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inscriptions dès leur fondation et fit transporter au Louvre !e siége de l’Académie Française. Charles P. est auteur de notices sur les hommes illustres du XVIIe siècle, 1696-1700 ; mais il est surtout célèbre par ses Contes de fées, publiés sous le titre de Contes de ma mère l’Oye ou Histoires du temps passé, 1697, qui sont encore aujourd’hui populaires, et par la part qu’il prit à la querelle des anciens et des modernes. Il s’attira l’inimitié de Boileau, qui devint injuste pour lui et son frère, en soutenant hautement la supériorité des modernes sur les anciens. Il a soutenu cette thèse dans son poëme sur le Siècle de Louis le Grand et dans son Parallèle des anciens et des modernes (1688-98), 4 vol. in-12. Outre les ouvrages déjà cités, on a de Charles plusieurs Contes en vers, inférieurs à ses contes en prose (Peau d'Âne, Grisélidis, etc.), un Poëme sur la chasse et un Poëme de la peinture. Ses Œuvres choisies ont été publiées par Colin de Plancy (1826) et par P. L. Jacob (1842), avec une Dissertation sur les contes de fées. Ses Contes ont été souvent réédités, récemment par M. Giraud (1865). Il a laissé des Mémoires (1759).

PERRENOT DE GRANVELLE. V. GRANVELLE.

PERREUX, ch.-l. de c. (Loire), à 5 kil. E. de Roanne ; 2552 hab.

PERRHÉBIE, Perrhœbia, contrée de Thessalie, entre l’Olympe et la vallée de Tempé, était d’abord habitée par un peuple d’origine pélasgique, qui en fut expulsé par les Lapithes.

PERRIN (Pierre), le créateur de l’opéra français, dit l’abbé Perrin, quoiqu’il n’eût jamais reçu les ordres, né à Lyon vers 1630, m. en 1680, était introducteur des ambassadeurs chez Gaston, duc d’Orléans. Il composa et fit représenter en 1659, dans une maison particulière, une pastorale en 5 actes et en vers, mise en musique par Cambert, qui est la 1re pièce française qu’on ait chantée. Ce nouveau genre ayant eu un grand succès, il obtint en 1669 des lettres patentes pour l’établissement d’une académie de musique, où l’on chanterait des pièces de théâtre : il installa ses acteurs dans un jeu de paume de la rue Mazarine, et y fit jouer en 167 l’opéra de Pomone. Mais, dès l’année suivante, il se vit forcé, faute de fonds suffisants, d’abandonner l’entreprise et céda son privilège à Lulli. Perrin avait pubûé en 1661 ses Œuvres de poésie. Boileau l’a fort maltraité.

PERRIN (Victor), maréchal de France. V. VICTOR.

PERRONET (J. Rod), ingénieur, directeur des ponts et chaussées, né à Suresnes en 1708, m. en 1794, fit treize ponts magnifiques, entre autres celui de Neuilly (le premier exemple d’un pont horizontal), et le pont Louis XV à Paris, dirigea les travaux du canal de Bourgogne, donna un plan pour amener à Paris les eaux de l’Yvette, indiqua les moyens à employer pour construire des arches de pierre de 100 et même de 150m d’ouverture, imagina un grand nombre de machines encore en usage dans les constructions, entre autres la scie à recéper les pieux sous l’eau, un tombereau inversable, une drague pour curer les ports et les rivières, une double pompe à mouvement continu. C’est lui qui organisa l’École des ponts et chaussées, fondée par Trudaine (1747) : il en fut le 1er directeur. Il était membre de l’Acad. des sciences et de l’Académie d’architecture.

PERROS-GUIREC, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 10 kil. N. de Lannion ; 2765 hab. Petit port.

PERROT D’ABLANCOURT. V. ABLANCOURT.

PERSAN (DOUBLET de), V. DOUBLET.

PERSANS, habitants de la Perse, se dit de préférence quand il s’agit de la Perse moderne.

PERSANTE, riv. des États prussiens (Prusse), sort d’un petit lac au N. O. de Neu-Stettin et tombe dans la Baltique, près de Colberg. Cours, 140 kil.

PERSE. On désigne sous ce nom et la Perse ancienne ou empire des Perses, et la Perse moderne ou Iran.

PERSE ANCIENNE, Persia, l’Élam de la Bible, vaste empire de l’Asie, avait pour bornes au N. l’Iaxarte, la mer Caspienne, la chaîne du Caucase et le Pont-Euxin, à l’E. le fleuve Indus, au S. la mer Érythrée, le golfe Persique et l’Arabie, à l’O. le désert de Libye, la Méditerranée, la mer Égée et le Pont-Euxin. Il était divisé par l’Euphrate en deux parties inégales : l’une, à l’O. du fleuve, comprenait la presqu’île de l’Asie-Mineure, la Syrie, la Phénicie et l’Égypte ; l’autre à l’E., renfermait les contrées situées entre l’Euphrate et l’Indus. Les villes les plus importantes étaient : Persépoiis, Suse, Ecbatane. Cet empire comprenait, outre la Perse actuelle, les pays qui font partie de la région caucasienne de l’empire russe, quelques portions du Turkestan, une grande partie de la Turquie d’Asie, le Béloutchistan, l’Afghanistan, quelques États de l’Hindoustan et l’Égypte. Cyrus avait divisé ce vaste empire en 120 petits gouvernements ; Darius I en 20 grands gouvts ou satrapies :

1 Lydie et Pisidie, 11 Côte S. de la mer Caspienne.
2 Carie, Lycie et Pamphylie, 12 Bactriane.
3 Phrygie, Cappadoce et Paphlagonie, 13 Arménie.
4 Cilicie et Syrie septent., 14 Drangiane, Carmanie et Gédrosie.
5 Syrie méridionale, 15 Pays des Saces.
6 Égypte, 16 Sogdiane, Arie, Chorasmie et Parthiène.
7 Transoxiane, 17 Colchide.
8 Susiane, 18 Albanie et Ibérie.
9 Syrie des rivières, Babylonie et Assyrie, 19 Pont.
10 Médie, 20 Arachosie et Inde pers.

À ces 20 satrapies, il faut joindre la Perside, berceau de la nation, qui formait une division à part, sans porter le titre de satrapie. — Sous les Sassanides (ou 2e empire persan), la Perse ne comprenait plus l’Asie-Mineure, l’Égypte, la Bactriane, la Sogdiane ; sa domination fut en outre très-limitée au N., et l’Arménie était partagée avec l’empire romain. Après la domination arabe, le nom de Perse disparaît presque pour être remplacé par celui d’Iran.

PERSE MODERNE ou IRAN, État de l’Asie occidentale, borné au N. par l’empire de Russie (dont il est séparé par l’Araxe), la mer Caspienne et le Turkestan, à l’E. par les roy. de Hérat et de Caboul et la confédération des Béloutchis, au S. par le golfe Persique et le golfe d’Oman, à l’O. par la Turquie d’Asie, s’étend de 42° à 60° long. E., et de 25° à 40° lat. N. ; env. 11 000 000 d’hab. ; capit., Téhéran (jadis Ispahan). On divise généralement ce royaume en onze provinces :

Provinces. Chefs-lieux.
Irak-Adjémi, Téhéran.
Tabaristan, Demavend ou Amol.
Mazendéran, Sari.
Ghilan, Recht.
Aderbaïdjan, Tauris ou Tébriz.
Kourdistan perse, Kirmanchah.
Khousistan, Chouster.
Fars ou Farsistan, Chiraz.
Kerman, Sirdjan ou Kerman.
Kouhistan, Cheheristan.
Khoraçan occidental, Mesched.

La Perse est un vaste plateau entouré de contrées montagneuses ; les montagnes sont surtout nombreuses au N. O. Elle ne renferme qu’un très-petit nombre de cours d’eau : dans le bassin du golfe Persique, le Tigre et le Chat-el-Arab ; dans le bassin de la mer Caspienne, l’Araxe, le Kizil-Ozen et l’Abi-Atrek. Le climat est très-varié, chaud en général, brûlant en quelques parties ; tempéré et même froid vers les montagnes. Au N. E. s’étendent deux vastes déserts arides et imprégnés de sel marin, celui de Nabendjan et celui du Kerman. Dans le reste du pays, la fertilité varie selon que l’eau est rare ou abondante : dans les parties arrosées, le sol produit avec profusion tous les genres de céréales et des fruits exquis (c’est de la Perse que la pêche est originaire). Vins célèbres, jujubes, opium, tabac, rhubarbe, henné, galle, gommes. Gros bétail, beaux chevaux, onagres, dromadaires, buffles, moutons à grosse