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PANTELLARIE, jadis Cosyra, île de la Méditerranée, voisine la côte d'Afrique, mais dépendante de la Sicile, a 60 k. de tour ; 7000 h. ; ch.-l. Oppidolo. Volcan éteint, vallées très-fertiles. Cette île, jadis puissante par sa marine, a appartenu aux Phéniciens et aux Carthaginois. Elle sert auj. de prison d’État.

PANTÈNE (S.), stoïcien, se convertit au Christianisme et devint en 179 le chef de l'école chrétienne d'Alexandrie. Le patriarche Démétrius, l'ayant institué apôtre des nations orientales, il passa dans l'Inde et y séjourna plusieurs années; puis il revint à Alexandrie où il vivait encore en 216. Il est compté parmi les docteurs de l'Église : il eut, entre autres disciples, S. Clément d'Alexandrie. On l'hon. le 7 juillet.

PANTHÉE, femme d'Abradate, roi de la Susiane, tomba au pouvoir de Cyrus, qui l'épargna et la traita avec respect. Abradate, par reconnaissance, servit dans les rangs des Perses contre les Lydiens : il périt à la bat. de Thymbrée (548 av. J.-C.), et Panthée, ne voulant pas lui survivre, s'immola sur son corps.

PANTHÉISTES (de pan, tout, et théos, dieu), philosophes qui réduisent tous les êtres à un seul, Dieu. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

PANTHÉON, célèbre édifice de Rome, construit sous Auguste aux frais d'Agrippa, dans le champ de Mars, et terminé l'an 25 av. J.-C. Bien que consacré originairement à Jupiter Vindicator, il fut ensuite destiné à recevoir les statues de tous les dieux (pan, théos). Il fut restauré par Adrien, après avoir été en partie détruit par la foudre. Dépouillé par les barbares de toutes ses richesses, il courait risque d'être ruiné complètement, lorsque le pape Boniface IV l'obtint de l'empereur Phocas et le sauva en le consacrant à Ste-Marie aux Martyrs (610). Ce temple existe encore (place de la Minerve); on l'appelle vulgairement Ste-Marie de la Rotonde. Le Panthéon est remarquable surtout par son dôme, qui a 44m de diamètre; mais cette mesure étant aussi celle de la hauteur de l'édifice, le tout paraît lourd et écrasé.

PANTHÉON FRANÇAIS (le), l'un des plus magnifiques monuments de Paris, s'élève au haut de la montagne Ste-Geneviève; il est construit en forme de croix grecque, est précédé d'un vaste portique orné de 22 colonnes corinthiennes, et est surmonté d'un immense dôme qui se termine par une élégante lanterne. — Ordonné en 1757 par Louis XV par suite d'un vœu qu'il avait fait à Metz pendant sa maladie, et destiné à remplacer l'antique église de Ste-Geneviève, qui menaçait ruine, l'édifice fut commencé en 1758, sur les plans et sous la direction de l'architecte Soufflot, et terminé en 1790. L'Assemblée nationale, changeant sa destination, décréta en 1791 qu'il serait consacré à recevoir les restes des grands hommes : il prit alors le nom de Panthéon et reçut cette inscription : Aux grands hommes la patrie reconnaissante. Rendu au culte en 1821, il reprit le nom de Ste-Geneviève. Le titre de Panthéon lui fut donné de nouveau après 1830; un décret du 22 mars 1852 l'a définitivement restitué au culte et consacré à la patronne de Paris.

PANTICAPÉE, Panticapæum, auj. Kertch, v. de la Tauride, sur le Bosphore Cimmérien, était d'origine milésienne. Elle jouit pendant un temps de l'indépendance, mais finit par devenir sujette des rois du Bosphore, qui en firent leur capitale. C'est là que mourut Mithridate et que régna Pharnace.

PANTIN, ch.-l. de c. (Seine), près du canal de l'Ourcq et presque contigu à l'enceinte actuelle de Paris, au N. E.; 4842 h. Aux env., carrières de moellons et de pierres à plâtre; dépôt d'immondices, équarrissage.

PANTOMIMES, comédiens qui représentent des drames uniquement par gestes, sans s'aider du discours. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

PANVIN ou PANVINIO (Onuphre), savant, né à Vérone en 1529, m. en 1568, fut ermite de St.-Augustin, professeur de théologie à Florence (1554), attaché à la bibliothèque du Vatican sous le pape Marcel II, et laissa beaucoup d'ouvrages d'histoire et d'antiquités, entre autres : Epitome romanorum pontificum usque ad Paulum IV, Venise, 1567; Fasti et triumphi Romanorum, 1557; De Sibyllis et carminibus sibyllinis, 1567; De ludis circensibus, 1600.

PANYASIS, ancien poëte grec d'Halicarnasse, auteur d'un poëme (auj. perdu) sur les 12 travaux d'Hercule, vivait au commencement du Ve s. av. J.-C. et était oncle d'Hérodote. Il fut mis à mort par Lygdamis, usurpateur du pouvoir dans sa patrie, auquel il faisait opposition. Le poëme de Panyasis est perdu; il n'en reste que quelques fragments recueillis par Tschirner, Breslau, 1842. On doit à Funcke une dissertation de Panyasidis vita ac poesi, Bonn, 1837.

PANZER (Wolfgang), ministre luthérien, né à Sulzbach en 1729, m. en 1805, était pasteur à Nuremberg. Savant bibliographe, il a laissé, entre autres ouvrages, Annales typographici ab artis inventæ origine, Nuremb., 1793-1803, 11 vol. in-4.

PAOLA ou PAULE, v. de l'Italie mérid. (Calabre Citer.), près de la mer Tyrrhénienne, à 23k. N. O. de Cosenza; 6000 hab. Couvent de Minimes. Patrie de S. François de Paule.

PAOLI (Hyacinthe), général corse, dirigea de 1734 à 1739 l'insurrection de ses compatriotes contre les Génois. Près de succomber, il offrit la Corse au Saint-Siége, puisa l'Espagne, qui la refusèrent. Alors il remit le pouvoir entre les mains du baron Théodore de Neuhof (V. ce mot). Après la chute de cet aventurier, il combattit contre les Français pour l'indépendance, mais il fut vaincu par le maréchal de Maillebois, et se retira à Naples, où il mourut vers 1756.

PAOLI (Pascal), général corse, fils du préc., né en 1726 à Morosaglia, près de Bastia, suivit à Naples son père exilé, y fut élevé dans la haine du nom génois, rentra en Corse vers 1753, fut proclamé chef de l'île en 1755, soutint avec courage la lutte contre les Génois, et finit par leur enlever tout l'intérieur de l'île. Prenant alors le rôle de législateur, il réorganisa la justice, perfectionna les monnaies, les poids et les mesures, l'instruction, l'agriculture, le commerce, réprima ou combattit l'abus de la vendetta et invita J. J. Rousseau à venir l'éclairer dans ses travaux de réorganisation. Quand Gênes eut cédé la Corse à la France (1768), il protesta et tenta, mais en vain, de résister à la nouvelle puissance : vaincu par le comte de Vaux, il trouva un refuge en Angleterre. Rappelé de l'exil en 1790 par l'Assemblée nationale, il reçut avec le titre de lieutenant général le commandement militaire de son pays, mais il ne tarda pas à rompre avec la Convention (1793). Il n'en fut pas moins élu par ses compatriotes généralissime et président d'une consulta qui se réunit à Corte. Mis hors la loi par la Convention, il expulsa de l'île tous les Français et offrit la Corse au cabinet de St-James, qui accepta l'offre, mais qui donna la vice-royauté de l'île à un autre que lui. Il se retira néanmoins en Angleterre (1796); c'est dans ce pays qu'il mourut, en 1807. Il laissa par son testament des sommes considérables pour fonder dans sa patrie des écoles, qui sont aujourd'hui florissantes. V. CORTE.

PAPA, Araxus prom., cap de Grèce, sur la côte N. O. de la Morée, à l'entrée du golfe de Patras.

PAPE, chef visible de l’Église, vicaire de Jésus-Christ et successeur de S. Pierre. On le nomme aussi Souverain pontife, Saint-Père, Très-Saint-Père; en s'adressant à lui, on dit Votre Sainteté : il se nomme lui-même, depuis Grégoire le Grand, Serviteur des serviteurs de Dieu. — Il réside à Rome. Il a joui, du VIIIe siècle à 1870, d'un pouvoir spirituel et d'un pouvoir temporel. Comme chef spirituel, il a la souveraine autorité sur l’Église catholique romaine, fait observer les canons ou règlements, assemble les conciles, nomme les cardinaux, institue les évêques, établit, autorise ou supprime à volonté les ordres religieux, veille au maintien du dogme et de la discipline, approuve ou censure les doctrines, publie dans ce but des bulles, des brefs, des encycliques; il prononce les canonisations, lance ou lève les excommunications, accorde les grandes dispenses,