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binet de médailles et de physique, observatoire et imprimerie; institut ou gymnase noble, avec bibliothèque; institut de Ste-Catherine pour les demoiselles nobles; institut Lazareff, avec bibliothèque, typographie et collections; académie grecque, académie impériale de médecine et de chirurgie; école militaire, dite Corps de Cadets de l'armée, écoles de chirurgiens militaires, de vétérinaires, d'arpenteurs, d'architecture, d'agriculture, de commerce, etc. Société des naturalistes, soc. des sciences physiques et médicales, d'histoire et d'antiquités, de littérature, d'économie rurale, etc. Moscou offrait jadis un aspect asiatique qui s'efface chaque jour : elle est encore auj. remarquable par ses innombrables coupoles dorées ou peintes en vert, ses clochers, ses monuments de tous les âges et de toutes les architectures, et par ses 4 quartiers qui forment 4 cercles concentriques : la ville de Terre, la ville Blanche, la ville Chinoise, et au centre le Kremlin, citadelle et anc. palais des czars (V. KREMLIN). Édifices : le Palais-Anguleux dont le revêtement est à facettes), les palais des Antiquités, du Patriarche, du Sénat, les Enfants-Trouvés, le Bazar; la tour d'Ivan le Grand (la plus haute de la ville, et où jadis était une cloche pesant 165 000 kilog.); l'arsenal, le théâtre, la grande salle pour l'exercice des troupes; la cathédrale, les églises St-Michel, N.e-De. de Kazan, de l'Annonciation; celle de Wassili-Blagenoï, bâtie en 1554 en mémoire de la conquête de Kazan, et qui offre toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Superbes places, belles promenades publiques, nombreux canaux et ponts; hôpitaux nombreux et magnifiques. Chemins de fer pour St-Pétersbourg et autres villes. Industrie : velours, satins, taffetas, rubans; draps, chapeaux, papiers peints, passementerie, tanneries, brasseries, etc.; fonderie de canons. Commerce très-actif : Moscou est comme l'entrepôt entre la Russie occidentale d'une part, la Russie d'Asie, l'Asie centrale et la Chine de l'autre. — Moscou n'était qu'un village avant Iouri I (Dolgorouki), qui en fit une ville vers 1147. La chute du grand principat de Kiev par suite de l'invasion mongole (1235), et l'occupation de tout le sud de la Russie par les Tartares de la Horde d'Or, firent prédominer cette ville, en même temps que la ligne des princes de Moscou devenait, à partir d'Iaroslav II (1238), la dynastie des grands princes de Russie ou czars. De 1300 à 1703, elle fut seule la vraie capitale de la Russie. Plusieurs fois elle fut assiégée ou prise : par Olgierd, 1369-70; par Toktamouich, 1382; par Iédigéï, 1408; par Dmitri-Khemiaka, 1445; par les Tartares, 1451 et 1477 ; par Otrepief, 1605 ; par les Polonais, sous la conduite de Ladislas, fils de Sigismond III, 1611; enfin par Napoléon, 1812; mais alors Rostopchin y alluma ce fameux incendie qui consuma la ville presque entière. Moscou commença dès 1814 à se relever de ses ruines; elle est auj. plus belle et plus riche que jamais. St-Pétersbourg, fondée en 1703, lui a ravi le rang de capitale; mais Moscou est restée la ville chérie des Russes, leur ville sainte : c'est là que les czars se font couronner. — On appelle Paix de Moscou un traité signé dans cette ville en 1686, entre la Russie et la Pologne : Sobiesky faisait de grandes concessions à la Russie pour obtenir son appui contre les Tartares et les Turcs.

MOSCOU (Gouvt de), entre ceux de Tver, Vladimir, Riazan, Toula, Kalouga, Smolensk : 235 kil. sur 215 : 25 500 kil. carrés; environ 1 400 000 hab.; ch.-l., Moscou. Beaucoup de riv. (Oka, Moskova, Kliazma, etc.), 109 lacs. Blé, chanvre, lin, houblon, etc. Industrie très-développée : au moins 600 manufactures.

MOSCOVIE. V. RUSSIE.

MOSELLE (la), Mosella, riv. de France et d'Allemagne, naît à Bressang (Vosges), coule au N., au N. O., puis au N. E.; baigne Remiremont, Épinal (Vosges), Toul et Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), Metz et Thionville (Alsace-Lorraine); Trêves, Berncastel, Zall (États-Prussiens), et se jette dans le Rhin par la r. g. à Coblentz. Cours, 500 kil. dont 300 en France. Elle reçoit, à droite, la Meurthe, la Seille, la Sarre, et, à gauche, le Madon, l'Ornes, la Sure et la Kill. On récolte d'excellent vin sur les côtes qui la bordent.

MOSELLE, dép. du N. E. de la France avant 1871, était borné au S. par celui de la Meurtbe, à l'E. par celui du Bas-Rhin, à l'O. par le dép. de la Meuse, au N. par le Luxembourg, la Prusse et la Bavière; 446 457 hab.; 5327 kil. carrés; ch.-l., Metz. Il était formé aux dépens de la Lorraine et des Trois-Évêchés. Ce pays offre des montagnes peu élevées, ramifications des Ardennes et des Vosges; il est arrosé du S. au N. par la riv. qui lui donne son nom, et est sillonné par le chemin de fer de l'Est. Fer, houille, manganèse, grès, quartz, plâtre, chaux, belle pierre de taille, terre à potier et à creusets. Grains, vins, fruits, légumes, chanvre, pommes de terre; quelques bois. Forges et usines à fer (scies, limes, râpes, tôle acier, etc ); sucre de betteraves, huiles, eaux-de-vie, vinaigre; acides minéraux, lainages, toiles, confitures, liqueurs, etc. — Ce dép. avait 4 arr. (Metz. Sarreguemines, Briey, Thionville), 27 cant., et 620 communes; il appartenait à la 5e division militaire, et avait une cour d'appel et un évêché à Metz.

MOSER (J. J.), publiciste, né à Stuttgard en 1701, mort en 1785, professa le droit à Tubingue et à Francfort-sur-l'Oder, et remplit diverses missions politiques. Il eut avec plusieurs princes de l'Allemagne de vifs démêlés qui le dégoûtèrent des affaires; il se livra alors tout entier à l'étude et s'occupa surtout de fixer le droit positif des peuples de l'Europe. Il a publié sur ces matières une foule de volumes, dont on porte le nombre à plus de 500. Les principaux sont : Ancien Droit public de l'Allemagne, 1727; Plan de la constitution moderne de l'Allemagne, 1731; Principes du Droit des nations européennes en temps de guerre, 1752; Essai du plus moderne Droit des peuples d'Europe en paix et en guerre, Stuttgard, 1777-80, 10 vol. in-8, vaste ouvrage auquel il ajouta encore des Suppléments. — Son fils, Frédéric M., 1731-98, conseiller aulique de Hesse-Hombourg, puis administrateur du comté de Falkenstein, enfin 1er ministre et chancelier à Darmstadt, a écrit sur les mêmes matières des ouvrages estimés, entre autres : Devoirs réciproques d'un souverain et de son ministre (trad. par Champigny, 1791); Recueil des recès du Saint-Empire romain.

MOSES. V. MOÏSE.

MOSHEIM (Jean Laurent de), savant théologien protestant, né à Lubeck en 1694, m. en 1765, se fit remarquer de bonne heure par une vaste érudition. Le duc de Brunswick lui donna en 1723 une chaire de théologie à l'Université d'Helmstasdt, chaire qu'il conserva jusqu'en 1747; puis il fut appelé par l'électeur de Hanovre à Gœttingue comme professeur de théologie, avec le titre de chancelier de l'Université; il y resta jusqu'à sa mort. Mosheim a rendu d'incontestables services à l'histoire ecclésiastique, mais il l'a plus d'une fois travestie et ne s'est pas toujours montré juste envers les catholiques. Ses ouvrages principaux sont : les Instituts d'histoire ecclésiastique, en latin, 1726 et 1755, un Essai d'une histoire impartiale des hérétiques, 1748; un recueil de Sermons, 1747, regardés comme des modèles du genre; la Morale de l'Écriture, qui a obtenu plusieurs éditions; une traduction latine de l’Intellectual system de l'Anglais Cudworth, 1738 et 1773, avec d'importantes additions, et une foule de dissertations particulières sur divers points d'histoire ecclésiastique, notamment sur le rapports du Platonisme avec le Christianisme.

MOSKOVA ou MOSKVA, riv. de la Russie d'Europe, prend sa source près de Gjatch, dans le gouvt de Smolensk, coule à l'E., entre dans le gouvt de Moscou, passe à Mojaïsk, Zvenigorod, Moscou; puis se dirige au S. E., et se jette dans l'Oka près de Kolomna; cours, 400 kil. — Sur ses bords, près du village de Borodino, les Français remportèrent sur les Russes une sanglante victoire, le 7 septembre 1812 : le maréchal Ney, qui y avait le plus contribué, reçut à