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Cher), à 45 k. N. E. de Blois ; 1461 h. — O.-SUR-LOIRE, ch.-l. de c. (Loiret), à 16 kil. N. O. de Gien ; 906 hab.

OUZOUN-HAÇAN (Abou-Nasr-Modhaffer-Eddyn), vulgairement Uzum-Casan, prince turc de la dynastie de Mouton blanc, détrôna et fit périr Géangir, fils de Tamerlan, entra en guerre avec les Turcomans du Mouton noir, leur enleva toutes leurs possessions (1467-69) et se fit proclamer roi de Perse. À la sollicitation des Vénitiens, il tourna ses armes contre Mahomet II, et envahit l’Asie Mineure (1472), mais il y fut vaincu (1473). Néanmoins il conquit en 1476 la Géorgie. Il mourut en 1478. Ce prince avait épousé une sœur de David Comnène, empereur de Trébizonde. Sa succession occasionna de sanglantes guerres : le trône de Perse échut à Ismaïl, son petit-fils, qui fut le chef de la dynastie des Sofis.

OVANDO (Nic.), gouverneur de Saint-Domingue pour la reine d’Espagne Isabelle après Bovadilla (1501-1508), employa les moyens les plus atroces pour maintenir sa domination sur les naturels, en fit un horrible massacre à Xaragua (la v. actuelle de Léogane) et, par ses mauvais traitements, réduisit la population de l’île à 60 000 h. Pour compenser le vide ainsi produit dans St-Domingue et subvenir à l’exploitation des mines, il alla dépeupler les Lucayes.

OVAS, le peuple dominant de Madagascar, habite l’intérieur, au nombre d’env. 1 000 000 d’individus, occupe surtout les hauts plateaux, et a pour capitale Tannanarive. Ils ont le teint olivâtre, les yeux petits et les cheveux plats ; ils sont doux et assez civilisés.

OVATION ou PETIT TRIOMPHE. L’ovation était en usage à Rome lors de quelque avantage secondaire remporté sur l’ennemi, ou quand on n’avait vaincu que des esclaves, des pirates, des rebelles. Elle était décernée par le Sénat. Le vainqueur était conduit au Capitole moins solennellement que lors du triomphe proprement dit : il marchait a pied, couronné de myrte pour des succès pacifiques, de laurier pour des exploits militaires ; il n’avait d’autre costume que la toge prétexte des consuls, et l’on ne sacrifiait aux Dieux qu’une brebis (ovis), d’où le nom donné à ce triomphe. Des flûtes et des hautbois accompagnaient sa marche ; le Sénat le suivait, et quelque-fois l’armée. L’ovation fut instituée l’an 503 av. J.-C. ; P. Posthumius Tubertus en fut honoré le premier. Elle devint très-rare sous les premiers empereurs, et tomba en désuétude du temps de Claude.

OVERBEECK (Bonaventure VAN), peintre et dessinateur d’Amsterdam (1660-1706), étudia l’antique à Rome, revint dans sa patrie avec une riche collection de dessins, et mourut jeune, par suite d’excès de travail et de plaisirs. On lui doit Reliquiæ antiquæ urbis Romæ, Amst., 1709, grand in-fol., avec 150 planches, trad. en français dès la même année.

OVERBURY (sir Thomas), fut longtemps l’ami et le confident de Robert Carr, comte de Somerset, favori de Jacques I ; mais, ayant contrarié les projets du favori sur la comtesse d’Essex, celui-ci le fit emprisonner à la Tour sous une fausse accusation et l’y fit périr par le poison (1613). Cette mort donna lieu à la disgrâce de Carr et à un procès célèbre. On a d’Overbury quelques poésies, entre autres la Femme et le Remède d’amour.

OVER-YSSEL (c.-à-d. Yssel supérieur), prov. du roy. de Hollande, entre celle de Drenthe au N., le Hanovre à l’E., la Prusse au S. E., la prov. de Gueldre au S. et au S. O., et le Zuyderzée à l’O., 106 kil. sur 35 ; 232 000 hab. ; ch.-l., Zwoll. Sol uni et bas, quelques collines à l’E. Riv. principales : l’Yssel (qui a donné son nom à la province), le Zwarte-water, le Vecht, la Havelteraa. Marécages, bruyères ; pâturages et forêts ; gibier, abeilles, bêtes à cornes. Toiles et lainages ; beurre et fromages ; peaux et suifs. — Cette contrée, jadis habitée par les Usipètes et les Chamaves, fut ensuite occupée par les Francs Saliens ; elle devint la possession des évêques d’Utrecht dès le XIe s. ; en 1528, elle passa, avec la seigneurie d’Utrecht, sous la domination de Charles-Quint. Elle accéda en 1579 à l’union d’Utrecht, fut comprise en 1798 dans la République batave, en 1806 dans le roy. de Hollande, et forma de 1810 à 1814 le dép. français des Bouches-de-1'Yssel.

OVIDE, P. Ovidius Naso, célèbre poëte latin, né à Sulmone, dans le Samnium, l’an 43 av. J.-C., fut envoyé à Rome afin d’y étudier la jurisprudence, mais se sentit entraîné par un goût irrésistible vers la poésie, comme il le déclare lui-même en ces mots :

Quidquid tentabam scribere versus erat.

Il s’ouvrit, par ses vers et son urbanité, l’entrée du palais d’Auguste, fut lié avec toutes les notabilités littéraires de son siècle, Virgile, Horace, Tibulle, Properce ; s’acquit les bonnes grâces du prince lui-même et mena pendant longtemps avec succès la vie de poëte, de courtisan et d’homme à bonnes fortunes ; mais il fut tout d’un coup frappé de la disgrâce la plus complète : l’an 9 de J.-C., Auguste le relégua à Tomes, en Mésie, près du Pont-Euxin, dans un pays barbare (V. TOMES). Le prétexte de cette disgrâce fut la licence de ses poésies ; la véritable cause est restée une énigme. On a supposé qu’Auguste punissait dans Ovide un des amants de sa fille Julie ; on présume avec plus de vraisemblance que le crime du poëte était plutôt d’avoir surpris un secret important pour la famille d’Auguste, et l’on suppose que ce secret était relatif à l’impératrice Livie, ou au jeune Agrippa, héritier de l’Empereur, et à Julie, sa sœur. Ovide dit en vingt endroits que son crime est tout involontaire :

Inscia quod crimen viderunt lumina plector.

En dépit des sollicitations les plus pressantes, les plus humiliantes même, il ne put obtenir son rappel ni d’Auguste ni de Tibère. Il mourut à Tomes, l’an 17 de J.-C., après 8 années d’un exil rigoureux. Les ouvrages d’Ovide sont : 1° les Métamorphoses, en 15 liv.. c’est comme une histoire de la Fable ; 2° les Fastes, en 12 liv. : c’est l’énumération des principales fêtes des 12 mois de l’année, avec les traditions qui s’y rattachent ; 3° les Amours, en 3 liv., recueil d’élégies où il décrit les plaisirs et les peines de l’amour ; l’Art d’aimer, en 3 liv., et les Remèdes d’amour, en 1 liv., poëmes dont les titres indiquent assez le sujet ; les Héroïdes, en 2 liv., lettres fictives que les plus célèbres héroïnes de l’Amour, Phèdre, Ariadne, Didon, Sapho, etc., adressent à leurs amants ; 4° les Tristes, en 5 liv., et les Pontiques, en 5 liv., recueils d’élégies et d’épîtres écrites pendant son exil ; 5° Médée, tragédie. Tous existent encore, sauf la Médée et les 6 derniers livres des Fastes. Tout ce que nous possédons d’Ovide est en vers élégiaques, excepté les Métamorphoses. On reproche à ce poëte l’abus de l’esprit et un peu de monotonie ; en revanche, son style est pur, élégant, facile, léger, gracieux. Les Métamorphoses sont sans contredit son chef-d’œuvre : les récits, malgré leur diversité, y sont enchaînés avec beaucoup d’art et animés par le tableau des passions humaines. Les Fastes abondent en détails curieux et pleins de vérité locale ; ils sont au nombre des meilleures sources qu’on possède pour la connaissance de l’Italie primordiale. Les Tristes et les Pontiques sont pleins d’accents touchants, mais d’une inévitable monotonie. Dans ses œuvres érotiques (l’Art d’aimer, les Amours, etc.), le poëte offense trop souvent la morale ; toutefois ses vers, moins libres que ceux de plusieurs de ses contemporains, n’ont évidemment pu être la vraie cause de sa perte, surtout dans une ville telle que Rome. Les édit. remarquables d’Ovide sont celles de Rome, 1471, in-f. ; des Aldes, Venise, 1502-16, 3 vol. in-8 ; de Leyde, Variorum, 1661 et 62 ; de Lyon, ad usum Delphini, 1689, 4 vol. in-4 ; d’Amsterdam, 1727, 4 vol. in-4, par Burmann ; de Mitscherlisch, Gœttingue, 1796 et 1819, 2 v. in-8 ; de B. Crusius, Leips., 1823, 3 v. in-8 ; de Paris (dans la Biblioth. classique latine de Lemaire), par Amar, 1820-25, 10 vol. in-8. On distingue les traductions en prose des Métamorphoses, par Banier (1782), Fon-