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PHILÆ, auj. Djeziret-el-Heif ou El-Birbé, île de la Hte-Égypte (Thèbes), dans le Nil, sur la frontière de l’Éthiopie et à l'origine des cataractes, à 4 kil. S. de Syène (Assouan), avait 2 k. détour. Elle renfermait le tombeau d'Osiris et était consacrée au culte de ce dieu. On y trouve encore beaucoup de monuments et de ruines antiques, entre autres les restes de beaux temples d'Osiris, d'Isis et de Typhon.

PHILÉ (Manuel), poète grec, né à Éphèse vers 1275, m. vers 1340, passa sa vie à mendier les faveurs de la cour de Constantinople. Il a laissé divers poëmes en vers politiques ou mesurés (mais sans prosodie), publiés par Wernsdorf, Leipsick, 1768, avec version lat. et notes, et une espèce d’Histoire naturelle, composée d'extraits d'Élien mis en vers, que J. Corn. de Pauw publia à Utrecht, 1730, d'après les corrections de Camerarius, et qu'on trouve aussi dans les Poetæ didactici de la collection Didot, 1846. M. Miller a édité à part ses poésies, Paris, 1858.

PHILELPHE (Fr.), savant italien, né en 1398 à Tolentino, m. en 1481, avait étudié à Padoue. Il remplit diverses missions, fut secrétaire de l'ambassade de Venise à Constantinople, fut envoyé près de l'emp. Sigismond par Jean Paléologue pour implorer son secours contre les Turcs, recueillit en Grèce une riche moisson de manuscrits, qu'il rapporta en Italie, professa les langues anciennes à Venise, Florence, Sienne, Bologne, Milan, la philosophie à Rome, et mourut à Florence, laissant de nombreux écrits en prose et en vers (satires, fables, etc.), et plusieurs traductions latines d'ouvrages grecs (la Rhétorique d'Aristote, la Cyropédie et les opuscules de Xénophon, et quelques Vies de Plutarque). Philelphe fut l'ennemi des Médicis, et eut querelle avec plusieurs savants, notamment avec le Pogge. — Son fils aîné, Marius Philelphe, né à Constantinople en 1426, m. à Mantoue en 1480, fut employé à la cour de Constantinople, puis à celle de Provence sous René, professa les belles-lettres à Gênes et fut avocat à Turin. On a de lui de nombreux écrits, en latin et en italien, discours, lettres, commentaires, épigrammes, tragédies, poëmes divers, dont un sur la prise de Constantinople.

PHILÉMON, époux de Baucis. V. BAUCIS.

PHILÉMON, poëte comique grec, né à Soles en Cilicie vers 320 av. J.-C., s'exerça dans la Comédie nouvelle et fut presque l'égal de Ménandre. Il mourut, dit-on, dans un accès de rire, à 97 ans. Il avait composé plus de 80 pièces; il n'en reste que quelques fragments, que l'on trouve avec ceux de Ménandre, et qui ont été traduits en français par Poinsinet de Sivry. Ce poëte avait une grande facilité, mais il s'attachait plus à flatter le goût du jour qu'à plaire aux hommes sérieux, ce qui explique à la fois la vogue qu'il eut de son vivant et l'oubli où sont tombées ses œuvres.

PHILÉMON, grammairien grec, est auteur d'un Lexique technologique (grec), édité pour la 1re fois par Burney, Londres, 1812, et plus complètement, avec notes, par Fr. Osann, Berlin, 1841. On le place au VIIe s. de notre ère.

PHILÈNES (les autels des), Philænorum aræ, v. et port d'Afrique, sur les confins des États de Carthage et de Cyrène, tirait son nom, disait-on, de deux frères carthaginois qui, dans une contestation survenue entre les Carthaginois et les Cyrénéens au sujet des bornes des deux États, s'étaient dévoués pour étendre les limites de leur pays, et qui, accusés de fraude, avaient été enterrés vifs par les Cyrénéens. Carthage éleva deux autels sur leur tombeau. Selon Pline, ces prétendus autels n'étaient que des dunes naturelles.

PHILÉTÈRE, Philæterus, fondateur du roy. de Pergame, était un eunuque paphlagonien. Nommé par Lysimaque gouverneur de Pergame, il s'empara du pouvoir dans cette ville, 283 ans av. J.-C. Il gouverna 20 ans, mais sans prendre le titre de roi, et laissa ses États à Eumène, son neveu. On a donné le nom de Philétérien à un pied un peu plus grand que le pied grec ordinaire, qui était employé dans ses États; ce pied avait 35 centimètres, 4 millimètres, tandis que le pied vulgaire ou olympique n'avait que 30 centimètres et 8 millimètres.

PHILIBERT ou PHILBERT (S.), d'Eause en Gascogne, fonda en 654 le monastère de Jumiégos, en Neustrie, fut persécuté par Ébroïn, maire du palais, à qui il avait reproché ses crimes, se retira dans l'île d'Her sur les côtes du Poitou, et y fonda vers 680 le cél. monastère d'Hermoutier, nommé depuis par corruption Noirmoutier; il y m. en 684. On l'hon. le 20 août.

PHILIBERT de Savoie, V. SAVOIE et EMMANUEL.

PHILIDOR (André DANICAN, dit), compositeur, né à Dreux en 1726, m. en 1795. Il donna plusieurs opéras-comiques, dont un, le Maréchal ferrant, est resté au répertoire, trois opéras, des motets, des oratorios, des messes, etc. Philidor était bon harmoniste, et avait de l'originalité. Cet artiste avait de plus un talent particulier pour le jeu d'échecs, et il se fit admirer en Angleterre, en Allemagne, comme en France; son Analyse du jeu des échecs, Londres, 1749, a été souvent réimprimée.

PHILIPON DE LA MADELAINE (L.), né à Lyon en 1734, m, en 1818, fut successivement avocat du roi à la Chambre des comptes de Besançon, intendant des finances du comté d'Artois, et bibliothécaire du ministère de l'intérieur sous le Directoire. Il a laissé divers ouvrages utiles et souvent réimprimés : Dictionnaire portatif des rimes, Dict. portatif des poëtes français, Grammaire des gens du monde, Homonymes français, Manuel épistolaire, etc., et a composé une vingtaine de vaudevilles, ainsi que des chansons gaies et spirituelles. — Son neveu, V. Philipon de la M., avocat, a traduit l’Arioste et le Tasse, et a donné quelques ouvrages, entre autres l’Orléanais, 1845.

PHILIPPE, nom commun à un grand nombre de princes anciens et modernes (Grecs, Romains, Français, Espagnols, etc.) et de personnages divers.

I. Souverains Grecs et Romains.

On compte cinq rois de Macédoine de ce nom : Philippe I, 609-576 av. J.-C.; — II, le plus célèbre, 360-336; — III, ou Phil.-Arrhidée, 323-317; — IV, fils de Cassandre, 298; — V (ou III, si on ne compte pas les deux précédents), 221-178. — Les seuls importants sont le 2e et le dernier. Pour Philippe-Arrhidée, V. ARRHIDÉE.

PHILIPPE II, roi de Macédoine, 3e fils d'Amyntas III, né l'an 383 av. J.-C., fut envoyé à Thèbes comme otage par Pélopidas, qui avait été appelé en Macédoine pour mettre fin aux troubles qui désolaient ce pays, et y vécut dans la maison d'Épaminondas, dont il reçut les leçons. A la mort de Perdiccas III, son frère (360), Philippe s'évada de Thèbes, saisit le pouvoir comme tuteur de son neveu Amyntas (titre qu'il changea bientôt en celui de roi), leva et disciplina une armée, qui dut sa plus grande force au perfectionnement de la phalange, rétablit la tranquillité à l'intérieur en battant ses compétiteurs Argée et Pausanias, à l'extérieur en traitant avec Athènes, agrandit son royaume par la prise d'Amphipolis, de Pydna, de Potidée (358-57),et par d'importantes conquêtes en Illyrie, en Péonie et en Thrace, et transporta sa capitale à Pella. En 356, il épousa Olympias, fille du roi d'Épire, se fortifiant ainsi par une puissante alliance. Peu d'années après, il tourna ses vues sur la Grèce et dirigea surtout son habile et perfide politique contre Athènes; mais il y trouva un redoutable adversaire dans l'orateur Démosthène, qui démasqua son ambition dans ses célèbres Philippiques. Profitant des troubles de la Guerre sacrée, il s'empara de Méthone, ville alliée d'Athènes, au siége de laquelle il perdit l'œil droit (V. ASTER), d'Imbros, de Lemnos, de Magnésie, se fit déclarer protecteur des Thessaliens, et tenta, mais vainement, de franchir les Thermopyles (353). Il protégea utilement Mégalopolis contre Sparte, fit contre l'Eubée une tentative qui échoua devant la résistance de Phocion, prit Olynthe (348), malgré les foudres de Démosthène (V. OLYNTHIENNES), termina la 1re guerre sacrée, se fit admettre au conseil amphictyonique à la place des Phocidiens, et se fit