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lexandrie, Antioche et Jérusalem. L’archevêque de Trêves était jadis qualifié Patriarche des Gaules. — Les Maronites, les Jacobites, les Arméniens, les Nestoriens, les Grecs, ont aussi des patriarches; la Russie en a eu deux, un à Moscou (jadis à Novogorod), et un à Kiev. Celui de Moscou était la seconde personne de l’empire et balançait le pouvoir du czar. Pierre le Grand le remplaça par le Saint-Synode.

PATRICE, Patricius, dignité des derniers temps de l'empire romain, fut créée par Constantin vers 315, pour constituer une sorte de noblesse qui pût remplacer les races éteintes des anciens patriciens. Elle ne s'accordait qu'à des personnages qui avaient rempli les premières charges ou rendu d'éminents services, mais elle était toute personnelle et ne conférait aucun pouvoir. Dans la suite, on donna ce titre aux gouverneurs de provinces éloignées, et, lors de l'invasion, l'usage s'établit d'en décorer certains rois barbares : Théodoric le reçut de Zénon, Clovis I d'Anastase; le roi burgunde Gundioc l'avait aussi reçu d'Honorius et ses successeurs au trône de Bourgogne en gardèrent le titre comme s'il eût été héréditaire : après la chute de la monarchie burgunde, en 534, les officiers qui gouvernaient ce royaume au nom des princes mérovingiens étaient dits officiellement Patrices de Bourgogne; Charles Martel reçut de l'ombre de sénat qui subsistait à Rome le titre de Patrice de Rome. Quand Charlemagne eut anéanti le royaume des Lombards, le pape Adrien Ier lui donna le titre de patrice, sous lequel il gouverna Rome en souverain avant d'y être proclamé empereur. Le titre de Patrice se conserva longtemps pendant le moyen âge en Italie (V. CRESCENCE); mais il finit par disparaître.

PATRICE ou PATRICK (S.), apôtre et patron de l'Irlande, né vers 372 ou 387, probablement en Armorique, m. en 465 ou, selon qques-uns, en 493, fut enlevé fort jeune, sur la côte armoricaine, par le roi d'Irlande O'Neil, réussit à s'échapper et retourna, en Gaule, puis revint en Irlande, vers 432, pour y prêcher la foi et fut le 1er évêque de l'église métropolitaine d'Armagh. Sa légende est semée de fables. Il a laissé lui-même une histoire de sa vie sous le titre de Confession. On a en outre de S. Patrick quelques écrits qui se trouvent dans la Bibliothèque des Pères, et qui ont été imprimés à part à Londres, 1658, et à Dublin, 1835 (par Villeneuve). On le fête le 17 mars. — On a nommé Purgatoire de S. Patrick une caverne d'Irlande (dans une île du lac Deargh, Ultonie) où sont peintes les peines de l'enfer.

PATRICIENS, Patricii (de pater, père), nom du 1er ordre de citoyens chez les Romains, s'appliquait à un certain nombre de familles nobles dont les chefs, nommés Patres, furent choisis, dans les premiers temps de Rome, par Romulus et ses successeurs pour former le sénat; on l'opposait à celui de Plébéiens. Les descendants de ces premiers sénateurs conservaient le nom de Patriciens, même sans être sénateurs. Les Patriciens jouissaient de nombreux privilèges : longtemps ils furent seuls admissibles aux premières magistratures; ils ne se mariaient qu'entre eux. De l'inégalité des deux ordres naquirent des disputes perpétuelles qui ensanglantèrent Rome : elles se terminèrent par la création de magistrats chargés de défendre les intérêts des Plébéiens (V. TRIBUNS), par l'institution des mariages mixtes (entre patriciens et plébéiens), et enfin par l'admission des plébéiens aux emplois jusque-là réservés aux seuls Patriciens (V. CANULEIUS, ICILIUS, STOLON, PUBLILIUS PHILON). Malgré l'hostilité des deux ordres, il existait entre eux certains liens : les Patriciens accordaient leur protection à ceux des Plébéiens qui la réclamaient; ceux-ci, que l'on désignait alors sous le nom de clients, devaient à leur tour être toujours prêts à se dévouer pour leurs patrons. — Il y eut à Rome trois créations de Patriciens : la 1re, lors de la fondation de la ville; la 2e, lors de l'admission des Sabins de Tatius; la 3e, sous Tulius Hostilius, qui transporta les Albains à Rome. Les Patriciens de 1re et 2e création étaient dits Majorum gentium; ceux de la 3° Minorum gentium. — Les familles patriciennes s'éteignirent peu à peu, malgré les adoptions; il paraît qu'au IIIe siècle de l'empire, il n'en existait plus une seule. Constantin les remplaça par l'institution des Patrices. V. ce mot.

PATRICIUS, philosophe. V. PATRIZZI.

PATRICK (S.). V. PATRICE (S.).

PATRIMOINE DE ST-PIERRE, anc. province des États de l’Église, entre l'Orviétan au N., l'Ombrie et la Sabine à l'E., la Campagne de Rome au S. E., la mer Tyrrhénienne au S. O. et la Toscane au N. O., avait pour ch.-l. Viterbe. Elle répond à la partie S. de la délégation actuelle de Viterbe, à la délégation de Civita-Vecchia et au N. O. de la comarque de Rome. — Ce pays se composait surtout des biens allodiaux de la grande-comtesse de Toscane Mathilde, qui en fit donation au St-Siége en 1077.

PATRIZZI (François), philosophe platonicien, à la fois géomètre, historien, militaire, orateur et poëte, né en 1529 dans l'île de Cherso, m. en 1597, professa la philosophie à Ferrare, à Padoue et enfin à Rome. Il est surtout connu par son acharnement contre Aristote. Ses principaux ouvrages sont : Della Storia dieci dialoghi, Venise, 1560; la Milizia romana (d'après Polybe, Denys d'Halicarnasse et Tite-Live), Ferrare, 1583, et dans le Thesaurus de Grævius; Paralleli militares, Rome, 1594-95; Procli elementa theologica et physica latine reddita, Ferrare, 1583; Discussiones peripateticæ, Bâle, 1581. Dans ce dernier ouvrage, il déchire la personne et les écrits d'Aristote, l'accuse de plagiat, d'hérésie, et élève sur les débris de sa philosophie le nouveau platonisme de l'école d'Alexandrie. On doit à Patrizzi une édition avec traduction latine des écrits attribués à Zoroastre, Hermès, Asclépiade, sous le titre de Nova de universis philosophia, Ferrare, 1591.

PATROCLE, fils du roi de Locride Ménèce, avait été un des prétendants d'Hélène, et fut l'ami d'Achille, qu'il suivit au siége de Troie. Quand Achille, irrité contre Agamemnon, refusa de combattre, Patrocle se rendit au champ de bataille revêtu des armes du héros : il eut quelque succès d'abord, puis il fut bientôt vaincu et tué par Hector. A cette nouvelle, Achille s'arma et vengea dans le sang d'Hector la mort de son ami, auquel il fit ensuite des funérailles magnifiques.

PATRON, Patronus, nom donné chez les Romains par les Plébéiens à de puissants Patriciens qu'ils choisissaient pour protecteurs. V. ci-dessus PATRICIENS et l'art. PATRON dans notre Dict. univ. des Sciences.

PATRONA KALIL, janissaire albanais, né vers 1687, se mit en 1730 à la tête de la fameuse révolte qui renversa Achmet III : le sultan fut déposé et remplacé par Mahmoud I; mais l'insolence de Patrona lassa bientôt le nouveau sultan, qui le fit égorger dans la salle du divan.

PATRU (Olivier), avocat de Paris, né en 1604, m. en 1681, eut de grands succès au barreau, où il purgea l'éloquence des vices qui la déshonoraient, et fut admis en 1640 à l'Académie française, où il introduisit l'usage des discours de remercîments. Estimé comme grammairien et comme critique, il jouit de l'amitié de Boileau et de Racine. Il a laissé des plaidoyers, des discours, des mémoires, des lettres, etc., dont la meilleure édit. est de 1732, 2 vol. in-4.

PATTI, v. de Sicile (Messine), sur la côte N., à 6 k. O. de Messine; 6500 hab.Évêché. Riche abbaye fondée par le roi Roger.

PAU, Palum, ch.-l. du dép. des B.-Pyrénées, sur la r. dr. du gave de Pau, sur le Hédaz et l'Ousse, affluents de cette rivière, à 757 k. S. S. O. de Paris; 21 140 h. Cour d'appel, trib. de 1re inst., lycée, école normale, musée, bibliothèque. Société des sciences, lettres et arts; société d'agriculture; dépôt d'étalons. Château où naquit Henri IV, récemment restauré, parc magnifique servant de promenade; belle place royale avec la statue en marbre de Henri IV; beau théâtre ; chemin de fer. Linge de table, tanneries,