Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/663

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PHŒBÉ, PHŒBUS. V. DIANE et APOLLON.

PHŒBIDAS, général lacédémonien qui, l'an 382 av. J.-C., prit la Cadmée, citadelle de Thèbes, en violant la foi des traités. Il fut cassé et mis à l'amende comme ayant agi sans ordre ; mais les Lacédémoniens ne continuèrent pas moins à occuper Thèbes, ce qui donna naissance à la guerre dans laquelle Épaminondas et Pélopidas ruinèrent la puissance de Sparte. Dans la suite, il fut rétabli dans le commandement et renvoyé en Béotie ; les Thébains l'assiégèrent dans Thespies, et il fut tué dans une sortie, 377.

PHORBAS, petit fils d'un roi d'Argos de même nom, délivra les Rhodiens d'un dragon qui ravageait leur île, et fut, après sa mort, placé dans le ciel avec le dragon qu'il avait tué, sous le nom d’Opiuchus ou Serpentaire. — Chef des Phlégyens, petit peuple de la Phocide, homme cruel et violent, s'étant saisi des avenues qui conduisaient à Delphes, forçait tous les passants à se battre contre lui, et, après les avoir vaincus, les faisait mourir dans de cruels tourments. Apollon se présenta au combat déguisé en athlète et l'assomma d'un coup de poing.

PHORCYS, un des Dieux de la mythologie primitive des Grecs, naquit de Pontos et de Gæa (la Mer et la Terre), épousa Céto, en eut les Grées, les Gorgones, le dragon des Hespérides, Scylla, Thoosa. On le représentait sous les traits d'un vieillard ; on lui attribuait le pouvoir de commander aux flots.

PHORONÉE, Phoroneus, fils et successeur d'Inachus, et 2e roi d'Argos (1920-1896), fut père de Niobé, d'Apis et d'Argus. Arbitre dans une querelle entre Junon et Neptune, il prononça en faveur de Junon, qui depuis protégea Argos. Il donna des lois à ses sujets et les initia aux bienfaits de la civilisation. Il eut à soutenir de grandes guerres contre les Telchines et les Curètes. Après sa mort, ce prince fut divinisé ; son nom fut donné à une petite rivière de l'Argolide. Ce nom, qui rappelle les Pharaons (d’Égypte), confirme les traditions relatives aux émigrations égyptiennes dans la Grèce primitive.

PHOTIUS, patriarche de Constantinople, né dans cette ville, avait été déjà ambassadeur en Perse et premier secrétaire de l'empereur Michel, lorsque, en 857, il fut porté, bien que laïque, au patriarcat de Constantinople, à la place d'Ignace, qui venait d'être déposé. D'odieuses violences signalèrent son intrusion, à laquelle s'opposa le pape Nicolas I. Anathématisé par le pape dans un concile, il réunit un conciliabule dans lequel il anathématisa le pape à son tour, et il persuada aux évêques qui y étaient assemblés de se séparer de l'Église latine, ce qui donna naissance au grand schisme grec, 858. Basile le Macédonien rétablit Ignace, mais Photius reprit ses fonctions à la mort du patriarche ; il se fit même alors approuver par le pape, à la condition d'abjurer ses erreurs ; mais il n'en fit rien et fut excommunié de nouveau (869). Néanmoins, il se maintint sur son siége jusqu'à l'avènement de Léon le Philosophe, qui l'exila ; il mourut en exil, dans un couvent d'Arménie, en 891. Photius joignait à un esprit rare et pénétrant l'érudition la plus vaste. On a de lui, sous le titre de Bibliothèque (ou Myriobiblori), une précieuse compilation qui contient une infinité d'extraits d'auteurs que nous ne connaissons que par elle (les meilleures éditions sont celle de Genève, 1612, grec-latin, et celle d'E. Bekker, toute grecque, Berlin, 1824). Photius a laissé de plus des Lettres (Londres, 1651, in-fol.); un Recueil des Canons de l'Église et le Nomocanon ou Accord des lois impériales et des canons (en tête du recueil des Canons ecclésiastiques, Paris, 1551); un Lexique grec (publié par Hermann, Leips., 1808, et par Porson, Londres, 1822) ; divers écrits théologiques, entre autres : Adversus Latinos, Adversus Manichæos, De processione Spiritus sancti. De nouvelles Lettres de Photius ont été récemment retrouvées à Constantinople par M. Lebarbier. Ses Œuvres complètes se trouvent dans la Patrologia græca de Migne (1860). L'abbé Jager a donné son Hist., Par., 1844.

PHRAATACE, roi parthe de l'an 9 à l'an 14 de J.-C., s'unit à sa mère Thermusa pour faire périr son père, Phraate IV, et fut à son tour égorgé par ses sujets révoltés.

PHRAATE I, roi des Parthes de 182 ou de 178 à 164, fils de Priapatius, subjugua les Mardes, peuple nomade de Médie. — II, 139-127, vit Antiochus VII (Sidétès) envahir ses États, fut vaincu dans trois grandes batailles, perdit Babylone, Séleucie, Ecbatane, et fut quelque temps réduit à la Parthie primitive ; mais, aidé par les Scythes, il surprit les troupes syriennes, et les tailla en pièces dans une bataille où périt Antiochus. N'ayant payé ses alliés que d'ingratitude, il les vit tourner leurs armes contre lui et il périt en les combattant. — III, 70-61, tour à tour l'allié et l'ennemi des Romains, périt par un complot de ses deux fils Mithridate III et Orodes. — IV, monta sur le trône l'an 37 av. J.-C., après avoir massacré ses frères, fit avec quelque succès la guerre à Marc-Antoine, mais fut forcé de fuir devant ses propres sujets révoltés, alla chercher des secours chez les Scythes, battit avec leur secours Tiridate, qui s'était emparé du trône, fit ensuite la paix avec les Romains, et rendit à Auguste les prisonniers et les drapeaux pris sur Crassus. Il mourut l'an 9 de J.-C., empoisonné par sa femme et Phraatace, son fils.

PHRANZA ou PHRANTZÈS (George), historien byzantin, né à Constantinople en 1401, fut chambellan et secrétaire de Manuel II (Paléologue), devint en 1446 gouverneur de la Morée, et fut enfin nommé grand logothète. Il fut pris par les Turcs en 1453, vendu, puis mis en liberté, et mourut dans un couvent de l'île de Corfou vers 1480. On a de lui une Chronique de Constantinople (de 1259 à 1477), publiée par Fr. Ch. Alter, Vienne, 1796, et réimpr. dans la Byzantine. Cette histoire, qui paraît véridique et impartiale, renferme de curieux détails.

PHRAORTE, roi des Mèdes, fils et successeur de Déjocès, régna de 690 à 655 ou de 657 à 634 av. J.-C., conquit plusieurs régions, mais fut vaincu à Ragau par les Assyriens. Il mourut peu après et eut Cyaxare I pour successeur. On croit que c'est l'Arphaxad de la Bible.

PHRÉ, dieu égyptien. V. FRÉ.

PHRYGIE, Phrygia, région de l'Asie-Mineure dont les bornes ont beaucoup varié. La Phrygie primitive s'étendait le long de la mer, depuis l'embouchure du Méandre jusque près de celle du Parthénius, et par conséquent était baignée par trois mers (la mer Égée, la Propontide, le Pont-Euxin); elle avait pour bornes à l'E. l'Halys, au S. les monts de Pisidie et de Lycaonie. Dès l'an 1900 av. J.-C., diverses peuplades vinrent s'établir dans cette contrée, les Thyni et Maryandyni près du Pont-Euxin, les Dardani et Mysi en Troade, les Mœones au S. des derniers, et en resserrèrent ainsi les bornes ; cependant tout le pays portait encore au temps d'Homère le nom de Phrygie. Vers l'an 500 av. J.-C., la Phrygie ne comprenait plus la Lydie, la Méonie, la Bithynie. Jointe à la Paphlagonie et à la Cappadoce, elle forma sous les Perses la 3e satrapie : on y distinguait la Petite Phrygie ou Phrygie de l'Hellespont (la Troade anc.), au N., sur les trois mers, dont les villes principales étaient Dascylium, Pessinonte, Gordium, Ancyre ; et la Grande Phrygie ou Phrygie proprement dite, au S. de la précédente, et dans l'intérieur des terres : celle-ci avait pour bornes à l'O. la Mysie et la Lydie, à l'E. la Cappadoce ; malgré son nom, c'était la moins grande. En 278 av. J.-C., la Petite Phrygie disparaît ; un tiers de son territoire (entre les montagnes et le Pont-Euxin) va grossir la Bithynie ; un autre tiers (entre la Propontide et la Mysie) passe aux mains des rois de Pergame ; le dernier tiers est joint à la Grande Phrygie, à laquelle on avait précédemment ajouté la Lycaonie au S. Le nouveau pays ainsi composé s'appelle simplement Phrygie : Dorylée, Synnade, Célènes, Colosse, Thymbrée, Iconium, Sagalasse, Larande en étaient les