polonaise de l’Histoire de l'art de Winckelmann. — Jean P., historien, 1757-1815, étudia les langues orientales, et visita tous les pays habités par les Slaves, depuis la Poméranie jusqu'à Kiakhta. On lui doit des Recherches sur la Sarmatie, 1789, et une Histoire primitive des peuples de la Russie, 1802, ouvrages qui ont jeté un grand jour sur les origines des populations slaves.

POTOMAK, riv. des États-Unis, naît sur la limite des États de Virginie et de Maryland, par 39° 21' lat. N. et se forme par la réunion de deux bras qui prennent leur source dans les monts Alleghany, coule au S. S. E., baigne Georgetown, Washington, Alexandria, et se jette dans la baie de Chesapeak entre les caps Lookout et Smith après un cours d'env. 560 k.; elle a 12 k. de large à son embouchure. Plusieurs cataractes. Les bords de ce fleuve ont été le principal théâtre de la guerre civile en 1861 et 1862.

POTOSI, v. du Ht-Pérou ou Bolivie, ch.-l. du dép. de Potosi, par 19° 35' lat. S., 67° 55' long. O., au pied du Cerro de Potosi, et à 4160m au-dessus du niveau de la mer. Sa population, qui au XVIIe s. dépassait 150 000 hab., est auj. réduite à 15 000. Maisons chétives, rues irrégulières et en pente; air rare et subtil; climat extrêmement variable. — Le mont Cerro de Potosi, célèbre par ses inépuisables mines d'argent, exploitées depuis le XVe s., s'élève à une hauteur de 4888m au-dessus du niveau de la plaine; on y compte plus de 5000 ouvertures ou puits (potosi en espagnol), percées dans la montagne, et plus de 2000 mineurs. — Le dép. de P., entre ceux de Charcas à l'E., d'Oruro et de Cochabamba au N., la Confédération de la Plata au S., et le Grand-Océan à l'O., a 800 k. sur 750 et env. 300 000 hab. Hautes montagnes (entre autres le Cerro de Potosi), riches mines d'argent; eaux thermales, lac salé.

POTOSI (SAN-LUIS DE), V. du Mexique. V. SAN-LUIS.

POTSDAM, v. des États prussiens (Brandebourg). ch.-l. de régence, sur la r. dr. du Havel, entre deux lacs, à 30 kil. S. O. de Berlin; 34 000 hab. C'est la 2e résidence royale, le Versailles de la Prusse. Évêché évangélique, trib., cour des comptes; écoles de cadets, de sous-officiers, d'orphelins militaires, d'arts et métiers, d'horticulture; gymnase; bibliothèque, collections d'histoire naturelle. Un canal divise Potsdam en Vieille-Ville et Ville-Neuve (celle-ci très-embellie par Frédéric II). Nombreux monuments, places Guillaume et du Marché, château royal, nouveau palais, hôtel de ville, église française réformée (copiée sur notre Panthéon), église de la Garnison, renfermant le tombeau du grand Frédéric. Fabrique royale d'armes; raffineries de sucre, tabac, lainages, toiles cirées, etc. Aux env., trois célèbres résidences royales (Sans-Souci, le Nouveau Palais-Royal et le Palais de Marbre), et l'île des Paons, avec une superbe maison de Plaisance, séjour favori de la reine Louise. Patrie de Guillaume de Humboldt. Cette ville n'a pris d'importance qu'au XVIIe s. L'électeur Frédéric-Guillaume y bâtit le grand château de 1660 à 1673; le roi Frédéric-Guillaume Ier l'entoura de murs, et Frédéric II l'embellit de monuments. — La régence de P., dans la province de Brandebourg, entre celles de Stettin, Custrin, Mersebourg, Magdebourg, les grands-duchés de Meklembourg et le duché d'Anhalt-Dessau, a 190 kil. (de l'E. à l'O.) sur 85 et compte 1 230 000 h. Berlin y est enclavé, mais est régi à part.

POTT (J. H.), chimiste et médecin allemand, né en 1692 à Halberstadt, m. en 1777, membre de l'Académie de Berlin, fut professeur de chimie au collége médical de cette ville, améliora plusieurs procédés, notamment la rectification de l'acide sulfurique, trouva aux environs de Berlin une terre propre à la confection de la porcelaine et eut une grande part à l'établissement de la fabrique de porcelaine de Berlin. Il a publié beaucoup d'ouvrages scientifiques soit en latin, soit en allemand; mais on lui reproche de n'avoir pas porté dans ses observations tout l'esprit critique nécessaire.

POTT (Percival), chirurgien anglais, né à Londres en 1713, m. en 1788, était chirurgien et professeur à l'hôpital St-Barthelemy et membre de la Société royale de Londres. Il étudia surtout les tumeurs avec ramollissement des os, la paralysie des membres inférieurs dans les maladies du rachis, les hernies, les fistules, l'hydrocèle, la cataracte, et perfectionna le traitement des fractures. On a appelé de son nom mal de Pott une carie des vertèbres qu'il a décrite le premier. Ses Œuvres chirurgicales ont été réunies en 1790, 3 vol. in-8, et trad. en 1792.

POTTER (Paul), peintre hollandais, né en 1625 à Enckhuysen, m. en 1654, à 27 ans, descendait par sa mère de l'illustre famille d'Egmont. Il se consacra à la peinture des animaux domestiques et atteignit une perfection qui l'a fait surnommer le Raphaël des animaux : nul n'a saisi aussi bien que lui l'expression et la physionomie des bœufs, des vaches et des moutons. Son chef-d'œuvre, que l'on conserve au musée de La Haye, est un Jeune taureau, de grandeur naturelle, près d'une vache accroupie. Il gravait aussi avec une grande habileté. Le musée du Louvre possède 2 tableaux de cet artiste.

POTTER (John), savant anglais, né à Wakefield en 1674, m. en 1747, professa la théologie à Oxford, et devint archevêque de Cantorbéry en 1737. On lui doit