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discordes que ce décret avait excitées parmi les colons, et se soulevèrent partout (1791); ils commirent, sous la conduite d'un certain Boukman, les plus grandes atrocités. En 1793, Mayaca, chef noir, s'empara du Cap et en massacra tous les habitants libres. L'année suivante, un autre chef, Toussaint Louverture, enleva les principales places de la colonie française, chassa une armée anglaise que les colons de la Jamaïque avaient envoyée au secours des blancs, et s'empara de la partie espagnole d'Haïti, que l'Espagne venait de céder à la France (1795). En 1802, le général Leclerc, à la tête de 20 000 Français, débarqua à St-Domingue, s'empara par surprise de la personne, de Toussaint Louverture et l'envoya en France. Les hostilités, un instant suspendues, recommencèrent en 1803 sous la conduite du général noir Dessalines, l'un des lieutenants de Toussaint : les Français furent refoulés jusqu'au Cap, et Rochambeau, qui avait succédé à Leclerc, fut obligé de se rendre à une flotte anglaise. Toutefois ce n'est qu'en 1805 que l'île fut complètement évacuée par les troupes françaises. Dessalines, maître de l'île, proclama son indépendance et prit le titre d'empereur d'Haïti sous le nom de Jacques I ; il fut assassiné en 1806. Christophe s'empara aussitôt du pouvoir; après une lutte acharnée contre Pétion, son rival, il resta maître de la plus grande partie de l'île, et prit en 1811 le titre de roi, sous le nom de Henri I. Pétion conserva néanmoins jusqu'à sa mort la partie S. de l'île et y maintint le gouvt républicain. Christophe périt dans une insurrection militaire en 1820. Alors Boyer,qui avait succédé en 1818 à Pétion dans le gouvt du sud, fut proclamé président. Il soumit la partie espagnole et devint maître de toute l'île (1822). En 1825, la France reconnut l'indépendance d'Haïti, qui devait en retour payer aux anciens colons une indemnité de 150 000 000 de francs, indemnité qui en 1838 fut réduite à 90 millions. En 1843, Boyer, accusé de tyrannie, fut expulsé, et remplacé par le général Hérard, puis par Guerrier, 1844; par Pierrot, 1845; par Riche, 1846: par Soulouque, 1847. Ce dernier se fit proclamer empereur en 1849 sous le nom de Faustin I. Il fut renversé en 1859, et la république fut rétablie sous la présidence de Geffrard, que remplaça Salnave (1867). Au milieu de tous ces troubles, la partie orientale de l'île s'était définitivement séparée. Elle forma depuis 1843, sous le nom de République dominicaine, un État à part, qui comptait environ 50 000 hab. et qui avait pour capit. Santo-Domingo. Après avoir quelque temps reconnu l'autorité de l'Espagne (1861-65), pour se soustraire à celle de Haïti, St-Domingue se constitua de nouveau en république indépendante (1865). — V. L'Hist. d'Haïti par M. Madiou, 1847, et par M. Ardouin, 1860.

HAKEM, nom arabe qui veut dire magistrat, se dit chez les Musulmans de tous les juges et gens de loi qui sont sous l'autorité d'un cadi. — Hakem est aussi le nom propre de plusieurs princes musulmans qui ont régné soit à Cordoue, soit en Égypte. V. AL-HAKEM.

HAKLUYT (Richard), historien anglais, né vers 1553, dans le comté d'Hereford, m. en 1616. On a de lui : les Principales navigations et les principaux voyages et trafics de la nation anglaise, en anglais, Londres, 1582, 3 vol. in-fol., recueil très-estimé.

HAKODADI, v. du Japon, à l'extrémité S. de l'île d'Yeso, sur la côte N. du détroit de Sangar, entre Matsmaï à l'O. et le cap Sirija à l'E.; 16 000 h. Beau port, ouvert aux Européens depuis 1855.

HALBERSTADT, v. des États prussiens (Saxe), ch.-l. de cercle, sur l'Holzemme, à 45 kil. S. O. de Magdebourg ; 20 000 hab. Cour d'appel, gymnase, écoles, bibliothèque, cabinet d'histoire naturelle, etc. Ville bâtie dans le genre gothique. Belle cathédrale de St-Étienne, du XIIIe siècle, église de Notre-Dame, hôtel de ville. Draps, lainages, tabac, gants de cuir, chapeaux, bougies, eau-de vie. — Ville très-ancienne : elle devint en 804 le siège d'un évêché qui fut sécularisé à la paix de Westphalie (1648). Halberstadt fut en 1134 le siège d'une diète de l'empire.

HALDAT (Alex.), physicien, né en 1770 à Bourmont (Meurthe), m. en 1852, fut successivement chirurgien des armées, professeur de physique et inspecteur d'Académie; contribua de tout son pouvoir au rétablissement de l'Académie des sciences et des lettres de Nancy et fut nommé correspondant de l'Institut. On lui doit une Exposition de ta doctrine magnétique, Nancy, 1852.

HALES (Étienne), physicien et naturaliste, né en 167 7 dans le comté de Kent, m. en 1761. On lui doit plusieurs inventions utiles, entre autres celle des ventilateurs destinés à renouveler l'air dans les hôpitaux, les prisons, les mines, les vaisseaux (1741), et un procédé pour dissoudre la pierre dans la vessie, qui lui valut la médaille de Copley. Il a publié : Statique des animaux, trad. par Sauvage, Genève, 1744; Statique des végétaux, trad. par Buffon; l'Art de rendre l'eau de mer potable, etc.

HALES (ALEXANDRE de). V . ALEXANDRE DE HALES.

HALESOWEN, v. d'Angleterre (Shrop), à 11 kil. S. O. de Birmingham ; 12 000 hab. Anc. abbaye de Prémontrés. Église dont on admire le clocher. Patrie du poëte Shenstone.

HALÉVY (Jacques-Fromenthal), compositeur, né à Paris en 1799 de parents israélites, m. en 1862; reçut les leçons de Berton et de Chérubini; a donné plusieurs opéras, parmi lesquels on remarque la Juive (1835), l'un des chefs-d'œuvre de notre scène lyrique, l’Éclair, la Reine de Chypre, Charles VI, les Mousquetaires, la Fée aux Roses, le Val d'Andorre, Jaguarita, la Magicienne. On y trouve tour à tour le style le plus élevé, de puissants effets dramatiques, une mélodie enjouée et gracieuse, toujours une composition originale, une instrumentation riche et savante. On admire surtout ses morceaux d'ensemble. Il devint professeur au Conservatoire (1827), membre (1836), puis secrétaire perpétuel (1854) de l'Académie, des beaux-arts, où son Éloge a été lu par M. Beulé.

HALFAY, pays de la Nubie mérid., s'étend le long du Bahr-el-Azrek depuis 14° 10' lat. N., sur un espace de 380 k. Ch.-l. Halfay, à 115 kil. S. O. de Chendi.

HALIACMON, auj. l’Indjé-Karasou, fleuve de la Macédoine, sortait des monts Citius et tombait dans le golfe Thermaïque entre le Lydias et l'Axius.

HALIARTE, Haliartus, auj. Mazi? v. de Béotie, sur la côte S. du lac Copaïs. Elle fut saccagée par Xerxès et détruite par les Romains dans la 3e guerre de Macédoine.

HALICARNASSE, Halicarnassus, auj. Bodroun, v. de Carie, dans la Doride, au N. du golfe Céramique, avait été fondée par les Doriens. Elle eut dans la suite des rois d'origine carienne, parmi lesquels il faut remarquer les deux Artémise et Mausole, dont on admirait le tombeau (V. ces noms). Patrie d'Hérodote et de l'historien Denys (d'Halicarnasse). Belles ruines.

HALICZ, primitivt Galitch, v. des États autrichiens, dans la Galicie, sur la r. dr. du Dniester; 4000 hab. Cette ville avait jadis un évêché. De son nom est dérivé le nom de la Galicie.

HALIDON ou HALLISDOWN-HILL, lieu d’Écosse, entre Berwick et Édimbourg. Les Écossais, partisans du jeune roi David Bruce, y furent vaincus par le roi d'Angleterre Édouard III, qui portait Baliol au trône (1333) : le généralissime écossais, Archibald Douglas, y périt avec 12 000 des siens.

HALIFAX, v. d'Angleterre (York), dans une vallée profonde, à 3 kil. d'un bras du Calder, à 59 k. S. O. d'York ; 40 000 hab. Belle église gothique ; église moderne de la Ste-Trinité. Beaucoup d'industrie : draps, mérinos, peluches, sergés, tapis, tissus de coton, teintureries. Communications actives avec Hull, Manchester, Liverpool, Lancaster. Cette ville, fondée en 1443, a dû à son industrie un accroissement rapide.