Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/699

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Guerre sociale, souleva les peuples d'Italie contre Rome, tailla en pièces une armée romaine commandée par Servilius Cæpio, 91 av. J.-C., mais fut lui-même défait l'année suivante et périt dans l'action.

POMPÉE, Cn. Pompeius Magnus, Romain célèbre, né l'an 106 ou 107 av. J.-C., de famille équestre, était fils de Cn. Pompeius Strabo (V. POMPEIUS). Il prit de bonne heure parti pour Sylla, leva de son chef trois légions en faveur de ce général (83), battit divers corps de partisans de Marius, soumit à Sylla la Gaule Cisalpine, reprit la Sicile, fit tuer Carbon dans l'île de Cossyre, défit Domitius Ahénobarbus en Afrique, et obtint le triomphe à son retour. Sylla alla avec tout le peuple à sa rencontre et le salua du surnom de Grand, surnom qui lui est resté. Après la mort du dictateur, il enleva la Narbonaise aux lieutenants de Sertorius (78), puis alla chercher Sertorius lui-même en Espagne : il le combattit quatre ans sans grand succès; cependant il finit par sortir heureusement de cette guerre, grâce à l'assassinat de Sertorius par Perpenna. Nommé consul à son retour en Italie (70), il acheva d'écraser à Silare les esclaves qui s'étaient révoltés, reçut un 2e triomphe, et fut nommé consul. La loi Gabinia lui donna pour trois ans le proconsulat des mers, avec d'immenses moyens pour détruire les pirates : 90 jours lui suffirent pour les exterminer (67); après ce nouveau succès, il devint l'idole de Rome. Chargé en 66, par la loi Manilia, de la guerre contre Mithridate (qui déjà avait été fort affaibli par Lucullus), il le bat sur les bords de l'Euphrate (65), entre en Arménie et force Tigrane à la paix; il tourne ensuite ses armes contre le Pont, la Paphlagonie, la Bithynie, qu'il soumet; descend en Syrie, et enlève ce royaume à Antiochus l'Asiatique; remplace à Jérusalem le roi Aristobule par Hyrcan II (64); puis, apprenant que Mithridate est mort, il va dans Amise recevoir la soumission de son fils (Pharnace), auquel il laisse le royaume de Bosphore (62), et revient triompher une 3e fois : ce triomphe fut le plus pompeux qu'on eût vu jusque-là. Deux ans après il forma avec Crassus et César l'association connue sous le nom de Triumvirat (60), et scella cette union en épousant Julie, fille du dernier. Dans le partage que les triumvirs firent entre eux des provinces, Pompée obtint l'Afrique et l'Espagne, mais il fit administrer son département par ses lieutenants, et resta lui-même à Rome, où il chercha à éclipser César et à se concilier à la fois le sénat par une modération affectée, et le peuple par des largesses; il réussit ainsi à se faire nommer seul consul (52). La mort prématurée de la fille de César rompit le lien qui avait un instant rapproché les deux rivaux, et bientôt après, la mort de Crassus, tué à Carrhes (53), laissa Pompée face à face avec César. Jaloux des succès de ce dernier en Gaule, il l'attaqua d'abord sourdement; enfin, l'an 50, il fit lancer un sénatus-consulte qui sommait César, alors en Gaule, d'abandonner son armée, tandis que lui-même il gardait ses légions et ses provinces : ce fut le signal de la guerre civile. Dès que César eut passé le Rubicon (49), Pompée ne fit plus que des fautes : au lieu d'attendre son rival et de le combattre en Italie, il se retire en Grèce avec le Sénat et les nobles; peu après, il quitte son camp retranché de Dyrrachium, où César n'avait pu le forcer, se laisse entraîner par lui en Thessalie, lui livre bataille à Pharsale, se fait battre, quoique son armée fût double en nombre, et s'enfuit aussitôt sans essayer même de défendre son camp. Accompagné de son épouse Cornélie, il se dirigea vers l'Égypte, comptant y obtenir un asile du jeune Ptolémée (XII), qui lui devait le trône; mais les ministres de ce prince, sans le laisser débarquer, le firent assassiner en mer, sous les yeux de sa femme et de son fils Sextus, l'an 48. Sa tête fut portée à César, qui versa des larmes à cet aspect, et punit les meurtriers. Pompée n'a pas justifié son surnom de grand : il n'avait que de l'ambition, mais point de génie, point de hautes vues ni de système; fier de ses succès militaires et se reposant sur l'éclat de sa renommée, il dédaigna les efforts de César, et par ses hauteurs maladroites il mécontenta ses propres amis politiques. Il laissa deux fils, qui tentèrent vainement de relever son parti. Plutarque a écrit la Vie de Pompée. Sa Mort a fourni à Corneille le sujet d'une de ses plus belles tragédies.

POMPÉE-L'AINÉ, Cn. Pompeius, fils du grand Pompée, passa d'Antioche (où il se trouvait à la mort de son père) en Afrique, puis en Espagne, y rassembla 13 légions, de nombreux auxiliaires et une flotte formidable; mais, attaqué par César en personne, il perdit la bataille décisive de Munda, et périt dans sa fuite, en 45 av. J.-C.

POMPÉE LE JEUNE, Sextus Pompeius, frère du préc., prit part à la guerre de Munda (45), gagna, après la défaite, les monts de Celtibérie, où il fit la guerre en partisan contre les amis de César, obtint du sénat, à la mort du dictateur (44), le droit de rentrer à Rome, se fit allouer une forte indemnité pour la perte de ses biens paternels, et reçut le commandement des provinces maritimes, ce qui le fit surnommer le Fils de Neptune. Proscrit lors de la formation du 2e triumvirat (42), il se rendit maître de la Sicile, conquit la Sardaigne, la Corse, bloqua, affama Rome, et réduisit Antoine et Octave à signer avec lui à Misène (38) un traité qui, en lui laissant les trois grandes îles, lui promettait l'Achaïe et le consulat pour l'année suivante. Mais cette paix fut courte : dès l'an 37, Sextus perdit, par la défection de Ménas, la Sardaigne et la Corse avec 60 vaisseaux; cependant il obtint encore quelques avantages et battit Octave à Scylla (37); mais enfin l'habileté d'Agrippa, la diversion de Lépide, la victoire de Myles, celle de Nauloque lui ravirent la Sicile. Il se réfugia en Asie, et crut pouvoir forcer Antoine à entrer en partage avec lui, mais il fut battu et pris par Titius, lieutenant d'Antoine, et mourut en prison, à Milet (35).

POMPÉE (TROGUE), Trogus Pompeius, historien latin du 1er s. de notre ère, né en Gaule ou en Espagne, composa une Histoire universelle, en 44 livres, qui allait depuis la fondation de la monarchie des Assyriens sous Ninus jusqu'à Auguste; il l'avait intitulée Histoires philippiques parce que les affaires de la Macédoine du temps de Philippe y occupaient la plus grande place. Cet ouvrage, que les anciens reconnaissaient comme très-exact et très-bien écrit, est malheureusement perdu : mais il nous en reste un bon abrégé dû à Justin. Les fragments de Trogue-Pompée se trouvent à la suite de Justin et ont été publ. séparément par A. Bielowski, Lemberg, 1853.

POMPEÏES, Pompeii, v. de Campanie, sur la côte, à l'embouchure du Sarnus, à 24 k. S. E. de Naples, à 10 k. S. S. E. du Vésuve, près de la ville actuelle de Torre dell'Annunziata. On rapportait sa fondation à Hercule, mais elle ne remontait pas au delà de la ruine de Troie. Elle prit part à la guerre Sociale, fut assiégée et prise par Sylla, resta municipe jusqu'au temps d'Auguste et devint ensuite colonie romaine. Un tremblement de terre en avait déjà renversé la moitié en 63 av. J.-C.; en 79, le reste fut enseveli sous les cendres du Vésuve. Le pays étant devenu désert après cette catastrophe, Pompeïes fut oubliée pendant 17 siècles : ce n'est qu'en 1689 que des découvertes fortuites firent soupçonner son ancien emplacement et ce n'est qu'en 1755 qu'ont commencé les recherches Les fouilles, qui ont été surtout poussées avec activité pendant l'occupation française, se poursuivent encore : près de la moitié de l'ancienne ville est déblayée. La découverte de Pompeïes nous a valu d'intéressantes révélations sur les usages, les coutumes, la vie publique et privée des anciens, sur leur architecture et sur tout ce qui tient aux arts du dessin; en outre, elle a produit une heureuse révolution dans les arts de la décoration, de l'ameublement et de l'orfévrerie. On doit à Mazois et à Gau les Ruines de Pompeïes (1813-38), dont M. E. Breton a donné un abrégé sous le titre de Pompeia, 1854.

POMPEIUS (CN.) STRABO, père du grand Pompée,