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20 000 hommes à la prise de Sorata; mais ils furent bientôt vaincus et soumis. De toutes les colonies espagnoles de l'Amérique, le Pérou est celle qui arbora la dernière le drapeau de l'indépendance : une armée chilienne, commandée par le général St-Martin et l'amiral Cochrane, s'empara de Lima en 1821 et proclama l'indépendance du Pérou sous la protection de Bolivar. La victoire de ce dernier à Junin (1824) et celle du général Sucre à Ayacucho (1824) consolidèrent la liberté du Pérou; mais bientôt la discorde éclata dans la nouvelle république, et une scission violente sépara le Ht-Pérou, protégé par Bolivar, et qui prit le nom de Bolivie, et le Bas-Pérou, qui conserva l'ancien nom. Les deux républiques eurent de longues querelles entre elles au sujet de leurs limites; en outre, elles ont été longtemps désolées par des dissensions intérieures et de fréquentes révolutions. Le Bas-Pérou est gouverné par un président élu pour 6 ans, et par un sénat et une chambre des députés. Parmi les présidents de cette république, on remarque Gamara, élu en 1830, qui après s'être maintenu onze ans dans la direction des affaires, se vit chassé de Lima en 1841, et le général Santa Cruz, qui se fit élire à sa place, mais abdiqua bientôt (1842).

PÉROU (HAUT-). V. BOLIVIE.

PÉROUN, dieu du tonnerre chez les Slaves. S. Vladimir détruisit son idole à Kiev au Xe s.

PÉROUSE, Perugia des Italiens, Perusia des Latins, v. forte du roy. d'Italie, ch.-l. de la prov. de son nom et précédemment de la délégation de Pérouse dans les États-Romains, sur une montagne, près du Tibre, à 136 k. N. de Rome; 15 000 hab. Évêché, université, fondée en 1307, réorganisée en 1824; académie des beaux-arts, école de musique, musée d'antiques, bibliothèque. On remarque la cathédrale gothique de St-Laurent, les églises el Jésu, St-Pierre, des Philippins, des Dominicains, ornées de tableaux de Raphaël, du Pérugin, du Guide, etc., la belle porte de la Piazza Grimana, dite Arc de triomphe d'Auguste, deux amphithéâtres, les salles de spectacle, etc. Étoffes de soie, de laine; liqueurs, chapeaux, eau-de-vie, etc. Vanucci, dit le Pérugin, naquit près de Pérouse. — Jadis une des 12 cités de la confédération étrusque au S. de l'Arno, cette ville s'allia aux Samnites contre Rome; mais fut écrasée aux deux grandes batailles dites de Pérouse (309 et 295 av. J.-C.) et se soumit aux vainqueurs. On nomme Guerre de Pérouse la lutte qu'Octave eut à soutenir, l'an 41 av. J.-C., contre Lucius Antonius, frère de Marc-Antoine le triumvir, et contre Fulvie sa femme : Pérouse subit alors un siége célèbre; Octave vainqueur fit, dit-on, immoler des prisonniers sur les autels; d'où le mot d’autels de Pérouse. Cette ville fut au VIe s. prise par les Goths après un siége de sept ans; Narsès la reprit, mais elle tomba bientôt après au pouvoir des Lombards. Pépin le Bref la donna aux papes, mais elle fit souvent la guerre à ses nouveaux maîtres et se maintint en quelque sorte en république. Cependant, en 1392, elle se soumit à Boniface IX. Prise en 1416 par le condottiere Forte-Braccio, elle devint le ch.-l. de la principauté que se fit ce guerrier aux dépens du St-Siége. En 1442, elle se soumit de nouveau au pape (sous Eugène IV), mais les deux grandes familles des Oddi et des Baglioni s'y disputèrent encore longtemps le pouvoir, et ce n'est que Léon X qui, après s'être emparé de la personne de J. P. Baglione, y établit effectivement l'autorité papale, 1520. Elle fut en 1860 annexée, avec toute l'Ombrie, au royaume d'Italie. — L'anc. délégation de Pérouse, auj. une des divisions de l'Ombrie, était bornée au N. par celle d'Urbin et Pesaro, à l'O. par celle de Viterbe, et avait 45 kil. de long sur une largeur égale et 225 000 h. ; villes principales (outre Pérouse) : Foligno, Nocera, Assise, Città di Castello, Città delle Pieve, Todi.

PÉROUSE (lac de), le lac Trasimène des anciens, à l'O. de Pérouse; il a 28 k. de tour. V. TRASIMÈNE.

PERPENNA (M.), consul romain en 130 av. J.-C., battit et fit prisonnier Aristonic, qui disputait aux Romains le royaume de Pergame.

PERPENNA (M. Vento), général romain du parti de Marius, était en 79 av. J.-C. lieutenant de M. Æmil. Lépidus (père du triumvir). Après la défaite et la mort de celui-ci, il se rendit en Espagne, et joignit ses troupes à celles de Sertorius; mais bientôt, jaloux de ce général, il le fit assassiner dans un festin. Devenu par ce crime général en chef de l'armée sertorienne, il ne fit que des fautes : il se laissa prendre dans une embuscade et battre par Pompée, qui le fit mettre à mort, en 72 av. J.-C.

PERPÉTUE (Ste), vierge chrétienne, souffrit le martyre à Carthage avec Ste Félicité, en 203 ou 205. On la fête le 7 mars.

PERPIGNAN, Perpennianum en latin moderne, v. forte, ch.-l. du dép. des Pyrénées orient., sur la r. dr. du Tet, à 8 k. de la mer et à 849 k. S. de Paris (par Moulins), 882 k. par Toulouse; 23 462. Évêché (transféré d'Elue en 1604), trib. de 1re inst. et de commerce, collége, école normale; société d'agriculture, jardin botanique, bibliothèque, cabinet d'histoire naturelle et de physique, pépinière départementale; bergerie impériale, haras. Place de guerre; forte citadelle, belle place d'Armes, casernes; belle cathédrale de S. Jean-Baptiste, chemin de fer. Hôtel de ville; belles promenades. Draps, couvertures de laine, bouchons, tanneries, distilleries. Grand commerce de vins de Roussillon, d'eaux-de-vie, d'olives, de soie, de laines. Patrie du peintre Rigaud et de dom Brial. — On voit à 4 k. de Perpignan les ruines de Russino, détruite en 828. Perpignan, qui a remplacé cette ville, fut la capitale du Roussillon, dont elle suivit le sort; elle appartint successivement aux rois d'Aragon et aux rois de France. Vers 1278, Jayme Ier, roi de Majorque, y fit élever un château, auj. compris dans les bâtiments de la citadelle. En 1475, cette ville fut prise après un long siége par les Français; elle rentra en 1493 sous la domination de l'Espagne; en 1642, Richelieu s'en empara, ainsi que de tout le Roussillon, que le traité des Pyrénées (1659) assura à la France. Assiégée en 1794 par les Espagnols, elle fut défendue par Dugommier. — Perpignan possédait jadis une université, qui y avait été fondée en 1349.

PERRACHE (Michel), sculpteur de Lyon, 1685-1750, embellit sa patrie d'un grand nombre d'ouvrages qui assurèrent sa réputation. — Son fils, sculpteur et architecte, 1726-79, forma le projet d'agrandir Lyon en reculant au S. de la ville le confluent du Rhône et de la Saône afin d'y joindre une île; on fit dans ce but une chaussée qui porte encore son nom.

PERRAULT (Claude), né en 1613 à Paris, m. en 1688, d'abord médecin, ensuite architecte, était fils d'un avocat au parlement. Il conçut le goût de l'architecture en étudiant Vitruve. Il s'est immortalisé en fournissant les plans du nouveau Louvre, notamment de la magnifique Colonnade de cet édifice, composée de colonnes corinthiennes accouplées (1666-70). On lui doit en outre l’Observatoire de Paris (1667-72), et plusieurs autres monuments, entre autres un Arc de triomphe colossal élevé à la Porte St-Antoine et auj. détruit. Cl. Perrault se distingua à la fois par l'imagination et le goût : son Louvre est remarquable par la beauté des proportions antiques, la pureté des profils, l'élégance des formes et des ornements, la correction des détails et le fini de l'exécution. Il a publié, entre autres ouvrages, une traduction de Vitruve, et un traité de l’Ordonnance des cinq espèces de colonnes, selon la méthode des anciens. Il était membre de l'Académie des sciences. — Son frère, Charles Perrault (1628-1703), se livra d'abord à la poésie et fit beaucoup de vers, surtout dans le genre burlesque, puis entra au barreau où il eut quelque succès, et devint enfin 1er commis de la surintendance des bâtiments du roi. Il eut part à la fondation des Académies des inscriptions, des sciences, de peinture, sculpture et architecture, fut lui-même membre de l'Académie française et de celle des