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nis, eau-de-vie, armes, bijouterie, laines. Commerce actif avec l'Allemagne (Posen était jadis une ville hanséatique). — C'est aux env. de Posen que le Christianisme débuta en Pologne : Miécislas y réunit, en 968, les grands du pays, leur persuada de se faire baptiser, et y fonda un évêché, qui, d'abord dépendant de l'archevêque de Magdebourg, fut en 1122 subordonné à l'archevêque de Gnesne. En 1331, Posen résista victorieusement au roi Jean de Bohême. Elle fut prise par les Suédois en 1703, et reprise par les Polonais en 1716. Les Français, vainqueurs à Iéna, y entrèrent en 1806; un traité y fut conclu la même année entre la France et la Saxe, qui fut érigée en royaume. En 1815, Posen passa, avec toute la province, sous la domination prussienne. Cette ville subit en 1764 et 1803 deux incendies qui la détruisirent presque tout entière.

POSEN (Grand-duché de), province de la monarchie prussienne, entre la Prusse propre au N., le Brandebourg à l'O., la Silésie au S. et le roy. de Pologne à l'E.; 237 kil. sur env. 120; 1 500 000 h.; ch.-l., Posen. Cette province est divisée en 2 régences, Posen, Bromberg. La 1re, qui est au S., est la plus grande et la plus peuplée (env. 900 000 h.). — Le grand-duché de Posen appartint jusqu'au XVIIIe s. à la Pologne; il formait, dans la Grande-Pologne, les palatinats de Posnanie, Gnesne et Inovraclav. Il fut enlevé à la Pologne par la Prusse, partie en 1772, au 1er démembrement, partie en 1793, après le 2e. Il fut compris en 1807 dans le grand-duché de Varsovie. En 1815, il revint à la Prusse.

POSETS (mont), pic des Pyrénées. V. PYRÉNÉES.

POSIDÉON, le 6e mois de l'année athénienne, tire son nom de ce que le 1er jour de ce mois était consacré à Neptune (Poseidôn en grec).

POSIDONIE, v. d'Italie. V. PÆSTUM.

POSIDONIUS, philosophe stoïcien, né vers 133 av. J.-C. à Apamée en Syrie, m. en 49, suivit les leçons de Panætius à Athènes, puis voyagea en Espagne, en Italie, en Sicile, en Dalmatie, en Illyrie, dans la Gaule Narbonnaise et en Ligurie, se fixa vers 102 à Rhodes, où il se fit recevoir citoyen, y ouvrit une école et professa avec un tel éclat que les étrangers les plus distingués venaient l'écouter : il compta dans le nombre Pompée et Cicéron. On raconte que Pompée étant venu à Rhodes pour l'entendre, le philosophe, qui souffrait alors de la goutte, voulut néanmoins faire sa leçon habituelle; la douleur le forçant à s'interrompre, il s'écria, fidèle à un des dogmes de sa secte : « O douleur ! tu as beau me faire souffrir, tu ne me réduiras point à convenir que tu sois un mal. » Il professait du reste un stoïcisme mitigé par un sage éclectisme. Il fut envoyé à Rome comme ambassadeur par les Rhodiens en 84 et y reçut le meilleur accueil. Versé dans les mathématiques, la physique et l'astronomie, aussi bien que dans la philosophie, Posidonius tenta de mesurer la circonférence de la terre, la hauteur de l'atmosphère et la distance des astres : il assignait à la terre 180 000 stades de circonférence (mesure beaucoup trop petite), à l'atmosphère 40 stades de profondeur, à la lune une distance de 2 millions de stades, au soleil une distance de 500 millions; il remarqua le rapport des marées avec les positions de la lune et soupçonna qu'elles sont un effet du mouvement de cet astre. Il avait composé plusieurs ouvrages, entre autres des traités sur la Divination, sur le Destin, sur la Nature des Dieux, que Cicéron a imités, mais qui ne nous sont pas parvenus. Il avait aussi écrit sur l'histoire des ouvrages qui sont également perdus. Bake a publié Posidonii doctrinæ reliquiæ, Leyde, 1810. Ses fragments historiques se trouvent dans le t. III des Historic. græc. fragm. de la collection Didot.

POSNANIE (Palatinat de Poznan, vulg.). Il faisait, dans l'anc. monarchie polonaise, partie de la Grande-Pologne, et en était le palatinat le plus occidental; ch.-l., Posen. Il était divisé en 9 districts : Posen, Koscian, Vehova, Valetch, Friedland, Filehn, Neuhof, Tcharnikov, Krojanki. Le partage de la Pologne en 1772 donna les 5 derniers districts et partie du 4e à la Prusse, qui en a formé le grand-duché de Posen.

POSSAGNO, v. de Vénétie, à 45 kil. N. O. de Trévise; 1500 h. Patrie de Canova. Près de là, au milieu d'un bois, se trouve l'église de la Trinité, élevée de 1819 à 1830 par Canova et à ses propres frais; elle est en marbre blanc, et rappelle les temples antiques; le tombeau de cet illustre artiste y est placé.

POSSEVIN (Ant.), Jésuite, né à Mantoue en 1534, m. en 1611, fut recteur des colléges d'Avignon, de Lyon, de Bologne, fut chargé par Grégoire XIII de diverses missions diplomatiques épineuses, dont il se tira avec succès, fit conclure la paix de Kieverova-Horka entre la Russie et la Pologne (1582), et composa, entre autres grands ouvrages : Moscovia, Vilna, 1586; Judicium de IV scriptoribus (Lanoue, Bodin, Mornay, Machiavel), Rome, 1592; Bibliotheca selecta de ratione studiorum, 1593; Apparatus sacer, Venise, 1603-06, 3 vol. in-lol., ouvrage estimé : c'est une revue de plus de 6000 auteurs ecclésiastiques.

POSSINUS (P.). V. POUSSINES.

POSTDAM. V. POTSDAM.

POSTE (Administration de la). V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

POSTEL (Guill.), né vers 1505 à Dolerie, près d'Avranches, s'est rendu célèbre à la fois comme savant et comme visionnaire. Né de parents misérables, il entra comme domestique au collége Ste-Barbe, où il apprit sans maître le grec et l'hébreu. Envoyé par François I en Orient, il en rapporta des manuscrits précieux, et fut à son retour, en 1539, nommé professeur de mathématiques et de langues orientales au Collége de France. Sa tête s'étant troublée, il s'imagina avoir reçu mission du ciel pour unir les hommes sous une même croyance et sous un même roi. Il fit connaissance à Venise d'une femme aussi folle que lui, la mère Jeanne, qui acheva de l'égarer. Poursuivi par l'Inquisition, il n'échappa que parce qu'il fut déclaré fou. Après avoir erré de ville en ville, il rétracta ses erreurs, et vint en 1564 reprendre sa chaire au Collége de France. Il mourut à Paris en 1581, au couvent de St-Martin des Champs. Il a laissé un grand nombre d'écrits, soit sur les langues orientales, soit sur la théologie, entre autres : Linguarum duodecim characteribus differentium alphabetum, Paris, 1538, le 1er essai connu de grammaire comparée; Concordance de l'Alcoran et des Évangiles, 1543 (en latin); De orbis terrarum concordia, 1544, le plus raisonnable de ses écrits mystiques; les Très-merveilleuses victoires des femmes du nouveau monde, 1553 : c'est le fruit de ses visions; il prétend y parler sous l'inspiration de l’Ève nouvelle, la mère Jeanne. Le P. Desbillons a publié des Recherches sur sa Vie, 1773.

POSTUME ou POSTHUME, M. Cassianus Latinius Postumus, un des 30 tyrans du temps de Gallien, commandait en Gaule dès 257. Il s'y fit proclamer empereur en 261, mit à mort Saloninus, fils de Gallien, se soutint dix ans, battit les Germains, qu'il refoula au delà du Rhin, et joignit à ses provinces une partie de l'Espagne. Lælius, un de ses lieutenants, ayant pris la pourpre à Mayence, il le battit et entra en vainqueur dans cette ville, mais il fut tué au milieu même de son triomphe par ses soldats auxquels il avait refusé le pillage.(267). — Son fils, Postume le Jeune, qu'il avait créé auguste, fut tué avec lui.

POSTUMIUS ou POSTHUMIUS (Aulus), consul en 496 av. J.-C., fut dans la même année nommé dictateur et remporta sur les Latins, alliés des Tarquins, la victoire décisive du lac Régille, ce qui lui valut les honneurs du triomphe et le surnom de Regillensis, qu'il transmit à ses descendants. — Sp. Postumius Albinus Regillensis, consul en 321 av. J.-C., se laissa enfermer par les Samnites avec son collègue dans le défilé de Caudium, signa une paix honteuse et passa sous le joug (fourches caudines). Sur son propre conseil, le sénat refusa de ratifier le traité et le livra au général samnite Pontius Heren-