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s., était un serviteur dévoué de la maison d'Aragon. On a de lui une Chronique qui est pleine de feu, d'intérêt, et même de vérité, malgré de nombreuses erreurs de détail. Il s'y montre l'admirateur passionné de Pierre d'Aragon, et cependant il rend justice à Ch. d'Anjou. Elle a été traduite en français dans les Chroniques de Buchon (t. V et VI).

MUNYCHIE, Munychia, bourg et port de l'Attique, entre le Pirée et Phalère, était un des 3 ports d'Athènes et un poste extrêmement fort. Ses fortifications furent détruites par les Lacédémoniens après la guerre du Péloponèse, en 404 av. J.-C., et de nouveau par Sylla, 87 av. J.-C. On voyait à Munychie un célèbre temple de Diane dite Munychia.

MUNYCHION, nom d'un des mois des Athéniens, ainsi appelé parce qu'on y célébrait des fêtes en l'honneur de Diane-Munychie. Ce mois répondait le plus souvent à la fin de mars et au commencement d'avril. Les fêtes se célébraient le 16 du mois, anniversaire de la victoire de Salamine.

MUNZER ou MUNTZER (Thomas), un des chefs des Anabaptistes, né à Zwickau (Misnie), vers la fin du XVe siècle, avait reçu les ordres. D'abord sectateur de Luther, il ne tarda pas à aller beaucoup plus loin que son maître, prêchant que Dieu ne voulait plus de souverains ni de magistrats sur la terre, poussant le peuple à l'insurrection et s'annonçant comme un nouveau Gédéon, chargé de rétablir le royaume de J.-C. au moyen de l'épée. Il parcourut ainsi la Thuringe, la Souabe et la Franconie, et s'attacha un grand nombre de prosélytes. Déjà il comptait sous ses ordres 30 000 fanatiques, et s'était emparé de Mühlhausen en Franconie, lorsqu'il se vit attaqué par l'armée des princes confédérés : défait et pris à Frankenhausen, il fut condamné à mort et exécuté à Mühlhausen en 1525. V. ANABAPTISTES.

MUR, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 26 kil. O. de Loudéac; 2400 hab. Ardoises.

MUR-DE-BARREZ, ch.-l. de c. (Aveyron), à 60 kil. N. d'Espalion; 1400 n. Cadis, camelots. Anc. place forte.

MUR D'ADRIEN, Adriani Vallum, muraille de 125 kil. de long, entrecoupée de 81 tours et d'une foule de bastions, que l'empereur Adrien fit construire au N. de la Bretagne romaine, pour la mettre à l'abri des incursions des habitants de la Calédonie : elle allait de l'embouchure de la Tynna (Tyne) à l’Ituna æstuarium (golfe de Solway).

MUR DE SÉVÈRE, mur situé à 130 kil. plus au N. que le précédent, n'était qu'un retranchement en terre de 45 kil. environ, bornant au N. la Valentine et allant de la Glota (Clyde) au Bodotria æstuarium (golfe de Forth); il fut élevé par Septime-Sévère.

MUR DU DIABLE, Pfahlgraben. V. DIABLE.

MURADAL, lieu d'Espagne, dans la Sierra-Morena, à 48 k. N. de Jaën, est célèbre par la victoire qu'y remportèrent sur les Maures en 1212 les rois de Castille, de Navarre et d'Aragon réunis. On connaît aussi cette bataille sous le nom de Las Navas de Tolosa.

MURAILLE (la GRANDE-), immense muraille construite le long des frontières septentrionales de la Chine, commence à l'E. de Péking, sur le bord de la mer, traverse la province de Tchi-li en se dirigeant a au N., puis, se portant à l'O., parcourt celles de Chan-si, Chen-si et Kan-sou. Son développement est, selon la plupart des voyageurs, de 2500 k. ou même, selon quelques-uns, de 3600. Dans plusieurs endroits elle est construite en briques; ailleurs elle est en terre; partout elle est assez large pour que six cavaliers puissent y passer de front. Cet immense boulevard fut construit vers 247 av. J.-C. pour arrêter les invasions des Mongols et des Mandchoux; cependant elle ne put empêcher l'asservissement de la Chine par ces deux peuples.

MURANO, v. de Vénétie, dans un îlot du même nom, à 2 kil. N. de Venise; 4400 hab. Églises St-Pierre et St-Donat, qui possèdent de belles peintures; anciennes fabriques de glaces et verreries de Venise, très-célèbres autrefois et encore recherchées. A peu de distance est l'îlot de San-Michiele-di-Murano, qui possédait une abbaye de Camaldules, auj. supprimée.

MURAT, ch.-l. d'arr. (Cantal), sur l'Alagnon, à 53 kil. N. E. d'Aurillac; 2603 hab. Trib. de 1re inst., collége. Ville petite, ancienne et mal bâtie. Roches basaltiques, disposées en tuyaux d'orgues. Gros draps, dentelles et cordonneries; bestiaux, chevaux; fromages dits du Cantal. — Jadis titre d'une vicomté qui eut pour dernier seigneur Jacques d'Armagnac, duc de Nemours, décapité sous Louis XI.

MURAT, ch.-l. de cant. (Tarn), à 62 kil. E. de Castres; 2800 hab. Étoffes de laines, bestiaux.

MURAT (Julie DE CASTELNAU, comtesse de), née à Brest en 1670, morte en 1716, épousa, à l'âge de 16 ans, le comte de Murat, brigadier des armées du roi, brilla quelque temps à la cour, puis fut exilée à Loches à la sollicitation de Mme de Maintenon, qui l'accusait d'avoir coopéré à un libelle injurieux pour la cour de Louis XIV. Pendant sa retraite, elle composa plusieurs romans qui sont pour la plupart remarquables par la grâce et le goût. En 1715, le duc d'Orléans fit cesser son exil. Parmi ses écrits on remarque : Mémoires de ma vie, 1697; Nouveaux Contes de fées, 1698; le Voyage de campagne, 1699; Histoires sublimes et allégoriques, 1699; les Lutins du château de Kernosy, 1710 : c'est son meilleur ouvrage.

MURAT (Joachim), roi de Naples, né en 1771 à La Bastide, près de Cahors, était fils d'un aubergiste, et avait étudié dans un séminaire. Il s'enrôla au commencement de la Révolution, se fit remarquer par ses opinions exaltées autant que par son courage, et devint dès 1794 lieutenant-colonel. Destitué ainsi que Bonaparte après le 9 thermidor, il se lia avec ce général et reprit du service en même temps que lui : il le seconda au 13 vendémiaire dans la défense de la Convention, l'accompagna comme aide de camp en Italie, en Égypte, se signala en toute occasion par une bravoure fougueuse, et devint bientôt général de division. Au 18 brumaire, il commanda les 60 grenadiers qui dispersèrent le Conseil des Cinq-Cents. Pour le récompenser, Bonaparte lui confia le commandement de la garde consulaire et lui donna la main de sa sceur Caroline. Après la bataille de Marengo, dans laquelle il avait commandé la cavalerie, il fut nommé gouverneur de la république Cisalpine, puis gouverneur de Paris (1804). Lors de l'établissement de l'empire, il reçut le bâton de maréchal et le titre de prince. Il eut une grande part aux succès de la campagne d'Allemagne en 1805, se distingua surtout à Austerlitz, et fut nommé l'année suivante grand-duc de Berg. Envoyé en Espagne, 1808, il détermina le roi Charles IV à se rendre à Bayonne. Il aspirait à s'asseoir sur le trône d'Espagne, mais Napoléon préféra lui donner le roy. de Naples : il fut proclamé le 1er août 1808 sous le nom de Joachim; il s'intitulait roi des Deux-Siciles, mais jamais il n'étendit sa domination au delà du détroit. Murat régna paisiblement jusqu'en 1812. À cette époque, il prit part à l'expédition de Russie et y commanda la cavalerie : il se signala surtout à la bataille de la Moskova. Quand l'empereur eut quitté l'armée, il en devint le commandant en chef : il dirigea la désastreuse retraite de Smolensk à Wilna. Après la bataille de Leipsick, prévoyant le sort de Napoléon, il s'empressa de retourner en Italie et noua au commencement de 1814 des négociations avec les puissances coalisées; on consentit à le laisser sur le trône, mais à condition qu'il fournirait son contingent contre la France, et en effet il marcha en Italie contre l'armée du prince Eugène de Beauharnais; cependant, dès qu'il eut appris que Napoléon était revenu de l'île d'Elbe, il se déclara en sa faveur, envahit la Hte-Italie et marcha contre les Autrichiens. Battu à Tolentino (2 mai 1815), il perdit en un instant son armée et son trône. Il se réfugia dans le midi de la France, puis en Corse où il retrouva quelques partisans; il se mit à leur tête et tenta de reconquérir son royaume, mais ayant été séparé par une tempête du gros de sa troupe, il fut