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« Paissez mes agneaux, paissez mes brebis, » l'instituant ainsi son vicaire sur la terre. Il commença sa mission après la descente du St-Esprit sur les apôtres (Pentecôte); il prêcha avec tant de succès dans Jérusalem qu'il convertit en un seul jour 3000 personnes, juifs ou étrangers; il parcourut ensuite l'Asie-Mineure, établit l’Église d'Antioche, puis se rendit à Rome en 42, année de laquelle date son pontificat. Il fit encore plusieurs voyages en Orient, présida en 52 le concile de Jérusalem, puis revint à Rome, où il fut enveloppé dans la persécution de Néron contre les Chrétiens. Enfermé 8 mois dans la prison Mamertine (auj. l'église San-Pietro in carcere), il n'en fut tiré que pour subir le martyre, avec S. Paul, l'an 65 ou 66. Il obtint d'être crucifié la tête en bas, se croyant indigne de mourir de la même manière que son divin maître. Ses reliques sont conservées à Rome dans une chapelle souterraine de la magnifique basilique de St-Pierre à l'endroit même où, suivant la tradition, il avait été enseveli. On a de S. Pierre deux Épîtres seulement. On célèbre sa fête le 29 juin.

PIERRE (S.) Chrysologue, évêque de Ravenne de 433 à 452, né à Imola, fut un éloquent orateur : son surnom veut dire qui parle d'or. On a de lui 176 homélies (Augsb., 1758). On le fête le 4 déc.

PIERRE (S.) d'Alancatara, ainsi nommé de sa ville natale (1499-1562), était Franciscain. Élu provincial de son ordre, il établit en 1554 la réforme des Conventuels ou Nouveaux Observantins. Il était un modèle de pénitence et de mortification; Ste Thérèse fait un grand éloge de ses vertus. Il a laissé des traités De l'Oraison mentale et De la paix de l'âme.

PIERRE NOLASQUE (S.). V. NOLASQUE.

PIERRE I, roi d'Aragon (1094-1104), fut proclamé devant Huesca à la mort de Sanche Ramire, son père, tué au siége de cette ville, prit la place sur les Maures après la vict. d'Alcaraz (1096), et conquit ensuite Barbastro (1101) et autres districts. Il laissa le trône à son frère, Alphonse le Batailleur. — II, fils et successeur d'Alphonse II (1196-1213), chassa les Vaudois réfugiés dans ses États, s'unit au roi de Castille Alphonse IX contre Sanche VII, roi de Navarre, puis marcha avec ces deux princes contre les Almohades, qu'il vainquit à las Navas de Tolosa (1212). Il alla ensuite porter secours aux Albigeois : défait par Simon de Montfort à Muret (1213), il resta sur le champ de bataille. — III, le Grand (1276-85), né en 1239, fils et successeur de Jacques I, fut le secret moteur des Vêpres Siciliennes, se fit reconnaître roi en Sicile après ce massacre, fut excommunié par le pape Martin IV, qui donna ses États à Charles de Valois, se défendit bien contre Charles et contre son propre frère Jacques, roi de Majorque, mais mourut avant la fin de la guerre. — IV, le Cérémonieux (1336-1387), fils et successeur d'Alphonse IV, né en 1319, dépouilla Jacques II de Majorque, s'allia contre les Maures au Portugal et à la Castille (1340-42), battit sur mer, près d'Alghero, les Génois qui lui disputaient la Sardaigne (1353), soutint Henri de Transtamare contre son frère Pierre le Cruel, roi de Castille (1357-65), puis consentit à se tourner contre lui, à la condition de recevoir lui-même en partage une partie du royaume de Castille, mais fut forcé de renoncer a ses prétentions par la paix d'Almazan (1374). Il conclut avec les Génois un traité au sujet de la Sardaigne (1386). Son règne fut troublé par diverses révoltes; il eut avec son propre fils de violents démêlés. Ce prince fonda l'Université de Huesca et substitua dans ses États l'ère vulgaire à l'ère de César. Son surnom de Cérémonieux vient du soin qu'il mit à régler l'étiquette de la cour. Il a laissé une Chronique de son règne, en catalan.

PIERRE, le Cruel, roi de Castille (1350-69), né en 1334, fils et successeur d'Alphonse XI, gouverna despotiquement et commit toutes sortes de cruautés : il fit tuer Éléonore de Guzman, qui avait été la maîtresse de son père (1351), abandonna le lendemain de ses noces sa propre femme Blanche de Bourbon, puis l'enferma et la fit mourir (1361); il égorgea Jean, son cousin, ainsi que Frédéric, son oncle. IL préparait le même sort à son frère naturel, Henri de Transtamare; mais ce prince s'enfuit en France, revint suivi de Duguesclin et d'une armée française, détrôna le tyran et prit la couronne de Castille (1366). L'année suivante, Pierre fut rétabli par le Prince Noir, à la tête des Anglais, après la bataille de Najera; mais il ne profita de la victoire que pour redoubler de cruautés. Duguesclin, de retour, le battit de nouveau à Montiel (1369), puis, l'ayant fait prisonnier, le livra à son frère Henri qui le tua de sa propre main. M. Mérimée a écrit son histoire sous le titre d’Hist. de don Pèdre, roi de Castille.

PIERRE I, dit le Justicier, roi de Portugal (1357-67), né en 1320. Avant de monter sur le trône, il avait épousé secrètement Inès de Castro : Alphonse IV, son père, ayant fait périr cette femme (1355), il s'était révolté, puis avait consenti à poser les armes et promis de pardonner aux auteurs du meurtre; mais, dès qu'il fut devenu roi, il se les fit livrer par Pierre le Cruel de Castille et leur fit arracher le cœur en sa présence à Santarem en 1360; puis il fit exhumer Inès et lui rendit les honneurs royaux. Il réforma les abus, réprima l'insolence de la noblesse, fit des règlements utiles, allégea les impôts, abrégea les formalités judiciaires et fit exécuter la justice avec uns rigueur qui lui valut son surnom. — II, régent (1667), puis roi de Portugal (1683-1706), était le 2e fils de Jean IV. Il s'unit à sa mère et à la reine pour renverser l'imbécile Alphonse VI, son frère, s'empara de la régence en 1667, épousa Marie-Françoise de Savoie, sa belle-sœur, qu'il avait fait séparer de son 1er époux, fit conduire Alphonse à Terceire, puis à Cintra (où il mourut en 1683), signa la paix avec l'Espagne, qui reconnut l'indépendance du Portugal (1668), et traita avec les Provinces-unies (1669). Il se déclara pour la France au commencement de la guerre de la succession d'Espagne (1701), puis il se jeta dans les bras de l'Angleterre, entra dans la coalition contre Louis XIV et soutint l'archiduc Charles (1703); la même année, il signa le traité de Méthuen, qui livrait aux Anglais le commerce du Portugal. — III, roi de Portugal de 1777 à 1786, était le 2e fils de Jean V et avait épousé sa nièce Marie Ire. Sous son règne la prépondérance des Anglais en Portugal ne fit que croître. — IV, roi de Portugal et empereur du Brésil. V. PEDRO (don).

PIERRE, dit l’Allemand, roi de Hongrie de 1038 à 1041, avait succédé à son oncle Étienne I. Il irrita son peuple par sa cruauté, ses exactions, son amour exclusif pour les Allemands, fut chassé et remplacé par Aba, beau-père d’Étienne; mais il réussit, avec l'aide de l'empereur Henri III, à remonter sur le trône (1044), et en retour se reconnut vassal de l'empire (1045). Il causa par là une nouvelle révolte : étant tombé aux mains des mécontents, il eut les yeux crevés et mourut trois jours après en prison (1047).

PIERRE LE BEAU ou CALOPIERRE, Valaque, fonda avec Asan, son frère, en 1186, le 3e roy. de Bulgarie ou royaume Valaco-Bulgare, aux dépens des Grecs et fut soutenu par l'empereur Frédéric I. Il périt assassiné en 1197.

PIERRE DE COURTENAY, comte d'Auxerre et de Nevers, empereur français de Constantinople, était cousin de Philippe-Auguste. Appelé à la mort de Henri I pour lui succéder (1216), il se mit en route; mais, les Vénitiens ayant refusé de le transporter par mer, il tomba aux mains de Théodore l'Ange, qui, après deux ans de prison, le fit mourir (1219). Yolande, sa femme, gouverna pendant sa captivité.

PIERRE, dit Mauclere, duc de Bretagne, fils du comte de Dreux Robert II, épousa Alix (fille de Guy de Thouars et héritière de la Bretagne), et devint par ce mariage régent et duc de la Bretagne (1213). Il entra dans la ligue des seigneurs contre la reine Blanche de Castille et, après avoir été vaincu, se vit obligé d'abandonner la Bretagne à son fils Jean I