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dont elle est couverte. Elle renferme des mines d’argent, de plomb, de cuivre et de mercure. — Cette contrée était jadis déserte et en friche. Olavidé, sous Charles III (1767, etc.), y établit des colonies d’étrangers, notamment d’Allemands et de Suisses : Carolina et Carlotta en sont les principales. Bien que négligées après la chute du ministre Aranda, ces colonies ont modifié puissamment l’aspect du pays.

MORÉRI (L.), savant compilateur, né en 1643 à Bargemont en Provence, mort en 1680, embrassa l’état ecclésiastique, et devint aumônier de l’évêque d’Apt, Gaillard de Lonjumeau. Il fit paraître à Lyon en 1673 un Dictionnaire historique et géographique, en un vol. in-fol., ouvrage précieux, dont on croit que son évêque avait conçu le plan et ramassé les premiers matériaux. Il en donnait une 2e édition lorsqu’il mourut. Il a été fait depuis plusieurs éditions du Dictionnaire de Moréri, avec des suppléments dus en partie à Goujet ; enfin il a été entièrement refondu par Drouet, qui le donna en 10 vol. in-fol., Paris, 1759. C’est pour corriger et compléter le Dictionnaire de Moréri, que Bayle entreprit son Dictionnaire critique.

MORES. V. MAURES.

MORESNET, vge de Belgique, dans la prov. et à 18 kil. E. N. E. de Liége ; 500 hab. Mines de houille, dites de la Vieille-Montagne, produisant annuellement 25 millions de kilogr. de minerai, et fournissant plus de la moitié du zinc consommé dans toute l’Europe.

MORESTEL, ch.-l. de cant. (Isère), à 16 kil. N. E. de La Tour-du-Pin ; 905 hab.

MORET, ch.-l. de cant. (Seine-et-Marne), sur le Loing, à 10 kil. S. E. de Fontainebleau ; 1900 hab. Station du chemin de Paris à Lyon. Commerce en blé, vin, bois, tan, pavés, etc. Jadis titre de comté. Possédée par les Anglais de 1420 à 1430, reprise et fortifiée par Charles VII. Henri IV acheta en 1604 le comté de Moret, et le donna à Jacqueline de Breuil, la mère d’Antoine de Moret (V. l’art. suiv.).

MORET (Ant. DE BOURBON, comte de), fils naturel de Henri IV et de Jacqueline de Breuil, comtesse de Moret, né en 1607, prit parti pour Gaston, duc d’Orléans, contre Richelieu, arma dans le Languedoc, et périt à l’affaire de Castelnaudary, où le duc de Montmorency fut fait prisonnier (1632). Quelques-uns ont prétendu qu’il avait survécu, mais qu’il s’était retiré dans une solitude de l’Anjou, s’y était fait capucin sous le nom de Frère Jean-Baptiste, et avait voulu rester inconnu jusqu’à sa mort.

MORETO Y CABANA (Aug.), poëte comique espagnol, né en 1618, était contemporain de Caldéron. Il composa de 1650 à 1676 un grand nombre de pièces qui eurent beaucoup de succès et fut protégé par Philippe IV. Ses comédies, supérieures pour le comique à celles de Caldéron, se distinguent par l’élégance et le bon goût ; le style en est pur et naturel. Il est le premier qui ait mis sur le théâtre espagnol la comédie de caractère. Quelques-unes de ses pièces ont été imitées par Molière (notamment dans la Princesse d’Élide et l’École des maris) et par Scarron (dans don Japhet d’Arménie). Il abandonna d’assez bonne heure le théâtre pour embrasser l’état ecclésiastique. Ses comédies ont été publiées à Valence, 1676 et 1703,3 vol. in-4, et réimprimées à Paris dans le Trésor du théâtre espagnol, 1838.

MOREUIL, ch.-l. de c. (Somme), à 16 kil. N. O. de Montdidjer ; 2300 h. Bas, papeterie. Tourbe.

MOREZ, ch.-l. de c.. (Jura), à 22 kil. N. E. de St-Claude, près de la frontière de Suisse ; 4877 hab. Pont d’une seule arche. Grande fabrique de lunettes, horlogerie et clouterie ; scieries de bois, tanneries.

MORFIL, île de Sénégambie. V. ÉLEPHANT (Île de l’).

MORFONTAINE. V. MORTEFONTAINE.

MORG-AB, Margus, riv. d’Asie, naît sur les limites du Khoraçan et du khanat de Balk ; coule à l’O. S. O., puis au N. O. ; arrose le Khoraçan, et se jette dans le Djihoun ou, suivant quelques-uns, se perd dans le lac Badakandir, après un cours d’env. 800 k.

MORGAGNI (J. B.), savant médecin, né en 1682 à Forli, m. en 1771, eut pour maîtres Valsalva et Alberti, et cultiva avec le plus grand succès l’anatomie pathologique. Il devint prof. de médecine à Padoue en 1712, et y forma une école qui attirait les étrangers de toutes les parties de l’Europe. Son principal ouvrage est le traité De sedibus et causis morborum per anatomen indagatis, 1762, trad. en français par Desormeaux, 1821. Il y établit la médecine sur l’anatomie, et la fait par là sortir de l’état purement conjectural. On a aussi de lui une riche collection de mémoires sous le titre d’Adversaria, Padoue, 1741, et des Miscellanea, 1753.

MORGAN (H.), chef de flibustiers anglais, était fils d’un fermier du pays de Galles. Il servit d’abord sur un corsaire, puis équipa un bâtiment, et se fit si bien connaître par ses entreprises qu’un vieux chef de flibustiers, Mansfield, le prit pour lieutenant. Mansfield étant mort peu après, en 1663, Morgan lui succéda. En 1668, il rassembla 12 bâtiments montés de 700 hommes, attaqua d’abord et rançonna plusieurs villes de l’île de Cuba, emporta d’assaut Porto-Bello et détruisit le fort de Maracaïbo. Il s’était retiré dès 1669 à la Jamaïque avec l’intention d’y jouir paisiblement de sa fortune ; mais, cédant aux instances de ses anciens compagnons, il se remit bientôt en course avec une flotte de 37 voiles : il ravagea les côtes de Nicaragua, marcha sur Panama avec 1300 hommes, prit cette ville et la brûla (1671). La paix signée avec l’Espagne mit un terme à ces dévastations : chargé de richesses, Morgan alla se fixer à la Jamaïque, s’y maria, et y finit tranquillement ses jours. Il avait été fait chevalier par Charles II et nommé commissaire de l’amirauté.

MORGAN (miss SIDNEY-OWENSON, lady), femme de lettres, née à Dublin en 1783, m. en 1859, était fille d’un acteur et protestante. Elle publia dès l’âge de 14 ans un volume de poésies ; puis elle recueillit et mit en vers anglais les vieux Chants irlandais et composa des romans nationaux qui peignaient les mœurs et reproduisaient les traditions de l’Irlande (O’Donnel, Florence Maccarthy, les O’Brien, les O’Flaherty, etc.). Elle fit de 1817 à 1831 plusieurs voyages sur le continent, notamment en France et en Italie, et en publia à son retour des relations peu bienveillantes. Elle fit paraître en 1835 les Scènes dramatiques de la vie réelle ; en 1840, la Femme et son maître, où elle demande l’émancipation des femmes ; en 1841, le Livre sans Nom. Privée de la vue par une maladie, elle se vit forcée de renoncer aux travaux littéraires. Elle avait obtenu sous le ministère Grey une pension de 300 livres (7500 fr.). La plupart de ses ouvrages ont été traduits par Mme Sobry.— Elle avait épousé en 1811 Ch. Morgan, médecin distingué, auteur d’Esquisses de la philosophie de la vie et des mœurs.

MORGANATIQUE (Mariage). V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

MORGANE (la Fée), sœur d’Artus et élève de l’enchanteur Merlin, est célèbre dans les romans de chevalerie. Les habitants de la Calabre attribuent à cette fée le pouvoir de produire les phénomènes de mirage qui apparaissent fréquemment dans le détroit de Messine. On a désigné sous le nom de Château de la fée Morgane un phénomène de ce genre qu’on voit quelquefois dans la baie de Reggio : des constructions bizarres et gigantesques, des châteaux, des tours, y paraissent s’élever du sein de la mer.

MORGARTEN, défilé de Suisse, entre les cant. de Schwitz et de Zug. 1300 Suisses y défirent 20 000 Autrichiens le 15 nov. 1315. Les Français y battirent les Suisses en 1798 et les Autrichiens en 1799.

MORGHEN (Raphaël), graveur, né en 1761, à Portici, près de Naples, m. à Florence en 1833, étudia sous son père Philippe Morghen, puis sous Volpato, dont il épousa la fille (1781). Appelé en 1793 à Florence par le grand-duc Ferdinand II, il y demeura le reste de sa vie. On lui doit, outre une foule d’excellents portraits, un grand nombre d’estampes estimées : la Vierge à la Chaise et la Transfiguration,