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du roi de Naples Ferdinand IV, né en 1732, m. en 1812, s'éleva en favorisant les intrigues de la reine Caroline. Nommé gouverneur de Naples et chef général de la police, il remplit le royaume d'espions et de bourreaux. Laissé dans Naples comme vicaire général du royaume lors de l'invasion française, il montra la plus grande pusillanimité, signa un armistice au moment où Championnet courait déjà les plus grands risques et s'enfuit en Sicile après avoir brûlé la flotte napolitaine. Il fut disgracié.

PIGNEAU DE BEHAINE (Pierre), missionnaire, né en 1741 à Origny (diocèse de Laon), m. en 1799, suivit de bonne heure la carrière des missions étrangères, alla en 1767 à la Cochinchine, fut fait en 1770 évêque d'Adran (in partibus) et coadjuteur de l'évêque de Canath et devint, à la mort de ce prélat, vicaire apostolique de la Cochinchine. Ayant trouvé ce pays en proie à la guerre civile, il soutint le roi légitime Nguyen-anh, vint en France implorer pour ce prince l'appui de Louis XVI (1786), et en obtint une flotte ; mais il se vit traversé par le gouverneur des établissements français dans l'Inde. Il put cependant réunir quelques troupes à Pondichéry, et alla aider le roi à reconquérir ses États (1789). Nguyen-anh reconnaissant lui accorda un grand crédit et le garda près de lui jusqu'à sa mort.

PIGNEROL, Pinerolo, v. forte d'Italie, dans les anc. États sardes, ch.-l. d'une prov. de même nom, près du Clusone, à 55 kil. S. O. de Turin ;. 14 000 h. Évêché, collége. Belle cathédrale, place d'armes, bel hôpital. Fabriques de drap commun, filatures de soie, papeteries, tanneries, etc. Cette ville, jadis très-forte, était regardée comme la clef de l'Italie. — Pignerol appartint à la maison de Savoie depuis 1042. François I s'en empara en 1536, mais Henri III la rendit. Prise en 1630 par Richelieu, cédée à la France en 1632, elle fut encore rendue en 1696. De 1801 à 1814, elle fut de nouveau réunie à la France. Sous l'ancienne domination française, le château de Pignerol servit longtemps de prison d'État : c'est là que furent enfermés le Masque, de Fer, Fouquet et Lauzun. — La prov. de Pignerol, sur la frontière de France (Htes-Alpes), a 70 kil. sur 40, et compte 135 000 h.

PIGNOTTI (Laurent), écrivain toscan, 1739-1812, fut médecin, professa la physique à Florence et à Pise, et se distingua à la fois comme naturaliste, poëte, littérateur, historien, antiquaire. Ses Poésies, réunies à Florence en 1812-13, forment 6 vol. in-8 : on y remarque surtout ses Fables, qui l'ont rendu populaire ; elles sont en effet pleines de grâce et de coloris et habilement dramatisées. On lui doit de plus une Histoire de la Toscane (en italien) : cette histoire, œuvre inférieure à ses poésies, est à l’Index à Rome.

PIIS (Aug. de), homme de lettres, né à Paris en 1755, m. en 1832, se lia de bonne heure avec Lattaignant et St-Foix, donna à partir de 1776 des pièces à divers théâtres, principalement à la Comédies-Italienne, fonda en 1792 avec Barré le théâtre du Vaudeville, et y fit représenter un grand nombre de vaudevilles, composés la plupart avec Barré. Inquiété sous la Terreur, il fut appelé après le 9 thermidor à remplir diverses fonctions administratives, et fut de 1800 à 1815 secrétaire général de la préfecture de police. Outre ses vaudevilles, on a de lui beaucoup de poésies fugitives (contes, dialogues, chansons, etc.), écrites avec esprit et facilité, mais prolixes et médiocres pour la plupart. Un recueil de ses Chansons choisies a paru en 1806; il a donné lui-même en 1810 ses Œuvres choisies, 4 vol. in-8. On a aussi de lui un poëme sur l’Harmonie imitative de la langue française, 1785. Piis était un des fondateurs et l'un des membres les plus féconds de la réunion bachique dite le Caveau.

PILATE (PONCE-), Pontius Pilatus, magistrat romain, était procurateur de Judée l'an 27 de J.-C. Les Juifs ayant accusé devant lui Jésus d'avoir pris le titre de roi des Juifs, il se proclama incompétent et renvoya le Sauveur devant le roi Hérode (Antipas). Comme à la fête de Pâques il était d'usage de gracier un condamné à mort, Pilate désigna pour cette faveur le brigand Barabbas et Jésus, comptant que le peuple gracierait l'innocent ; Barabbas fut préféré. Pilate alors donna les ordres pour l'exécution, mais non sans s'être lavé les mains devant le peuple, comme pour décliner la responsabilité de ce meurtre. Suivant Eusèbe, Pilate fut rappelé en 37, pour avoir exercé des cruautés contre les Samaritains, et fut relégué en1 Gaule. On croit qu'il mourut à Vienne en l'an 40 et qu'il se tua de désespoir.

PILATE (le mont), Pilatus mons, mont. de Suisse, entre les cantons de Lucerne et d'Underwald, sur le bord occid. du lac de Lucerne, est une ramification des Alpes bernoises. Son sommet le plus élevé (le Tomlishorn) a 2343m. — Mont. de France, dans les Cévennes, partie dans le dép. de la Loire, partie dans celui du Rhône, donne naissance au Gier.

PILATRE DE ROZIER (J. Franç.), né à Metz en 1756, m. en 1785, étudia les mathématiques, la physique, l'histoire naturelle et surtout la chimie, enseigna cette dernière science à Reims, puis devint intendant des cabinets d'histoire naturelle et de physique de Monsieur (Louis XVIII). Enthousiaste de la découverte de Montgolfier, il fit plusieurs ascensions en aérostat et tenta enfin de franchir la Manche en ballon en employant un procédé nouveau, qui était des plus dangereux : il s'éleva de Boulogne le 15 juin 1785, mais le feu prit à l'aérostat et il périt.

PILCOMAYO, riv. de l'Amérique du Sud, sort des Andes par 20° 20' lat. S. et 71° 50' long. O., à quelque distance de Chuquisaca, coule à l'E., puis au S. E., et se jette par deux branches dans le Paraguay vis à vis de l'Assomption, après un cours d'env. 1400 kil. Affluents, San-Juan, Cachimayo, Paspaya, etc.

PILES (FORTIA de), famille ancienne de la Provence, obtint dès le temps de Henri III et Henri IV la faveur des rois de France. Ses membres remplirent presque sans interruption depuis 1660 jusqu'en 1783 les fonctions de gouverneurs de Marseille. — Ludovic de Piles, baron de Baumes, acquit une triste célébrité comme duelliste : c'est lui qui tua le fils de Malherbe (1628); dans une autre affaire, il provoqua 4 officiers à la fois et les tua tous les quatre (1643). Il périt en 1646, à la reprise des îles Ste-Marguerite.

PILES (ROGER de), peintre et littérateur, né à Clamecy en 1635, mort en 1709, fit l'éducation du fils du président Amelot, et suivit dans différentes résidences, comme secrétaire d'ambassade, son ancien élève devenu ambassadeur. Outre quelques beaux tableaux, on a de lui : Abrégé de la vie des peintres, 1699 ; Cours de peinture par principes, 1708, et une trad. de l’Art de la peinture, poëme latin de Dufresnoy. Ses Œuvres forment 5 vol. in-12, Paris, 1767.

PILLAU, v. maritime des États prussiens (Prusse propre), sur la langue de terre qui sépare le Frische-Haff de la Baltique, à 45 kil. S. O. de Kœnigsberg ; 4500 hab. Bon port, construction de navires. Pêche d'esturgeons, préparation du caviar. — Prise par les Suédois en 1626, par les Russes en 1758.

PILLNITZ, vge du royaume de Saxe (Misnie), sur la r. dr. de l'Elbe, à 9 kil. S. E. de Dresde ; 600 h. Beau château royal, où réside la cour pendant l'été. Il s'y tint en 1791 un fameux congrès auquel assistaient, avec les représentants de l'empereur d'Allemagne et du roi de Prusse, le comte d'Artois, l'ex-ministre Calonne et le marquis de Bouillé ; on y signa le 27 août une convention par laquelle les souverains s'engageaient à rétablir Louis XVI.

PILON (Germain), un des grands sculpteurs français, né vers 1515 à Loué, près du Mans, mort vers 1590, vint à Paris en 1550, ayant déjà produit de beaux morceaux, fut l'émule et l'ami de J. Goujon, et contribua avec lui à entretenir le goût de l'antique. On admire ses Mausolées de Guill. du Bellay (au Mans), de François I, de Henri II (à St-Denis) et du chancelier de Birague ; la Foi, l'Espérance et la Charité (sur le monument de Henri II), son groupe des