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australes que commandait Baudin (1800-1804), fit de belles expériences sur la température des couches successives de l'eau des mers, démontra que l'eau de l'Océan est plus froide à mesure qu'on descend à une plus grande profondeur, rapporta plus de 100 000 échantillons zoologiques, et écrivit le Voyage aux Terres australes fait pendant les années 1800-04, Paris, 1807-16, 3 v. in-4, terminé par Freycinet. On a aussi de lui des Observations sur l'anthropologie.

PÉRONNE, ch.-l. d'arr. (Somme), sur la r. dr. de la Somme, au milieu de marais, à 51 kil. E. d'Amiens; 4445 hab. Place de guerre, trib. de 1re inst., collége. On y remarque le Beffroi (du XIVe s.), le château, l'hôtel de ville, construit sous François Ier, l'église St-Jean, commencée sous Louis XII, la salle de spectacle. Toiles, calicots et percales; sucre de betterave, distilleries, tanneries; commerce de bestiaux. Patrie de l'orientaliste Langlès. — Péronne était jadis la capit. du petit pays du Santerre. Les rois Mérovingiens y eurent un palais. A la fin du IXe siècle, la châtellenie de Péronne dépendait du comté de Vermandois; en 923, le comte de Vermandois, Herbert II, y retint prisonnier Charles le Simple, qui y mourut en 929. La ville reçut en 1207 une charte de commune. Péronne est une des Villes de la Somme qui furent cédées provisoirement au duc de Bourgogne Philippe le Bon par le traité d'Arras (1435), puis cédées à perpétuité à Charles le Téméraire par celui de Conflans (1465). Louis XI, ayant eu l'imprudence de s'y rendre 3 ans après pour une conférence, y fut retenu captif par le duc à la suite de la révolte des Liégeois qu'il avait secrètement excitée, et fut forcé d'y signer le Traité de Péronne, par lequel, confirmant le traité de Conflans, il abandonnait les villes de la Somme, donnait à son frère en apanage la Champagne et la Brie, et s'engageait à suivre le duc à Liége pour châtier les révoltés (1468). Louis XI reprit Péronne à la mort de Charles le Téméraire, 1477. En 1536, elle résista victorieusement aux Impériaux, commandés par Henri de Nassau. Cette ville n'a jamais été prise, ce qui l'a fait surnommer Péronne la Pucelle. — En 1576, la noblesse de Picardie signa à Péronne un traité d'union contre les Protestants, qui fut le commencement de la Ligue.

PÉROSÈS ou FIROUZ, roi sassanide de Perse de 457 à 488, était fils de Yezdedjerd II. Il enleva le trône à son frère aîné, Hormouz, et le fit mourir. Il périt dans une bataille après un règne malheureux, qui avait été désolé par la famine et la peste.

PÉROTE, v. forte du Mexique (Vera-Cruz), à 40 kil. O. de Jalapa, près du Coffre-de-Pérote, haute mont. de 2474m, dite aussi Nauhcampatepetl.

PEROTTI (Nic.), savant prélat, né en 1430 à Sasso-Ferrato, m. en 1480, fut nommé dès 1455 archevêque de Manfredonia, puis devint gouverneur de l'Ombrie et de Pérouse. Il sut allier les lettres aux affaires : on a de lui une trad. latine des 5 premiers livres de Polybe, une édition avec Commentaires de Pline le naturaliste, et des notes sur Martial sous le titre de Cornucopia, Venise, 1489. Comme il cite dans ses commentaires quelques-unes des fables de Phèdre, alors inconnues, on a voulu , mais sans aucun fondement, le faire passer pour le véritable auteur de toutes les fables attribuées à l'auteur latin.

PÉROU, vaste contrée de l'Amérique du Sud qui s'étendait le long de l'Océan Pacifique, et était comprise presque tout entière entre l'équateur et le tropique du Capricorne, avait pour bornes à l'O. l'Océan Pacifique, au N. le Popayan, à l'E. les déserts inconnus du Brésil et une partie des Cordillières, au S. le Tucuman, le Paraguay, le Chili. Ce pays immense, après avoir formé un empire unique sous les Incas, puis une vice-royauté sous les Espagnols, est auj. partagé en deux États distincts : le Bas-Pérou ou Pérou proprement dit au N. O., et le Haut-Pérou ou Bolivie au S. E.

PÉROU (BAS-), république de l'Amérique du Sud, bornée au N. par celle de l’Équateur, au S. et au S. E. par la Bolivie, à l'E. par le Brésil, à l'O. par l'Océan Pacifique, s'étend de 69° à 84° long. O. et de 3° à 22° lat. S. : 2340 k. du N. au S., et 1325 de plus grande largeur; 2 600 000 h., dont env. 600 000 espagnols, 600 000 indiens, 600 000 métis et le reste nègres et mulâtres; capitale, Lima. On le divise en 11 dép. : Junin, Livertad, Lima, Aréquipa, Ayacucho, Cuzco, Puno, Amazonas, Ancas, Huancavelica, Moquega, et 2 provinces : Callao et Piura. Le catholicisme est la religion du pays; il y a 2 évêchés, Lima, Aréquipa, et 2 universités, Lima, Cuzco.

Le Pérou est traversé dans sa partie occid. par les Andes, qui serrent de près la côte sur une longueur de plus de 2000 kil., formant deux chaînes parallèles, entre lesquelles se trouve une bande de terrain dite la Sierra, aride, nue, élevée généralement de 3400m au-dessus de la mer ou même davantage (on y trouve, entre autres sommets, le Gualatieri, volcan de 6705m de haut, le Pichu-Pichu, de 5670m); les tremblements de terre sont fréquents dans cette région; en outre, elle est sujette à d'énormes variations de température. Le climat est au contraire assez égal et tempéré le long de la côte. Sur le versant oriental s'offrent d'abord la Montana, région de forêts et de lacs infestée de reptiles et d'insectes; puis de belles et fertiles plaines, richement arrosées et qui produisent toutes les denrées coloniales, ainsi que des arbres superbes (ébéniers, palmiers, cocotier, pin, aloès, bois de fer, cèdre). On y recueille le sang-dragon, des gommes, des baumes, la casse, le jalap, l’yerva maté, le sucre, le coton, le vin, la muscade, la cannelle, le café, le cacao, le poivre, le piment, le gingembre, le tabac, etc. On y trouve en abondance la cochenille, le kermès, diverses espèces d'abeilles, et, sur les montagnes, le lama, l'alpaca, la vigogne, le guanaco, le chinchilla ; de superbes oiseaux y abondent, mais aussi un grand nombre d'animaux malfaisants : jaguars, couguars, ours noirs des Andes, caïmans, alligators, etc. Les mines d'or du Bas-Pérou, les plus riches connues, ont une renommée proverbiale; on y trouve aussi de riches mines d'argent, de mercure, de cuivre, de plomb, etc., mais la plupart abandonnées. L'industrie est peu développée; le commerce, jadis florissant, est fort déchu.

Le Pérou, en comprenant à la fois sous ce nom le Bas-Pérou et le Haut-Pérou ou Bolivie, fut habité primitivement par les Quichuas ou Péruviens et quelques autres peuples (Chiquitos, Carapuchos); il forma du XIIe au XVIe siècle un vaste empire, celui des Incas, qui semble même avoir compris pendant un temps l'état actuel de l’Équateur et partie de la Nouvelle-Grenade, du Vénézuela et du Brésil. Leurs édifices, leurs forts, leurs temples, des routes superbes de 1600 à 2000 kil. de long qu'ils avaient tracées à travers les Andes, de nombreux canaux d'irrigation, leurs vases, habits, armes et ornements, leurs institutions politiques et religieuses, témoignent du degré de civilisation où ils étaient parvenus. Leur dieu principal était le Soleil, vénéré sous le nom de Pachakamak; le roi, dit Inca, prétendait descendre de ce dieu par Mancocapac, le premier législateur du Pérou. Le gouvernement était despotique; au-dessous des rois étaient des gouverneurs appelés Caciques. Cuzco était la capitale de l'empire. Les Incas Atahualpa et Huescar, 13es successeurs de Mancocapac, régnaient sur le Pérou lorsque les Espagnols eurent connaissance du pays. Pizarre et Almagro l'explorèrent et le conquirent de 1526 à 1533. Huescar périt en combattant, Atahualpa fut perfidement mis à mort par les Espagnols. Le Pérou devint alors une grande vice-royauté de leur monarchie, qu'ils divisèrent en trois audiences (Los Reyes, Quito et Charcas ou la Plata). Ce pays fournit pendant trois siècles à l'Espagne une immense quantité de métaux précieux; mais les Espagnols l'exploitèrent avec une cruauté inouïe : ils y firent périr par l'excès des travaux une immense quantité d'hommes. Les Péruviens se révoltèrent en 1780 et massacrèrent