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abus, et lança l'anathème contre les hérétiques ; mais sa sévérité envers ses administrés et les excès de ses neveux (V. CARAFFA) irritèrent le peuple, qui, après sa mort, jeta sa statue dans le Tibre. Paul IV avait rédigé la Règle des Théatins, ordre qu’il avait fondé en 1524, et institué la Congrégation de l’Index.

PAUL V, Camille Borghèse, pape de 1605 à 1621, Romain de naissance, eut avec Venise, au sujet des privilèges du clergé, un différend que le roi de France Henri IV accommoda (1605-1607); mit un terme à la querelle des Dominicains et des Jésuites sur la grâce, mais sans se prononcer entre eux, donna la dernière forme à la bulle In cœnâ Domini, dite quelquefois Bulle de Paul V (1610), approuva les Ordres de l'Oratoire, de la Visitation, de Ste-Ursule (1611), et canonisa S. Charles Borromée. Rome lui doit l'aqueduc Paola, long de 52 kil.

PAUL I, PÉTROVITCH, empereur de Russie, né en 1754, pendant l'hymen de Pierre III (alors grand-duc) et de Catherine II. Pierre III, qui ne voyait en lui que le fruit de l'adultère, se préparait à le priver de l'hérédité lorsqu'il périt en 1762. Écarté du trône et tenu dans l'obscurité et l'inaction tant que vécut sa mère, qui seule avait toute l'autorité, il fut proclamé czar à la mort de Catherine, en 1796. Il prit en tout le contre-pied de ce qu'avait fait cette princesse, destitua ou exila ceux qui avaient été ses conseillers et ses serviteurs et bouleversa l'empire ; il se posa en champion des vieux principes monarchiques, se fit le chef de la 2e coalition contre la France, et se proclama fastueusement grand maître de l'ordre de Malte ; puis tout à coup il s'éprit d'admiration pour Bonaparte, fit alliance avec lui, et prépara ainsi les traités de Lunéville et d'Amiens. A l'intérieur, il froissa de plus en plus les grands par son despotisme et ses violences, et fut étranglé par quelques seigneurs, le 23 mars 1801 (V. PAHLEN). Cet orgueilleux despote exigeait que tous les sujets se prosternassent sur son passage, et, s'ils étaient en voiture, qu'ils descendissent pour lui rendre cette marque de respect ; il punissait sévèrement toute infraction à ces ridicules prescriptions.

PAUL, jurisconsulte romain. V. PAULUS.

PAUL-ÉMILE, général romain. V. ÉMILE.

PAUL DE SAMOSATE, évêque de Samosate, sa patrie, puis patriarche d'Antioche (260), est l'auteur d'une hérésie qui niait la Trinité divine et la divinité de J.-C. Il fut combattu par le pape S. Félix, et excommunié au concile d'Antioche (270). Ses partisans sont nommés Paulianistes.

PAUL LE SILENTIAIRE, poëte grec, ainsi nommé de la charge qu'il exerçait sous Justinien Ier (V. SILENTIAIRE), a écrit en vers une Histoire de l’Église Ste-Sophie, imprimée avec une traduction et des notes de Ducange dans la Byzantine, Paris, 1670 ; des Épigrammes et autres petits poëmes, insérés dans l’Anthologie. Il est le plus distingué des poëtes du temps de Justinien ; bien que prolixe, il ne manque ni de grâce, ni de mouvement.

PAUL D'ÉGINE, médecin grec, natif d'Égine, vivait, à ce qu'on croit, dans le VIIe s. de J.-C, et étudia à Alexandrie peu avant la prise de cette ville par Amrou. Il se distingua surtout dans la chirurgie. On a de lui un Abrégé de la médecine, en 7 livres, qui résume les observations d'Hippocrate, de Celse, de Galien, d'Arétée, en y ajoutant ses observations propres; le VIe livre, consacré à la chirurgie, est le plus estimé. Son style se distingue par la pureté, la concision et la clarté. Ses Œuvres ont été publiées en grec à Bâle, 1538, par J. Gemusæus, et en latin à Venise, 1553, à Lyon, 1567, avec des commentaires. Le VIe livre a été trad. à part en français par P. Tolet, Lyon, 1539. M. R. Briau a publié tout le texte grec en le restituant, avec une trad. française, 1855.

PAUL WARNEFRIDE, dit PAUL DIACRE, historien latin, né vers 740 à Cividale (Forum Julii), dans le Frioul, avait été ordonné diacre à Aquilée. Il fut secrétaire du roi lombard Didier, vécut ensuite à la cour de Charlemagne, puis à celle du duc de Bénévent, et se retira au couvent du Mont-Cassin, où il mourut en 801. On a de lui une Histoire des Lombards, en 6 livres, une Hist. mêlée, en 24 liv. (en lat., dans le t. I des Rerum italicarum script.); une Chronique du Mt-Cassin, 1603, et des Hymnes, entre autres celle Ut queant laxis.

PAUL (l'abbé), traducteur, né à St-Chamas, en 1740, mort à Lyon en 1809, était jésuite et avait enseigné les lettres dans les divers colléges de son ordre. Il se retira dans sa famille pour se livrer à la traduction des classiques latins. On a de lui un bon Cours de latinité, Lyon, 1807, et des traductions de Velleius Paterculus, Florus, Justin, Cornélius Népos, Phèdre, Sulpice-Sévère, Eutrope, et de morceaux choisis de Tite-Live.

PAUL JOVE. V. JOVE. — PAUL VÉRONÈSE. V. VÉRONÈSE.

PAULE, v. de Calabre. V. PAOLA.

PAULE (Ste), dame romaine, du sang des Scipions et des Gracques, née vers 347, se fit chrétienne. Restée veuve de bonne heure, elle se voua à la vie pénitente dans le couvent de Bethléem, sous la direction de S. Jérôme. Elle devint abbesse de ce couvent et y mourut en 404. On la fête le 26 janvier.

PAULET (le chevalier), instituteur, d'origine irlandaise, fonda en France en 1772 un établissement d'enseignement mutuel pour les fils des militaires morts ou blessés, et obtint par ce nouveau mode de grands succès. Louis XVI dota sa maison d'un fonds de 36 000 francs, mais la Révolution l'obligea d'abandonner son œuvre.

PAULETTE (Édit de), ordonnance rendue par Henri IV en 1604, dans un moment de pressant besoin d'argent, sur la proposition de Ch. Paulet, secrétaire du parlement, accordait aux membres du parlement le droit de transmettre leurs charges à leurs héritiers, à la condition d'une redevance annuelle qui montait au 60e de la valeur présumée de la charge.

PAULHAGUET, ch.-l. de c. (Haute-Loire), à 14 k. S. E. de Brioude ; 1402 hab.

PAULICIENS, hérétiques qui renouvelèrent aux Xe et XIe s. l'hérésie de Manès, croyaient que le monde actuel avait été créé et était régi par un de leurs deux principes, le mauvais : l'autre devait régir le monde futur, lequel sera parfait. Ils tiraient leur nom d'un de leurs chefs, un certain Paul, né en 844 en Arménie. Chassés de l'empire grec, ils se transportèrent en Arabie, ou ils firent beaucoup de prosélytes.

PAULIN (S.), Pontius Meropius Paulinus, évêque et poëte, né à Bordeaux en 353, m. en 431, suivit d'abord le barreau où il se fit remarquer par son éloquence, s'attira la faveur de Gratien qui le fit consul en 378, se fit ordonner prêtre en 393, et devint évêque de Nole en 409. On lui a attribué à tort l'invention des cloches, qui étaient connues bien avant lui; tout au plus aurait-il eu l'idée de s'en servir pour annoncer les offices. On le fête le 22 juin. S. Paulin a laissé des Poésies pieuses estimées, des Lettres, des Discours et une Hist. du martyre de S. Genès d'Arles. Ses Œuvres ont été publ. à Paris, 1685, et à Vérone, 1736. Rabanis a donné des Études sur S. Paulin, 1841.

PAULIN DE PÉRIGUEUX, Paulinus Petricordius, poète latin du IVe s., m. vers 478, était fils d'un rhéteur de Périgueux et se convertit au Christianisme. Il mit en vers latins vers 463 la Vie de S. Martin : ce poëme, eu 6 livres, offre quelques pages écrites avec élégance et contient de précieux détails sur les mœurs et les usages de l'époque. Publié d'abord en 1585, il a été plusieurs fois réimprimé ; la meilleure édition est celle de Corpet, Paris, 1849, avec trad. française, dans la collection Panckoucke.

PAULIN DE ST-BARTHÉLEMY (J. Ph. WERDIN, dit), missionnaire, né à Hof (B.-Autriche), en 1748, s'embarqua en 1774 pour le Malabar, revint en 1790 et mourut en 1806. Il a contribué à faire connaître l'Orient par une foule d'écrits, tels que sa Grammaire sanscrite, en latin, Rome, 179Q, et son Voyage aux Indes orientales (en italien), 1796 (trad. par Marchena, 1808).