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bien un tel ouvrage doit contenir de faits précieux qui, sans lui, nous seraient restés inconnus; mais aussi il a tous les défauts d'une compilation faite à la hâte : l'auteur fait de fréquents doubles emplois, il se contredit, il ne puise pas toujours aux meilleures sources et manque souvent de critique. Le style en est quelquefois obscur et incorrect, mais il a de la vigueur et de l'originalité; Pline excelle surtout dans la description de la nature : ses tableaux, comme ceux de Buffon, ont quelque chose de majestueux. Il est à regretter que trop souvent il professe une philosophie chagrine, accusant également l'homme, la nature et les dieux. Les meilleures édit. de Pline l'Ancien, après l'éd. princeps, Venise, 1477, sont celles dite Variorum, Leyde, 1669, 3 vol. in-8; de Hardouin, 1685 et 1723, 3 vol. in-fol., à peu près reproduite par Théod. Gronovius, Leyde, 1778; de Brotier, Paris, 1779, 6 vol, in-12; de Franz, Leipzig, 1788-91, 10 vol. in-8; de M. Alexandre, dans la Bibliothèque latine de Lemaire, 1827-28, 13 vol. in-8; de Sillig, Hambourg et Gotha, 1851-57, 8 v. in-8 (avec le fragment nouveau, tiré d'un ms. de Bamberg). Il a été traduit par Poinsinet de Sivry, 1771-82, 12 v. in-4; par Ajasson de Grandsagne et V. Parisot, 1827-33, 20 vol. in-8 (dans la Bibl. lat.-franç. de Panckoucke), par Littré, 1848, 2 v. gr. in-8. (dans la collect. Nisard). Gueroult a donné des Morceaux choisis de Pline, avec une excellente traduction, 1809, 2 v. in-8. Rezzonico a publié, sous le titre de Disquisitiones plinianæ (Parme, 1762-67), de savantes recherches sur la vie et les ouvrages de Pline.

PLINE LE JEUNE, C. Cæcilius Plinius Secundus, neveu et fils adoptif du précédent, né à Côme en 61 ou 62, m. en 115, fut élève de Quintilien, eut de grands succès au barreau, puis suivit la carrière des honneurs, devint successivement préteur urbain, tribun du peuple, préfet du trésor, consul (100), et enfin proconsul en Bithynie et dans le Pont; se conduisit dans l'administration de ces provinces avec sagesse et probité, et se montra indulgent envers les Chrétiens qui commençaient à se répandre dans sa province. Aimé de Trajan et jouissant d'une grande fortune, il n'usa de sa richesse et de son crédit que pour protéger les gens de lettres (notamment Suétone et Martial), pour fonder des écoles et des bibliothèques, bâtir des temples, etc. Pline avait écrit l’Histoire de son temps et de nombreux plaidoyers, que nous avons perdus; mais son Panégyrique de Trajan et ses Lettres, en 10 livres, nous sont parvenus. Le Panégyrique est un remercîment que Pline adressa à l'empereur dans le sénat, en prenant possession du consulat. Ce n'était d'abord qu'une courte improvisation : Pline le développa plus tard en le destinant au public et lui donna la forme qu'il a maintenant. Il y prodigue à l'empereur des louanges qui pourraient paraître des flatteries, et qui cependant sont confirmées par l'histoire. On reproche à ce morceau de la monotonie, de la prétention et de la froideur; mais il se recommande par l'éclat des pensées, la noblesse du sentiment, la finesse de l'éloge et la grâce du style. Les Lettres brillent par l'élégance, l'esprit et la variété des sujets; leur seul défaut, c'est de n'être pas écrites d'un style assez naturel; on y sent trop l'art et le travail. Les meilleures éditions de Pline le Jeune, après l'éd. princeps (Venise, 1485), sont celles de Deux-Ponts, 1789, de Gierig, Leips., 1816, et de la collection Lemaire. Il a été traduit par Sacy, 1773, par J. Pierrot 1826-29, dans la Bibliothèque lat.-franç. de Panckoucke, et se trouve également dans la collection Nisard. J. L. Burnouf a traduit à part le Panégyrique, 1834.

PLISTHÈNE, fils d'Atrée et petit-fils de Pélops, fut père d'Agamemaon et de Ménélas. Il mourut jeune et recommanda en mourant ses deux enfants à son père Atrée, qui les fit élever comme ses propres fils, d'où le nom d’Atrides par lequel ils sont désignés.

PLISTOANAX, roi de Sparte, de la branche des Eurysthénides, était fils de Pausanias. Il conclut avec Athènes la paix dite de Nicias, 421 av. J.-C. Accusé d'avoir reçu de l'argent pour retirer ses troupes de l'Attique, il fut exilé et ne put rentrer dans sa patrie qu'au bout de 19 ans, à la faveur d'un oracle.

PLOCK ou PLOTSK, v. de Pologne, ch.-l. de voïvodie, sur la r. dr. de la Vistule, à 90 kil. N. O. de Varsovie; 12 000 h, Évêché, synagogue, tribunaux, gymnase; collége de Piaristes. Belle cathédrale. Tanneries, pelleteries. Casimir I y battit les Mazoviens en 1043. — La voïvodie de Plock, entre celles d'Augustovo, de Siedlec et de Mazovie à l'E. et au S., la Russie à l'E., et la Prusse à l'O. et au N., a 90 k. sur 260, et compte env. 600 000 hab.

PLOËRMEL, ch.-l. d'arr. (Morbihan), à 44 k. N. E. de Vannes; 5478 h. Trib. de 1re inst., collége. Église gothique, beaux vitraux. Toiles, étoffes de laine; bestiaux, chanvre, miel, etc. A 1 kil. de Ploërmel est l'étang des Grands-Moulins, qui a 12 kil. de circonférence, et qui est alimenté par la rivière le Duc, qui s'en échappe en formant une belle cascade.

PLOEUC, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 24 kil. S. de St-Brieuc; 5052 hab. Beurre, chanvre, fil.

PLOMB DU CANTAL (le). V. CANTAL.

PLOMBIÈRES, ch.-l. de c. (Vosges), à 15 kil. S. O. de Remiremont, à 22 kil. S. d’Épinal, entre de hautes montagnes; 1500 hab. Chemin de fer. Eaux thermales très-fréquentées, efficaces pour les maux d'estomac et les névralgies. Coutellerie, clouteries; ouvrages de fer et d'acier. — Brûlée en 1498, ravagée en 1661 et 1670 par des inondations, en 1682 par un tremblement de terre, cette ville a été restaurée au dernier siècle par le roi de Pologne Stanislas qui y créa l'établissement thermal et y fonda un hôpital, et embellie de nos jours par Napoléon III, qui y fit plusieurs saisons de bain. On visite aux environs les ruines féodales de Fougerolles, la vallée des Roches et l'abbaye d'Hérival.

PLOMBS DE VENISE (les), prison située sous la toiture en plomb du palais ducal de St-Marc, a surtout été affectée par le gouvernement autrichien aux prisonniers politiques. Les détenus y souffraient cruellement par la chaleur que le soleil, dardant sur les plombs, donnait à leurs cellules.

PLOTIN, philosophe néoplatonicien, né en 205 de J.-C. à Lycopolis (Hte-Égypte), s'attacha à l'âge de 28 ans au philosophe Ammonius Saccas, dont il suivit les leçons à Alexandrie pendant 11 ans, accompagna en 244 l'empereur Gordien dans une expédition contre les Perses, voulant puiser à sa source la philosophie des Orientaux; vint, après l'avénement de Philippe l'Arabe et vers l'âge de 40 ans, se fixer à Rome, y ouvrit une école de philosophie où afflua bientôt un immense concours, et, obtint le respect de ses contemporains par ses vertus ainsi que par sa science. Il se retira dans sa vieillesse en Campanie et y mourut en 270. Il avait, dit-on, obtenu de l'empereur Gallien la permission de bâtir dans la Campanie une ville où il devait réaliser la république idéale de Platon, et qui aurait porté le nom de Platonopolis; mais des envieux firent échouer ce projet. Plotin s'était proposé de fonder l’éclectisme en prenant pour base la doctrine de Platon et s'efforçant de concilier avec elle les autres doctrines des philosophes, mais il ne tarda pas à tomber dans le mysticisme. Le but de la philosophie, selon lui, c'est l'union intime, sans intermédiaire, de l'âme humaine avec l'être divin, ce qu'il appelle l’unification ou la simplification (hénosis, haplosis) : on y arrive par la contemplation et par l'extase; Plotin prétendait avoir plusieurs fois joui lui-même de la vue de Dieu. Il reconnaissait dans la divinité une sorte de trinité, distinguant en elle trois états ou hyposlases : l’Un, c.-à-d. Dieu en soi et sans attributs, l’Intelligence (noûs), et l’Âme universelle (psykhê); la 1re de ces trois personnes est la plus parfaite : les deux autres en procèdent. Dieu, par sa providence, a tout ordonné et gouverne tout; les êtres sont sortis de son sein par une sorte d'émanation, que Plotin appelle procession; la création est une chute, la matière est le principe du mal et n'est digne que de nos