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rie. Longtemps après la mort de Numa, on prétendit avoir retrouvé son tombeau, qui, entre autres objets, contenait beaucoup de manuscrits en langue grecque : les commissaires délégués par le sénat pour examiner ces écrits les déclarèrent dangereux à divulguer et ils furent brûlés. Quelques traditions anciennes font de Numa un contemporain et même un disciple de Pythagore, ce qui est inconciliable avec la chronologie reçue. Selon certains critiques modernes (V. BEAUFORT et NIEBUHR), Numa n’aurait pas existé, et il ne serait que la personnification de l’époque de législation religieuse et civile des Romains (le nom de Numa offre en effet une singulière analogie avec le mot grec nomos, qui veut dire loi). Néanmoins Plutarque a écrit la Vie de Numa. Florian a fait de ce prince le héros de son roman de Numa Pompilius.

NUMANCE, Numantia, auj. Garray (Soria), fameuse ville d’Hispanie, chez les Arévaques, sur une montagne voisine des sources du Durius (Duero), formait à elle seule un petit État. Elle fut longtemps le centre de la résistance des Celtibériens aux Romains. Pompéius Népos l’assiégea inutilement en 141 av. J.-C. : Mancinus, surpris avec 24 000 hommes dans un défilé voisin, se soumit à 4000 Numantins et promit que Rome, cesserait les hostilités (137), mais le traité qu’il avait conclu ne fut pas ratifié. En 134, Scipion Émilien, chargé de reprendre la guerre, fit le siège de Numance et en réduisit les habitants à une telle famine qu’ils se mangèrent entre eux : ils finirent par incendier leur ville et se jeter dans les flammes ; Numance fut rasée, 133.

NUMÉNIUS, philosophe grec et chrétien du IIe siècle, né à Apamée en Syrie. Il suivait les idées de Pythagore et de Platon, et prétendait que ce dernier avait beaucoup emprunté aux livres de Moïse : aussi qualifiait-il Platon de Moïse attique. On trouve des fragments de Numénius dans Eusèbe et Origène, dans Porphyre et Jamblique. Quelques fragments de ce philosophe ont été trad. en français par E. Lévêque dans la trad. de Plotin de M. Bouillet (t. I).

NUMÉRIEN, M. Aurelius Numerianus, empereur romain, fils de l’emp. Carus, lui succéda en 284 avec son frère Carin ; il périt la même année, assassiné par Aper, préfet du prétoire, son beau-père, au moment où il revenait de la guerre des Parthes.

NUMICUS, ruisseau du Latium, coulait au pied et à l’E. de la colline de Lavinium, et se jetait dans la mer Tyrrhénienne. C’est auj. le Rio di Pratica. Énée fut tué près de ses bords.

NUMIDIE, Numidia, auj. prov. de Constantine et partie du beylik de Tunis, contrée de l’Afrique anc., entre la Mauritanie à l’O. et les possessions de Carthage à l’E. Agrandie par les conquêtes de Massinissa, la Numidie avait pour bornes à l’O. la Malva, et s’avançait à l’E. jusqu’à 50 ou 60 kil. de Carthage. Avant la bataille de Zama (202), elle se divisait en deux États, celui des Massyles à l’E., celui des Massessyles à l’O. Le 1er avait pour capit. Cirta et compta Massinissa au nombre de ses rois. Le 2e était le domaine de Syphax ; mais, après la bat. de Zama, ce prince fut pris et détrôné, et Massinissa resta maître des deux États. Divers partages eurent lieu après la mort de Massinissa (149) et de son fils Micipsa (119). Jugurtha, s’étant rendu maître par le crime du royaume entier, en fut dépouillé par les Romains après une longue guerre, 106. Rome alors annexa à la prov. romaine d’Afrique et à la Mauritanie les cantons qu’en avait jadis distraits Massinissa ; en même temps, elle fit de l’anc. Massylie ou Numidie orientale un Roy. de Numidie, qu’elle partagea entre deux petits-fils de Massinissa, Hiempsal II et Mandrestal, et elle donna la Massessylie ou Numidie occid. à Bocchus, roi de Mauritanie, pour le récompenser d’avoir livré Jugurtha. Après la bat. de Tharse, où Juba I, roi de Numidie, avait combattu César (46 av. J.-C), ce royaume fut réduit en province romaine. Auguste en donna la partie occid. à Juba II. Ce royaume même fut définitivement réuni à l’empire après la révolte et la mort de Tacfarinas (25 de J.-C). Très-florissante sous l’Empire, la Numidie fut conquise par les Vandales au Ve s., avec le reste de la côte d’Afrique, 430 ; elle fut reconquise au profit de l’Empire grec par Bélisaire en 534, mais pour devenir à la fin du VIIe s. la proie des conquérants arabes. — Les Numides sont rangés parmi les peuples nomades (d’où leur nom) ; les peuplades des côtes, qui avaient longtemps dépendu des Phéniciens, habitaient des villes il est vrai ; mais les habitants de l’intérieur étaient à demi sauvages et vivaient sous des tentes. Ils étaient renommés comme excellents cavaliers : Annibal avait beaucoup de cavaliers Numides dans son armée. On croit que la langue des Numides s’est en partie conservée dans la Kabylie et n’est autre que celle des Berbères.

NUMITOR, roi d’Albe, au VIIIe s. av. J.-C., fils de Procas et descendant d’Énée, fut père de Lausus et de Rhéa Sylvia. Renversé du trône par son frère Amulius, il fut vengé par ses petits-fils, Romulus et Rémus, qui lui rendirent la couronne. En récompense, il leur permit de bâtir une ville nouvelle sur les bords du Tibre.

NUNDINES, LETTRES NUNDINALES. V. ces art. dans notre Dict. univ. des Sciences.

NUNEZ. Quatre peintres espagnols assez remarquables ont porté ce nom : 1° Jean, né vers la fin du XVe s., élève de J. Sanchez de Castro, et auteur de plusieurs tableaux qui ornent la cathédrale de Séville ; 2° Pierre, né à Madrid vers 1614, m. en 1654, élève de J. Soto, et auteur d’une portion des portraits des rois d’Espagne au palais de Madrid ; 3° Matthieu N. de Sepulveda, peintre de Philippe IV en 1640, célèbre par ses fresques ; 4° N. de Villavicencio, né à Séville en 1635, m. en 1700 : c’est celui des élèves de Murillo qui a le mieux reproduit sa manière. Il fonda avec Murillo l’Académie de Séville.

NUNEZ (Fernand), philologue. V. PINCIANUS.

NUNEZ (Pedro), géomètre. V. NONIUS.

NUORO, v. de l’île de Sardaigne, ch.-l. de prov., à 120 kil. N. de Cagliari ; 4500 hab. Évêché. — La prov. de même nom compte 60 000 hab.

NUREMBERG, Norica chez les Romains, Norimberga en latin moderne, Nürnberg en allemand, v. de Bavière (Franconie moyenne), sur la Pegnitz, à 77 kil. S. E. de Wurtzbourg ; 50 000 hab. Tribunaux, école polytechnique, gymnase, école des beaux-arts et de commerce, sociétés diverses. La ville est divisée en deux parties (Sebald, Lorenz), et bâtie sur 12 petites collines. Muraille flanquée de 74 vieilles tours ; rues étroites et tortueuses. Hôtel de ville, vieux château du Xe s., trois belles églises, arsenal, théâtre, banque royale, musée germanique, bibliothèques publiques, statues de Mélanchthon, d’A. Durer. Chemins de fer pour Leipsick, Munich, Furth. Laiton, miroirs dits de Nuremberg, produits chimiques, instruments de musique et de mathématiques, quincaillerie, porcelaine, faïence, tabletterie, jouets d’enfants (en bois, ivoire, métaux, etc.). C’est à Nuremberg que l’on fabriqua les 1res cartes à jouer, vers 1380, et que fut établie 1re papeterie (vers 1390) ; c’est aussi dans cette ville que les montres furent inventées vers 1500 (ce qui les fit d’abord nommer œufs de Nuremberg), ainsi que la gravure sur bois ; c’est là enfin que fut fabriquée la 1re batterie de fusil (1517) ; Patrie de Hans Sachs, Martin Behaim, et Albert Durer. — Nuremberg existait dès le temps de Charlemagne ; elle fut une des premières villes d’Allemagne converties au Christianisme, mais elle fut aussi la 1re à embrasser la Réforme. Elle s’accrut beaucoup sous Charles IV, et devint ville impériale du cercle de Franconie. Plusieurs diètes se tinrent à Nuremberg, entre autres la 1re de toutes, sous Othon I (938). En 1438, il s’y tint une diète qui divisa l’empire en cercles et reforma la procédure. Pendant la guerre de Trente ans, cette ville eut beaucoup à souffrir. En 1532, il y fut signé un traité de paix entre les Luthériens et les Catholiques sous les auspices de Charles-Quint.