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MORÉE, ch.-l. de cant. (Loir-et-Cher), à 17 kil. N. a de Vendôme : 700 hab.

MOREL (Guill.), savant imprimeur, né en 1505 au Tilleul près de Mortain (Manche), m. en 1564, débuta comme correcteur d’imprimerie et fut remarqué pour sa science par Turnèbe qui, en 1555, se démit en sa faveur de la place d’imprimeur du roi. Outre des éditions estimées, il a composé plusieurs ouvrages, entre autres : Thesaurus omnium vocum latinarum, 1558, connu sous le titre de Thesaurus Morellianus ; Sententiæ Patrum de venerandis imaginibus, grec-lat.-franç., 1562, une trad. française de S. Jean Damascène, 1562 ; des Notes sur S. Cyprien, S. Denys l’Aréopagite, sur le De Finibus de Cicéron.

MOREL (Frédéric), dit l’Ancien, imprimeur, gendre de Vascosan, né en Champagne en 1523, m. en 1583, devint directeur de l’imprimerie royale en 1571. C’était un savant helléniste : on lui doit la traduction française des traités de la Providence, de l’Âme, et de l’Humanité, de S. Jean Chrysostôme, 1557, et du traité de S. Cyprien Des douze sortes d’abus, 1571. Parmi ses éditions on remarque l’Architecture de Philibert de l’Orme, 1568, in-f. — Son fils, Frédéric le Jeune, né en 1558 à Paris, m. en 1630, le remplaça en 1581 comme imprimeur du roi, obtint l’amitié d’Amyot, et fut, avec l’appui de ce savant, nommé en 1585 professeur d’éloquence au collége de France. En 1600, Fréd. s’associa comme imprimeur son frère Claude, et tous deux publièrent d’excellentes éditions. Henri IV les aida souvent de sa bourse dans des entreprises qui étaient plus utiles aux lettres que lucratives pour eux. Ses principales publications sont de belles éditions d’Aristote, de Strabon, de Dion Chrysostôme. Il a trad. en latin Libanius, Hiéroclès, Théodoret, Maxime de Tyr, plusieurs discours des Pères grecs, etc. — Claude, son frère, 1574-1626, a publié S. Basile, S. Cyrille, S. Grégoire de Nazianze, Philostrate, etc. — Charles, fils aîné de Claude, 1602-40, a édité Clément d’Alexandrie, 1629, et les Concilia, 1636, 10 v. in-f. — Gilles, 2e fils de Claude, fut aussi imprimeur du roi : il publia la grande Bibliothèque des Pères en 17 v. in-f., 1643 et ann. suiv.

MOREL DE VINDÉ (Ch. Gilbert, vicomte), agronome et littérateur, né en 1759, m. en 1842, était conseiller au parlement dès l’âge de 19 ans. Il donna sa démission après l’arrestation du roi à Varennes, se retira à La Celle St-Cloud, et s’y livra à l’agriculture et aux lettres. Il fut admis à l’Académie des sciences en 1824. Il avait été appelé dès 1815 à la Chambre des Pairs. Parmi ses nombreux écrits on remarque ses Observations sur les assolements, 1815 ; un Essai sur les constructions rurales, 1824 ; ses Considérations sur le morcellement de la propriété, 1826 ; sa Morale de l’enfance (1790), en 512 quatrains, qui ont été mis en vers latins par Victor Le Clerc ; et des romans, où respire une morale pure, enseignée d’un ton simple et naturel. Il publia en 1810 le Cabinet de Paignon d’Ijonval, son grand-père maternel : c’est un précieux recueil de dessins et d’estampes.

MORELL (André), savant numismate, né à Berne en 1646, mort en 1703, vint à Paris en 1680, et fut nommé conservateur-adjoint du cabinet royal des médailles. Ne touchant point la rétribution que méritaient ses longs travaux, il réclama avec vivacité, ce qui le fit mettre à la Bastille. Il alla en 1694 se fixer en Thuringe, auprès du comte de Schwartzbourg-Arnstadt, qui le nomma conservateur de son cabinet. On a de lui : Specimen universæ rei nummariæ antiquæ, Paris, 1683 ; Thesaurus Morellianus, sive Familiarum Romanarum numismata omnia, Paris, 1734, 2 vol. in-fol. ; Thesauri Morelliani numismata cujusque moduli XII priorum imperatorum, Amst., 1752, 3 vol. in-fo. Ces deux derniers ouvrages ont été publiés par Havercamp : ils formaient alors le recueil le plus complet de médailles consulaires et impériales et ils sont encore très-estimés.

MORELL (Thomas), théologien et lexicographe anglais, né en 1701, mort en 1784, a publié des éditions recherchées du Dictionnaire latin d’Ainsworth et du Lexicon grec de Hederich, et a rédigé lui-même : Thesaurus græcæ poeseos, Eton, 1762, à l’imitation de nos Gradus ad Parnassum.

MORELLA, Bisgarri, v. d’Espagne (Valence), à 60 kil. N. de Valence ; 6000 hab. Mur flanqué de tours, château fort. Pendant la dernière guerre civile de l’Espagne, elle fut prisé en 1838 par le général carliste Cabrera, qui porta depuis le titre de comte de Morella. Espartero la lui reprit en 1840.

MORELLET (l’abbé), littérateur, né à Lyon en 1727, m. en 1819, vint à Paris étudier en Sorbonne, et ne s’en lia pas moins avec les philosophes, notamment avec Turgot, d’Alembert, Diderot. Il fut chargé en 1752 d’une éducation qui lui procura l’occasion de voyager ; il publia en 1762 le Manuel des inquisiteurs, et se fit dès lors une réputation de tolérance et d’esprit qui le fit admettre chez Mme Geoffrin, ainsi que dans la société du baron d’Holbach, dans laquelle il ne craignit pas cependant de combattre l’athéisme. Il donna à l’Encyclopédie un grand nombre d’articles de théologie et de philosophie. Palissot ayant attaqué les Encyclopédistes dans sa comédie des Philosophes, Morellet écrivit contre lui la Vision de Ch. Palissot : ce pamphlet le fit mettre à la Bastille, mais il en sortit au bout de deux mois. Il donna en 1766 une traduction du Traité des délits et des peines de Beccaria, et publia depuis divers morceaux sur la politique et le commerce ; il fut admis à l’Académie française en 1783 et reçut en même temps de Louis XVI une pension de 4000 livres. Ruiné par la Révolution, il vécut en composant des traductions pour les libraires. Il donna en 1818 des Mélanges de littérature et de philosophie, qui renferment ses meilleurs morceaux. Il a laissé des Mémoires, publiés en 1821.

MORELLI (l’abbé Jacques), bibliographe, né à Venise en 1745, mort en 1819, fut nommé en 1778 gardien de la bibliothèque de St-Marc à Venise, et consacra tous ses soins pendant 40 ans à enrichir cette bibliothèque. On lui doit la découverte dîun grand nombre de morceaux d’auteurs anciens, entre autres l’Oraison d’Aristide contre Leptine, une Déclamation de Libanius pour Socrate, des fragments de Dion Cassius et des Éléments harmoniques d’Aristoxène, etc. Il publia le catalogue de la bibliothèque de Venise, et légua à cette ville 20 000 manuscrits. La plus grande partie de ses œuvres a été imprimée à Venise, en 1820, 3 vol. in-8. Ses écrits se recommandent par une science consommée et un jugement sain. Ce savant était membre de toutes les académies d’Italie, et correspondant de celles de Paris, de Berlin et de Gœttingue.

MORELLY, écrivain paradoxal du XVIIIe siècle, avait été régent ou précepteur à Vitry-le-Français. Il fit paraître en 1751 le Prince ou Système d’un sage gouvernement, utopie socialiste, dont il reproduisit les idées en 1753 dans la Basiliade ou Naufrage des îles flottantes, poëme héroïque en 14 chants, en prose : il y décrit le bonheur d’un peuple délivré des préjugés et n’obéissant qu’à la nature et à la vérité. Il compléta en 1755 l’exposé de sa doctrine dans son Code de la nature, que les Communistes ont de nos jours remis eu honneur : il y donne pour fondement à la société la communauté des biens. La Harpe a réfuté longuement cet ouvrage dans sa Philosophie du XVIIIe siècle, le croyant de Diderot.

MORENA (SIERRA-), c.-à-d. Chaîne noire, en latin Mariani Montes, chaîne de montagnes d’Espagne, entre la Manche et l’intendance de Jaën, se prolonge à l’O. S. O., entre la Manche et l’intendance de Cordoue, entre l’Estramadure et l’intendance de Séville, et enfin entre l’Alentéjo et l’Algarve. Cette chaîne partage les eaux entre le Tage et le Guadalquivir. La Sierra-Morena est fort âpre, peu fertile, et a de hauts sommets : la Poya, la Cumbre d’Aracena, la Sierra-Sagra, qui s’élèvent à 1264, 1717, et même 1815m. Elle tire son nom des chênes à kermès, des cistes, des bruyères et autres arbustes à feuillage sombre