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de la Réforme, né en 1504 à Norwich, m. en 1575, était le protégé de Cranmer. Il devint chapelain d’Anne de Boleyn, de Henri VIII, puis vice chancelier de l’Université de Cambridge (1545), et accrut encore sa faveur sous Édouard VI. Destitué et banni sous Marie, il fut rappelé par Élisabeth, et nommé archevêque de Cantorbéry (1559). Il seconda la reine dans tous ses projets et se rendit odieux non-seulement aux Catholiques, mais même aux Réformés, en assujettissant les ministres anglicans à certaines pratiques contre lesquelles plusieurs protestèrent. Parker a donné des édit. des historiens Mathieu de Westminster, Mathieu Pâris et Thomas Walsingham, ainsi que de la Vie d’Alfred d’Asser, et a rédigé la préface de la Bible anglaise dite Bible des évêques, 1568.

PARLEMENT (du mot barbare parliamentum, colloque, pourparler), nom que l’on donnait dans l’ancien régime à des cours souveraines instituées pour administrer la justice en dernier ressort au nom du roi. Il en existait plusieurs qui résidaient dans les principales villes du royaume.

Le Parlement de Paris, le plus ancien et le plus important de tous, n’était dans le principe qu’une cour de justice ambulatoire, qui suivait partout les rois pour rendre la justice en leur nom ; Philippe le Bel le rendit sédentaire à Paris par une ordonnance du 23 mars 1302. Il ne se réunissait d’abord que 2 fois l’an ; mais à partir de 1380 il devint permanent. La cour des pairs y fut adjointe en 1420. — Le parlement de Paris recevait, ainsi que tous les autres parlements, les appels des tribunaux inférieurs, et prononçait sans appel ; en outre, il connaissait des affaires où les pairs, les évêques, les chapitres, les communautés, les bailliages et les sénéchaussées étaient en cause ; il devait juger les officiers de la couronne et les maréchaux de France qui auraient prévariqué ; enfin il enregistrait les lois, édits et ordonnances. Ce parlement, dont les attributions étaient d’abord toutes judiciaires, s’arrogea peu à peu des pouvoirs politiques. Souvent il refusa d’enregistrer des lois qui lui paraissaient injustes, ou bien il adressa aux rois, avant de remplir la formalité de l'enregistrement, de hardies remontrances, qui devinrent l’occasion de luttes assez vives ; les rois mettaient un terme à la résistance en se transportant en personne dans le parlement et ordonnant de faire devant eux l’enregistrement : c’est ce qu’on appelait lit de justice. Plusieurs fois aussi le parlement fut exilé ; enfin, Louis XV, irrité de l’opposition de cette compagnie, la cassa en 1771, par le conseil du chancelier Maupeou, et installa à sa place, sous le nom de Conseil du roi, un nouveau corps judiciaire auquel on donna, par dérision, le surnom de Parlement Maupeou ; mais Louis XVI, dès son avénement, rétablit l’ancien parlement (1774). Le parlement de Paris fut supprimé, avec tous les autres, par l’Assemblée Constituante (7 sept. 1790). Ce parlement embrassait dans son ressort, outre Paris et l’Ile-de-France, la Picardie, la Champagne, la Brie, le Perche, la Beauce, le Maine, la Touraine, l’Orléanais, la Sologne, le Berry, le Nivernais, l’Anjou, le Poitou, l’Aunis, le Rochelois, l’Angoumois, la Marche, le Bourbonnais, l’Auvergne, le Forez, le Lyonnais, le Beaujolais, le Maçonnais et l’Auxerrois. Il avait tenu depuis sa création des registres connus sous le nom d’Olim, qui sont au nombre des plus précieux monuments de notre histoire et qui n’ont été publiés que de nos jours (V. OLIM).

Les parlements autres que celui de Paris, au nombre de 13, furent institués aux lieux et dans l’ordre suivant : Toulouse, 1302 ; Grenoble, 1451 ; Bordeaux, 1462 ; Dijon, 1477 ; Rouen, 1499 et 1515 ; Aix, 1501 ; Rennes, 1553 ; Pau, 1620 ; Metz, 1633 ; Besançon (d’abord à Dôle), 1676 ; Trévoux, 1696 ; Douay, 1713 (d’abord à Tournay) ; Nancy, 1775.

Tout parlement se composait d’une Grand’chambre, de Chambres d’enquêtes et de Chambres de requêtes. La Grand’chambre du Parlement de Paris était, composée d’un 1er président, de 9 présidents à mortier (ainsi appelés de la forme du bonnet qu’ils portaient), de 23 conseillers-laïques, de 12 conseillers-clercs, indépendamment des conseillers d’honneur. Le costume consistait dans une grande robe, écarlate pour les présidents, noire fourrée de vair ou d’hermine pour les simples conseillers, un bonnet ou mortier de velours à galons d’or pour les présidents, et un bonnet de drap noir pour les conseillers. Les conseillers furent d’abord désignés par le roi, puis (à partir de 1401) élus par le parlement même ; Louis XII, pressé d’argent, commença, en 1512, à vendre quelques offices ; François I établit en règle générale la vénalité des charges, et cet abus subsista jusqu’à la Révolution. On doit à M. de Bastard de l’Estang un Essai historique sur les Parlements de France, 1858 ; à M. Demaze, l’Hist. du Parlement de Paris, 1860, à M. Delacuisine, le Parlement de Bourgogne, 1858, etc.

Dans plusieurs pays, notamment en Angleterre, on désigne collectivement sous le nom de Parlement les deux assemblées qui partagent avec le roi le pouvoir législatif (V. CHAMBRE DES LORDS, DES COMMUNES). Le parlement anglais fut institué par la Grande-charte, arrachée au roi Jean en 1215. Il ne se composait d’abord que des députés du clergé et de la noblesse ; les Communes n’y furent introduites que sous Henri III, en 1265, par le comte de Leicester, et elles ne furent définitivement constituées que sous Édouard I. Le Parlement anglais siége à Westminster.

PARLEMENT (LONG-), nom donné en Angleterre, à cause de sa longue durée, au dernier parlement convoqué par le roi Charles I. Assemblé en 1640, ce parlement dura plus de 20 ans. Il déclara en 1642 la guerre au roi. Après 8 années d’existence au milieu des troubles et des guerres civiles, il fut purgé par Pride, sur l’ordre de Cromwell, de tous les membres qui s’opposaient à sa politique et réduit à 80 membres (1648). Le Parlement ainsi mutilé se montra d’abord docile à Cromwell : il décida que Charles I serait jugé et prit plusieurs mesures énergiques ; mais il ne tarda pas à porter ombrage au Protecteur, qui le chassa honteusement de la salle de ses séances le 20 avril 1653. Il ne fut rappelé qu’en 1659 et fut alors nommé par dérision le Parlement-Croupion (Rump-Parliament) ; mais il ne tarda pas à se dissoudre lui-même (1660).

PARLEMENT IMPÉRIAL. On nomma ainsi après l’union de l’Irlande à l’Angleterre le parlement de l’Empire britannique, qui réunissait les représentants des 3 royaumes d’Angleterre, d’Écosse et de l’Irlande.

PARME, Parma, Julia Augusta, v. d’Italie, anc. capit. du duché de Parme, sur la Parma, par 44° 48' lat. N. et 7o 59' long. E. ; 42 000 h. Évêché, cour civile et criminelle ; université, fondée en 1423, supprimée en 1432, rétablie en 1854, et comprenant des facultés de théologie, de droit, de médecine, de physique, de philosophie et littérature ; écoles des beaux-arts, de chant, de sourds-muets ; bibliothèque, collection d’estampes, galerie de tableaux, musée d’antiquités, jardin botanique. La ville est grande et belle, entourée de murs, et défendue par une citadelle. On y remarque : la cathédrale ou Dôme, du XIe s., avec une belle fresque de l’Assomption par le Corrège et un magnifique baptistère en marbre ; l’église de la Madonna de la Steccata, où sont les tombeaux des Farnèses ; celles de St-Louis et de St-Jean l’Évangéliste, avec une belle tour et une coupole peinte par le Corrège ; le palais Farnèse et un immense théâtre. Aux environs, beau pont du Taro. Manuf. des tabacs ; porcelaine, soieries, draps, chapeaux, etc. Les laines de Parme étaient renommées chez les anciens. Patrie de Mazzuoli dit le Parmesan. — Ville très-ancienne : elle fut fondée par les Étrusques, devint colonie romaine en 184 av. J.-C. et fut comprise dans la Gaule Cispadane ; sous Auguste, elle reçut le nom de Julia Augusta. Au moyen âge, elle fut tour à tour guelfe et gibeline, tour à tour indépendante et soumise à de petits tyrans ou aux villes voisines, jusqu’au moment où elle tomba au pouvoir des papes et, par suite, aux mains de la maison de Far-